Entrainement au combat [PV Ecaille] - end

Ces derniers jours avaient été compliqués, riches en émotions et en larmes. Nuage d’Écailles avait perdu son père et son frère en même temps. D’une pierre deux coups, elle avait perdu les deux chats les plus importants à ses yeux, ceux qui lui avaient le plus apporté en sa courte vie.
Mais dans ce malheur, elle avait aussi découvert d’autre alliés : Nuage de Groseille, qui partageait sa peine et Lapis Lazuli en étaient deux exemples, deux compagnons sur lesquels elle savait qu’elle pouvait compter. Plus inattendu, Aigue-Marine s’était rajoutée au tableau et la guerrière était même la source de sa re-motivation : elle avait su, sans peine, trouver les mots pour redonner un souffle de vie à l’apprentie.

Plusieurs jours s’étaient écoulés depuis ses derniers entraînements. Lapis Lazuli avait été promu lieutenant et ses exercices d’apprentie avaient été mis en stand by, lui laissant par la même occasion quelques jours de répit. Cela l’avait arrangée, la peur de se confronter à son mentor l’obnubilant.
Mais aujourd’hui, et ce parce que les paroles d’Aigue-Marine avaient fait son chemin, elle ressentait le besoin de bouger, de s’entraîner de nouveau afin de retrouver un objectif qui la pousserait de l’avant. Et visiblement, ça tombait bien, puisque son chef en avait décidé ainsi…

« Viens, aujourd'hui c'est moi qui t'entraine. »

Le réveil fut doux et… surprenant. Étoile du Corbeau en personne venait la tirer du monde des rêves.
Elle le suivit en silence jusqu’à la colline, se demandant pourquoi son chef souhaitait prendre les rênes de son entraînement. Avec la disparition de sa famille et sa mère qui n’était qu’à demi-fidèle au clan, il était sans nul doute venu pour tester sa loyauté et ainsi être sûr qu’elle non plus ne s’enfuirait pas dans quelques semaines. L’apprentie se promit qu’elle réussirait son test : sa loyauté était inflexible : elle allait lui prouver et sauver son honneur.

Les deux chats firent escale à la frontière du clan du Vent, où son chef huma l’air, sûrement pour vérifier que le clan du Vent ne dépassaient pas les limites. La rouquine l’imita, qu’elle n’avait pas confiance en l’odorat d’Étoile du Corbeau, mais bel et bien pour remettre en service son flair, se rappelant des dernières leçons de Lapis Lazuli.

« Où en est ton entraînement au combat ? As-tu appris les mouvements terrestres ? »

Étoile du Corbeau brisa le silence qui s’était installé entre eux depuis le début de leur trajet. Ainsi, il annonçait le thème de leur entraînement d’aujourd’hui. C’était l’occasion parfaite pour lui montrer ce qu’elle valait au combat.
L’apprentie hocha la tête, avant de répondre :

« Nous avons travaillé la défense et l’attaque avec Lapis Lazuli et Nuage de Crème. Je ne suis pas sûre de connaître tous les mouvements, mais j’en maîtrise certains. »

Elle n’avait pas menti : inutile de lui faire croire qu’elle connaissait tous les secrets de l’art du combat puisque c’était faux, sinon, elle aurait déjà eu son titre de guerrière.
L’apprentie s’assit face au chef, sérieuse, attendant ses ordres. Pourvu que la pause dans ses leçons ne l’ait pas rouillée.

Étoile du Corbeau démarra sa leçon, visiblement décidé à mener son entraînement d'une patte de fer.

