[LP] Dangerous Picking [PV Coup de Foudre] - end

Son rire était une nouvelle victoire, se rengorgeant d'un petit dodelinement de la tête, pas peu fier d'aider l'apprentie à se décoincer. Peut-être même trop - la siamoise se laissa tomber de sa hauteur pour se coucher contre lui et lui ravir sa chaleur sans la moindre réserve.

Coup de Foudre eut un battement de la queue en signe de stupeur, puis, s'habitua à la proximité en l'ondulant de régal, se réajustant dans la neige et l'herbe détrempée pour se remettre à l'aise dans sa position. Il répondit à son audace en forçant un ronron dans son corps, pour le faire vibrer, et dégager plus de chaleur encore histoire de bien l'engourdir contre lui.

— « C'est du pissenlit, on n'en donne jamais aux chatons, ça peut faire vomir ...
— Du pissenlit,   il répéta.

Ces fleurs jaunes avaient la particularité bien à elles que si un chaton en mangeait, elles provoquaient la réaction du corps de les régurgiter. C'était absolument fascinant. Combien de plantes Nuage du Firmament et Nuit Hivernale avaient cueuillies dans leur herbier? Combien de plantes se retenaient-elles d'utiliser sous prétexte qu'elles n'avaient aucuns bienfaits sur les chats? La réflexion alla plus loin: sur les chats, oui, mais peut-être avaient-elles des bienfaits ailleurs? Ou des méfaits - comme les pissenlits? Pourquoi les cueillir, d'ailleurs - pour empêcher aux chatons de les manger? Mais en les réunissant tous au même endroit, si advenait qu'un chaton stupide ne se retrouve devant leur herbier.

Il vit la fourrure rousse du renard sortir des buissons, fondre sur le chaton stupide, et le tuer.

Ils restèrent un moment ainsi, jusqu'à ce que Nuage du Firmament ne sorte de ses songes et fuie son engourdissement en se redressant. Le guerrier eut un mouvement de la patte comme pour la retenir mais en vain, et il n'en montra pas plus, réalisant qu'il était beaucoup trop détendu en ce moment, beaucoup plus las qu'agréable.

— « Je suppose que je vais devoir chercher seule ?

... Elle n'était pas partie si vite en fait. Il était partie si doucement qu'il ne s'était rendue compte de son absence qu'en la voyant debout, à lui tendre ce petit sourire. Il le lui rendit.

— Mais si je t'aide, qui t'empêchera d'aller déterrer l'écureuil? ~ »

Il s'était levé à son tour, étirant son dos, et s'était mis en marche tout de suite en suite. Contrairement à la siamoise, cependant, il ne savait pas exactement ce qu'il cherchait. Il ne connaissait pas les plantes à leur odeur, et n'avait jamais vraiment prêté attention à leurs formes ou à leurs couleurs. Il ne distinguait pas les siamoises du Clan entre elles - comment l'une d'elles espérait qu'il puisse le faire avec les plantes?

Il partit à l'opposée de sa comparse, longeant le Chemin du même côté. La tête basse, l'air blasé, il roulait des poignets pour repousser de la patte la neige et chercher, tout comme elle, quoi que ce fut d'utile. Sa queue eut un battement, son oreille cicatrisée tiqua en fouettant l'air : Ugh, un autre pissenlit.

Plutôt que de le cueillir, le guerrier charcoal souffla du nez et marcha dessus sans y prêter plus de regard. Allez, quoi! Il pouvait faire mieux ! Il voulait un défi, quelque chose pour le stimuler ! Lorsqu'une fleur bizarre et ses opercules roulèrent sous sa patte, il haussa ses deux sourcils, baissa les yeux, dilata ses pupilles et analysa l'herbacée.

Une longue tige qui rougeoyait, aux fleurs comme en fils de toile d'araignée, fermés dû au début du réchaud qui commençait à peine. Il pencha la tête, la recula, caracola sur place et se tourna d'un bloc, un peu plus en éveil, cherchant la siamoise des yeux. Il la vit faire de même, l'aida à le trouver en l'interpellant d'un miaulement:

« Ici ! J'ai trouvé quelque chose ! »

Trop impatient de lui montrer sa trouvaille, il revint sur ses pas d'un trot rapide pour raccourcir leur distance, profitant de l'instant pour dissimuler le pissenlit qu'il avait évité plus tôt en le recouvrant sous la neige d'un geste de la queue.

