▶ Pierre de Sel

01. IDENTITÉ

• NOMS : Boule de Sel - Nuage Salé - Pierre de Sel - Étoile Salée
• ÂGE : 38 lunes.
• GENRE : Féminin.
• CLAN : Clan du Vent.
• RANG : Guerrière.
• FAMILLE :

Parents - Des natifs.
Fratrie - Fleur de Sel.

• IMG : 001. 002. 003. 004. ...

02. DESCRIPTIF

Politique

Formée sous le régime d'Étoile de Sable, Sel a toujours été une grande révolutionnaire. D'abord foncièrement contestataire vis-à-vis de l'autorité, elle a été plusieurs fois réprimandée par ses aînés au sujet de son point de vue et de sa manière d'en parler tout haut, très fort. Les bases de son éducation étant ce qu'elle sont, elle n'a jamais trop cherché à aller contre le pouvoir d'Étoile de Sable et les traditions que tous les guerriers semblaient vénérer, bien que le feu de la marginalité a toujours brûlé en elle. Entraînée dans les règles martiales de base, elle a tôt fait, après la montée au pouvoir d'Étoile Vaillante et les réformes qui ont suivi, de se mettre à niveau en matière de technique de combat. Elle a toujours été persuadée que les liens sociaux étaient souvent un facteur important pour renforcer l'efficacité des combats ; l'individualisme ne mènera à rien, il n'y a qu'en travaillant ensemble que l'on peut bâtir de nouvelles choses. Néanmoins, la base hiérarchique ne la satisfait toujours pas, ses tendances anarchiste révolutionnaire la font pencher d'un côté "renversement de pouvoir" qui risquerait de lui coûter cher si elle venait à tomber complètement là-dedans, bien qu'elle ne semble pas en être consciente. En effet, elle voit dans l'initiative d'Étoile Vaillante de se rapprocher de son clan une occasion d'en faire autre chose qu'une démocratie vaguement monarchique avec "l'acceptation divine" par le Clan des Étoiles. Non pas qu'elle dénigre la voix de ses ancêtres ni même qu'elle ne remet en cause la véracité de leur existence - elle-même étant très pieuse - simplement que l'idée d'une autorité seule pour gouverner tout un clan lui a toujours paru trop fragile, trop facile à ébranler, la charge étant trop lourde à porter. Par altruisme envers sa cheffe de clan ou envers les futures générations, ou par simple prise de position politique, elle reste persuadée que l'on fait tout mieux ensemble que chacun de son côté, même lorsqu'il s'agit de gouverner. Cependant, sa force de caractère et son grand bec risquent de la desservir si elle ne trouve pas comment bien utiliser sa voix. La loi du Talion règne encore trop à l'intérieur de ses tripes, elle qui cherche justice et équité dans le déroulement de leur société.

Psychologie

Dans la continuité de cette volonté d'un régime complètement équitable, égalitaire et social, le portrait de Sel correspond tout à fait à ses idéaux : une grande gueule têtue et brûlante, pleine de bonne volonté. Déjà petite, elle faisait entendre sa voix, faisait sa loi et sa justice. La loi du Talion, un principe encré dans sa peau comme un grotte creusée dans la falaise. Irrémédiable, indélébile, elle raisonne avec son cœur de guerrière, son coeur de révolutionnaire. Pour l'instant, dans le clan, les choses vont dans son sens et elle n'a pas besoin de drastiquement contester le pouvoir mis en place ; en revanche, au sein des guerriers qu'elle a rejoint il y a déjà plusieurs lunes, elle est connue pour être celle qui dit non, celle qui n'en démord pas et qui reste campée sur ses positions, la petite maigre têtue du fond. Pourtant, elle a quelque chose de vivant, ce grain qui fait germer au bord de ses lèvres des lumières qui la rendent subitement plus brillante. Pierre de Sel est loin d'être ce chat qui se contente de hurler au premier venu des vérités qu'elle seule semble connaître : son attitude très humble et son honnêteté intellectuelle, la façon qu'elle a d'être ouverte et accessible aux autres, la change complètement. Elle n'est pas celle qui énerve systématiquement, elle n'est pas la boule de nerfs constamment tendue que l'on peut parfois dépeindre en regardant au dessus de son épaule pour être sûr qu'elle n'entende pas. Elle est la féline féroce, qui s'attache tellement à ses convictions avec à la fois tellement de recul et d'assurance qu'elle donne envie d'être écoutée - même pas entendue, écoutée. Les plus vieux la verront sans doute comme ce qu'elle semble paraître à la surface, avec ses os proéminents et ses pupilles dépareillées : une petite jeune qui n'a rien vécu d'autre que ce qu'elle semble s'imaginer et qui le gerbe au visage du premier venu. Mais, en toute objectivité, elle est une guerrière attachée à sa patrie, attachée aux valeurs qu'elle défend, attachée aux autres avec qui elle partage sa vie, tant et si bien qu'elle, lionne ou tigresse, se bat sans arrêt pour aller vers l'amélioration. Ses viscères la guident, avec impulsivité parfois, mais toujours dans le bon sens. Volontaire, fiable, peu se rendent compte à quel point l'on peut lui faire confiance et peu passent outre cette morphologie décharnée, sa gueule d'empeigne et son intransigeance parfois tranchante.

