Les Habitudes ont la Vie Dure [Feat. Nuage du Firmament] - end

Nuage du Firmament s'était mise à son diapason et ils ronronnaient tout les deux, sur la même longueur d'ondes.

— « Bien.
— Biiien! ♫
— J'accepte mais dès que la troisième sera sous ton museau, tu viendras avec moi sans rechigner.

Le Bengale se redressa d'un à-coup, contractant ses pupilles dans ses yeux.

— Ne crois pas que j'ai oublié ce que j'ai vu, elle ajouta.

Coup de Foudre pivota son oreille blessée d'un tic et leva les yeux au ciel (le ciel était dégagé, ici, à la combe, et non pas couvert par la cime des arbres de la forêt). Il poussa un soupir par la bouche, pencha sa tête pour réfléchir à une parade et se mit à agiter sa queue d'un côté comme de l'autre en métronome qui marquait le rythme. Ça ne trompait pas, il s'agissait d'une situation qui lui demandait une preuve de confiance.

— « ...Tu es dure en affaires, il souffla en abaissant sa tête comme s'il se couvrait d'humilité.

Il lâcha la souris à ses pieds, près de l'écureuil puis poser son séant au sol en appuyant son regard sur la siamoise comme pour lui souligner qu'il n'allait nul-part. Elle avait toute son attention maintenant, bien qu'il prit quelques secondes pour se courber en arc et laper son poil d'un ou deux coups de langue, l'air de rien.

Nuage du Firmament se remit en chasse. Il devait avouer qu'il y avait quelque chose de fascinant à la voir changer si vite entre ses personas d'apprenti-guérisseuse et d'ancienne apprentie-guerrière au caractère joueur. Il tendit l'oreille, comme elle, et comme elle, balaya la combe d'un regard pour s'assurer qu'il y avait bien quelque chose d'autre à y défricher.

Nuage du Firmament s'était coulée vers le bas, descendant la combe, ses oreilles s'agitant aux moindres vibrations qu'elle pouvait ressentir sous-terre. Ses vibrisses étaient tendues et il ne manqua pas l'infime petite oscillation qu'elles faisaient dans l'air, décrivant une carte sensorielle pour la chasseresse qui avait deviné l'emplacement de sa proie.

Coup de Foudre s'était levé, feutrant ses pas, pour tendre le cou et chercher des yeux ce qu'elle avait vu. Lui-même se mit en position de chasse, même en distance, se visualisant à la même place que la siamoise. Son corps eut même un trémoussement en voyant la terre s'enfler d'un petit trou, où en sortait une souris. Il passa de longues secondes à fixer le trou avant de s'en désintéresser pour fixer la siamoise à l'affût. Elle s'était immobilisée, comme de la glace dans la neige, retenant son souffle pour perturber aucun mouvement dans l'air. Coup de Foudre tendit l'oreille : pas un oiseau ne chantait.

Le silence pesait, et puis rien qu'un tout petit bruissement attira l'attention, le vent avait fait s'agiter les feuilles gelées d'une fougère, et la chasseresse s'était arrachée du sol. Les pattes tendues, griffes sorties, le superbe vol plané de la siamoise s'acheva dans un nuage de terre et de neige à peine plus haut qu'un doigt en réceptionnant entre ses dents une deuxième souris, qu'elle exhiba au Bengale en se dressant très haute sur ses pattes, en la tenant très haute dans sa bouche.

— « HA HAH !!! ♡

Coup de Foudre était galvanisé. Il s'était brusquement levé sur ses quatre pattes pour sauter et bondir sur place, avant de s'arrêter, pointer des oreilles, baisser le nez, pencher la tête et s'accroupir pour ramasser et l'écureuil, et la souris qu'ils avait posé au sol. Il rejoint Nuage du Firmament en trottinant sans ne se soucier de la douleur qui lui élançait la cuisse.

— Tu as vu c'ha ! Ch'était génial, ha hah !! »

Il alla se planter devant elle pour tenter de la relancer, qui sait, il avait peut-être trouvé un glitch dans le système qui lui permettait de recommencer l'action indéfiniment :

— « Allez ... Un dernier ~ ?

Les habitudes ont la vie dure.

