Fais pas la tête, Mister Croquette [PV Rusty] - end

HRP:

En s'arrêtant, Waffle déséquilibra l'abyssin qui recula un peu la tête pour suspendre sa patte en plein mouvement, perplexe par la halte. Rapidement il fit le tour sur lui-même pour s'assurer qu'ils n'étaient pas suivis. Et plus rapidement encore il avait levé le nez pour foudroyer les arbres dénudés de ses deux yeux, ses pupilles s'affûtant pour tenter de déceler au travers de tout les jeux d'ombres entre les branches qui auraient pu trahir la présence d'un guerrier qui les épiait.

Silence.

— « L'intention est louable, répondit donc Waffle à sa question, distrayant l'abyssin de son balayage du regard pour lui faire tourner la tête vers son interlocuteur, Mais tu n'a pas mon charisme. Tu aurais simplement dût la raccompagner jusqu'à la frontière. Normalement, elle aurait dût rentrer seule après ça.

— « Oui, ça, j'en suis bien conscient... Mais elle ne voulait pas m'écouter alors j'ai du--
— « Au passage, je me nomme Graine de Tournesol à présent, mais parce que c’est toi et que t’es un bon sujet, je te fais une fleur et je t’autorise à m’appeler Roi Waffle.

Sans ne trop comprendre ce que Waffle lui demandait, Rusty secoua poliment la tête, lui offrant son sourire le plus désolé.

— ...Non merci, Waffle c'est plus facile. »

Et comme ce-dernier reprenait le pas - sûrement pour se situer, maintenant que Rusty avait pris un peu de recul - leur tandem put recommencer ses souples sillons entre les arbres. Rusty par instinct ; Waffle par habitude. Waffle avait l'air de connaître la forêt maintenant, et, après relecture, à y vivre. Car même s'ils venaient tout deux de la ville, la Chatte Anthracite n'avait pas tenté de le chasser et s'était adressée à lui sans le traiter d'avorton.

— « T’as eût de la chance de ne pas avoir eût à te battre contre Étoile de Suie, c’est la cheffe du Clan.

Rusty entrouvrit sa bouche sur un souffle, les yeux ronds comme des billes, surpris de cette révélation. La cheffe de tout ces chats claniques de la forêt? ... La cheffe de l'Éclair Fauve ? Rusty cessa de marcher pour pivoter une oreille vers l'arrière et plisser les paupières, bien décidé autant à partir, qu'à faire demi-tour pour aller dire à la chatte ce qu'il pensait des membres de son clan et de la manière qu'elle les traitait.

Waffle l'en dissuada aussitôt: Moi, quand je l’ai vue pour la première fois, elle m’a décollé du sol.

Rusty fendit l'air de sa queue, tournant déjà le dos à Waffle. Il dut prendre une seconde pour cligner des paupières et se tourner à demi, d'un bloc, pour dévisager son ancien voisin. "Décollé du sol" ? Il n'en croyait pas un mot, mais à en juger par la masse de la (grosse) chatte anthracite et par son entraînement de soi-disant "guerrière"...

— J’ose même pas imaginer ce qu’elle aurait pu te faire à toi, qui ne sait pas se battre.
— .... Je ne sors peut-être pas les griffes, je ne suis pas une mauviette ou un avorton pour autant.

Rusty poussa un soupir, jugeant sa décision vaine. Il secoua la tête, ferma les yeux sur un râle mécontent avant de tendre une patte et d'effectuer une rapide volte sur lui-même pour se remettre à marcher au pas du Roi. Pas de bonne foi, car la situation ne lui semblait pas réglée et elle allait lui trotter en tête un moment, mais il n'était pas assez têtu pour retourner voir l'autre chatte. Elle ne l'écoutait pas, de toute manière, à quoi bon tenter de changer sa manière de voir les choses?

— Je ne veux blesser personne moi. Sortir les armes devrait être un dernier recours seulement. »

Il s'était tu pour méditer sur ses propres paroles, se rappelant qu'il ne se servait de ses griffes que pour grimper ou en guise de cran d'arrêt pendant un entraînement. Mais jamais pour blesser. Il préférait prévenir de vive voix que de sauter tout de suite à l'attaque - il y avait mille étapes à franchir avant d'une seule fois sauter à l'attaque.

