Les Lunar Pods se faisaient dangereux. La guérisseuse était partie. Tout le monde était agité, dans le Clan du Vent. Et Crocs Nacrés, récemment baptisé, avait peur de dormir. Il se sentait ridicule de penser à déranger un guérisseur à cause de ça, mais maintenant que lui et son frangin étaient devenus deux guerriers, ils devaient dormir parmi les guerriers. Et le tigré s'était senti tout con, brusquement. Il avait toujours eu l'habitude de rester dormir près de Nuage de Guépard, mais Puissant Guépard avait décidé qu'il était temps que cette habitude cesse. Et désormais, Crocs Nacrés se retrouvait coincé la nuit entre Éclat d'Argent et son cousin Pelage Tacheté.
Il avait l'habitude de remuer un peu en dormant, pas beaucoup. Avec Guépard cela n'avait jamais été un problème. Mais là, c'était devenu la pire des angoisses. S'endormir pour se réveiller sur quelqu'un alors que ce n'était absolument pas sa place. Ou pour raconter sans s'en rendre compte des choses qui ne devaient absolument pas être dites. Il était ridicule, et son ridicule le tuait. Aussi veillait-il, essayait-il de travailler la nuit et de dormir quand la tanière des guerriers était vide.
Mais même là, c'était dur. Il ne pouvait jamais savoir où et comment il se réveillerait.
" Salut Alci... "
Nuée d'Alcidés passait près de lui, la bouche chargée de trucs et de machins. Crocs Nacrés le suivit machinalement vers son antre. Qui n'avait à ses yeux pas du tout changé depuis le récent départ de Cœur Fleuri.
" T'as du temps pour... parler un peu ? " fit-il, très hésitant.
Il n'aimait pas déranger les gens comme ça, il se sentait très empoté. Et ce jeune guérisseur-là restait quand même le frère jumeau de Cri des Albatros. Qui était encore son mentor, peu de temps auparavant. Qui resterait même toujours son mentor.
Spoiler:
Je sais pas trop quand Fleurette part niveau chronologie mais bon comme j'ai envie de prendre mon temps sans non plus te gonfler vu qu'il faut que tu tues ton perso un jour, j'ai créé ce RP maintenant alors qu'il est probablement un peu tôt.
Dernière édition par Crocs Nacrés le 22.03.18 20:07, édité 2 fois
Nuée d'Alcidés ■ Guérisseur
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Carte d'identité Âge: 29 Lunes (Mai 2018 - mort) Description du personnage: Mentor/apprenti: Nuage Silencieux
La gueule pleine d'une épiaire laineuse qu'il avait trouvée sur le chemin, Nuée d'Alcidés s'arrêta dans sa marche puisqu'un guerrier semblait lui barrer le chemin de son antre. De son antre, il entendait l'écho de Nuage Silencieux assoupi à l'intérieur. Et il semblait d'ailleurs que ce guerrier, qui lui barrait le chemin, ce guerrier pourtant plus jeune que lui faisait bien le double de sa taille, et Alcy sentit déjà l'irritation lui grouiller sous la peau.
—« Salut Alci... — Nuée d'Alcidés, il corrigea, sec. Car il était un adulte, il avait un nom, et plus personne n'avait le droit d'utiliser ce surnom que son apprenti-guérisseur.
— « T'as du temps pour... parler un peu ? »
Le petit guérisseur blanc et noir, devant son antre, les yeux creusés par les cernes de l'insomnie, la gueule pleine d'une épiaire laineuse, les oreilles pivotées vers l'extérieur et le dos raide, pesa son regard sur le guerrier pour lui demander s'il l'avait bien regardé. Et, en penchant la tête, en plissant les paupières, en crispant les commissures de ses lèvres sur un sourire pas même un peu poli, il l'intima de se tasser de son chemin s'il vous plaît car il devait aller ranger cette foutue plante dans son foutu herbier.
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Dernière édition par Nuée d'Alcidés le 29.08.18 6:00, édité 8 fois
Porte-Bonheur
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Carte d'identité Âge: Description du personnage: Mentor/apprenti: Nom du professeur ou de l'élève.
Nuée d'Alcidés avait du boulot. Ça se sentait. Et le tigré n'était pas de ceux qui s'y connaissaient le mieux, pour aider un guérisseur qui avait du boulot. Il se souvenait avoir fait peur une fois à Cœur Fleuri, un jour où il était venu l'aider à cueillir ses drôles de plantes, et aussi d'avoir rendu visite à son frère après qu'il ait rencontré le fameux faucon. Il avait essayé de le rassurer, parce que Guépard avait toujours eu une peur inexplicable de tout ce qui avait un rapport avec les guérisseurs. Oh bien sûr quelques fois, il était venu pour des bobos, mais... Il ne pouvait pas prétendre comprendre quoi que ce soit à leur mystérieux savoir-faire. Souvent, ça marchait, mais parfois, non.
