Roots | W/ Ôl & Summer

Tu l’as tué, hein. C’était pas… le genre de type qu’on pouvait appeler « papa » pas vrai ? Roxane est morte à cause de lui. Elle est morte quand il est parti. Alors que… Alors que ç’aurait dû être l’inverse ! Mais non, elle était malheureuse. Je sais pas si elle pensait qu’ils étaient vraiment ensembles, comme des sortes de… d’amants. Tout ce temps là… Tout ce temps là, t’étais avec lui et lui il était en liberté. Pendant que je pleurais ma mère, il s’occupait de toi

Summer ne regardait pas la scène, les yeux fixant le sol. Sa main était sur son front, son bras soutenant sa tête. Elle ne savait pas trop quoi penser, est-ce qu'elle avait peur ? Est-ce qu'elle allait bien dans sa tête ? Ou est-ce que c'était eux qui n'étaient plus dans leur état habituel ?

Tu le vois en moi, pas vrai ? Quand tu me regardes, maintenant, je te dégoûte. Je lui ressemble, à tes yeux. Mais c’est pas vrai mec, moi c’est Kurt. J’ai rien à voir avec ce… cette sale race. Regardes mes yeux, regardes. Ce ne sont pas les siens. J’ai vécu sans père pendant vingt-neuf années. Je peux vivre sans père plus longtemps encore, d’accord ? Je partage son sang, mais rien d’autre. On doit juste… putain, je vais devoir supporter l’idée d’avoir un cousin.

Summer, tu devrais peut-être retourner te coucher.

Je ne pourrai même pas me rendormir. En entendant son nom, elle tourna légèrement la tête pour voir ce qu'il se passait. Elle se rendait compte, inquiète que Kurt était bien proche d'Ôl. Elle ne voyait pas si son mec avait sorti son arme.

Je l’ai tué, oui. Et j’ai eu aucun remords à le faire. À le voir se noyer dans son propre sang. Tu m’en veux, Kurt ? D’avoir tué ton père ? Tu me trouves égoïste ? T’aurais voulu être à ma place ? Parce que si ma mère n’était pas morte, c’est ce qui se serait produit. Il t’aurait arraché à ta mère, il aurait fait de toi ce que j’ai été. T’aurais été son successeur. C’est pour ça que tu es né. Il voulait juste s’assurer que si sa sœur ne crevait pas, il aurait quelqu’un derrière lui pour finir son sale boulot, marcher dans ses traces. Isil est morte et elle l’a supplié de me prendre, elle était persuadée que son frère était un homme bon. Est-ce que tu aurais tenu le coup, Kurt ? Le voir tuer des innocents, dont il ne connaissait même pas le nom, t’aurais pu voir ça sans broncher ? T’aurais pu supporter de te faire ouvrir en deux parce que t’as aidé une vieille dame à traverser ? Tu peux pas m’en vouloir de l’avoir tué. Parce que t’as aucune idée de ce que j’ai subi à cause de lui. Il aurait été heureux de se faire tuer par son fils. Il se serait délecté de ta haine. Moi je l’ai fait agoniser, jusqu’à ce qu’il me supplie de l’achever en chialant comme une madeleine.

Summer en avait la nausée, elle avait l'impression qu'ils ne parlaient que de ça : Tuer, sang, massacre, égorger... Égorger. Non, plus jamais, elle ne voulait pas penser à ce mot ni l'entendre. La rousse se surprenait à tâtonner sa gorge. C'est elle qui aurait du mourir ce jour là, elle était aller faire les courses pour son père. Si elle avait été malade ou autre, il y serait allé à sa place, laissant sa fille se faire massacrer. Parce que toute la tension qu'il y avait dans la pièce au final, c'était de sa faute. Si elle n'avait pas été vivre chez Ôl elle ne l'aurait pas embrassé. Si elle avait fait attention elle n'aurait pas percuté Kurt et il n'y aurait pas eu de dispute. Si il n'y avait pas eu de disputes, ils ne seraient pas venu s'excuser et après le jeu d'alcool Kurt n'aurait pas chercher son père. Summer était comme ça, une pauvre victime qui se plaint sans cesse qu'elle ne peut rien faire, qu'elle ne faisait pas exprès. Elle a toujours été impuissante. C'était une égoïste.

FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! JE TE DIS DE LA FERMER, T'ENTENDS ? T'ENTENDS, YUME ?

