Un papillon bleu comme tes yeux - end

Grain de Sel.

Un papillon bleu comme tes yeux. (3)

Des exclamations accueillirent mon cadeau, j'étais fier de moi sur ce coup là. J'aurais dû y penser plus tôt, les papillons étaient une valeur sûre voyons ! Je ronronnai face à son bonheur revenu avant que je m'inquiète de ma patte bleue. Tandis que je trouvais cela bizarre, Esprit Lent rigola et m'assurai que c'était sans danger et joli. Oh, ça me rendait plus joli ? Je devrais peut - être me frotter les coussinets plus souvent contre des papillons. Peut - être. Puis après elle me demanda si sa langue en deviendrait bleue. C'était une image assez bizarre. Puis elle se mettrait du bleu partout sur sa fourrure quand elle fera sa toilette ! Oh, connaissant la féline, ça ne lui déplairait pas tant que ça je pense. Mais quand même, quand je vois le papillon, je me dis que le manger n'est pas une très bonne idée. Je ne pus dire aucune remarque qu'elle se pencha déjà pour effectuer son expérience. Puis, se ravisa. Son regard et sa patte hésitèrent encore longtemps avant de trouver une réponse finale.

" Non, je vais pas le manger, ce serait du gâchis ! Je vais le mettre dans mon lit. Comme ça, je l'aurai tous les jours avec moi, et ça me fera du bien au cœur de le voir en me levant ! "

Arg, mon coeur fut touché. Elle va garder le papillon que je lui ai offert dans son nid. Et en plus elle sera heureuse de le voir en se réveillant. C'est bon, je tenais la bonne solution. Je ronronnai de nouveau, comment m'en empêcher devant celle qui faisait bondir mon coeur ?

" S'il te plait tant que ça, alors je suis content moi aussi. "

Oserais - je un rapprochement ? Non non non, pas à pas, même si ça fait 30 lunes que je tentais de me rapprocher pas à pas. Alors je me contentai de m'asseoir près d'elle et de l'étreindre par les hanches avec ma queue. Je regardai son sourire, le papillon, puis l'étendue des Passiflores. C'est vrai que je l'avais emmené se balader à la base. Je me relevai et l'invitai d'un sourire dans mes yeux à continuer la balade.

" Tu viens ? Le champ est encore grand et je n'ai pas encore tout digérer. "

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« S'il te plait tant que ça, alors je suis content moi aussi. »

La guerrière accueillit la remarque d’un sourire plein de dents. Elle eut un curieux frisson en sentant le contact de son ami, mais se contenta de se focaliser sur l’objet qui captivait actuellement son attention, comme un enfant obnubilé. Ses yeux sautaient d’un point à l’autre du corps du papillon, pour chaque fois surprendre un nouvel éclat dans le bleu de ces ailes irisées.

« Tu viens ? Le champ est encore grand et je n'ai pas encore tout digéré. »

Esprit Lent opina du chef et se leva promptement. Sa tête s’était vidée des curieuses petites bêtes noires qui semblaient y avoir élu domicile. Elle ne doutait pas qu’elles reviendraient sitôt la solitude retrouvée, mais elle n’y songeait pas, la gorge remplie de fleurs et les yeux pleins des couleurs du ciel. Dégradés de bleu, de blanc, comme son regard oublié quelque part entre l’enfance et l’âge adulte. Ils marchèrent un peu en silence, Esprit Lent s’écartant souvent pour aller renifler une fleur avec curiosité, invitant Grain de Sel à la rejoindre lorsqu’elle trouvait de jolies plantes ou une odeur particulièrement enivrante. Soudain, elle se redressa, presque nez à nez avec le guerrier, et dit avec un air très sérieux :

« Si un jour tu as des nuages noirs dans le cœur, tu peux venir m’en parler, Saloulou. Je serai là pour toi, comme tu es là pour moi. »

La tigrée lui sourit sincèrement, certaine de pouvoir tout entendre de sa part. Son attitude illustrait toute son inconsciente des sentiments de Grain de Sel, enveloppée de son habituelle naïveté. Pour elle, il était le plus cher ami d’enfance qu’Esprit Soucieux et elle avaient, et elle n’avait jamais réellement songé à avoir un compagnon ou quoique ce soit qui puisse y ressembler. Elle vouait sa vie à son frère et à son Clan, vierge guerrière aux intentions pures, elle ne pouvait pas partager sa vie avec quelqu’un d’autre. Et puis, qui voudrait d’une femelle aussi simple d’esprit ? Esprit Lent ne croyait aucunement en ses chances et s’en était accoutumée.