Si les réactions de son compère amusée légèrement la siamoise, elle n'en montra néanmoins rien, bien trop décidée à attraper une nouvelle prise. Le félin semblait l'avoir observer de bout en bout et la queue de la femelle remua, la pointe de cette dernière précisément, de ravissement. Elle étais ravie d'avoir une fois encore eu sa prise et surtout, ravie de gagner le petit pari lancer par le félin. Elle n'étais qu'une apprentie mais ses trois prouesses devraient suffire à ce que Coup de Foudre soit remis à sa place. Elle avait beau changer de voie, l'avoir voulu, elle n'en restait pas moins capable pour autant de chasser. Elle espérait presque qu'il en parle autour de lui et que cela arrive aux oreilles de son père. Vautour Fauve n'étais peut-être pas un véritable père néanmoins, la chatte gardait au fond d'elle même le secret espoir que la situation change, un jour. Et puis, ce serait là une sérieuse preuve à Étoile de Suie que les brouteuses d'herbes n'étaient pas juste des fardeaux sur pattes que le clan nourrissait. Néanmoins, elle se souvint de la façon dont il avait marquer ses prises et la siamoise reporta sur le guerrier charcoal un regard plus vif. Le mâle trottinait justement vers elle, véritable adulte au comportement de chaton qui empêchait la siamoise de garder complètement son sérieux. Il la fasciner par sa façon d'être autant qu'il pouvait l'intimider car elle avait rapidement compris qu'elle ne parviendrait pas à le comprendre aisément. Il n'étais pas une proie, elle ne pourrait deviner là où il voulait aller. Et sa la frustrer aussi un peu. A sa demande, elle vint frapper le museau du félin de sa queue, comme le ferait une reine avec un chaton trop actif afin de le calmer.

- Je suis dure en affaire, tu l'as dit toi-même. Trois proies suffisent, et tu me dois déjà trois sorti en terres-neutres. Rentrons, tu dois faire voir ses griffures à Nuit Hivernale.

Se fermer, glacée ses pen,sées pour s'imaginer agir comme la Birmane, se voir déjà comme une guérisseuse. Voilà ce qu'elle devait faire si elle ne voulait céder une fois de plus aux demande du guerrier. Elle aimait chasser, mais elle ne pourrait plus le faire vraiment. Et puis, lors de ses sorties, ils pourraient peut-être. Non, elle remua la tête pour délogée la pensée pourtant plaisante. Elle devait penser plantes, rêver remèdes ... Elle avait bien remarquer l'appuie du félin sur sa patte meurtris, le mouvement léger des muscles. Elle l'avait vu uniquement car en venant vers elle, il lui avait certainement inconsciemment montré son flanc blessé. Mais s'était une piqûre de rappel nécessaire. Nuage du Firmament devait se faire plus ferme. Et pourtant, elle coucha légèrement les oreilles sur son crane, un peu de côté, comme un chaton pris en faute. Était-elle seulement capable de se montrer autoritaire. Le doute, affreux compagnon de route avait saisi son cœur, faisant ralentir son pas tendis qu'elle avais pris les devants dans l'espoir de mener Coup de Foudre au camp. Lequel était encore si loin, cruellement. Elle pouvait le sentir, où du moins se l'imaginer. Le guerrier ne voudrait la suivre si aisément, s'étais comme un songe trop doux. Oui, la vérité elle, était voisine des cauchemars. Tout les chatons le découvraient en grandissant. La mort où la disparition brutale de certains de ses camarades le lui avait appris, à elle.

Le coup de queue sur le nez refroidit les ardeurs du Bengale et lui fit rentrer le menton dans le cou un instant, les yeux plissés, les deux oreilles dans le cran.

— « --!
— « Je suis dure en affaires, tu l'as dit toi-même.
— Tch, il remua son nez puis sa mâchoire, s'assurant d'avoir une prise ferme sur l'écureuil et la souris qu'il tenait dans sa bouche. Tu es dure tout court, oui ♡ »

Ce petit intermède ne lui coûta rien et il retomba vite sur ses pattes en rattrapant l'apprentie guérisseuse pour se couler à ses côtés - le côté opposé à celui de ses plaies - venant la bousculer d'un petit coup d'épaule, pour lui rendre son coup de queue. Il la voyait se frustrer toute seule, il la voyait se questionner à son sujet, il la voyait elle-même l'observer comme s'il eut s'agit d'une proie qu'elle traquait. Mais il voyait aussi l'amusement transparaître dans ses yeux devant ses manières. C'était une bonne chose. Ça signifiait qu'elles marchaient.