Aussi restait-il un peu en retrait, sans se soucier d'être vu. Et comme il ne savait pas trop si le guérisseur comptait vraiment revenir à lui ou pas, il parla dans le vide, en attendant. Il se disait que c'était une façon pas trop agressive de rappeler à l'autre qu'il était là. Et de s'assurer que lui-même ne s'endormirait pas dans ce coin si délicieusement espacé, tiède et calme. De toute façon, l'Alcidés n'avait qu'à le dire, s'il fallait qu'il parte.
" Ça change, par ici. J'crois bien qu'il va bientôt faire bon dehors. ". Il disait ce genre de choses inintéressantes, et pas si justes, simplement pour allumer le contact entre lui et le guérisseur. Mais finalement, ça l'aidait à se perdre, lui. Peut-être que lorsqu'il ferait assez bon dehors, il n'aurait plus qu'à coucher dans un coin tranquille, en retrait.
" Bon, après le vent reste quand même frais, surtout le matin... " poursuivit-il, machinalement. Le guérisseur noir et blanc s'était rapproché de lui et le regardait, maintenant. Crocs Nacrés se dit qu'il était peut-être aussi fatigué que lui. Cette pensée lui donna assez de courage pour parler, même si la physionomie un peu morne du chat tigré n'en montrait pas grand-chose.
" J'sais pas si c'est la lune ou quoi mais c'est dur de dormir, en ce moment... "
Il n'était pas certain de vouloir expliquer le fond du problème trop vite. C'était tellement ridicule. Il se demandait si le guérisseur savait qu'il dormait comme un loir, d'ordinaire. Il n'avait jamais couché dans la tanière des apprentis, mais peut-être que certaines choses finissaient par se savoir.
Nuée d'Alcidés ■ Guérisseur
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Au moins Croc Nacré n'était pas Croc Tenace, et Nuée d'Alcidés put passer son chemin pour se glisser dans son antre sans avoir à se baisser la tête. Sa courte queue fouetta l'air, il se traîna les pattes jusqu'à son herbier où il put se débarrasser de son épiaire laineuse pour la mettre avec les autres, s'asseyant devant pour lui réajuster ses feuilles à l'aide de ses pattes.
Comme l'autre l'avait suivi, il pivota une oreille vers le guerrier, et très lentement, très lourdement, leva sa tête comme du plomb et leva le nez en se retenant de grommeler. Son expression était comme accentuée par son motif d'arlequin : si une partie de sa face semblait dégagée et blanche, l'autre, assombrie, faisait ressortir jusqu'au moindre tic de mécontentement:
— « Ça change, par ici. J'crois bien qu'il va bientôt faire bon dehors. — Hn. — Bon, après le vent reste quand même frais, surtout le matin...
Une patte dans la face, pour peser la profondeur de ses cernes, Nuée d'Alcidés poussa un soupir aussi lourd que sa tête en l'éreintant sur la fin de sa note.
— « Crocs Nacrés, il commença, l'irritation dans la voix, mais ce-dernier cessa de tergiverser et en vint au vif du sujet de sa visite. — « J'sais pas si c'est la lune ou quoi mais c'est dur de dormir, en ce moment... — --...
La Guérisseur se tut, suspendant sa patte dans les airs, une seconde, pour cligner les yeux une seconde, sur ce qui n'était plus un guerrier mais un semblable, veillant à déposer sa patte sur le plancher de sa tanière. La lumière des étoiles ne les atteignait pas, ici, et il avait l'impression de pouvoir parler sans ne plus craindre leur regards, pesant, et leurs prophéties dénuées de sens.
— Oui... je vois ce que tu veux dire. Un autre soupir, de soulagement cette fois. ... Bon, décris-moi ce qui se passe, je t'écoute. »
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Dernière édition par Nuée d'Alcidés le 29.08.18 6:00, édité 4 fois
Mince. Les salades de Puissant Guépard étaient donc parvenues jusqu'aux oreilles du guérisseur. Il lui adressa un regard très inquiet, comme pour s'assurer que sa bonne foi était plus convaincante que les potins. L'Alcidés n'avait pas l'air spécialement en colère, ni même sceptique. Peut-être avait-il déjà tout compris ? Cette perspective réchauffait le cœur tourmenté de Crocs Nacrés. Il n'avait peut-être pas besoin de parler.
