[CANICULE] Premier flirt (et premier inceste, mais shuuuut) | Ft. Patte d'Été - end

Le soleil s’était levé il y a peu et Patte d’Été s’extirpait paresseusement de la fournaise qu’était la pouponnière. Comment diable les autres arrivaient-ils à dormir dans de telles conditions ? C’était incompréhensible. Et elle et Petite Genette avaient beau être les derniers arrivants dans la tanière, l’endroit était bien trop peuplé c’était insupportable, tout le temps à avoir mille et une personnes dans les pattes. De ce fait (et la canicule aidant), Patte d’Été se réveillait tous les jours très tôt pour profiter d’un peu de calme, de solitude et d’un semblant de fraicheur.
La chatonne rousse s’installa en boule à une distance respectable de la tanière, de laquelle on pouvait sentir la chaleur émerger, comme si le soleil en personne se trouvait à l’intérieur. Les yeux à peine ouverts, Patte d’Été tournait la tête de droite à gauche, observant les adultes et apprentis aller et venir, en ne prêtant presque aucune attention à la boule de poils. Et tant mieux. Ah. En fait il se trouve que quelqu’un a décidé d’interrompre la petite dans son éternelle méditation détachée du monde. Patte d’Été reconnaît une autre chatonne de la pouponnière, bien plus grande qu’elle, s’approchant sûrement de ses six lunes.
- S-salut... Comment tu t'appelles ?

La rouquine cligne des yeux une fois ou deux, regardant sa nouvelle interlocutrice. Son long poil gris clair bien soigné fut le premier détail que remarque Patte d’Été, à l’extrême opposé de la masse emmêlée et poussiéreuse qui recouvrait son propre corps. Elle hocha doucement de la tête et répondit,
-Bonjour. C'est Patte d’Été. Toi ?

Maintenant qu’elle y pensait, elle avait aucune idée de son nom, bien qu’elle l’ait sûrement entendu à un moment ou à un autre. Mais il y avait tellement de noms à retenir dans cette pouponnière, et puis Patte d’Été avait mieux à faire. Ses yeux verts clairs regardaient la nouvelle venue d’un air un peu distant, comme si une épaisse fumée lui barrait la vue.
-Qu’est-ce que tu fais debout aussi tôt ?

Demanda t’elle d’un air totalement absent. Au fond elle se doutait bien de la réponse, mais c’était juste histoire de faire la parlotte. Jusque là en position allongée, les pattes roulées sous elle, elle s’étira pour s’allonger sur son flanc, laissant par la même occasion toute la poussière des environs s’agglutiner sur son pelage, sans qu’elle n’y prête aucune attention.

Patte d’Été cligna rapidement des yeux plusieurs fois, se forçant à se concentrer sur son interlocutrice. Elle sentait que le regard de la chatonne dont elle ne connaissait toujours pas le nom avait changé, comme ceux des autres quand Patte d’Été ne montrait pas beaucoup d’interactivité. Typiquement, comme en ce moment. Physiquement elle est présente, mais il est évident que son esprit vagabonde trèèèèès loin.
-Je m'appelle Patte Gelée. Et je suis debout aussi tôt parce que je n'ai pas envie de mourir à l'intérieur de cet enfer.

Patte Gelée. Okay c’est enregistré. Pendant au moins les quinze prochaines minutes. Patte d’Été sourit un peu devant sa réaction, ce torse bombé et cette déclaration que la rouquine aurait difficilement pu mieux formuler. L’enfer était une bonne comparaison pour ce qu’il se passait à l’intérieur de cette tanière. Elle hocha la tête, la regardant pour la première fois droit dans les yeux.
-C’est sûr qu’il fait meilleur ici.

Répondit-elle simplement. Elle regarda rapidement autour d’elle, puis de nouveau derrière elle vers la pouponnière avant de marmonner, plus pour elle-même qu’à l’intention de Patte Gelée.
-Et puis il y a trop de monde là-dedans…

Comme si elle venait de réaliser que le concept d’une discussion était qu’il faut interagir avec autrui, elle se tourna vers Patte Gelée, d’un air légèrement plus réveillé, comme si de se plaindre avait réactivé les trois neurones qui rebondissaient à l’intérieur de son crâne. Ses yeux vert pâle un peu plus ouverts, et un petit sourire au coin de ses babines, elle continua :
-Et en plus c’est marrant de voir tous les adultes courir dans tous les sens, non ?

Elle avait beau rarement le montrer, mais Patte d’Été avait bel et bien des intérêts dans la vie. Et en ce moment, voir remuer tout le monde dans le camp alors qu’elle était confortablement installée à les regarder était son passe-temps de prédilection.

Toujours un léger sourire au visage, elle inspira profondément, appréciant la relative fraîcheur de l’extérieur. Et, maintenant que Patte Givrée l’avait mentionné, l’absence d’odeur de renfermé et de bien trop de chats entassés au même endroit. Patte d’Été se mit à regarder son interlocutrice avec ‘insistance’ pour la première fois. S’il avait été question de n’importe quel autre félin, on n’aurait pas qualifié ce regard d’insistant, mais simplement un regard impliqué dans une conversation. Cependant, quand il s’agissait de Patte d’Été, tant d’intérêt affiché pour quoi que ce soit était tout bonnement remarquable. Et pour une fois, elle aimait sincèrement la compagnie de la petite féline grise. C’était une compagnie qu’elle acceptait volontiers, pour une raison qu’elle n’arrivait pas à entièrement comprendre. Était-ce là le début de sa toute première amitié ?
Oui, ils sont vraiment bêtes ! Pourquoi s'agiter de partout quand il fait aussi chaud ? Autant se reposer !

