• J't'emmène au vent

Je marchais depuis peu vers le grand Sycomore afin de remplir ma mission, c'est à dire patrouiller. C'est Couleur de l'Aube qui m'avait envoyé et nous étions redevenu très proche, je crois même que nous étions devenu inséparable même si nous avions chacun notre vie privé. Je savais profiter de lui à présent et m'occuper de moi, sans l'oublier. Je réalisais à présent qu'il était important pour moi, et que j'avais de la chance de l'avoir en tant que frère. Même si il était lieutenant -donc plus puissant que moi- il était toujours mon frère que j’embêtais sans cesse, comme avant.
Puis une autre personne me vint à l'esprit. Liberté d'Eveil. Il m'oubliait, ce qui me blessais chaque jour. Je pensais avoir trouvé l'amour parfait mais, je m'étais littéralement trompée. Je sentais mon cœur s'effondrer et mon attirance envers lui s' effaçait de jour en jour. Je m'étais donc condamnée à souffrir en silence, en espérant le lendemain meilleur.
Mes pattes traînée à présent le sol. De plus, dès que j'apercevais Étoile de Léopard, mon coeur se mettait à battre et je ne pouvait détacher mon regard sur lui. Son allure puissante et son regard doux me faisais perdre la raison, ce que je ne trouvais pas chez Liberté d'Eveil, bien évidement.
Soudain, une odeur pénétra dans mes narines. C'était lui, Étoile de Léopard ! Je cru que mon cœur allait sortir de ma poitrine. Je scrutai l'horizon mais, je ne vit rien, pas l'ombre d'un chat. Puis une masse bougea dans l'arbre ce qui attira mon attention. Il était assit sur la plus haute branche, l'air de m'attendre. Je bondis sur l'arbre, griffes dehors, avant de le rejoindre sur l'arbre. Je lui fis un de mes plus beaux sourires, avant de miauler joyeusement :
« C'est une bonne surprise de te voir ic... »

J'avais aperçu la vue qu'on avait tout en haut. C'était magnifique, sans mot pour la décrire. L'horizon était d'un bleue océan infini, les oiseaux migrateurs volaient tout près de nous, formant un parfait V. Des petits nuages saupoudraient le ciel, accompagné des rayons du soleil qui se reflétaient dedans. De là, s'étendait la forêt, on voyait presque tout. Le vert des arbres s'alliait parfaitement au bleu du ciel ;
« Ho Étoile de Léopard, c'est si beau ! »

Soudain mes pattes glissèrent et le vide se déroba sous mon corps.

Tout se passa très vite. La branche avait craqué en une fraction de seconde, et je m'étais  retrouvé en l'air, comme un oiseau qui sort de son  nid quoi. Sauf que moi je ne savais pas voler.
«  Mourir-Peur-Douleur »
Voilà ce qui avait résonné dans ma tête. Et le destin aurait été tragique... Si il n'avait pas été à mes côtés.
Étoile du Léopard me rattrapa à une vitesse folle. Mon soulagement ne dura pas... Ses griffes crissèrent manquant d'être entrainée sous mon poids. Je tentais temps bien que mal avec mes pattes arrière de m'agripper au tronc. En veine! Il était bien trop loin et mes tentatives coutaient de la force au joli félin tacheté qui essayait de me sauver la vie. Qui se sacrifiait à l'instant, pour moi. Quoique.. il avait neuf vies quand même, contrairement à moi, qui n'en avais qu'une. Mais bon, une vie c'est une vie.
Alors que je pensais que tout était perdu, le mâle tacheté arriva à me hisser. Je sentais qu'il forçait énormément et que chaque centimètre à me remonter était un vrai supplice.  
Après quelque instants, nous étions tout les deux assis sur la branche, vivants. Mon cœur tambourinait tellement fort que chaque bouffé d'air était douloureuse. J'avais encore les yeux qui fixait le vide, avec un sentiment de terreur. Puis ils se dirigèrent vers mon sauveur. Sans lui, je serais un cadavre tout froid avec les yeux vitreux, à l'heure qu'il était. Il me miaula gentillement:
« Dis donc t’as grossi ! N’oublie pas que c’est moi qui a neuf vies cervelle de souris. »

Je ne pu me retenir d'émettre un ronronnement d'amusement. Il me lécha entre les oreilles et je plongea mon regard bleuté dans le sien. J'aurai voulu rester des heures comme ça. Et j'avais la même sensation qu'à la rencontre de Liberté d'Éveil.
« Oui, j'ai grossi. Mais c'est grâce à un meneur très compétant qui rend son clan en excellente  santé. Je m'arrêtais et reprit, « Merci de me m'avoir sauver la vie. Je te revaudrai ça un jour, c'est promis. »
J'aurai voulu enfouir ma tête dans son pelage, me blottir contre lui et rester comme ça jusqu'à la fin des temps. Et oui, j'avais compris ce qui m'arrivait. J'étais tombé sous le charme du félin qui se trouvait à côté de moi. Mais lui, ressentait-il les mêmes sentiments que moi?

