[Halloween] Ceux qui creusent (Nacnac & Rain) - end

" C'était pas à propos de toi que j-je parlais ! "

Je fronçai les sourcils. Mais de quoi parlait-il? J'haussai les épaules. Cela m'importait peu. Mon objectif du jour était d'amener Nuage Nacré à dépasser ses limites. Il ne croyait pas qu'il était capable, mais, demain, après une bonne nuit de sommeil, il repenserait à cette séance, et serait fier.

Enfin, ça, c'était en théorie. La pratique était un peu plus... délicate. Plus je le regardai... plus la consternation me prenait. Le petit courait lentement. En temps que chat du clan du vent, n'était-il pas de son devoir de courir vite? Je l'observai avec stupéfaction se diriger vers une pente, qu'il lui faudra grimper de nouveau plus tard. Un sourire étira mon visage. Il se compliquait le travail en rajoutant ce dénivelé. Je fus cependant satisfaite de voir qu'il ne s'arrêta pas en pleine côte, mais à son arrivée. Et qu'il repartit presque aussitôt. Mais il marchait, et cela n'était pas dans la consigne. Mais tant qu'il ne s'arrêtait pas, tant qu'il n'abandonnait pas et restait dans un mouvement en avant, il respectait l'esprit de mon entraînement.

Soudain, il s'arrêta. Je fronçai les sourcils, et trotinnai en sa direction. C'était avec étonnement que je le vis une patte dans un terrier de lapin, et ressortir cette dernière pleine de sang. Un léger rire, sincère, s'éleva.

"On aime pas courir mais on ne perd pas une minute pour attraper des lapins, même lottis chez eux à ce que je vois!"

Trêve de plaisanterie. Mon visage se fit un peu plus sévère. Je vis le petit se raidir.

"Je crois que tu t'es perdu en chemin, n'est-ce-pas. M'enfin, si tu préfères faire la côte là-bas plutôt que la petite ici... Le plus important Nuage Nacré, c'est de ne jamais abandonner. N'oublie jamais ça. Tu ne t'es pas arrêté en abandonnant. Tu as certes repris ton souffle après ta montée, mais tu es reparti. Certes en marchant, mais tu n'étais pas à l'arrêt. C'est ce que je recherche. Allez, enterre ton lapin. On reviendra le chercher."

J'attendis patiemment qu'il s'exécute, et qu'il reprenne ses esprits. Ensuite, je lui fis signe de me suivre.

"Nous allons marcher. Suis-moi, et reste attentif. Je pourrais me transformer en ennemi à tout moment."

Cet exercice était dur, il fallait l'avouer. Je me mis en route à allure moyenne, mais surement déjà rapide pour le novice. Son mental devait prendre le pas sur le physique.

"Ton corps peut croire qu'il est au bout. Fais moi confiance, et travaille sur ton mental."

Je me dirigeai vers sa pente. Et commençai à mon tour à la gravir, avec dynamique. Une fois en haut, je tournai à droite. Puis, je tournai à gauche. Une descente maintenant, au creux de laquelle je m'arrêtai quelques secondes, puis repartis. Une nouvelle côte, gravie cette fois plus lentement. En haut, je m'arrêtai quelques instants. Mon comportement changea brusquement pour donner des indices à l'apprenti. J'hérissai mes poils. Mes griffes sortirent. Ma queue fouetta l'air. Les secondes passèrent. J'entendais sa respiration sifflante. Je lui laissai un peu de temps pour reprendre du souffle. Puis, je me retournai pour lancer mon attaque, griffes rentrées pour ne pas le blesser.

Et il se prit ma gifle en plein dans le visage. Mes sourcils se froncèrent, et un léger grondement résonna dans ma gorge. L'apprenti devait se concentrer pour progresser. C'était très dur, moi-même j'étais fatiguée pour ces allers et venus. Mais ce n'était pas une raison. Cependant, je n'eus guère le temps de le réprimander. Les gestes automatiques, acquis par un travail assidu, se mirent en mouvement. C'est ainsi qu'il attrapa ma patte, et mima une morsure. J'hochai la tête, satisfaite. Mais je voulais en voir un peu plus.

C'est pourquoi je n'avais aucune pitié. Sa fatigue allait devenir extrême. Mais s'il se conduisait bien, s'il me montrait qu'il maîtrisait les mouvements et était capable de se défendre même dans cet état. Alors, peut être, j'envisagerais de faire d'autres activités plus... soft. Je me mis à lui tourner autour. Une seconde, deux secondes, durant lesquels les deux adversaires que nous étions se jaugeaient. Enfin, je me décidai. Je décocha une frappe directe, en direction de son épaule, dans le but de le déstabiliser pour ensuite lui balayer les pattes et le faire tomber au sol. Je ne pipai mot, concentrée.

Spoiler:

Le petit s'écrasa lourdement. Trouve une solution Nuage Nacré au lieu de te laisser frapper! Je laissai échapper un petit grondement mécontent. Il fallait qu'il se bouge, ou en combat réel, il sera vaincu en un tour de main. Il suffit qu'il tombe sur plus endurant que lui, et hop, s'il ne réagit pas, il sera cuit.
Sans crier gare, je fondis sur l'apprenti, devenu ma proie. Mais la seule chose que mes pattes rencontrèrent fut du vide. Un énorme vide, qui d'ailleurs, me déstabilisa. Je perdis l'équilibre et me réceptionna d'une roulade sur le côté. Je réprimai un sourire, il avait finalement trouvé une solution. Une solution qui convenait à son état et ses besoins.

Mais en combat réel, un assaillant ne s'arrêterait pas ainsi d'un coup, pour la seule raison qu'un novice avait r réalisé une bonne esquive. Non, il lui sauterait à la gorge, profitant qu'il soit toujours à terre. C'est ainsi que je bondis, dans l'optique de le plaquer contre le sol. Mais de nouveau, le félin me glissa entre les griffes. C'est amusée que je le vis ainsi descendre la colline, s'extrayant ainsi de mon emprise. Utilisation de son environnement, esquive maîtrisée, comportement de survie. J'hochai la tête, satisfaite. Il avait compris.

D'un pas léger et souple, je descendis la petite pente. Nuage Nacré était encore un peu étourdi. Il se mit à me sourire, je restai cependant de marbre.

" J'en peux plus, je crois. C'est sûr que je... recommencerai pas quelque chose comme ça. "

Toujours impassible, je levai ma patte ... pour lui tapoter le dessus de la tête. Un franc sourire satisfait se dessina sur mon visage. Mon regard se fit beaucoup plus tendre, et je miaulai, d'une voix plus douce:

"Tu as fait du bon boulot. Tu as rempli les objectifs de la leçon du jour. Tu as su redevenir lucide malgré ta fatigue dans un combat, utiliser ton environnement pour déjouer ton adversaire. C'est exactement ce qu'on attend d'un guerrier. "

D'un signe de la queue, je l'invitai à me suivre.

"Rentrons."

Mais il n'allait pas croire que le retour se fasse de manière paisible, toute douce, toute gentille. Non, il allait continuer à marcher de manière dynamique, du moins, le plus possible. Je gardais ainsi un bon rythme. Mais maintenant, le but n'était pas de l'achever. Il suffisait qu'il dépasse ses limites et qu'il les chatouille encore un peu avant d'aller dormir, pour profiter d'un repos mérité.
Une fois de retour au campement, je l'envoyai dans sa tanière. Il était exempté de toute tâche jusqu'à demain matin, pour qu'il puisse récupérer. Je croisai ensuite Tâche d'If, à laquelle je fis un rapide compte-rendu de la séance.

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