Physiologie

Lorsqu'elle bouge, c'est un serpent. Dissimulée dans les hauts épis de blé, elle est invisible. Sa robe lilas qui s'accorde aux couleurs de son clan l'aide considérablement à passer inaperçue. Pourtant, avec ses formes découpées à la lame, ses traits extrêmement fins et tranchants, on la reconnaît de loin ; son bassin saillant, sa démarche mal cadencée et son corps en tension perpétuelle, Pierre de Sel semble n'avoir que la peau sur les os. Tout chez elle ressort, de ses os jusqu'aux muscles secs qui roulent sous sa fourrure. Son type oriental se lit dans la longueur de son corps, de sa queue, la finesse de ses pattes souples. Tellement fine qu'elle en semble désarticulée parfois, avec son agilité remarquable ; c'est là que réside toute sa force de guerrière. Sa course et sa vitesse déforment son corps, en font un éclair grisâtre qui frappe avant qu'on ait eu le temps de se rendre compte qu'il fondait droit sur nous. Ses yeux très verts, perçants, sont à l'image de son corps entier : asymétrique. Suite à une chute violente dans son enfance, sa pupille gauche en reste traumatisée. Depuis, elle subit une Anisocorie bénigne impossible à soigner. Sa pupille ne se rétractera jamais, et elle s'en moque franchement, tant que ses yeux sont en état. Ses oreilles, en revanche, larges, pointues, déployées, ont subit plus d'une griffure, plus d'une morsure, et les entailles qui les strient les rendent toute particulières. Çà et là, quelques plaies refermées en cicatrises. Rien d'étonnant pour une guerrière.

Sa sœur jumelle, Fleur de Sel, et elle ne partage pas forcément les mêmes caractéristiques : plus petite et tassée, tendue, que sa sœur, l'air plus doux de cette dernière les différencie grandement.

Compétences :
Force 50
Vigueur 70
Prestesse 150
Agilité 150
Furtivité 80

Peu forte mais très agile et rapide, plus discrète avec une faible résistance physique. Sa furtivité est favorisée par sa robe et le terrain, ses techniques sont majoritairement l'esquive et l'attaque de dos. Elle préfère travailler en équipe, sauf en chasse où elle met à profiter son élitisme pour attraper ses proies, bien que la chasse en groupe soit un sport qu'elle affectionne particulièrement.

03. HISTOIRE

Chronologie:

Mai 2015 - Un jour d'orage.
« Nuage Salé est blessée ! » C'est la voix d'un apprenti qui raisonne dans le camp. Tous les chats se sont mis à l'abri ; les orages de mai font rage et il n'y a nulle part où se cacher sur le territoire du Vent. Les parties de chasse ont été annulées, la patrouille est revenue en courant à travers les plaines tandis qu'une autre part malgré elle. La pluie souffle si fort qu'elle rafraîchit drastiquement l'air ; la fourrure hérissée, c'est un matou trempé jusqu'aux os qui suit, trébuchant à chaque pas sur ce petit corps recroquevillé. L'apprenti appelle, encore et encore, désespéré de rejoindre l'antre du Guérisseur à temps. « Nuage Salé est blessée ! » Il répète, comme s'il implorait le Clan des Étoiles de réagir. Mais la pluie battante le rend muet, le son des gouttes et des éclairs couvre toute tentative de prière au ciel.
Son corps, à elle, ballotté comme un lapin fraîchement chassé, ne ressent plus rien. Rien d'autre que les battements rapides de son cœur dans sa plaie. Ses yeux voilés de blanc, gueule pendante, elle ne sent même pas la boue froide sur ses coussinets écorchés. Le bourdonnement dans ses oreilles, assourdissant et permanent, sa fourrure hérissée ; plus rien ne fonctionne alors qu'on l'allonge sur un lit de mousse.