Dangerous Picking

La façon dont le guerrier avait répéter le nom de la plante fit sourire la siamoise, lui donnant une fois de plus l'impression d'avoir à faire à un très gros chaton. Elle ne savait pas réellement sur quel patte danser avec lui, il lui semblait si immature par certain point et par d'autres ... Il la déstabiliser réellement. La réponse du mâle à sa constatation la fit sourire de plus belle et en guise de réponse, elle tira le bout de la langue au félin avant de filer fouiller davantage les environs. Avec lui à ses côtés, elle espérait au moins ne pas craindre l'arriver importune d'un Lunar, où d'un guerrier adverse. Car après tout si son statut de guérisseuse devait théoriquement la protégée vis à vis des claniques ... Elle frémit à l'idée de croiser de nouveau le monstre brun au pelage poisseux qu'elle avait croisé en ville. Il avait fallu qu'un corbeau se fasse proie pour qu'elle puisse rentrée. Elle remua la queue, chassant les pensée sombres qui commencer à la tourmenter sans toutefois y parvenir entièrement. Lorsque son regard croisa les yeux jaunes de son camarade, elle pressa le pas pour le rejoindre, et voyant qu'il faisait de même, elle ralenti et pencha la tête de côté. Alors ? C'est, quoi ? Une fois encore, le matou la pris de court en faisant volte face pour revenir là où il se tenait lorsqu'il l'avait interpellé. Et une fois de plus l'apprentie guérisseuse ne put que sourire devant l'air tout excité de ce chaton adulte qui semblait avoir eu l'autorisation pour la première fois de sortir de la pouponnière. Elle le rejoint plus lentement et se pencha pour observer la fleur, la faisant rouler doucement sous sa patte. Un parfum léger se répandis dans l'air et elle se pencha davantage pour humer la plante avant de secouée la tête.

- Je ne crois pas que Nuit Hivernale est quoi que ce soit qui ressemble à ... Oh mais attend ! Elle fit un bond dans la neige et tira doucement une feuille fortement abîmé de la neige qui fondait, l'observant avant de hocher la tête. Le fumet qui s'effaçait pourtant et la forme lui rappelait une des leçons de sa mentor. Une plante capable d'aider à la respiration, caractériser par un parfum fort et frais et par des feuilles légèrement plus ronde à la base mais effilée en pointe. Elle ne se souvenait pas du nom mais elle était certaine que s'était de cette plante là que la Bimane avait voulu parler. L'odeur en tout cas le lui laisser à penser et elle se mit frénétiquement à fouiller la neige, enfouissant son museaux dans les congères alentour avant de reculer subitement. Là ! Elle creusa plus doucement jusqu'à découvrir ce qui ressemblait à des branches d'arbres plates et rectangulaire lié pour former une sorte de nid. Dedans se trouvait les même feuilles que celle, abîmée qu'elle avait découverte. Fouillant ses dernières de la patte, elle en isola quelques unes d'intact avant de sourire. On avait pas ça dans notre herbier, c'est génial. Bon et si on le mangeait, cet écureuil, avant qu'il soit aussi froid que mes pattes ? Sans véritablement attendre de réponse, la siamoise fatiguée et affamée pris les feuille par la minuscules tiges qui les lié entres-elle et alla les poser avec ses deux pissenlit. Voilà qui était de bon augure à ses yeux. Toutefois, en posant les yeux sur le matou, l'image de ce dernier avec à ses pattes une chatonne innocente et sans vie lui revint, lui coupant l’appétit. Elle s'était jurée de le questionner, mais ne l'avait pas fait. Agacée, elle remua la queue et coucha faiblement les oreilles.

« Mais qu'est-ce que tu regardes ? »

Lui qui venait d'acquiescer à sa proposition, il avait bien envie de la priver de son écureuil à se laisser distraire de la sorte ! Lorsqu'enfin il lui sembla capter son attention (il eut un gloussement moqueur), Coup de Foudre se redressa d'un ressort, la queue longue et tendue derrière lui, levant haute sa tête pour intimer à Nuage du Firmament de relever ses yeux.