« On rentre ? Je commence à être fatiguée … »

Quelque chose lui volait sa force, et elle n’était pas capable pour le moment de faire des tâches bien compliquées, aussi elle songea qu’elle ferait mieux de préserver son énergie pour la journée suivante. Même si être avec le guerrier ou son frère lui redonnait courage et optimisme, elle ne pouvait pas compter sur eux tout le temps … Une fois parvenus au campement, elle sourit une ultime fois à Grain de Sel, d’un air doux-amer, et souffla un :

« Bon ben … Bisous, Saloulou. Merci pour aujourd'hui, heureusement que t'es là ! »

Elle hésita, puis frotta brièvement son crâne contre le sien, histoire que ce ne soit pas que des mots. Elle tenait à Grain de Sel, ce n'était pas un mensonge. Mais à quel point y tenait-elle ? Elle s'en alla en trottinant vers l'antre du guérisseur pour voir si son frère avait besoin d'elle. Elle n'avait pas envie de se poser plus de questions qu'elle n'en avait déjà.

HRP :

Grain de Sel.

Un papillon bleu comme tes yeux. (3)

On continua donc notre balade, en gardant le papillon bleu pour le mettre donc plus tard près du nid d'Esprit Lent. Car ça la rendra un peu plus heureuse chaque matin en le voyant, lui rappelant cette journée où son sourire était enfin revenu, brillant plus que les deux Etoiles qu'elle pleurait. Je la regardais aller d'un sujet à l'autre, d'une fleur à l'autre, et je la rejoignais lorsqu'elle m'appelait pour sentir une plante qui avait vraiment une belle fragrance. Puis à un moment, nos museaux assez proches pour faire sursauter mon coeur, elle me dit que si j'avais aussi des nuages noirs, je pouvais me confier à elle. Tout naturellement, je ronronnai à l'image de e rayon de soleil qui chassait déjà mes nuages noirs rien qu'en existant. Et cela dura, juste l'après midi peut - être, c'était avant le coucher du soleil en tout cas. Je n'avais pas trop idée du temps qui s'écoulait. D'une patte il coulait trop vite à mon goût, un moment si privilégié avec elle, je ne pouvais souhaiter plus. Mais de l'autre patte, quand j'étais avec elle les heures semblaient suspendues, comme j'étais suspendu à ses lèvres et ses paroles. Je soupirai. Je me demandais parfois si c'était mal d'être autant amoureux. Était - ce un pêché ? Je secouai ma tête. Non. Je ne voulais pas l'utiliser comme le Serpentaire le faisait avec ses femelles. Je voulais son bonheur, lui en donner autant qu'elle en distribuait pour qu'elle n'en soit jamais à court. Et perdu dans mes pensées de chevalier amoureux, je fus ramener sur terre par la belle, fatiguée. J'acquiesçai à sa demande de rentrer et l'accompagnai au camp.

Sur le chemin, je baillai aussi. Je n'avais pas observé ma propre fatigue.Une fois rentré dans le camp, Esprit Lent me sourit, moins fort que dans le champ de Passiflores. Sa tristesse était déjà revenue ? Elle me remercia, je glissai un "De rien." tout sourire. Mais lors de la seconde où mes yeux étaient fermés pour accompagner mon sourire, je sentis une caresse contre ma joue. C'était bref, mais, c'était réel ?
Enfin je n'étais pas sûr. Je la regardai, clignant des yeux un peu bêtement tandis que la jolie tigrée s'éloignait vers l'antre de son frère. Et je restai là planté comme un idiot. Que vouliez vous que je vous dise ? Elle me faisait cet effet là, sans qu'elle le sache contrairement à certaines autres qui se trainer à terre pour une lichette de pouvoir. Là était sa pureté, là était ce que j'aime. Je me relevai donc, secouant mes moustaches en me demandant si Esprit Soucieux m'avait vu rester là comme un imbécile. Mouais sans doute, je sentais bien que le lendemain, j'allais recevoir ses remarques sur le petit Saloulou amoureux. Mais bon, seule la journée présente comptait à mes yeux à ce moment là, elle avait été parfaite.

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