« Bon, décris-moi ce qui se passe, je t'écoute. »
Il parvint à ne pas avoir l'air trop déçu. Mais la gêne était quand même dans sa voix quand il répondait : « Je suis pas vraiment malade hein. 'fin je pense pas. Mais je sais tout simplement pas quoi faire. En fait j'ai la frousse parce que... parce que mon frère n'est pas avec moi quand je dors alors que j'ai... l'habitude depuis tout petit... Et j'ai du mal... à m'y faire... Tu comprends... maintenant, c'est plus mon frère, à côté de moi... Mais quand je dors je m'en rend pas compte et je... je fais des bêtises... et je me réveille au mauvais endroit... je dérange les autres... »
Un chaton terrifié aurait été plus clair. Comment lui expliquer que c'était l'idée de s'endormir qui lui faisait peur ? Crocs Nacrés n'était pas né pour parler. Il aimait bien que quelqu'un soit toujours là pour lui dire quoi faire lorsqu'il avait un problème. Mais maintenant il était un adulte, et il était toujours aussi incapable de se débrouiller. Il était toujours ridicule. Comment pourrait-il expliquer à ce guérisseur ce que c'était qu'une tanière mixte, avec tout un tas de gens qui méritaient le respect, dedans ?
Pourquoi avait-il cru que c'était là qu'il trouverait une réponse ? Puissant Guépard ne prenait pas cela au sérieux, et ce n'était pas le genre de discussions qui était concevable avec sa mère ou avec son ancien mentor. Il jeta un coup d’œil derrière lui, pour s'assurer que le guérisseur était le seul à avoir pu entendre.
« Désolé de venir te déranger pour des bêtises » fit-il, ensuite, comme pour se rattraper. « Si ça se trouve t'as des vies à sauver et moi j'suis là à t'embêter... »
Il voulait partir, il voulait pleurer ailleurs, tout seul. C'était quand même plus digne.
Spoiler:
MDR j'ai jamais écrit de trucs comme ça c'est assez spécial. Go les rapprocher un peu le temps d'une confidence x) (et si tu t'intéresses sur le frère de Nacnac, c'est Puissant Guépard, bientôt PCC, et il a HORREUR des guérisseurs)
Nuée d'Alcidés ■ Guérisseur
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Carte d'identité Âge: 29 Lunes (Mai 2018 - mort) Description du personnage: Mentor/apprenti: Nuage Silencieux
— « Je suis pas vraiment malade hein. 'fin je pense pas. Mais je sais tout simplement pas quoi faire. En fait j'ai la frousse parce que... parce que mon frère n'est pas avec moi quand je dors alors que j'ai... l'habitude depuis tout petit... Et j'ai du mal... à m'y faire... Tu comprends... maintenant, c'est plus mon frère, à côté de moi... Mais quand je dors je m'en rends pas compte et je... je fais des bêtises... et je me réveille au mauvais endroit... je dérange les autres... »
Et le Guérisseur, lourd de ses nuits sans sommeil, de son absence de repos, de ses grasses-matinées de plus en plus écourtées puisqu'il ne pouvait maintenant plus compter sur Cœur Fleuri pour se charger des malades avant midi ... Le Guérisseur, le souffle irrégulier, clignait des paupières en décalé, les oreilles basses et malgré sa bonne foi d'écouter, il lui sembla que les mots de Crocs Nacrés se mêlaient aux arômes de ses propres pensées.
Sa tante ne dormait plus à côté de lui, il ne s'en rendait pas compte, il se réveillait au mauvais endroit et visiblement, visiblement oui, oui bien sûr qu'il dérangeait les autres. Bien sûr qu'il dérangeait les autres bien sûr car, car qui sait s'il était vraiment guérisseur? Qui sait s'il était vraiment Guérisseur aux yeux des Étoiles qui ne lui disaient plus rien, qui ne lui faisait plus signe, pas après cette infâme nuit.
— « Désolé de venir te déranger pour des bêtises. — ...? »
Qu'est-ce qu'il voulait dire, des bêtises? Qu'est-ce qui était bête dans cette histoire? Qui était bête? Qui était la bête - ah non, ça, ça il avait déjà la réponse, et un frisson le prit aux tripes, montant ses pattes qui se hérissèrent, les épaules au dos, couvrant son échine, et sa queue qui s'agitait d'un-deux-trois coups dans la terre. Il toussota comme s'il sentait sa gorge se serrer.
