Bad Day ~ ft. Esprit Soucieux - end

Le mâle brun avançait plus vite qu’il le pouvait, sa patte était très douloureuse, cependant, il ne se plaignait pas, il avait appris à souffrir en silence. Il avait rencontré sur le territoire du clan de l’ombre une trace inconnue. Un solitaire du nom de Trash se promenait et très vite un combat à été engagé. Maudit, était resté calme même lorsque le matou noir l’avait attaqué, mais ce dernier commençait à le blesser sévèrement, et il fut touché à la tête, à l’épaule et à la patte. Je suis stupide, ça m’apprendra à attendre d’être blessé pour attaquer. Maudit se sentait mal, il était un déshonneur pour sa tribu. Il pensait presque plus à sa réputation qu’à sa blessure.
Il venait d’arriver au camp, et en se faisant le plus discret possible, il se dirige vers l’antre d’Esprit Soucieux. J’espère que personne ne m’a vu… Je n’ai pas vraiment envie d’expliquer mon état. De plus en plus faible, il tombe lamentablement une voir arrivé à l’intérieur. Son souffle était rapide, il saignait abondamment au niveau de la patte. D’une voix désespéré, il appel le guérisseur de l’ombre.

« Esprit Soucieux ? Tu es là ? Je… J’ai besoin de ton aide s’il te plait… »

Il témoignait un grand respect au soigneur de la tribu. Son rôle était capital, connaissant les plantes, leurs subtilités, Maudit n’hésitait pas à lui accorder sa confiance. Qu’est-ce qu’un clan incapable de soigner ses blessés ? Pour le guerrier, il était même indispensable.
Il essaie de se relever, en vain. Couvert de marque de griffure et de dents, il était incapable de se remettre sur ses pattes, surtout que l’une d’entre elle était inutilisable. Crétin… L’adrénaline de son combat l’avait abandonné, il ressentait donc beaucoup plus la douleur de ses blessures.
Maudit réussi à ramper au sol pour entrer un peu plus dans cette tanière. Fatigué, il pose sa tête au sol, essayant de calmer sa respiration. Il sentait que quelqu’un approchait. Certainement Esprit Soucieux. Sans même savoir qui si s’était vraiment lui, il souffla d’une voix à peine audible :

« Ma patte et mon épaule. C’est les blessures les plus importantes. »

Il espérait que, si s’était Souc, il ai entendu ce qu’il venait de dire, comme ça, il pouvait se concentrer le plus rapidement sur le principal. Je devrais lui expliquer ce qu’il s’est passé… Il avait un trop grand respect pour ce chat pour qu’il lui mente. Alors, seulement s’il posait la question il dirait ce qui lui est arrivé. Le guerrier savait très bien qu’il le lui demanderait, ça reste un détail important.

Journée banale, après mon tour dans la tanière des Anciens, je sors chercher un peu de lavande - Petit Scorpion, enfin, Nuage de Scorpion m'avait bouffé mes réserves, avec sa patte tordue. Ils grandissent tellement vite. Entre les pins, je déambule, la truffe en l'air. Je ne prête ni attention au lointain rugissement des monstres, ni aux petits pas pressés d'une souris, trop loin pour moi, tout concentré sur mon objectif : les brins mauves et odorants, arme contre la fièvre. Au détour d'un arbre à l'écorce pourrissante, je les trouve, et sectionne avec délicatesse quelques tiges. La bouche fleurie, je repars ensuite vers le Camp.

Tanière. Coeur Maudit en sang. Je rushe dans mon ombre, pose mes herbes et le regarde et il saigne et il a du se battre mais contre qui les clampins du tonnerre ou ces raclures du vent ou un sale solitaire j'espère qu'il est mort mais que Maudit ne va pas et non non non -
Je respire, et vais d'emblée saisir une boule de mousse gorgée d'eau, que je commence à tamponner sur les plaies. Il a l'air encore assez conscient. Je le traîne un peu plus dans mon antre, et me retourne pour saisir l'aloe vera que j'avais récoltée avec Petit Fauve.

Il s'est passé quoi ?

Raise me up ~ Corson

Maudit était conscient, toujours, mais faible. Un rien pouvait le faire basculer dans les ténèbres, dans les tréfonds de son esprit. Il sentait l’appel que lui lançait l’obscurité, mais il préférait lutter contre, il refusait catégoriquement de sombrer. Haletant, il avait les yeux fermés, il sentait que quelqu’un s’activait autour de lui. Les sons étaient de plus en plus sourd, de plus en plus lointain. D’un coup, il fut tiré en avant, entrant plus profondément dans la tanière. Sa blessure lui faisait de plus en plus mal. Il sentait, sur ses dernières un peu de fraicheur à la place de ce liquide poisseux qui recouvrait son corps. Malgré ça, il ne se plaignait pas, même avec la douleur, seul des petits grondements sortait de sa gorge lorsqu’il sentait, ce qui devait être de l’eau, nettoyer ses plaies. Au loin, il entendait une voix qui semblait s’adresser à lui, sa voix le réveillait peu à peu.