« Merci, c’est vrai qu’avec une gourmande parmis-nous, on se doit d’être un excellent chasseur"

Nous ronronnons tout les deux, dans une parfaite harmonie. Ainsi, nous étions là, à regarder le majestueux paysage, sans piper mot. Mais combien de temps allait durer mon mensonge? Celui de la féline qui semble heureuse, qui voit des papillons roses partout, mais qui en faite est détruite à l’intérieur d'elle même. Nos queues se rapprochèrent petit à petit et n'y tenant plus, je miaulai doucement, baissant mon regard:
-Tu sais, j'ai quelque chose d'important à te dire... Je crois que je t'..

Oh mon dieu, mais que faisais-je? J'étais en train de déclarer ma flamme à un autre félin que Liberté d'Eveil. Mais seulement, avais-je le droit? Le droit de le tromper ainsi, alors qu'il m'avait tant donné... avant. Je regardai un instant le si beau félin qui se trouvait en face de moi avant de reprendre:
-Non, oublie ce que j'ai dis, ça n'a pas d'importance finalement.

Mes yeux s'embuèrent, et je m'efforçai de ne pas fondre en larmes.
-Merci pour ce moment agréable, je ne l’oublierais pas. Je dois rentrer au camp, sinon Couleur de l'Aube va se faire un sang d'encre pour moi.

Je lui jetai un regard d'amour inespéré avant de détaler de l'arbre.
Mais, je ne me dirigeais pas vers le camp, non. Impossible de tenir tête à qui que ce soit. J'étais infiniment perdue au fond de moi. J'avais certainement perdu l'occasion de dire mes sentiments à celui que j'aimais, sachant que je l'avais laissait sur place.
De plus, Liberté d'Eveil ne m'attirait plus du tout, sachant que lui, pour moi oui. Je ne voulais pas le trahir, ni le blesser. Mais rester fidèle à lui m'étais tout aussi douloureux.
Mes pattes foulaient le sol à une vitesse folle.
Une petite clairière me fit arrêter stop ma course, et je m'étalai sur l'herbe verte. Les larmes frappèrent le sol, et j'aurai pu créer un lac entier si je le voulais. J'aurai voulu disparaître à jamais de ce monde, à cet instant.
Sachant qu'il était fort possible que Etoile du Léopard n'ai aucun sentiments envers moi.
Et pourtant, il se trouvait à présent derrière moi.

Il était là, juste derrière moi. Je sentais sa présence protectrice, et son odeur si agréable. Son souffle chaud éraflait mon poil, et nos corps étaient si proches... J'entendais les palpitements de son coeur, je savais le regard qu'il m'accordait. Ce regard chargé de tendresse, qui m'envoutais à chaque coups d'œil.  Avant qu'il prononce ses mots, les oiseaux s'arrêtèrent de chanter, le monde prit pose. En tout cas, c'est ce que je ressentis quand il miaula:  
« Tout ce que tu me dis est important à mes yeux et… Moi aussi je dois te dire quelque chose. Je n’aurais jamais pensé que nous deviendrions amis lorsque je t’ai vu pour la première fois au camp… Je n’aurais jamais pensé non plus que je t’aimerais. »

Des larmes recommencèrent à couler avant d'atterrir dans mes moustaches pour pendouiller dans le vide. Il venait la de me dire quelque chose. Quelque chose d'une puissance sans limites. Et d'une valeur qui me laissais sans mot. Sa flamme qu'il venait de m'avouer.
Je posa mon regard dans le sien, et ne pouvant résister, je fis quelques pas innocents, avant de me frotter contre lui.

Nous étions là, seuls dans la clairière, à échanger notre amour. Et je ne peux savoir le temps qu'on y consacra. C'était si bon, de relâcher cette douleur qui nous détruisait de jours en jours. Cette douleur qui vous fait perdre l'appétit et qui vous fait oublier tout ce qui se trouve autour de vous.
Je savais que je trahissais durement Liberté d'Eveil, mais l'envie était trop forte. L'envie de trouver un autre amour. Plus fidèle peut-être, plus sincère?
Nous arrêtâmes nos papouilles et je fixais le ciel. Le temps s'était subitement écoulé. Collé l'un contre l'autre je miaula:
-Je t'aime, Etoile du Léopard. Si tu savais à quel point. Et mon amour pour Liberté d'Eveil est parti, pour toujours je pense. A vrai dire, je suis perdue. Le laisser me fait mal au cœur, mais refuser mon amour pour toi est encore plus insupportable.
Que faire?

Je le regarda, et je voulu que le temps s'arrête à cet instant, pour toujours.