« Le plus important n'est pas de savoir attaquer ou se défendre face à un adversaire, mais de s'adapter à lui avant qu'il ne s'adapte à toi. » Lui expliqua-t-il. « Le Clan de la Rivière possède des techniques de combat impressionnantes, car nous avons toujours su nous adapter. Même quand le Clan souffre, même quand les griffes invisibles du Clan des Étoiles nous déchirent et nous blessent, nous trouvons toujours le moyen de surmonter et de vaincre. »

L'apprentie hocha la tête d’un air entendu, alors que son chef marquait le sol de sa griffe, pour finalement faire disparaître le trou gorgé d'eau d'un revers de coussinet. Il disait vrai, et il était d'ailleurs mieux placé que quiconque pour le savoir. Le Clan de la Rivière était sans doute le plus diversifié et c'est ce qui faisait sa force : ses chats savaient nager, ce qui leur offrait des vivres supplémentaires, une musculature importante et des techniques de combats et d'esquive inédites. Ainsi, ils s'adaptaient à chaque situation, quand bien même certaines étaient difficiles.

La rouquine fut soudainement emplie d'un sentiment de satisfaction, de fierté que le Clan des Étoiles l'ai choisie pour intégrer celui de la Rivière. Ensemble, soudés, ils pourraient tout surmonter.
Elle repensa à Aigue-Marine : la guerrière lui avait montré beaucoup de soutien lors de la perte de ses proches. Elle lui avait prouvé, par ses dires et par ses actes, que le clan de la Rivière n'était pas seulement une association de chats qui s'efforçaient de cohabiter entre eux - du moins pour la plupart - mais bien une grande famille, qui se soutenait et l'aiderait à surmonter les épreuves.

Elle n'eut cependant pas le temps de s'attarder sur ses souvenirs puisqu'Étoile du Corbeau la tira de ses pensées en reprenant la parole :

« C'est pourquoi tu vas devoir t'adapter à moi. Contrairement à Lapis Lazuli, je suis fin et élancé, tu en déduits donc que je suis léger et rapide. Et comme tu es intelligente, tu remarqueras aussi que je boite, donc que je suis maladroit en réception et que certains mouvements peuvent me déséquilibrer. Leçon du jour, déstabiliser un adversaire. Tu vas m'attaquer et me faire tomber. Si je te fais tomber, j'ai gagné. »

Elle hocha la tête, prouvant à son supérieur qu'elle avait compris le but de l’entraînement. Son objectif aujourd'hui serait donc de travailler avec d'autres méthodes que celles utilisées sur Lapis Lazuli. Son adversaire actuel serait plus dur à toucher, puisque plus rapide et agile… et plus expérimenté. Il serait néanmoins - à partir du moment où elle réussirait à l'approcher - moins dur à renverser que son mentor habituel, ce dernier étant plus lourd.
L'apprentie se mit à réfléchir, observant globalement son entraîneur d'un jour, afin de ne laisser aucun indice sur la partie de son corps qu'elle viserait. C’était le moment de faire ses preuves ; elle n’avait pas droit à l’erreur. Elle analysa la situation de façon rapide, consciente qu'en combat "sérieux", elle n'aurait guère le temps de s’appesantir sur des réflexions inutile ; ses pensées devaient devenir des réflexes.
Finalement, elle se lança, prête à en découdre. Rapidement, elle s'approcha de son chef, avant de déraper sur le sol boueux pour lui faucher les pattes, espérant le faire tomber de cette manière.

Son attaque n’eut pas l’effet escompté. D’un bond arrière, Étoile du Corbeau réussit à l’esquiver, empêchant l’apprentie de faucher ses pattes. Pourtant, surpris, le meneur ne put éviter la gerbe de boue qui lui éclaboussa le visage lors du dérapage de la rouquine, dont le flanc était à présent maculé de boue. Tant pis, elle s’en occuperait plus tard : l’heure était à prouver sa valeur et elle n’avait pas le droit de faire un faux pas.

Alors que son mentor d’un jour se frottait le visage de sa patte antérieure, aveuglé par la bourbe qui coulait de ses yeux, l’apprentie sauta sur l’occasion. Ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits, elle se remit sur ses pattes pour lui donner un coup d’épaule, du côté où le mâle sombre n’avait d’un seul point d’appui. Elle espérait avoir mis assez de force dans son geste pour pouvoir le renverser, mais le sol glissant limitait ses mouvements.