Quand Kurt commença à gueuler sur Ôl, la rousse se passa sa deuxième main sur le front. Elle était encore impuissante, ils se détestaient, se battaient.

J'aurais du la comprendre. Je n'aurais jamais du la détester pour tout ce... Je soupire, toujours dans la même position. Au lieu de l'insulter, au lieu de l'écouter sagement lorsqu'elle me disait que maintenant elle devait "discuter avec ce monsieur", j'aurais du prévenir Danielle, ou quelqu'un... Mais je me contentais de... la ramasser en mille morceaux. Elle pensait peut-être aller mieux, avec ce gars là.

T'es qu'une égoïste, tu te morfond encore sur ton propre sort alors que c'est de Kurt et Ôl qu'on parle, t'es vraiment pitoyable.

T'as qu'à faire ça. T'as détesté le père, tu vas encore plus détester le fils. Ça va pas aller en s'arrangeant. C'est de la mauvaise graine. Du chien dent. C'est ce que je suis. Du chien dent

Summer s'enfuit. Elle ne pouvait plus se retenir. La main devant la bouche, elle se rua aux toilettes pour se séparer de tout son malaise. Sans doute. Toute cette conversation macabre l'avait sans doute dégoûtée. Elle toussait, manquant de s'étouffer avec son vomis.

À chaque mot qu’il prononce, Ôl voit le visage de Kurt se déformer. Et pourtant Ôl continu. Il sait ce qu’il dit, en est pleinement conscience. Il le fait même exprès. Chaque mot touche Kurt en plein cœur, chaque mot le brise un peu plus. Il a voulu savoir qui était son père ? Il avait voulu forcer Ôl à en parler ? Voilà où il en était maintenant. Il allait péter une durite, parce qu’il pensait pouvoir tout entendre. Sauf que la réalité fait mal. Surtout quand on est un Yume.


« FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! JE TE DIS DE LA FERMER, T’ENTENDS ? T’ENTENDS YUME ? »


Ôl ne bouge pas. Son couteau arrête de tourner, se pointe en direction de Kurt. Qu’il se lève, qu’il se rapproche d’Ôl pour le frapper, c’est lui qui tomberait le premier. Mais il ne fait rien, reste assis sur la chaise, se prend la tête entre les mains. Il a chaud, halète, il ne veut pas y croire, c’est trop dur pour lui. Puis il détourne la tête, ne veut plus regarder Ôl, ne veut plus entendre le nom de son pote qui partage désormais le même sang que lui. Il se cache entre ses bras. Et l’amitié entre Ôl et Kurt ne pourrait plus jamais être pareille. Parce qu’Anar est du genre à foutre la merde même dans la mort. Peut-être que finalement, Ôl aurait dû appuyer sur la détente ce soir-là. Quand il a réalisé qu’il venait de perdre sa seule raison de vivre. Ses seuls véritables amis, la famille qu’il lui restait. Rien de tout cela ne serait arrivé si Ôl s’était suicidé. Il devrait peut-être y penser un jour. Sauf qu’il ne pouvait pas, Summer était sa lumière. Et sa lumière était entrain de faiblir à côté de lui. Il allait s’approcher d’elle, la prendre dans ses bras quand Kurt se remet à parler.


« J’aurais dû la comprendre. Je n’aurais jamais dû la détester pour tout ce… Au lieu de l’insulter, au lieu de l’écouter sagement lorsqu’elle me disait que maintenant elle devait « discuter avec ce monsieur », j’aurais dû prévenir Danielle, ou quelqu’un… Mais je me contentais de… la ramasser en mille morceaux. Elle pensait peut-être aller mieux, avec ce gars là. »


Il relève la tête.
Il pleurait.


« T’as qu’à faire ça. T’as détesté le père, tu vas encore plus détester le fils. Ça va pas aller en s’arrangeant. C’est de la mauvaise graine. Du chien dent. Ce que je suis, du chien dent. »


Kurt le grand, Kurt le bras droit de la Fraternité. Kurt l’homme qui se dresse devant les gars du Maire sans avoir peur. Kurt s’effondre. Aussi fragile que de la porcelaine.


Ôl s’avance. Et la claque part. Le bruit résonne dans toute la pièce, laisse une trace rouge vif sur la joue de Kurt. Ôl le regard avec des yeux de glace.