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Mai 2015 - Dans l'antre du Guérisseur.
« Ne m'en veux pas si je ne te plains pas. » « De toute façon, je ne veux pas de ta pitié. » ... « Qu'est-ce qu'il t'a pris, Nuage Salé ? Tu imagines la réaction de nos parents si Gerboise Bleue avait ramené ton cadavre ? » « Mais je l'avais, Nuage de Sel ! Elle était là, dans ma gueule ! Une alouette, grosse comme toi, blessée et à ça de rendre l'âme ! On allait ramener un festin ! » « Et donc tu as préféré te fendre le crâne, te déformer l’œil et ne rien ramener du tout. » « Évidemment, toi tu ne ramènes jamais rien, tu ne sais pas ce que c'est le feu de l'action, d'être bêtement emportée par l'adrénaline. » « Bêtement, c'est le mot, oui. » Nuage Salé pousse un soupir exaspéré. « On a été surpris par l'averse. Le ciel menaçait, mais on ne pensait pas qu'il allait nous tomber dessus comme ça. J'ai glissé d'un rocher à cause de la pluie. Ça arrive ! » « Trois jours de comas, Nuage Salé ! Trois jours et "ça arrive" ?! Je n'arrive même pas à croire qu'on ait pu me donner une sœur aussi irresponsable ! » « Si t'es pas contente, t'as qu'à te plaindre à papa et maman ! Moi au moins, j'aurais des choses à dire plus tard. » « Ah ! Oui, suis-je bête, ça va être une sacrée partie de plaisir de raconter comment tu as rendu l'âme comme la cervelle de souris que tu es aux anciens du Clan des Étoiles ! Ils vont être fiers, tiens, de regarder tous ceux qui t'aiment veiller ton cadavre pendant que tu vas te fendre la gueule à cause de ta stupidité ! »
Nuage de Sel quitte l'antre, affreusement vexée, laissant Nuage Salé bouillante de rage.

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??? 2017 - ???
Dehors, le froid.
Il rase les hautes herbes, fait trembler les arbres ; au loin on ne voit plus rien. Le territoire de la rivière n'est même pas visible depuis les Pierres Sentinelles. Personne n'ose s'y rendre, seuls ceux forcés par leur rôle doivent y aller. Le vieux moulin aussi ; ses pales déchirées tournent en un grincement horrible et le craquement du bois, des murs qui tiennent à peine, percerait les tympans de n'importe qui s'en approche trop.
« Trouvons ces feuilles et ne tardons pas. »
Elle avance, l'ombre féline et discrète, longue les bourrasques de vent qui soufflent contre sa fourrure grisâtre et terne. Les oreilles plaquées, repliées, elle tente d'avancer dans un bruit, le vent de face. Pas d'autres choix. De toute façon, personne ne va la solliciter ici ; pas même un mulot. Rien.
« Tu m'entends ? » Mais le vent souffle trop fort. « Je te parle ! »

C'est lorsqu'elle fait volte-face qu'elle comprend alors. L'écho de sa propre voix raisonne dans la carcasse du moulin, mêlée à celle du vent qui hurle entre les planches mal fixées. Toute la structure grince, tout est à ça de s'écrouler.
Et tout s'écroule, subitement, sur elle. Seule au milieu de cette plaine, le grand moulin s'abat sur son corps chétif et gelé par le vent.

Un saut de côté.

Octobre 2017 - Dortoir des guerriers.
C'est quand elle ouvre les yeux qu'elle sent remuer à côté d'elle. Bien vite, le corps chaud se colle de nouveau au sien, lèche vaguement le haut de la tête.
« C'est fini. »
« Je sais. » Une pause, un temps d'arrêt, juste pour déposer sa tête contre ses flancs. « Excuse-moi. »
« Tu devrais te rendormir. »
« J'ai eu peur pour toi. Voilà des lunes que ça s'est passé, et pourtant j'en rêve encore. »
« À charge de revanche. Sans toi, j'y serai restée. »
« À chacun sa croix. Ce n'est que récemment que j'ai compris tout ce que tu as pu ressentir lors de mon accident. Excuse-moi. »
« Heureusement que c'est fini. »
« Heureusement... »
Ses paupières se font lourdes, subitement. Emmitouflée contre sa sœur, elle s'endort de nouveau, le museau dans la fourrure jumelle à la sienne. Ensemble, elles forment une pierre, un roc. Leur couleur, au matin, se confond avec les parois de leur abri. Si quelques ronronnements de s'échappaient pas de leur gorge, l'on pourrait les penser fusionnées avec le décor.

Heureusement que c'est fini.

04. L'OURS DES TAVERNES