— « Si ça se trouve t'as des vies à sauver et moi j'suis là à t'embêter... — « Non-- comment lui dire? -- Crocs Nacré, tu t'es donné à fond autant que tout le monde. En obtenant ton nom tu es devenu adulte, tu n'es plus un enfant, tu n'as plus à tout le temps dormir avec ton frère. »
Sa tête tangua d'un côté, il dut se rattraper en ancrant fermement une patte au sol, révulsant ses paupières sur un air ahuri, réalisant qu'il avait manqué de tomber.
— « --... Si... Il déglutit, secoua sa tête. ...Si tu as le sommeil léger, ou, agité, je peux bien te donner quelque chose. --Ne bouge pas.
Le petit chat blanc et noir se hissa sur ses quatre pattes, les secouant pour les réveiller, en vain. Il manquait de forces, il s'épuisait, il s’essoufflait. C'était ça, le rôle de Guérisseur? C'était ça, le poids d'être responsable de chaque vie de ce clan - et même celle des autres? 'Pas étonnant que Soucieux soit Coucou : ils s'injectaient du stress à tous les matins en se levant et une double-dose à toutes les nuits après trois inventaires en se couchant (les yeux ouverts, pour Nuée d'Alcidés).
Il se traîna jusqu'à son herbier sortir quelque chose entre ses dents, et fit traîner la tige en revenant sur ses pas.
— C'est une tige de thym. Il la lâcha au sol. En se roulant dessus (il bailla, perdit le fil) ... En se roulant dessus, elle libère des arômes qui détendent le corps et aident à mieux dormir... Il détourna les yeux, l'esprit déjà ailleurs. Quand j'en prends, je suis tellement détendu que la nuit je ne bouge plus du tout. »
Sans quoi tout ce qu'il restait c'était son herbe à chats, mais il n'en avait pas assez pour aider un patient à mieux dormir, il craignait d'être frappés par la maladie bientôt et surtout il ignorait quels effets elle susciterait à Crocs Nacré. Cœur Fleuri lui avait dit que l'herbe à chats agissait de manière différente sur chacun. Si parfois elle en aidait certains à se détendre, elle était aussi capable d'en stimuler d'autres à se mettre à attaquer tout ce qui bouge. C'était trop risqué.
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Dernière édition par Nuée d'Alcidés le 29.08.18 6:01, édité 2 fois
« Non... Crocs Nacré, tu t'es donné à fond autant que tout le monde. En obtenant ton nom tu es devenu adulte, tu n'es plus un enfant, tu n'as plus à tout le temps dormir avec ton frère. Si... Si tu as le sommeil léger, ou, agité, je peux bien te donner quelque chose. Ne bouge pas. »
Le guérisseur n'avait pas l'air en forme, c'était le moins qu'on pouvait dire. Il penchait, il avait du mal à se tenir debout. Crocs Nacrés remarquait ce genre de chose sans rien dire, détestant lui-même se sentir observé. Il revint lui tendre une chose bizarre qui sentait fort. Crocs Nacrés avait dans le fond un peu pitié du pauvre matou tacheté, qui semblait si faible, si loin de dégager l'aura de sécurité et de paix que projetaient les bons guerriers, ceux qui défendaient vaillamment un Clan et une famille. Et contrairement à lui, l'Alcidés ne pouvait pas même faire semblant, en publique.
Un guérisseur était destiné à autre chose. Crocs Nacrés l'entendit reprendre, tant bien que mal car la fatigue l'avait fait bailler :
« C'est une tige de thym. En se roulant dessus ... En se roulant dessus, elle libère des arômes qui détendent le corps et aident à mieux dormir... Quand j'en prends, je suis tellement détendu que la nuit je ne bouge plus du tout. »
A son tour le tigré gris bailla. C'était contagieux, disait-on. « Ça va me sauver on dirait ! » lâcha-t-il, reconnaissant. Puis, presque mécaniquement : « Ça fait bizarre, que Cœur Fleuri ne soit plus là. » Il ne disait pas ça pour lui reprocher quoi que soi, au contraire, il y avait une certaine compassion dans sa voix. Si la tante de Crocs Nacré ne pouvait pas être qualifiée d'aimante, le gris pouvait tout de même s'imaginer ce que ça lui ferait, si soudain, une présence qui lui était familière depuis toujours disparaissait de sa vie, pour le laisser seul.
Que serait Crocs Nacrés, tout seul ? Cette question le fit frémir.
« J'espère que... qu'on s'en remettra. »
Par ce "on", il espérait endosser un peu de la souffrance et de la fatigue de l'autre. Il espérait lui signifier que non, il n'était pas seul. Aucun d'entre eux.