— « Trois proies suffisent, et tu me dois déjà trois sorties en terres-neutres. Rentrons, tu dois faire voir ces griffures à Nuit Hivernale.
— Mmh...

Son ton avait changé. Elle s'efforçait de ne plus rire, de ne plus sourire, de couper leur connexion, curieusement, pour créer une distance professionnelle entre eux deux et son ton avait changé. Coup de Foudre pencha la tête, l'avançant devant pour étirer la longueur de ses pas jusqu'à pouvoir rouler ses épaules. Il devança la siamoise pour s'écarter d'elle et la regarder dans les yeux, quitte à se déplacer de côté en pas de chassé pour remonter la pente. La queue de la souris dans sa bouche ballottait avec celle de l'écureuil.

Ah.

Nuit Hivernale!

Elle lui rappelait Nuit Hivernale.

Elle parlait - le rythme de ses mots, plutôt, se calquait à celui de Nuit Hivernale, la guérisseuse du Clan du Tonnerre. Tous les guérisseurs n'étaient pas commodes, à la base, sans doute à cause de leur prétendu lien avec les Étoiles, mais Nuit Hivernale semblait toujours se, disons, séparer volontairement des autres. Elle n'était plus elle-même et en l'imitant, Nuage du Firmament non plus. Et par conséquent son ton avait changé. Lui-même changea le sien.

— Toi, tu ne peux pas me guérir ?

Il lança un peu comme ça, détournant les yeux pour ralentir le pas et se calquer à la vitesse de la chasseresse, vivant très bien avec la pulsion intermittente de chaleur qui lui venait de ses blessures. Il savait qu'elle débutait depuis son changement de voie, mais depuis son changement de voie, il lui avait peut-être été donné de pratiquer un peu le métier. Et qui disait pratiquer, disait nécessairement un cobaye.

Et Coup de Foudre devait s'avouer, qu'à l'instant, après avoir "joué" avec l'Étoile du Clan du Tonnerre, puis après avoir assisté à "l'élue" abattre trois proies devant lui (et d'un sans faute), laisser cette-dernière tester toutes sortes de concoctions sur lui l'émoustillait d'un curieux frisson.

Les habitudes ont la vie dure.

Nuage du Firmament souri, dure, elle ne l'était pas vraiment mais si le félin le pensait ... Elle ne voulait pas le contre-dire, sans doute parce qu'elle craignait de céder. La siamoise lança un bref regard à son camarade lorsqu'il la bouscula, levant ensuite les yeux au ciel. Il était si puéril ... Mais ça avait quelque chose de plaisant, de léger qui lui avait manquer durant les dernières lunes. Cette insouciance qu'il semblait avoir, elle l'enviait presque. Mais elle avait choisi une fois plus lourde, emplit de solitude et d'un parfum chargé, celui des remèdes. Un parfum d'étoile aussi. Elle ferma brièvement les yeux, se rappelant pourquoi elle était venu ici. Le bengale l'avait détourner de ses tourments un bref moment et finalement, elle réalisait aux côtés du félin que ce n'était pas toujours un mal. La prise du parole du charcoal la figea et elle le regarda. Elle ne pouvait pas non, elle n'avait pas de remède et pourtant. La féline soupira.

- Assis toi la deux secondes ...

Elle déposa sa souris sur le sol avec douceur avant de filer entres les arbres, elle pouvait trouver des toile d'araignées. S'était la base, la seule chose qu'elle savait avec certitude. même si elle doutait de pouvoir les appliquer correctement. L'apprentie mit un peu de temps avant d'en trouver qui lui convenait, revenant vers le guerrier, sa précieuse cargaison doucement enrouler autour de l'une de ses pattes avant, la forçant a avancer sur trois. Elle contourna le félin avant d'observer les plaie. Celle sur son flanc était la plus large. Avec lenteur, elle appliqua les toiles, parvenant tant bien que mal à couvrir le flanc du félin et le haut de sa cuisse.

- Je ... ça devrais suffire ...

Elle baissa la tête, comme pour s'excuser de ne pas savoir, où pouvoir en faire davantage. Coup de Foudre avait réussi à lui rendre cette tristesse dans le regard et sans plus le regarder, elle avança, reprendre sa proie. La tête basse, elle attendit que le guerrier soit prêt à la suivre. Nuit Hivernale aurait certainement beaucoup à redire sur la façon dont elle avait mise les toiles. A présent, la fourrure sur son échine s'était légèrement hérisser. Disparu la joie légère, son devoir avait repris le dessus et avec lui, tout les doutes accablant de Nuage du Firmament.