« Ferme là. Redresses-toi, tu fais pitié comme ça. Reviens sur Terre Kurt. T’es un Yume, c’est pas demain que ça va changer. Sauf que tu vas pas devenir comme lui. Je te laisserais pas faire. Alors maintenant tu te reprends, va te rafraichir, fais quelque chose. Parce que tu resteras pas une seconde de plus chez moi si tu te ressaisit pas. »


Il recule d’un pas, se retourne. Summer s’enfuit. Ôl s’arrête net un court instant, le temps que l’information monte à son cerveau, et la suit. Elle se dirige aux toilettes, pour y rejeter tout son dégoût. Ôl oublie toutes ses manies de propretés comme si elles n’avaient jamais existées, se penche vers elle, passe ses mains sur son corps.


« Sum’, Sum’ ça va aller, calme toi, ça va aller »


A vrai dire c’est pas son truc de rassurer les gens. Surtout pas en utilisant la manière douce. Son cœur se serre, il panique, son esprit se perd, il s’inquiète, pourquoi Summer se retrouve dans cet état là ? Avec des gestes doux, il attrape le poignet de sa belle et retire l’élastique qui est accroché. Il se relève, rassemble ses cheveux roux pour en faire un chignon. Tout en continuant de lui caresser le dos doucement, il déroule du papier toilettes en deux morceaux, essuie le front de la jeune fille avec l’un, essuie sa bouche avec l’autre. Il tente de rester calme, lui murmure toujours des paroles rassurantes. Essaye d’être crédible, pourtant il tremble. Il a peur que Summer ne le rejette. Ait peur de lui après tout ce qu’elle vient d’entendre. Qu’il soit la cause de son malheur.

HRP:

La rousse sursauta. Ôl l'avait suivi, il essayait de la rassurer.

Sum’, Sum’ ça va aller, calme toi, ça va aller

La vision de Summer se brouillait légèrement. Elle était en train de perdre le cap, ce que disait Ôl n'y changeait rien. Sa respiration accélérait tandis que le tatoueur lui faisait un chignon, c'est vrai qu'elle avait chaud.

Oh putain

Kurt était derrière. Il venait de partir puis de revenir avec quelque chose. Qu'est-ce qu'il avait ? Il était encore en colère ? Il avait brisé une autre tasse ? Ôl l'avait blessé ? Qu'est-ce que... Pourquoi elle s'était posé cette question. Ôl n'aurait jamais fait ça même lors d'une dispute. Alors elle avait vraiment peur de lui ? Une simple allusion au passé pouvait la briser. Elle était faible.

Éponges lui un peu le front et si elle a chaud met lui le gant sur la nuque. Si elle perd connaissance, allonge la les pieds vers le haut. Pour savoir si elle t'entend, demande lui de te presser la main, parce qu'elle ne verra peut-être pas tes doigts et ne pourra pas parler. Je reviens.

Mais qu'est-ce qu'ils avaient ? Summer allait bien, elle les entendaient. Enfin non, elle allait pas si bien que ça en fait. Elle savait pas. Ça l'angoissait, elle ne voyait pas grand chose et avait l'impression de s'engouffrer au sol.

Donne lui ça quand elle a soif. De l'eau rien de plus. Ensuite, quand elle vomira plus, file lui ça. Le sucre, ça aide à remonter. Elle mangera plus tard, j'irai acheter du pain si y'en a pas.

Mais enfin arrêtez de vous occuper de moi ! Les mains tremblantes, Summer se frottait les yeux pour y voir plus clair. Mais ça ne fonctionnait pas. Ça l'angoissait juste de plus en plus. Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée...

- Ça va aller ? Faudrait peut-être aller l'allonger... et la changer.

- JE SUIS DÉSOLÉE... Désolée...

Elle avait crié avec tellement de stresse et de désespoir qu'elle s'était arraché quelques cheveux roux avant de basculer en arrière. Elle ne voyait que du noir, elle ne broyait que du noir.

Ça n’y changeait rien. Elle ne semblait pas l’entendre. Sa respiration s’accélérait, elle s’accrochait aux toilettes comme s’il s’agissait d’une ancre pour ne pas tomber. Ôl s’approcha un peu plus, respira un bon coup. Devient encore plus calme qu’il ne l’avait jamais été. Son cerveau marchait encore à toute vitesse, pourtant ses gestes et sa voix étaient calmes, posés.
Kurt apparut dans l’entrebâillement de la porte, jura, demanda où se trouvait la salle de bain. Ôl lui répondit en grognant, pas qu’il ne voulait pas d’aide, mais il ne savait pas si le dealer avait réussi à se calmer ou pas. Ôl n’avait pas besoin d’un autre paniqué. Le regard de Summer se tourna vers Kurt avant qu’il ne parte. Elle cherchait certainement à comprendre ce qui s’était passé pendant son absence. Puis un petit coup d’œil vers Ôl. Ça ne dura qu’une fraction de seconde pourtant le tatoueur pouvait reconnaître ce regard entre mille. Et il aurait juré que c’était le même. Le regard de la peur. Summer avait peur de lui. Il eut l’impression qu’on venait de lui transpercer le cœur avec un couteau. Il s’arrêta, pétrifié.