— « ... Waffle, vous connaissez un Éclair Fauve? »

— Non, pas d’Éclair Fauve. Par contre, on a un Vautour Fauve, tu le connais ? »

Vautour Fauve.

Une image instinctive se forma devant les yeux de ses pensées qui virent, l'espace d'un instant, un très gros oiseau couvrir le ciel de ses très grandes ailes pour fondre sur lui. L'image grésilla, il se vit ensuite dans les airs, suspendu, des serres creusant ses os au travers de sa peau qui se décomposait et - un gros oiseau, charognard, à fourrure fauve.

— « Un lourd chat brun rayé au ventre fauve, l’air mauvais, agressif, des yeux jaunes… Ça te parle ? Il t’a fait des misères ?

La première succession d'images se juxtaposa au souvenir près de chez le Véto, sur le trottoir direction la maison, quand l'Éclair Fauve qui avait surgi des fourrés lui avait sauté dessus, toutes griffes dehors. Rusty hocha la tête.

— « Tu peux me le dire, je lui flanquerais une rouste pour toi. Sans vouloir me vanter, j’ai déjà réussi à le battre, une fois. Je l’éblouissais tellement qu’il en perdait ses moyens ! T’aurais dût voir ça !

C'était bizarre.

C'était tellement bizarre d'entendre parler de son agresseur comme s'il était quelqu'un, doté d'empathie, de sentience, comme s'il était un être d'infinies possibilités en proie à ses propres choix. Avait-il une famille? L'avait-il attaqué pour la protéger? Il eut un tout petit rire, relâchant la tension dans ses épaules, levant un sourire un peu meurtri après toute une lune à s'en faire.

— « Tu n'es pas obligé de lui flanquer une rouste pour moi ~ renchérit Rusty sur un petit ton complice. Il reprit un peu du poil de la bête, redressant ses hautes oreilles sur sa tête en se faisant tout de suite plus grand. Les chats de Clans, ils se battent tout le temps? C'est pour ça que tu es parti de chez toi, Waffle?

Il fallait dire que cet autre monde, de l'autre côté du miroir, l'intriguait, mais pas au point de trahir le Père, le pâté, l'exercice, les grattouilles...

— « ...Tu te plais bien, ici?

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^{Statut d'influence : Il a hâte de rentrer...}

— « Oh non, pas tous le temps. Des fois ils s’allient. Et une nuit par mois, lors de la pleine lune, ils se regroupent en paix.

Rusty retrouva le sourire, trouvant dans ces paroles quelque chose de familier. Lui aussi, devait se réunir, à la prochaine pleine lune, dans quelques jours, pour retrouver Trash et aller chez lui. Un temps de paix avec son ami, et il avait hâte ! La Lune était gibbeuse et il se demandait à chaque nuit si c'était le moment. Là, elle est pleine? Il allait à la fenêtre du salon, scruter l'entrée. Non. Et là??

— On ne fait pas que se battre. Difficile d'imaginer l'éclair -- Vautour Fauve avec autre chose en tête que d’agresser des chats dans la rue et les vider de leur sang. Et si je suis parti, c’est pour éviter l’ennui. Et une autre raison beaucoup plus personnelle. Mais ma vie était devenue morne sans mes chamailleries avec Honey Pancakes.
— ...Honey Pancakes?
— C’est pas pareil, on ne s’aimait pas mais disons qu’elle savait parfois me tenir compagnie.
— « Waffle, qui est Honey Pancakes?

Mais Waffle ne répondait aux questions que s'il y tenait changeant vite de sujet, reprenant sa tirade sur sa vision des Clans et l'origine de cette dernière:

— « Mon père m’a bercé d’histoire sur les Clans dans ma petite jeunesse, alors je connaissais un peu le sujet et quand les Bipèdes m’ont enlevé, et qu’ils m’ont laissé sortir, je sortais et m’aventurais en forêt pour les observer.
— Oh...

Waffle avait eu de la chance d'avoir un Père pour lui raconter des histoires. Le sien ne parlait qu'avec les signes, et les sons, mais aucune syntaxe ne soutenait ses mots.

— Ce n’était pas facile, mais je suis tellement doué pour le camouflage qu’ils ne m’ont jamais remarqué. Étoile de Suie a accepté ma demande, mon charisme sans doute. C’est un peu dur de changer de vie du jour au lendemain, mais on s’y fait. Je me sens bien ici.
— Hmm...