— « Assis-toi la deux secondes ... »

Plus aussi froide et figée, Nuage du Firmament sembla s'affaisser et s'assécher comme les feuilles en automne. Un rien l'aurait fait se détacher de sa branche, et à peine un choc l'aurait fait s'effriter en milles morceaux.

Le Bengale s'exécuta sans attendre, s'asseyant sur le rebord, le dos droit, fixant de son œil expert la novice chercher de quoi le guérir aux alentours en terrain plat. Il s'y connaissait en chasse, il s'y connaissait en combat et il s'y connaissait en discours. La guérison c'était tout ce qu'il ne connaissait pas, les bienfaits des plantes, distinguer les bonnes des mauvaises... et son apprentissage le fascinait. Si la profession de guérison n'était pas autant un gageure de Foi il aurait sans hésiter jonglé toutes ces capacités simplement pour étoffer son arsenal de connaissances.

La siamoise s'affairait à fouiller le sol et les quelques plantes sorties de la neige mais Coup de Foudre n'arrivait pas à savoir pour quoi. Il se sentait comme elle, incapable de déchiffrer le but derrière ses mouvements. Elle revint vers lui en boitant et il baissa immédiatement ses yeux sur la patte sur laquelle elle ne s'appuyait pas : il y avait quelque chose. De la... il pencha la tête, les pupilles se dilatant dans ses yeux pour se permettre un meilleur angle de vue.

De la toile d'araignée?

Nuage du Firmament le contourna, Coup de Foudre se redressa rien qu'un peu mais étira une patte pour s'asseoir sur l'autre en prenant ses aises, appréciant le spectacle. Avec la toile à sa patte (elle l'avait déroulée), elle avait recouvert la zones de ses plaies en collant les fils très près ensemble pour refermer les ouvertures qui l'ajouraient. Coup de Foudre haussa les sourcils en manifestant sa surprise sur la note d'un ronron.

— « Je ... ça devrait suffire ...

Il s'était plutôt attendu à souffrir sous le jus des plantes, ou être forcé à bouffer des baies, mais le diagnostic était ce qu'il était. Il regarda le travail de la siamoise avant de se lever.

— Vraiment? Pourtant la douleur n'est pas partie. »

Il ne s'agissait que de bandages, aucune cicatrisation n'avait vraiment été faite. Mais qu'à cela ne tienne, il décrivit un tour sur lui-même, une étincelle d'amusement le prenant aux babines, et il termina sa volte d'un petit saut sur place pour tester l'adhérence de ses coussinets au sol, et provoquer l'élancement dans sa cuisse, plissant une paupière en gloussant un rire lorsque la pulsion de la douleur remonta jusqu'au bas de son dos.

— « Ha-ha-aïe !... »

Il s'embellit aux yeux de l'apprentie, en se redressant, en baissant le dos pour le rendre le plus droit possible, et creuser sa queue en courbe pour la faire se relever au bout comme l'un de ces chats de concours.

— « Alors? De quoi j'ai l'air? ♡

Les Habitudes ont la Vie Dure.

Nuage du Firmament leva les yeux au ciel à la réplique du félin, il s'attendait à quoi, à un miracle alors qu'elle débutait tout juste ? Cela lui rappela que justement, elle débutait. elle avait neuf lunes mais pour elle, tout était reparti de zéro. Elle ne savait rien. Et ce constat là était douloureux à assimiler. Elle ferma les yeux et inspira profondément, émettant un léger ronronnement pour se rassurer. Elle devait avoir confiance, se montrer compétente, y croire. Elle rouvrit ses prunelles sur le mâle, si troublant, si plaisant aussi, même si ses plaies le rendait moins ... Elle secoua la tête, elle s'était interdit cette vie là, n'en voulait pas et même si Coup de Foudre était un guerrier qui la mettait mal à l'aise, ça n'irait pas plus loin. La siamoise eu juste le temps d'observer le manège de ce dernier d'ailleurs, étouffant un faible rire. Oui, très clairement, il avait quelque chose. Ce petit quelque chose qui ne pouvait la laisser indifférente malgré toute sa bonne volonté pour se montrer sérieuse et rigoureuse. Il l’empêchait par ses pitreries constantes de mettre cette distance professionnelle qu'elle aurait aimer placer sans mal. La chatte secoua la tête avant de répondre.

