un jour elle va s'attacher comme un ruban // pv francotouktouk

Franco était vraiment bien dans son espèce de secte : bouffe exotique, teintures ambiance sexe tantrique, un espèce d'infirmier qui semble avoir des réserves d'opium - bon, il le saque pas, mais c'est un détail - et pas mal de cul. Et une semaine, il s'est bien acclimaté. Ouais, la Lune Rousse c'est un bon bail.

Le tableau est presque parfait.
Y a juste cette gamine à peine majeure qui lui casse les couilles par téléphone.
S'il n'avait pas de soucis avec la police, il porterait plainte.

Ouais ... Franco ... Bon. C'est Alba au téléphone, ça fait une semaine que tu réponds, j'ai l'impression que tu m'évites ... T'as plus 5 ans, mon gars. Va falloir que tu répondes un jour, c'est chaud d'avoir peur d'une gamine de 18 ans, tu sais. Si tu veux qu'on se parle en vrai parce que t'as peur du téléphone, on peut se voir au Chicago à 21h. C'est dans un terrain qui appartient à aucun gang, même pas à la mairie qui tente de prendre tous les terrains de la Fraternité. J'y serais à 21h. Je partirais au bout de dix minutes.

Il regarda sa liste d'appels manqués. Trop longue. Il en avait marre de ces messages à rallonge. D'un geste nerveux, il sortit une clope de son paquet - il fume des indus le petit bâtard, les pauvres ne savent pas - et composa rageusement le numéro de la gamine albinos. Pourquoi elle avait le sien déjà, dans un premier lieu ? Ah, oui, il était bourré et ils s'étaient mis sur la gueule.

Sonnerie. Une fois. deux fois. Click.

Bon, gamine, tu m'as, t'es contente ? Pose toi au Chicago, rien à battre, c'est open-bar dans ma chambre. Oh, et j'ai pas beaucoup aimé que t'insinues que tu me faisais peur Alba, donc t'as bien de la chance que je me bouge pas pour te voir. Parce que si je le faisais, oui, là t'aurais une gueule à faire chialer les mômes. Quoique, t'as pas besoin de moi pour ça.

Une trottinette. Elle lui parlait d'une putain de trottinette. Elle ne devait pas comprendre qu'il s'en battait la race des trottinettes. Lentement, la fumée montait en volutes bleutées ; il tira sur sa clope.

Mais oui gamine, retourne biberonner ta despé et reviens me causer quand t'auras des seins.

Clair et concis, à l'image de Franco, qui n'aimait décidément ni se prendre la tête ni causer trop longtemps. Pas avec les meufs chaudes de la secte à 3 mètres de lui. Et les mecs aussi. Et les presque pas mineures. Hédonisme quand tu nous tiens.

Et là, Alba lui raccroche au nez. Il regarde son téléphone, l'air sceptique. Il n'est pas habitué. Il n'aime pas ça. Il pèse ses options : rappeler est hors de propos, débarquer chez elle lui sculpter des eins au surin aussi - il s'en tape que ce soit pas très éthique et responsable, pour dire vrai il a surtout la flemme de quitter son cocon de vapeur. Il s'étire, trifouille dans ses bouteilles pour en trouver une pas tout à fait vide, et pourquoi pas encore un peu fraiche - ou tout du moins dénuée de traces de cendres - ne trouve pas, balance la dernière qu'il avait tâté par sa fenêtre. Il choppe son portable, et se décide pour un sms sec et salé.

J'ai déjà le sida, mdr.

Il avait un sourire forcé au fil barbelé, mais il devait admettre qu'il aimait bien le répondant de la gosse. Bon, a priori elle était un peu coconne pour comprendre, mais elle permettait de tuer le temps pendant que la bière qu'il venait de retrouver sous son lit refroidissait dans son mini-frigo.

J'te laisse le cancer poupée, tu connais ça mieux que moi. Oublie pas ton bob et l'indice UV chimiothérapie.

Ses frères de sang avaient le VIH, mais là, dans l'instant, il n'en avait pas grand chose à foutre. On verra quand il mourra.

On fait la course ? Tumblrgirl pro-malheur contre séropo hédoniste.

Il aurait pu dire "dépressif" mais oh, c'est un truc de pauvres meufs ça, la dépression, lui, c'est un bonhomme.