« Éponges lui un peu le front et si elle a chaud met lui le gant sur la nuque. Si elle perd connaissance, allonge la les pieds vers le haut. Pour savoir si elle t’entend…. »


Sauf qu’Ôl n’écoutait déjà plus. Si Summer n’arrivait pas à se calmer, c’était uniquement parce qu’il était là. Il devrait peut-être laisser faire Kurt. Il avait l’air de savoir ce qu’il faisait. Et Ôl irait prendre l’air. Peut-être qu’il reviendrait, peut-être pas. Et pourtant il ne pouvait pas s’en empêcher. Il attrapa le gant de toilette, des gestes doux, il continua à rassurer sa belle. Celle-ci commença à se frotter les yeux, complètement paniqué. Ses yeux étaient grands ouverts, pourtant ils ne semblaient rien voir. Qu’est-ce qu’il se passait ? Ôl n’aurait jamais dû répondre à Kurt. Il n’aurait jamais dû dire qu’il avait tué une personne. Ou deux. Ou trois. Il n’avait jamais voulu faire ça. Il n’avait jamais voulu se salir les mains. Il aurait voulu être un enfant normal. Il aurait voulu ne jamais exister.


« Ça va aller ? Faudrait peut-être aller l’allonger… et la changer.
- JE SUIS DÉSOLÉ… désolée…»


Elle hurla. Toute la détresse dans voix fut aussi glaçante qu’une brise d’hiver, elle s’écroula sur Ôl, sa respiration se calma d’un coup. Presque inexistante. D’instinct, Ôl s’écarta, allongea la rousse au sol, l’installa en PLS, prit sa main dans la sienne.


« Oye Summer ! Summer tu m’entends ? Sum sert ma main si tu m’entends ok ? Tout va bien, on est là Summer, reviens parmi nous, Summer ouvre les yeux »


Sa voix était plate. Monocorde. Elle n’exprimait aucun sentiment et pourtant dans l’esprit du tatoueur, c’était une véritable tempête. Sa deuxième main se posa sur le poignet de la rousse, cherchant son pouls. Il était faible. Elle devait se réveiller. Parce que ni Kurt, ni Ôl ne pouvaient appeler les pompiers. Parce que c’était les gars du Maire. Alors voyant qu’elle ne répondait pas, il lui tapa le visage avec le revers de sa main. Assez fort pour qu’elle puisse ouvrir les yeux, reprenant une goulée d’air comme si elle s’était noyée. Ses prunelles noisette se mirent à bouger dans tous les sens, cherchant à retrouver ses repères, comprendre ce qui lui arrivait. Ôl passa une main dans ses cheveux noirs et écarta une mèche rousse qui tombait sur le visage de Summer. Il attendit un moment, qu’elle retrouve son calme, qu’elle s’apaise. Summer voulut refermer les yeux.


« Reste avec nous Summer, garde les yeux ouverts, il faut que tu restes avec nous. »


Il lâcha sa main, passa son bras derrière sa nuque et ses genoux et la souleva. Il continuait de lui murmurer des paroles douces, qu’elle puisse s’accrocher à sa voix plutôt qu’aux ténèbres. Sans se soucier de Kurt, il se dirigea vers la chambre du rez-de-chaussé, passant par le salon, il ouvrit la porte avec son coude et allongea doucement sa belle dans le lit. Il s’écarta, attrapa une couverture qu’il déposa sur le lit et s’assit de l’autre côté. Il reprit la main de sa belle, l’observa, soucieux. Elle reprenait des couleurs doucement, mais ses yeux papillonnaient toujours, complètement perdu.


« Sum, comment tu te sens ? Tu es chez moi, chez Ôl, tu te souviens ? »


Cette fois, sa voix trembla. La pression redescendait. Il ne pouvait pas la perdre, elle était sa lumière.

