[lp] Attends le dégel (avec Petite Opale) - end

Il fallait retrouver sa famille.
C'est avec cette idée en tête que Petite Opale s'était éclipsée du Camp. Oh, bien sûr elle n'était pas si loin. Elle avait traversé un petit chemin de sable - recouvert de givre, en cet hiver bien que plutôt doux - qui se trouvait juste à côté du camp, et avait suivi le chemin de la Rivière, pour espérer retrouver l'arbre - ou plutôt le cerf - qui devait protéger sa maman et qui pourrait les amener retrouver leurs frères et soeurs.
Elle s'était donc retrouvée là, face à la puissante et impressionnante rivière pourtant calme, qu'elle avait si souvent entendue depuis le camp. Elle avait toujours ce bruit apaisant, mais la voir lui faisait un drôle d'effet. Petite Opale ne se sentait pas prête à nager, et elle avait du mal à imaginer que d'ici quelques lunes - quatre environ - viendrait son tour de se jeter à l'eau.

Mais par chance, un peu plus loin, il y avait comme un chemin brillant sur la Rivière, comme un accès qui lui était offert par les Étoiles et lui permettrait de traverser sans se mouiller les pattes. Avec un peu de chance, c'était l'un de ces fameux signes que Nuage des Ruisseaux pouvait recevoir, pour lui montrer le chemin vers sa famille!

Sans plus attendre, elle s'élança et glissa, et ses griffes fragiles n'étaient pas assez fortes pour la retenir et -

- Attention ! C'est hyper hyper dangereux !!! s'écria un félin qu'elle ne connaissait pas.

Et sous ses grosses pattes de chaton, la glace fit un léger crac et lui arracha un cri. Le petit sol brillant lui sembla moins stable, et son estomac se noua alors que son coeur battait plus fort.

- C'est pour - c'est pour retrouver ma famille monsieur!! Je veux trouver les méchants tu sais ou ils sont! Les oiseaux ils - ils m'écoutent pas!

Elle resta immobile sur la glace - il n'y avait pas de bruit tant qu'elle ne bougeait pas - mais le froid commençait à lui piquer les pattes comme des centaines de petites aiguilles.

Spoiler:

- Elle est où ta mère ? Là je suis sûr que tu lui fais peur ! C'est pas à toi d'aller voir les méchants ! Marche pas ici ! Mets-toi sur la terre ! T'as pas froid ? Tu sais comment rentrer chez toi ?

Petite Opale remua les oreilles. Trop de questions d'un coup, ça n'allait pas... Et puis, pourquoi ce chat qu'elle n'avait jamais vu avant lui posait des questions sur sa maman? Il la connaissait peut-être? Peut-être même qu'il savait comment la trouver sans les oiseaux!! Et les méchants... pff, ce n'était certainement pas à lui de lui dire ce qu'elle devait faire. Elle pensa au comportement de Petite Émeraude. Elle avait raison parfois, elle aussi était fille du chef! Donc c'était une princesse! Donc elle était trop forte et il fallait qu'on l'écoute, et elle faisait ce qu'elle voulait. Point.

- Bah ma maman, c'est Aigue-Marine et même qu'elle est morte et ça veut dire qu'elle est dans le Clan des Étoiles! Mais je - je cherche les oiseaux pour aller chez les Tonnerres et les Lupapod parce que bah ils ont volé mes frères et soeurs! Et papa, oh oui papa il est pas content du tout. Alors si je les retrouve, bah, papa sera content! Et tu sais, même que mon papa c'est le chef! Et il est troooop trop fort mais il est tout cassé alors il peut pas aller rechercher ma famille.

Crac crac fit la glace lorsque Petite Opale se déplaça pour se rapprocher de l'étranger. Bien évidemment, elle ne céderait pas sous son poids. C'était juste le bruit normal de l'eau gelée, mais ce son lui arrachait un frisson à chaque fois. Ses coussinets commençaient à bruler sous l'effet du froid. Et enfin, elle se rappela l'une des questions de l'étranger.

- J'ai froid! Et je sais plus où c'est ma maison, y'a plus l'odeur. Snif snif. Non, plus l'odeur. Mais on peut demander aux hérons! Dis, comment tu t'appelle? T'es un grand guerrier trop fort? Eh, tu m'aides à trouver les méchants?

Spoiler:

- Leur b-base est b-bien c-cachée ! C'est p-pas au héron que... qu'il faut d-demander !

Petite Opale le regarda avec ses grands yeux de chaton. Elle avait eu tout faux depuis le début! Voilà pourquoi les oiseaux ne lui répondaient pas: elle n'avait pas choisi les bons! Quand elle dirait ça à Petite Émeraude... Si sa soeur la croyait, évidemment. Peut-être qu'il fallait mieux garder ça pour elle au final. Sa soeur était encore trop jeune et trop bête pour comprendre... même si elles avaient le même age.

- C'est les p-pics ép-peiche, c'-c'est eux qui sont int-telligents !

- Les pipépéches? lui répondit Petite Opale, alors que l'apprenti s'en allait voir l'oiseau.

Et là, Nuage Nacré attrapa l'oiseau, et Petite Opale fit waaaaaaaah! avec un air impressionné sur le visage. Nuage Nacré était définitivement un apprenti trop trop fort! Un jour, elle serait comme lui. Ou du moins, elle l'espérait.
Le chaton s'approcha de lui alors qu'il venait de l'attraper. Un pipépéche, juste devant elle! C'était trop dingue!

- Et du coup, les pipépéches ils savent ou qu'ils sont ma famille? C'est trop bien! Étoile de Pierre - j'veux dire, papa, il va être trop content! Les pipépéches on les trouve dans la rivière? Merci Nuage Naté, t'es trop le plus fort du Vent! Parce que d'abord y'a papa et Petit Merle et Nuage des Ruisseaux.

Les yeux pétillants et remplis d'étoiles, Petite Opale attendait avec impatience que ce fameux pipépéche lui montre où était passée sa famille.

- Ouais ! Tu vas voir, il va nous dire ! s'exclama Nuage Nacré, arrachant un cri d'excitation au petit chaton perdu.

L'oiseau pipépéche s'envola raide mort, Petite Opale le suivant du regard les yeux exorbités. Ainsi, elle ne remarqua pas l'apprenti du vent qui s'écroula sur le sol gelé. Son cri de surprise - et peut-être de panique - la fit sursauter, et le cadavre du volatile s'écrasa... quelque part entre leurs territoires.

Les sourcils froncés, Petite Opale n'était pas déçue. Elle était confuse. Et elle avait froid.
Ses yeux passèrent de l'oiseau à l'apprenti, et ainsi de suite, tentant de comprendre ce qu'il se passait concrètement.
La gueule de la petite s'ouvrit une fois, comme pour dire quelque chose, mais les mots restèrent silencieux quelque part. Et puis finalement, après quelques longues secondes de réflection, elle se décida à réagir.

- C'est la bas qu'il y a ma famille? L'oiseau il l'a dit! Mais c'est... c'est par où? Ça m'amène où? s'écria-t-elle tout en se dirigeant maladroitement vers le pipépéche. Il faut aller vers où il montre?

Spoiler: