Repentez-vous, mortels | W/ Adam Kadamon

Samedi soir, les homos font la queue - et se font pas encore des queues, eh, t'es vu ma blague - pour rentrer dans leurs boites du démon, avec les lumières chatoyantes du vice et du stupre à s'en foutre plein les yeux, alors moi, au nom de notre Dieu à tous, je vais coller des affiches de la manif pour tous sur les portes malsaines de ces établissements de débauche. Et puis je pose des tracts pour la lune rousse aussi, sur les tables en terrasses et dans les boites aux lettres que je trouve, parce que faut bien bouffer, et des nouveaux membres nous ramèneraient quelques pépettes.

De retour de croisade, je trouve ma porte ouverte. Panique attaque éclair, je bondis à l'intérieur de mon antre couleur verte, pour trouver Juliette qui m'appelle doucement. Le Seigneur soit loué, c'est pas un de ses bikers un peu pas assez blancs.

Juliette, que cherches-tu ici en cette heure si tardive ?

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Pendant que la donzelle nous lit un passage de notre livre saint, je me débarrasse de ma veste de cuir et vais préparer du café dans ma petite cuisine - si tant est qu'un coin d'évier, un frigo taille étudiant surmonté d'un micro-onde et qu'une étagère murale puissent mériter le nom de cuisine. Le liquide monte dans la cafetière italienne, et les paroles de Juliette s'écoulent de sa bouche comme on égrène un chapelet. L'odeur riche des grains moulus emplit ma petite maisonnée.

Un cours de religion... C'est une bonne idée, oui. Sèche tes larmes kiddo, on peut monter un club d'étude après les cours, au pire. Histoire de montrer à ces hérétiques qu'un refus n'arrête pas le Seigneur. Café ?

Tssss, le thé c'est pour les pédés. Je lui avance une tasse de café, dans un mug à l'effigie de Kitty - elle m'a offert ça pour ma fête, une tasse imprimée avec une de ses photos.

A qui tu veux qu'on les ouvre ces cours ? On peut commencer par la Lune Rousse... Et puis, ça serai bien d'enrôler quelques motards du Zephyr, avec leurs... motos, ils pourraient distribuer des tracts pour nous ! Mais bon je pense qu'il faut déjà demander l'avis du chef...
Ouvrons à tout le monde écoute, tous doivent entendre la parole sainte.

Je finis ma tasse et vais m'en resservir une.

Enfin, ne traîne pas trop près du Zéphir, j'aimerai pas qu'il t'arrives des bricoles kiddo...

J'm'inquiète pour toi le monde tu sais. Trop anxieux qu'ils disent.

Je m'approche d'elle et commence à gribouiller des idées dans son carnet. Ses cheveux roux chatouillent mon menton.

C-c-c'est gentil. Tu-u devrais pas parce que... je sais me débrouiller seule, j'ai toujours fait comme ça de toute façon j'ai pas besoin d'aide non vraiment non ma maman est gentille avec moi et elle m'aime et puis j'adore réfléchir seule et j'ai pas besoin d'aide hein personne peut rivaliser avec mon envie de me sortir de toutes les situations même les plus gênantes oui oui -

Elle commençait à parler trop vite, et à respirer avec panne. La chose était claire. Elle faisait une crise subite d'hyperventilation. Je commence à placer mes mains en coupe sur son visage, formant un dôme au dessus de son nez et de sa bouche, et lui explique à vois basse ce que je fais.

Tout va bien Juliette, je vais t'aider à faire passer la crise, suis ma respiration. Un, deux.... Inspire, expire...