« Il s'est passé quoi ? »

Il s’est passé quoi ? Je me suis fais battre par un solitaire. La voix du guérisseur de l’Ombre l’avait légèrement sorti de ses tréfonds, bien qu’il était déjà en train de repartir. Lutte imbécile, lutte… Répond à sa question, ça te tiendra éveillé. Lorsqu’il voulait lui répondre, la voix du mâle brun était achée, et pour lui-même elle semblait presque inexistante.

« Je patrouillais sur le territoire. »

Il voulait en dire plus, mais son souffle ne lui permettait pas. Il essayait tant bien que mal de garder son calme, mais sa respiration était difficile. Calme-toi Cœur Maudit, calme-toi… Il finit par se reprendre et continue son récit, difficilement.

« Un solitaire était là, alors je lui ai dis de partir, il prend une pause et reprend, Il a refusé et m’a attaqué. Je voulais juste le faire fuir de base, alors j’ai attendu. Résultat, je me suis retrouvé dans cet état. »

Maudit s’avait très bien qu’il était entre de bonnes pattes, et qui plus est, de confiance. Il luttait toujours pour rester éveillé, pour ne pas retomber, sinon la chute serait longue. Parler l’aidait à se maintenir dans le monde des vivants. Je n’ai pas encore prévu de mourir.

Un solitaire ? Une de ces putains de pauvres merdes, créatures dégénérées, connards bouffe-territoires, vermine à exterminer, j'espère que Cœur Maudit lui a enlevé jusqu'à l'idée de revenir - voire qu'il l'a expédié ad patres. Ah non non non je ne peux pas, Code du Guerrier, Code du Guerrier, tu ne devras pas ôter la vie, non non non , même si l'autre le mérite, non non je suis là pour soigner.

J'ai choisi la vie.

Mon patient glisse peu à peu dans les ténèbres, je commence à lui lécher le front, entre les oreilles, comme un mère réchauffe son nouveau-né ; après tout je suis la seconde maman de tout un Clan.

Reste encore un peu avec moi Maudit, une fois pansé je te donnerai du pavot, mais j'ai besoin que tu m'indiques si tu as mal à des endroits que je ne peux pas voir. Tu sens trop le sang pour que je m'y repère efficacement.

L'aloe vera s'écrase entre mes pattes, et je commence doucement à oindre sa plaie, salement ouverte, mais nettoyée à l'eau, à l'épaule. Il n'a pas fière allure comme ça, et il faudra beaucoup de repos.

Il se sent aussi vulnérable qu’un chaton. Sa fierté détruite à l’instant où Trash à prit le dessus, à l’instant où il a du fuir comme une proie. Je suis un minable. Sa conscience vacillante ne l’aidait pas, il alternait entre les insultes sur ses actes face au solitaire et les ténèbres qui se faisait envahissant. Comme pour éviter qu’il ne s’enfonce dans les tréfonds, Esprit Soucieux lui lécha le front, juste entres les oreilles. Le contacte de la langue râpeuse du guérisseur, lui rappelait celle de sa mère quand il était encore petit. Il chérissait ces instants du passé, il les gardait dans son cœur, à l’abri des autres. Il ressentait beaucoup plus la douleur qui parcourait son corps, bien que la fatigue fût très présente.

« Reste encore un peu avec moi Maudit, une fois pansé je te donnerai du pavot, mais j'ai besoin que tu m'indiques si tu as mal à des endroits que je ne peux pas voir. Tu sens trop le sang pour que je m'y repère efficacement. »

Il m’a pas raté ce solitaire… Le mâle brun faisait un effort considérable pour se concentrer sur chaque point de douleur pour aider au maximum le soigneur. Il sentait un bon nombre de coup de griffe sur le poitrail, ils ne devaient pas être trop graves mais il était plus prudent de désinfecter probablement… Il en sentait au niveau du cou également, ainsi que le haut de son crâne.

Une piqure de douleur irradiait sa vilaine blessure à l’épaule, mais s’était vite remplacé par un soulagement, il sentait que ça lui faisait du bien. Un peu de douceur sur son corps meurtri était vraiment bon à prendre.

« Je ressens une douleur au niveau du poitrail et du cou. J’ai aussi reçu un coup un coup de griffe à la tête. Je l’avais nettoyé avec ma salive déjà, j’espère que s’était une bonne idée. »

Il était de plus en plus fatigué. Ses muscles tiraient par l’effort fourni dans ce combat, et ses blessures restaient douloureuses, bien qu’un peu plus apaisée par rapport au moment où il est arrivé dans la tanière. Il faisait de son mieux pour suivre les instructions du matou au pelage semblable à l’encre, reste éveillé tant qu’il n’a pas terminé…

Eh bien, putain, heureusement que j'ai du stock. Gelée entre les pattes et sang sur le museau, je tourne autour de Cœur Maudit, m'enfouissant dans sa fourrure, au plus près de son cœur et autres organes, appréciant le jeu des muscles, la rigidité des os, le souffle court du mâle, sa respiration qui se fait sifflante. Érotisme mortifère, Thanatos se tape l'Amour dans le fond de mon antre - mais moi je reste pur et chaste et vierge, tout offert à mon art. Désabusé, je ne pense pas à m'amuser.

Ouais ouais bonne idée, c'est jamais perdu.

Pour le désinfectant, c'est fait. Je jette un coup d'oeil à mes stocks. Le pavot, oui, s'il faut le faire dormir. Pas maintenant. La lavande, pour la fièvre ? Je peux passer à ça. Faudrait pas qu'il se choppe une saloperie alors qu'il est aussi faible. Je sélectionnes quelques pousses mauves et les mets de côté. Ma tête hésite entre la gauche et la droite. A gauche j'ai des idées violettes, à droite des araignées tissent silencieusement leurs toiles. Droite. Je les arrache, et commence à entourer l'épaule de Cœur Maudit. Que la mixture reste en place.

+:

Maudit essayait tant bien que mal de remonter à la surface de l’eau. Elle l’emprisonnait, bloquant presque tous ses sens. La mer lui avait coupé le souffle en s’engouffrant dans ses poumons, sa lutte contre cette dernière qui était déchaînée l’a épuisé. Le seul phare qui lui jetait de la lumière pour le guider vers la terre ferme était le guérisseur, il le sortait de sa torpeur. Il fouillait son pelage à la recherche d’une dernière marque du ravage l’animal qui l’a attaqué.

Il entendait deux voix qui l’appelaient. Celle qui le ramenait sur le sable, et l’autre qui le faisait plonger dans les tréfonds bleus marine de l’océan. Tel un pirate voguant sur l’eau, il ne résistait pas au doux chant des sirènes, qui l’attirait vers le fond. Il était tentant de rejoindre ses belles créatures aquatiques, et de quitter cette morne terre. De cet endroit d’ailleurs, il entend vague des mots qui flotte vers lui, voulant le ramener. Mais c’était peine perdue. Tel un voyageur des mers, il préférait rejoindre les chants mélodieux. Plus il s’enfonçait pour les rejoindre, plus l’espace était sombre, froid, et sinistre. Il était au point de non retour, touchant le sable gorgé d’eau au fond de la mer. Tout ce qui le reliait à cette terre qui la vu naitre était lointain, presque inatteignable. Le seul phare qui pouvait le guider chez lui était à présent trop loin pour être aperçu. Le guerrier à donc sombré dans les ténèbres bleues glacés. Malgré sa lutte contre les vagues dévastatrices, les sirènes l’on séduit, résister était devenu trop difficile pour lui. Je respire encore…

Le temps d'appliquer les toiles sur l'épaule du guerrier, Cœur Maudit sombre dans un abîme bourbeux, se perd dans les méandres de la douleur, écoute le chant des sirènes bleutées. Ses paupières fermées tressautent, comme dans un rêve. Mon palpitant s'emballe, petite cocotte minute bientôt au rythme de la rupture ; qu'il ne me claque pas entre les doigts...

Mes yeux tressautent de son visage à mes pattes, encore, encore, mes oreilles s’agitent, mes bons vieux tics me rejoignent, me saisissent à bras le corps, j'ai le cœur au bord des lèvres. Je saisis vite la lavande, lui enduit le pourtour du coup, le poitrail, je rajoute encore de l'aloe vera, ma fidèle, je jure, je jure, je panique un peu, beaucoup, passionnément, je lui vérifie le crâne, la coupure est nette. Je souffle. J'officie dans le secret de mon antre, avec la confidence des Étoiles.

Une fois emballé, pansé, léché, soigné, parfumé, je me retourne vers Cœur Maudit, qui respire toujours - tu te doutes que si ses sifflantes s'étaient stoppées, je m'en serais rendu compte. Je m'approche de lui, pas de loup dans ma tanière de coton blanc, et place mon museau sur son front, pousse un peu, histoire de voir s'il se réveille. J'ai besoin de son ressenti, pour savoir s'il a encore mal quelque part, les effluves de sang sont encore trop présentes pour moi. Eh puis, faut bien qu'il bouffe pour guérir.

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Le mâle sombre alternait entre les airs et la mer. Les deux éléments reflétaient, au final, bien comment il se sentait. Lorsqu’il volait dans le ciel aux côtés des oiseaux, touchant presque le repère du Clan des Etoiles, il était léger, ne sentant plus son poids terrestre. Mais souvent, le vent qui lui soufflait dans les ailes le faisait basculer, alors il sombrait de nouveau dans la lourdeur de l’eau glacée, en étant privé de la douce lumière du monde. Son esprit était bien divisé… Il ne savait pas où il était, ce qu’il devait faire exactement. Il ne se rendait même pas compte que tout ce qu’il ressentait était normal. Cette plongée dans la mer et cette montée dans les airs n’était pas habituel pour lui, et pour cause, c’est un chat, de l’ombre qui plus est.

Le temps passait et ses montagnes russes entre l’eau et le vent commencèrent à s’estomper, et laisser place à la simple obscurité. Il dormait, tout simplement.


* Comme j’étais content, j’allais passer guerrier ! Enfin ! Je sais me battre, j’ai fais mes preuves, je sais défendre mon clan. Il me fallait maintenant jurer. Promettre que j’allais protéger les miens au péril de ma vie. Avant la cérémonie, je voulais voir mon père et ma mère. Je voulais qu’ils le sachent avant tout le monde ! Je sais qu’ils seront fiers de moi. Le pas léger, un grand sourire sur le visage, j’approchais de l’endroit où ils allaient souvent, pour partager un repas tous les deux, ou avec des amis. C’était à côté d’un petit roché, à l’écart des autres. Mais il n’y avait personne. Le soleil déclinait et j’allais bientôt être nommé guerrier. Normalement, ils devraient être ici, comme chaque soir. Personne. Sans pour autant me décourager je fouille le camp, et je demande à certains proches de mes parents, aucun n’est capable de me dire où ils sont. J’ai commencé à m’inquiéter. Retournant au rocher, je commence mon enquête. Ils me testent peut-être une dernière fois, histoire de savoir si je suis un bon pisteur ?

En reniflant chaque recoin de cette petite zone, je remarque des traces de pas qui mènent hors du camp. Je les suis, le museau au sol. Puis d’un coup, je tombe sur un endroit totalement retourné. Il y avait des poils, et du sang partout. Et l’odeur de mon sang, ma famille était présente. Figé, glacé par ce macabre spectacle, je continue. Et petit à petit tout disparait. Comme le soleil. Je retourne alors au camp, voyant qu’il n’y a plus rien à faire. Peut-être que mon père et ma mère sont rentrés… En vérité j’avais peu d’espoir après ce que j’ai vu.

Je suis de retour chez moi. Ma famille et le soleil aillant disparu. Je vois alors le clan qui se rassemble. J’en avais oublié mon baptême. Nuage d’Emeraude, qu’allais-je devenir ensuite ? Je suis maudit…
Je m’approche du promontoire, avec un regard qui ne me ressemble pas. Un regard sombre. De douces larmes me coulaient sur le visage. Ils sont morts ? Ils se sont enfuis ? Où êtes-vous… Je regarde mon chef prononcer les paroles rituelles. Mais je l’arrête, et lui demande une faveur. J’annonce ma famille disparue, et probablement morte avec tout ce que j’ai vu. Alors je veux être le dernier souvenir d’eux, je veux être celui qui rappellera à chacun mes parents. Je ne pense pas être le félin à l’histoire la plus triste, mais je me sens maudit. Je demande alors si, au lieu de rappeler le vert de mes yeux, je peux rappeler ma famille. Je voulais devenir Cœur Maudit. *


Réveil. Une pression sur son front le ramenait doucement à lui, après ce douloureux souvenir. Il l’est probablement plus que les blessures qu’il a reçues. Il ouvrit les yeux et aperçu au dessus de lui Esprit Soucieux. Le guerrier se sentait fatigué, exténué après se long voyage mental qu’il venait d’accomplir. Reprenant petit à petit ses esprits, il sentait la forte odeur de plante qui l’enveloppait, ainsi que celle du sang séché du lui collait à la peau. Il demanda au guérisseur :

« Je suis resté longtemps évanoui ? »

Il essaya de tendre ses pattes histoire de les sentir correctement, il n’osait cependant pas bouger celle qui était blessée. La douleur s’était presque envolée. Sans lui je serais mort, je lui dois la vie. Très respectueux, il ajoute :

« Merci infiniment Esprit Soucieux, sans toi, je me serais déjà vidé de mon sang. Je me sens mieux, les douleurs se sont apaisées. »