— « Mes yeux sont ici, eh oh! »

Un petit rire, puisqu'il ne comprenait pas vraiment dans quel genre de t̺̼̱̗̙͊ͪͧr̡͕̝̭̺̹͋̿ͨ͗̍ͯȧ̸͔̗̝̠̳̓̂͋̽̾n͈̭͉̞͚͙̠͜ș̦̦͛̃̀e̥͋̌ elle venait d'être plongée dedans. Il était à des années-lumières de se douter de quoi que ce soit, aussi il enchaîna, après un tout bête haussement d'épaules:

— « Ou bien c'est le froid qui t'es monté à la tête, ou bien tu as eue une vision!

L'idée lui arracha un petit rire, et il était là, à joyeusement trottiner en slalomant entre la plante qu'il avait trouvée - une réussite, d'ailleurs, puisqu'il n'y en avait pas dans leur herbier! - et les pissenlits de l'apprentie, rejoignant ce petit bout où elle avait dégagé la neige pour creuser dans la terre en dessous. Il sortit les griffes, s'arc-bouta sur ses postérieurs et creusa, révélant à l'air libre le roux vif de la fourrure de l'écureuil qu'il avait chassé plus tôt. Il se pencha pour le cueillir entre ses dents comme elle le faisait ses plantes, et un arc du cou lui permit de le lui jeter.

— « Tiens !   Cadeau! ♡

En l'empêchant de manger en premier, il lui avait creusé l'appétit - ce genre de cadeau serait tout de suite mieux reçu.

HRP:

Dangerous Picking

Si l'insouciance du guerrier l'avait jusque là amuser, à présent, elle tapait sur les nerfs de Nuage du Firmament qui se demandait si le mâle avait eu la même réaction devant le petit corps sans vie de la chatonne rivièreuse. L'avait il regarder mourir en songeant que ce n'était après tout, qu'une vie qui s’envole de plus ? Elle secoua les oreilles, subitement agacé par sa voix, par ses paroles, plantant sur le félin un regard finalement dur qui lui était inhabituel. Il riait, une fois de plus, cependant, elle se rendis compte qu'il ne pouvait savoir ce à quoi elle songeait avec amertume et son expression se radoucit. Elle regarda l'écureuil tomber à ses pattes et recula, surprise. Elle avait réellement l'esprit ailleurs, pourtant, elle s'efforça d'en croquer une bouchée, lentement, essayant de trouver la meilleur des formulations à ce qu'elle ne tarderait plus à demander. Elle déglutit a grand peine, terriblement sérieuse avant de regarder le charcoal.

- Tu ne m'as jamais dit comment tu as découvert Petite Améthyste ...

Elle ferma les yeux, revoyant une fois encore le petit corps sans vie, si présent dans sa tête qu'elle s'y revoyait. Elle revoyait les pattes du guerrier, trop grande devant ce petit corps trop frêle, trop ... Elle s'empêcha d'y penser plus en avant en arrachant presque violemment un nouveau lambeau de chair à leur proie, mâchant mécaniquement, essayant de ne pas songer aux sang qui coulait vers le fond de sa gorge. Son camarade ne semblait plus y penser alors pourquoi restait elle ainsi accrochée à ses souvenirs horrible ? Petit Ver s'effaçait de sa mémoire même si parfois, dans son sommeil, elle revoyait la boule de poil blanche, visqueuse chercher son air sans résultat. Parfois, l'image des deux chatons morts se superposé à celle de son frère, dont elle avait découvert l’existence au sein de leurs ancêtres. Ses moments étaient les pires car elle imaginait, semblait ressentir une douleur atroce qui lui vrillait les tripes et la privée d’appétit pour la journée. Nuage du Firmament le savait, elle était maigre sous sa pelisse même si, en rapport d'il y a quelques temps, elle avait commencé à se remplumer. Nuit Hivernale était une mentor stricte, exigeante parfois, mais la siamoise commençait à apprécier la Birmane. Finalement, elle tressaillit, avala la viande et attendit que Coup de Foudre lui réponde.

À se faire ainsi dévisager, Coup de Foudre pivota ses deux oreilles vers l'extérieur, laissant entrevoir à Nuage du Firmament cette rare expression de stupeur mêlée à l'incompréhension, vite mêlée au désabusement. Mais qu'est-ce qui lui prenait à la siamoise ? L'iris dans ses yeux reluisit : c'état sa plaisanterie sur sa petite transe ? La position de ses yeux? Sans doute pas. Ou bien ce petit clin d’œil à son état (le froid du blizzard qui lui était monté à la tête...) ou alors la mention d'une vision avait du la piquer faute d'un contexte qui lui échappait. Sinon, peut-être qu'elle lui en voulait de lui avoir gardé l'écureuil si longtemps alors qu'elle avait faim et elle refusait d'admettre qu'il était délicieux, maintenant qu'elle s'était creusée l'appétit avant de se récompenser de son travail.