HRP:

Elle ne savait plus ce qu'il se passait. Summer avait comme qui dirait pété un câble sans le vouloir. Dire qu'elle avait peur que ce soit Kurt qui explose. La rousse sombrait de plus en plus vers l'obscurité. C'était le même effet que de se noyer, elle avait l'impression de voir la lumière de la surface s'éloigner avant qu'elle ne ferme les yeux. Mais Ôl la ramenait, il était son espoir. Elle voyait flou, cherchait une explication. Une main relevait ses quelques mèches rousses, ça l'apaisait, elle voulait sentir cette main la calmer sans s'arrêter si bien qu'elle était prête à s'endormir.

Reste avec nous Summer, garde les yeux ouverts, il faut que tu restes avec nous.

Elle obéit, aimant cette voix qui s'adressait à elle. Summer sentait le sol s'éloigner de son corps, quelque chose la touchait, quelqu'un la soulevait. Elle entendait toujours cette voix qui la rassurait, qui la faisait remonter à la surface. Elle ne savait toujours pas qui c'était, cette question refusait de se conclure alors qu'elle savait très bien la réponse. Ses membres refusaient de bouger, seul son ouïe et son odorat étaient fonctionnel. D'ailleurs ça sentait un parfum très familier et agréable, elle s'y accrochait comme à la voix qu'elle attendait. Soudain elle ressentait à nouveau le sol, c'était plus moelleux, plus confortable. Quelque chose s'enveloppa aussi. Elle se trouvait sur un lit, Summer comprenait légèrement mieux ce qui l'entourait. Ses yeux tentaient de reprendre le contrôle mais c'était difficile. Une main prit la sienne, Summer la serra légèrement, elle ne voulait pas perdre cette prise.

Sum, comment tu te sens ? Tu es chez moi, chez Ôl, tu te souviens ?

La voix semblait moins sûrs d'elle que tout à l'heure. C'était elle qui lui faisait cet effet ? La rousse avait fait ce qu'elle ne voulait pas, elle avait inquiété Ôl, peut être même pire. Sa vue était toujours aussi mauvaise mais ça commençait à s'arranger.

Je suis... désolée... Murmurait-elle, sa phrase presque inaudible.

Elle apercevait une silhouette prêt d'elle, cette forme se dessinait. C'était Ôl, il tenait toujours sa main. Elle s'y détacha, prenant appuis pour se relever, elle essaya de s'approcher de lui, elle tendait la main vers ce qu'il semblait être son épaule pour l'enlacer. Elle enlaça Ôl, un câlin qui lui fit un bien fou. Elle n'avait pas peur de lui, elle n'aurait jamais peur de celui qu'elle aime.

Il ramena une jambe sur le lit, la plaçant sous son autre jambe qui pendait dans le vide. La douce main de Summer sera légèrement la sienne, elle revenait à elle progressivement à elle. Il plaça sa main sur sa joue, la caressait doucement avec son pouce.


« Je suis…désolé… »


Elle murmura ces paroles tellement faiblement qu’Ôl ne crut pas l’entendre. Pourtant c’était bien ce qu’il avait lu sur les lèvres de sa belle. Il allait lui dire que tout allait bien, qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser, que c’était plutôt à lui de le faire, quand elle commença à remuer. Avant même qu’Ôl ne puisse l’empêcher de se relever, Summer posa leva le bras, s’accrocha à son épaule, passa ses bras autour de sa nuque. L’étreinte fut d’abord légère, le temps qu’Ôl comprenne ce qui lui arrivait, puis il répondit, passa ses bras dans le dos de sa belle, la rapprocha un peu plus de lui, la serrait comme s’il avait peur qu’elle ne s’éloigne de lui. Et c’était ce qu’il ressentait. Même si elle l’avait enlacé, cela ne suffisait pas à faire partir l’image des yeux de Summer.

Ôl n’était pas fait pour aimer. Ni pour être aimé.

Il cala sa tête dans le creux du cou de la rousse, ferma les yeux pour profiter du moment.