L'abyssin se laissa à songer. Waffle semblait si sûr de lui (c'était mot faible...) et si sûr de son choix. Il avait délaissé sa maison pour trouver une vie supposément meilleure dans la forêt. À vrai dire, Rusty n'y croyait qu'à moitié. Une part de lui, moins louable surtout, se disait que Waffle se berçait d'illusions et deviendrait peu à peu un chat sauvage comme tout le reste, mais une autre s'opposait à ce genre de réflexion. Et si ce n'était pas plutôt lui qui se berçait d'illusions à vivre dans un foyer chez les humains? Sa forme physique n'était pas une illusion. Les caresses de son humain non plus. Les entraînements, les promenades, elles étaient aussi réelles que le sol sous ses pattes.

Il avait du mal à s'imaginer une vie en dehors de tout ce qu'il connaissait, let alone une vie meilleure.

— Tu devrais essayer, de changer de vie un jour. Ça fait du bien.
— ...Sans façons, un sourire triste, comme quoi il ne pouvait pas répondre au sentiment de son pair sans avoir l'impression de trahir son foyer. Je ne peux pas me permettre de faire revivre à mon humain ce genre de perte...

Il hocha la tête, ses convictions solides comme des arbres - non... Solides, comme la carlingue d'une voiture. Non, non plus solide encore! Solide comme l'étaient les fondations d'une maison. Sa maison était à l'épreuve de toutes les intempéries, par conséquent, sa maison était à l'épreuve de tout, comme ses convictions:

— En tant que deuxième Rusty, j'ai beaucoup de chemin à faire! »

Et en parlant de chemin:

— « On arrive bientôt? Il me semble que le chemin était plus court quand j'amenais Nuage Ardent !

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^{Statut d'influence : Il pense à son humain et à tout ce qu'il lui doit}

— « On y est.

Rusty ne reconnaissait pas le coin, mais il devait s'avouer soulagé de constater que Waffle ne lui avait pas menti. Il l'avait bel et bien raccompagné à l'orée du bois sans une once de malice - comme quoi il fallait se serrer les coudes entre chats domestiques, anciens ou non.

Ça ira ou tu veux que je te raccompagne jusque chez toi ? »

L'abyssin passa à côté de celui qu'il considérait maintenant son ami, lui souriant d'un sourire un peu vieilli par cette drôle d'expérience dans la forêt. L'Éclair Fauve était un Vautour, la Chatte Anthracite était "L'Étoile de Suie" à la tête du Clan du Tonnerre et le chaton appelé Nuage s'appelait en vérité Nuage Ardent. ...Mais Waffle s'appelait Waffle comme Rusty s'appelait Rusty, et cet élément familier lui permettait de garder les deux pattes sur terre.

— « Si tu me raccompagnes, tu risques d'avoir des ennuis, non? Un faible rire. Il était tellement épuisé qu'il ne s'était même pas rendu compte qu'il tutoyait le chat gris, au même titre qu'il tutoyait Trash.

Il secoua une patte, trottina devant et s'arrêta devant les buissons des fourrés qui débouchaient juste devant un trottoir. Avant de les traverser, il se tourna vers Waffle, dressant légèrement sa queue dans un signe social de gratitude et de sa bonne humeur habituelle qui n'était habituellement pas aussi faible. Même son ronron était inaudible:

— Merci de ton aide et de tes conseils, Waffle. Je n'oublierai pas. »

Ce qu'il n'oubliait pas étaient aussi ses mots de plus tôt: « Deuxième Rusty ? » et le ton semblait s'indigner dans sa tête, joint à cet air de dégoût qui avait fait grimacer son camarade à ses côtés:

« Ton esclave manque cruellement d’originalité. Tu es mal tombé, mon pauvre. »

Son sourire s'affaissa, il baissa les yeux comme sa queue, et traversa les buissons sans plus de regard derrière puisque devant il lui fallait se situer où il se trouvait pour établir un plan de comment rentrer.

Mais les mots se répétaient, en boucle, dans les oreilles de ses pensées : Esclave, son humain. Mal Tombé, lui, sur son humain. Et cette insinuation que puisqu'il n'était pas le premier Rusty, la considération de son humain s'arrêtait à tout ce qui lui faisait ressembler au premier... Ça lui faisait penser... Pourquoi n'avait-il rien rétorqué?...

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^{Statut d'influence : « Deuxième » Rusty ...}