Non, car en baissant les yeux sur la récompense, elle prit à peine une bouchée -- et non, non ça n'allait pas -- elle ne s'en délectait pas, elle mâchait sans saveur -- non ils avaient eus un bon rythme jusque là, qu'est-ce qui se passait ??

— « Tu ne m'as jamais dit comment tu as découvert Petite Améthyste ...

Si elle ferma les yeux, lui ouvrit les siens, haussant très haut ses sourcils pour reculer légèrement la tête, faisant face à une variable - ici, une question - à laquelle il ne s'était pas attendue. Et cette erreur de calcul, cette variable aberrante lui fit plisser les paupières comme s'il avait mal compris, associant vite l'origine de la question à son reproche. Et celui à qui manque une information s'informe, naturellement:

— ... Qui ?

Petite, donc un chaton, mais lequel? Ils y avait tellement de chatons dans la pouponnière, dur de savoir lequel était qui, et avec tout ces noms qui suivaient la même mode c'était encore plus difficile de les distinguer ! Il eut un petit rire, nerveux, confus, secouant sa tête, tandis qu'il s'affairait à vite déduire. Si c'était un chaton, et un chaton qu'il avait trouvé, il devait s'agir de "ce" chaton qui était mort, tué par un renard.

— Ahh, le chaton, il secoua sa tête. Ça n'a rien à voir, pourtant... Pourquoi ça t'intéresses?

La question avait été posée avec une curiosité pure, limpide, sans trace aucune de délicatesse, ou d'empathie.

Dangerous Picking

Que le guerrier ne sache pas, où ne semble pas savoir lui fit hérisser l'échine, cependant, la siamoise n'était pas aussi violente que sa génitrice et elle attendis patiemment que le guerrier refasse surfaces. Elle l'observa, délaissant le repas pour scruter le mâle, lequel semblait nager entre deux eaux dans ses propres réflexions, cherchant un repère au milieu de la tempête. Étais ce dont là son secret, une faible mémoire qui non contente de lui donner un air insouciant lui faisait finalement e prime oublier des événements importants ? La siamoise se promit dans un coin de son esprit d'y réfléchir afin, peut-être, de découvrir, le cas échéant, un remède. C'est alors que le bengal ouvrit la gueule et elle plissa les paupières en le scrutant avant de s'asseoir lentement. Elle était sous notre responsabilités puisque cette imbé ... puisqu'Étoile de Suie l'avait fait enlevée ... L'espace d'un instant, Coup de foudre pu avoir un aperçu de celle qui deviendrait un jour Secret du Firmament, brève vision du futur dans cette chatte assise, l'air sage de donner leçon à un chaton mais très vite, la petite féline redevint la novice tantôt enjouée, tantôt triste, la femelle dont les émotions ne savait encore être pleinement sous bonne garde et cela se concrétisa par de bref mouvements nerveux de sa longue queue noires, oscillante comme un serpent menaçant de mordre. Son regard aussi se départi de sa patience et sa fourrure se hérissa un tant sois peu sur son échine alors qu'elle reprenait d'une voix moins conciliante. Le code du guerrier intime de venir en aide aux chatons, qu'importe leurs origines ... Et je me demande juste pourquoi tu n'as eu aucune blessure de ce maudit renard puisque tu ne t'es pas expliquée ...

La ressemblance avec sa mère dura un instant, là aussi, brève image de ce qu'elle aurait pu devenir si elle n'avait pas choisi de suivre sa propre voie. Cependant, la siamoise se rendit compte qu'elle s'énervait et loin de laisser la colère enflée, elle se radoucit en penchant légèrement la tête de côté, ajoutant sur un ton aussi doux que le chant des oiseaux à l'aube. Je veux juste comprendre pourquoi un chaton de plus est mort ... comment ... Parce que ... Je ... Je ne veux plus voir des chatons mourir où disparaître ... Parce qu'elle était une rêveuse qui songeait à une vie plus belle où les petits n'auraient pas à subir le regards des autres leurs jugements cruels. Une utopiste, voilà ce qu'au fond d'elle-même, Nuage du Firmament était. Mais s'était aussi ce cœur bon qui l'avait sauvé d'une voie qu'elle ne voulait pas et qui faisait que chaque jour depuis, elle faisait de son mieux pour apprendre à soigner ses camarades. En espérant naïvement leur ouvrir les yeux ...