Patte Givrée rit, ce qui fit sourire la rouquine un peu plus. Juste à ce moment-là, comme pour illustrer leurs propos, un adulte passa à côté des deux chatonnes d’un air irrité, ne payant absolument aucune attention aux boules de poils qui auraient sûrement dû être en train de dormir à cette heure-ci. Patte d’Été le suivit du regard pendant quelques secondes quand une idée lui vint en tête.
Ça te dit de les observer avec moi ? Ça peut être drôle.

Patte d’Été se surprenait elle-même. Depuis quand demandait-elle la compagnie d’autrui ? Elle décida de ne pas trop y penser, se disant que pour une fois elle faisait des efforts d’elle-même, sans que ses parents ne la forcent à être sociable. Et pour une fois qu’elle aurait quelque chose à raconter aux félins suffisamment optimistes pour venir lui demander ce qu’elle avait fait de beau aujourd’hui.

Patte Gelée sembla ravie de la proposition, ce qui amusa Patte d’Été. Maintenant qu’elle y pensait, si l’autre chatonne avait décliné son invitation, elle aurait probablement retenu la leçon de ne jamais plus demander la compagnie de qui que ce soit. Mais bien heureusement, la femelle grise avait l’air même plus enjouée que ne l’était la rouquine, ce qui, bien que pas très étonnant considérant le caractère apathique de Patte d’Été, attendrit un peu plus cette dernière.
Patte Gelée se leva et vint s’installer près de sa camarade et les deux femelles commencèrent à regarder les allées et venues dans le camp. La plupart des adultes ne portèrent absolument aucune attention aux deux commères, mais il y avait bien quelqu’un qui, de temps en temps, ronchonnait tout haut en se plaignant des petites qui n’avaient décidemment rien de mieux à faire. Quand des apprentis passaient, Patte d’Été pouvait sentir qu’ils les enviaient un peu. Ils auraient sûrement donné n’importe quoi pour avoir une journée au frais passée au camp, au plus chaud de la canicule. En général, les petits n’attendaient qu’une seule chose : le jour sacré où ils seraient nommés apprentis. Mais les petits nés de la canicule avaient une autre vision des choses : qu’ils aient l’autorisation (pour ne pas dire l’ordre) de rester au frais dans la pouponnière était la plus belle chose au monde.
Patte d’Été se tourna vers Patte Gelée.
« Tu vas bientôt passer apprentie toi non ?, »
elle demanda, sans réellement savoir pourquoi.

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Immédiatement, Patte Gelée gonfla de nouveau de fierté. Autant, Patte d'Été trouvait le comportement de sa camarade plutôt attendrissant, mais elle ne le comprenait pas vraiment. Pourquoi est-ce qu'elle aurait envie de devoir s'activer de droite à gauche sans cesse alors que la pouponnière était juste là, parfaitement confortable? De son point de vue, il n'y avait aucun intérêt à être impatient de devenir apprenti. Point. Et ce n'était pas en regardant les apprentis mourir sous la chaleur qu'elle allait changer d'avis de sitôt.

-Ouais ! Et je compte bien devenir notre meilleure apprentie Sentinelle !

Patte d'Été esquissa un minuscule sourire. Elle ne pouvait probablement pas le déceler, mais ce n'était là que pure politesse. Et encore une fois, un petit peu d'attendrissement. Les yeux verts de la rouquine devaient paraître tout aussi vides que d'habitude, si ce n'est encore plus. Elle n'avait aucune idée de ce qu'était une sentinelle, et, pour être parfaitement honnête, elle n'en avait pas grand chose à faire. Donc elle hocha la tête. Dans le doute, ne pas poser de questions, et hocher la tête.

- Et... Et toi ? Tu veux être quoi ?

Ah. Là ça allait devenir un peu plus délicat. D'habitude, Patte d'Été s'en fichait d'avoir l'air d'une idiote devant les autres. C'était leur problème, pas le sien. Mais une raison ou une autre, ça la mettait plutôt mal d'avoir l'air d'une imbécile devant Patte Gelée. Pourquoi? C'était sa première amie. Leur amitié datait d'environ 20 minutes et elle ne la connaissait pas 21 minutes auparavant. Donc ça la gênait de devoir tout gâcher aussi tôt. Mais bon.
-Je sais pas... Euh... C'est... quoi la différence?

Bien qu'allongée, Patte d'Été trouva le moyen de trépigner sur place, et son regard se fit soudainement fuyant, s'obstinant à regarder plus loin dans le camp. Partout sauf le visage de Patte Gelée. Elle lui jeta quelques coups d'œil furtifs avant de hocher les épaules, son apparence apathique revenant au galop.
-Je sais pas encore.

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