« Me fait plus jamais ça Summer, je t’en supplie »


T’es tout ce qu’il me reste
Un bruit retentit derrière eux, la porte s’ouvre. Ôl relève à peine la tête pour regarder Kurt entrer et déposer un paquet de sucre sur la table de nuit. Il repart aussi discrètement qu’il était arrivé, ferme la porte derrière lui. Ôl lâche un soupire relève complètement la tête pour regarder derrière lui. Puis il se retourne et plante ses yeux dans ceux de sa rousse, il desserre leur étreinte tout en capturant les mains de sa belle, gardant une prise sur elle au cas où elle replongerait. Elle avait l’air d’aller mieux. La crise était passée. Ôl réfléchit un instant. Pourquoi n’avait-elle rien dit ? Pourquoi avait-elle continué à écouter les deux hommes sans rien dire, sans les interrompre ? Elle s’était mise à paniquer. À angoisser. Summer avait fait une crise d’angoisse. Pourquoi ? Parce qu’elle venait de réaliser que son petit ami était un meurtrier ? Pourtant elle devait bien s’en douter. On ne devient pas trafiquant d’armes sans en avoir jamais utilisé une. Surtout pas avec le stock que possédait Ôl. Il y avait certainement autre chose. Et Ôl avait peur d’en connaître la cause.

Parce que tout était de la faute d’Anar.


« Ça va mieux ? Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Summer je regrette tellement que tu aies entendu ça… Je suis désolé, je dois te dégoûter. »


Il passa ses mains entre les mèches rousses de la jeune fille, replaça une mèche derrière ses oreilles, jouait distraitement avec une autre, sans oser regarder sa belle dans les yeux. Son chignon s’était légèrement défait, menaçait de faire tomber une cascade de cheveux flamboyants.


« Summer, tu peux tout me dire tu sais. Alors si tu veux me dire ce qui te tracasse, je serais toujours là pour t’écouter. »

HRP:

Summer reprenait peu à peu ses esprits. Avoir pu s'agripper à Ôl avait eu le même effet que si on l'avait délivrée de tous les problèmes du monde. Il incarnait son espoir, celui qui la faisait avancer et se remettre en question. Steve avait peut être raison mais il n'avait rien fait pour que ça change lui. Son frère n'avait été qu'un poids la faisant couler et le tatoueur était sa bouée. Il s'était logé dans le creux de son cou.

Me fait plus jamais ça Summer, je t’en supplie

Je ne te dirais pas simplement désolée, je vais tout faire pour que ça n'arrive plus jamais... Ayant fermé les yeux pour qu'ils se reposent quelques secondes, Summer entendit la porte s'ouvrir. Il se passa un moment de silence et la porte se referma. C'était sans doute Kurt. Ôl releva la tête et après un geste rapide il fixa la rousse.

Ça va mieux ? Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Summer je regrette tellement que tu aies entendu ça… Je suis désolé, je dois te dégoûter.

Summer sourit malgré elle et secoua la tête en signe de désapprobation. Comment un maniaque de la propreté pareil pourrait ne serait-ce qu'inspirer du dégoût ? L'Ôl d'avant était mort. L'homme qui se tenait devant elle était quelqu'un de bien, bien meilleur que certains vivant leur vie honnêtement. Il ne la regardait plus, caressant ses cheveux roux.

Summer, tu peux tout me dire tu sais. Alors si tu veux me dire ce qui te tracasse, je serais toujours là pour t’écouter.

Je suis désolée, je t'ai inquiété c'est pas ce que je voulais, alors que toi et Kurt vous essayez de digérer les nouvelles, j'ai pensé qu'a moi, je suis une parfaite égoïste.

Elle en revenait à être sarcastique envers elle même. Summer n'avait jamais su résoudre les problèmes, depuis sa plus tendre enfance elle était impuissante.

J'avais déjà entendu le nom "Anar" avant mais je ne me souvenais plus d'où.

Summer se retenait d'effleurer son cou. Parler de ce mot était toujours un supplice.

Quand vous avez parlé d'égorgement, tous s'est éclairci.

Elle essayait de se remémorer une énième fois. A quand ça remontait ? 8 ans ?

A l'âge de 14 ans je suis rentrée à la maison. Mon père gisait au sol dans une marre de sang, on l'avait égorgé et ses yeux me regardaient tandis qu'il essayait de me dire quelque chose. Il m'a dit "Anar". Je n'avais jamais compris... Jusqu'à aujourd'hui. En repensant à cette scène qui venait de s'élucider sans rien demander j'ai pris peur, je n'arrivais pas à m'enlever ça de la tête...

Après avoir scruté sa main elle regarda Ôl, Son visage était si parfait. Celui de Summer pourtant neutre voulait traduire un sentiment bienveillance.

Savoir que c'est Anar qui a tué mon père n'est qu'un détail. Ça ne change rien à aujourd'hui