— « Elle était sous notre responsabilité puisque cette imbé ... puisqu'Étoile de Suie l'avait fait enlevée ...

Puisque cette Imbécile d'Étoile de Suie l'avait fait enlevée, plutôt. Son non-dit en dit long sur le fond de sa pensée et il se rendait peu à peu compte de l'hostilité qui se développait dans le Clan à l'égard de leur propre cheffe. Il ne l'avait jamais trouvée imbécile, ses décisions manquaient de jugement et elle était engloutie par sa rage de vengeance mais justement, c'était ça, qui était beau ! C'était ça qui faisait d'Étoile de Suie cette comète, filant à travers le ciel en se désagrégeant au travers de chaque couche d'atmosphère - chaque chapitre de sa vie, pour ne plus rien être d'autre qu'une poussière de roche venant la fin de sa course. Et l'impact serait-il grand? Minime? Minuscule - Microscopique? Comment se redresserait le Clan du Tonnerre après les trémoussements (voilà qu'il s'égarait dans un fantasme...) de son règne?

Lorsqu'il vit Nuage du Firmament relever le poil de son échine jusqu'à le hérisser, Coup de Foudre sortit de ses réflexions, remuant les oreilles.

— « Le code du guerrier intime de venir en aide aux chatons, qu'importe leurs origines ... Et je me demande juste pourquoi tu n'as eu aucune blessure de ce maudit renard puisque tu ne t'es pas expliqué ...

Oh. Ugh, le Code du Guerrier.

Coup de Foudre pencha la tête de l'autre côté, cueillant ses mots avec minutie. Un mot de travers et il serait mal reçu, et il aimait beaucoup trop cette entente avec l'apprentie-guérisseuse pour tout foutre en l'air.

— Je n'ai rien à expliquer.  Le Code du Guerrier est une chose, mais il n'est inclusif qu'aux chats de Clans. Le reste de la forêt se moque du Code - et ce renard aussi.

Il n'avait pas cillé, retrouvant un sourire hermétique, haussant joliment ses épaules avec cette mine de rien à donner froid dans le dos. Pour lui cependant, ce sourire visait à réconforter. Ce sourire appuyait la véracité de son argument et il voulait surtout lui faire savoir, par ce sourire, que la mort d'un chaton de plus ou de moins ne l'affectait pour rien au monde. Il en avait trop vécu pour être touché.

Je suis arrivé trop tard, c'est tout. »

Comme coupable de sa colère, Nuage du Firmament se ratatina sur elle-même, consciente de son état, passant de Feu du Firmament à Tison, se faisant plus douce, acceptant de se montrer vulnérable:

— « Je veux juste comprendre pourquoi un chaton de plus est mort ... comment ... Parce que ... Je ... Je ne veux plus voir des chatons mourir où disparaître ...
— ... Oh.   Je commence à comprendre...

Mue dans son mutisme, Nuage du Firmament ne disait plus rien et Coup de Foudre tiqua de l'oreille au silence, se hissant sur ses quatre pattes pour marcher, et réduire la distance qui les séparait. Il s'assied à ses côtés, l'entourant de sa queue, abaissa sa tête contre son épaule pour docilement fermer les yeux et la détendre d'un ronron.

— Ce n'est pas de ta faute.

Les chatons sont parfois trop fragiles pour survivre et ils meurent ou bien de facteurs extérieurs ou bien de leur propre inconscience. Ne les plaint pas - pense plutôt à ceux qui ont encore la résilience d'être en vie. »

Dangerous Picking

La siamoise s'était hérisser, boule de poil inquiète et colérique mais le matou avait raison, le renard se moquait bien de leur code et du fait que sa victime n'avait pas encore l'âge d'avoir pu apprendre quoi que ce soit pour se défendre de son museau fin et de ses crocs aiguisées. Le calme du bengal en revanche avait tout pour être suspect mais la siamoise ne s'en rendit compte, trop touchée pour ouvrir les yeux sur la véritable nature de son vis à vis. C'est tout, deux mots pour finir qui avaient glacée la chatte jusqu'aux os, combien de fois arriverait elle trop tard elle aussi ? La douleur aiguë du souvenir des morts qui l'entouraient était là. Si elle en verrait sans doute quelques un là haut, lorsqu'elle irait rêver dans la grotte de la vie en s'allongeant le museau contre la glaciale pierre de lune, les autres, elle ne saurait peut-être jamais ce qu'ils étaient devenu.

Si ses yeux virent Coup de Foudre approcher, prédateur silencieux mais subitement réconfortant, elle ne réalisa l'absence de distance entre eux qu'au moment où il appuya sa tête sur son épaule. Le ronronnement sonore du mâle l'apaisa aussitôt, aussi efficace que le thym que prenait ans doute ce grognon de Nuée d'Alcidés. Elle se laissa aller contre le félin, profitant de cette proximité, s'imaginant l'espace d'un instant qu'à la place du guerrier, s'était le lieutenant. Mais non, jamais Vautour Fauve n'aurait ce comportement, il l'avait poussé hors des limites de sa vie et elle devait taire l'absence d'un père pour se concentrer sur son entrainement, sur sa nouvelle vie. La voix du félin lui parvint comme de loin et il lui fallut un moment pour comprendre ce qu'il venait de lui dire. Roulant sur elle-même pour se retrouver à le regarder par en dessous, exposant son ventre et sa gorge, elle miaula alors, doucement, comme par peur que les mots aillent blesser quelqu'un.

- Ça à l'air si facile ... à t'entendre ...

Elle l'observait de ses saphirs, sans se rendre compte à quel point elle semblait en cet instant quémander bien plus qu'une réponse. Jeune chatte vouée aux étoiles qui se laissait attendrir, naïve sur les choses de l'amour. Quêtant sans cesse une attention qui lui avait fait défaut depuis ses premiers jours. Car si Cœur de Serpent avait fait de son mieux, jamais elle n'avait sus apporter pleinement la tendresse dont elle avait eu besoin chatonne. Toujours il y avait eu ses étoiles, intermédiaire silencieux aux signes finalement invisibles.

Lentement elle se glissa à sa dérobée, au sol, sur le dos, le regardant d'en dessous pour s'adresser à lui d'une si petite voix qu'un coup de vent aurait pu la casser :

— « Ça à l'air si facile ... à t'entendre ...
— ...Ce n'est pas la même chose de le voir. »

Elle baissait sa garde devant lui et il comptait, dans un coin de sa tête, toutes les occasions où il aurait pu lui sauter dessus et elle de ne rien faire, sans ne même avoir le temps de se débattre. Il avait une grande chasseresse à ses pattes et il ne faisait rien et il se demandait bien pourquoi. Il n'était pas mauvais guerrier et certes elle était du même Clan elle était juste là, à l'abri des yeux de tout le monde, et il pourrait très bien faire passer ça comme un accident - le chemin du Tonnerre était tout près, et ses monstres passaient. Après quoi il serait débarrassé, il pourrait rentrer sagement au campement pour aller se faire dorer sur les Rochers.

S'interrompant dans ses réflexions, Coup de Foudre pencha sa tête, baissa les oreilles, étira une patte pour enjamber la siamoise et la couvrir sous son ombre.

— « Tu as déjà assisté à une veillée, non pas d'un seul chaton, mais de cinq? Après un moment, ils s'embrouillent tous un peu, ils deviennent tous un peu pareil, on ne les distingue plus.

Il passa son chemin, s'éloignant de la siamoise en secouant sa patte arrière pour se débarrasser de la neige, de bon train. Il trottait direction l'écureuil, les tripes à l'air, qui refroidissait à l'air frais. Il se pencha à sa hauteur pour l'attraper dans sa bouche et l'approcher de l'apprentie-guérisseuse.

— C'est toujours la même chose, un petit, une patte, une boule de, ils ne sont rien avant de devenir apprentis, car c'est en devenant apprentis qu'ils apprennent à survivre.    Et il se coucha au sol, s'étirant les pattes et le dos d'un grommellement d'effort avant de pousser, du nez, la carcasse vers sa comparse.

Mange.  Tu as survécu toi.  Tu te le dois à toi-même de survivre un peu plus, il se détourna d'elle, le sourire paisible, à regarder la route (ou plutôt prétendre la "surveiller")   juste un peu plus, pour pouvoir voir ce qui vient ensuite. »