Nuée d'Alcidés ■ Guérisseur
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Carte d'identité Âge: 29 Lunes (Mai 2018 - mort) Description du personnage: Mentor/apprenti: Nuage Silencieux
Nuée d'Alcidés sourit au Guerrier, de ce vieux sourire érodé par les cycles de la lune. La lune qui aurait raison de lui, il se rappelait, mais il n'en fit pas de cas en se détournant. Il poussa de la patte la tige de thym pour l'approcher de Crocs Nacrés, se hissant debout à nouveau, prêt à aller s'écraser dans sa couche -
— « Ça fait bizarre, que Cœur Fleuri ne soit plus là. »
Nuée d'Alcidés s'immobilisa.
Piqué au vif, sa queue eut un mouvement, son dos s'arrondit et la longue plainte précédent un feulement se forma dans sa bouche. Coeur Fleuri était partie et tout le monde, tout le monde le lui remettait sous le nez.
« Oh c'est vrai, c'est que toi » « Ça fait bizarre, hein? » « Parce-que tu es bizarre » « Parce-que tu n'es même pas guérisseur » et les voix devenaient de plus en plus fortes « qu'est-ce que tu fiches ici » « Va-t-en » « VA-T-EN ! » l'anxiété lui serra le cœur, son cœur fatigué, et le bout de ses pattes devenait raide et raide et raide comme du bois. Et quel idiot il y avait du thym là, JUSTE LÀ, et il n'avait pas le droit de se rouler dessus car il l'avait donné à Crocs Nacrés.
S'étant mis dos à Crocs Nacrés, il se retourna, en tentant d'esquisser ne serais-ce que le simulacre d'un sourire au guerrier. Il s'affaissait dans les coins, se creusait comme ses cernes, ne brillait que des dents gâtées d'un petit adulte qui ne mangeait que trois fois rien. Il avait l'air épuisé.
— Même si j'ai plus vraiment d'espoir. »
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Dernière édition par Nuée d'Alcidés le 29.08.18 6:02, édité 2 fois
Nuée d'Alcidés se tordait d'autant plus qu'il essayait de ne pas trop se tordre. Crocs Nacrés voyait ça. Mais il ne comprenait pas grand-chose. Aussi restait-il, encore, toujours, avec cet air neutre, qui oscillait vaguement entre l'hésitation et l'envie d'avoir l'air débordant de chaleur. « Oui... Même si j'ai plus vraiment d'espoir. » fit le chat noir et blanc, en se détordant un peu pour le regarder en face. Contorsionniste.
L'idée que le guérisseur était probablement hanté par ses rêves visionnaires n'apparut pas clairement à Crocs Nacrés. Il avait toujours eu du mal à assimiler le fait que certains chats avaient droit à un sommeil un peu particulier. Les choses restaient vagues, confuses devant lui, à l'image de ce guérisseur qui se laissait embrouiller, dans sa fatigue, par le premier courant qui passait. Crocs Nacrés était venu demander de l'aide, mais il ne pouvait pas laisser derrière lui un tel nœud prêt à s'étouffer. Quelque chose libèrerait peut-être l'Alcidés de l'asphyxie. Il tenta :
« Tu manques de temps-hein-euh... de thym ? De temps pour prendre du thym ? »
PUTHYM ! Zut. Raté. Crocs Nacrés eut brusquement très peur de son lapsus, mais un bon réflexe lui permit d'éviter de réagir brusquement : Il ferma les yeux lentement, presque comme s'il était apaisé. Avant de les rouvrir. C'était parfait. Tout allait très bien. Parfaitement bien. Jamais les choses n'avaient été aussi bien.
« Tu sais qu'on fera tout pour t'aider. » reprit-il, plus posé. Encore une fois, il voulait que dans son "on", Nuée d'Alcidés entende "tout le monde". Enfin, tout le monde sauf les étrangers. Depuis ce Guépard qui avait peur de lui jusqu'à Cri des Albatros, qui, il en était sûr, se battrait farouchement pour aider son frère, s'il le fallait. On n'avait aucune raison de perdre espoir, quand on n'était pas seul.
Non sans une courte hésitation, une parmi d'autres, le tigré s'approcha du tacheté, pour lui expliquer ça plus fraternellement. Fraternellement, ça voulait dire avec moins de mots et d'avantage de contact. Il essaya un ronronnement léger et vibrant, qui exprimait une sorte de fierté, qui donnait du courage à l'autre. En tout cas, avec son frère, ça marchait. Et Crocs Nacrés était convaincu que ce genre de communication serait comprise de la même façon par n'importe qui. C'était presque de la chimie. Bien moins aléatoire que les mots.