- Tu as vraiment l'air de t'être sévèrement cogner la tête dans un nid d'abeilles. Ça bourdonne pas trop, la dedans ?

Il avait sus lui redonner sa légèreté, son insouciance avec un rien. Et la siamoise ronronnait, très clairement amusé par le mâle, très clairement heureuse finalement d'apprendre à le connaître. A connaître celui dont on disait que le blizzard avait perturber l'esprit. Et si ? Non, elle préféra ne pas en parler, donnant un coup de museau sur l'épaule du félin, d'une façon faiblement affectueuse d'ailleurs. Les toiles d'araignées sont juste là pour empêcher que sa saigne tu sais, pour ne pas que tu te vide de ton sang. Nuit Hivernale viens seulement de débuter ma formation, tu verras les véritable soins avec elle. Elle souri, s'écartant en laissant glisser sa queue sur le museau du guerrier, geste simple, mi-taquin mi protecteur, oscillant entre celui d'une compagne et celui d'une reine avec son chaton. Ça avait quelque chose de rassurant, de proche et en même temps, une pointe très clair de jeu bien moins innocent, une remise en place douce et pourtant bien présente. La jeune femelle avait néanmoins de nouveau oublier le poids des obligations, pas entièrement néanmoins. Le félin allait la suivre, elle ne lui laissait plus le choix. d'ailleurs, ils avaient déjà bien avancer quand bien même il restait du chemin à faire avant de rentrer au camp.

Toutes ces petites résistances le faisait bourdonner. Que l'apprentie-guérisseuse, élue des étoile, chasseresse de surcroît, ne soit incapable de s'empêcher de sourire à ses petites blagues lui prouvait bien qu'elle n'était pas aussi froide que l'était Nuit Hivernale. Et qui disait chaleur disait récéptivité, et qui disait récéptivité,...

— Tu as vraiment l'air de t'être sévèrement cogné la tête dans un nid d'abeilles. Ça bourdonne pas trop, la dedans?
— Ha hah hah! Il se redressa et recourba sa queue vers lui, regardant ailleurs, posant une patte dans un tas de neige séparé du reste.   Pas depuis le Blizzard. ~ »

Elle ne sembla pas l'entendre, ni de voir qu'il n'y avait réellement rien derrière cette façade de joli-chaton, initiant plutôt un contact sur son épaule du bout de son museau. Le Bengale s'en ravit et se colla à elle en riant, s'écartant d'un autre mouvement en abaissant sa tête pour lui jeter un petit regard par en dessous agissant comme s'ils étaient complices de longue date. Et ça semblait marcher car elle ne lui avait toujours pas dit de se calmer ou d'arrêter - ou peut-être trouvait-elle futile de tenter de stopper la Foudre de frapper.

— « Les toiles d'araignées sont juste là pour empêcher que ça saigne tu sais, pour ne pas que tu te vides de ton sang. Nuit Hivernale vient seulement de débuter ma formation, tu verras les véritables soins avec elle.
— Ahh,   je vois, je vois.

Elle le devança pour mener la marche, il la laissa faire, reculant un peu le nez lorsqu'elle vint le taquiner du bout de sa queue. S'il avait eu moins de retenue il lui aurait mordue, mais il se doutait que ce genre de blessure spontanée ne la ferait pas autant rire que lui. Quant au reste, il comprenait mieux maintenant pourquoi il entendait plutôt parler de ses prouesses de chasseuse et non pas celles de sa nouvelle voie.

— Dis ce que tu veux, moi, je trouve ça très tendance! »

Il la suivit en balançant sa croupe, fixant par-dessus son épaule le côté où son flanc et sa cuisse étaient blessés, faisant brinquebaler les bandages, comme sa queue. En moins d'un quadrant il avait vu la chasseresse de légende abattre trois proies sous ses yeux, avait réussi à lui soutirer trois sorties - une pour chaque proie - et il était maintenant escorté à la tanière de la guérisseuse sans avoir à y être traîné de force. All in all, une partie bien jouée.

Les Habitudes ont la Vie Dure.

Coup de Foudre semblait comprendre, en tout cas, s'était ce qu'il lui disait mais Nuage du Firmament en doutait. Le guerrier avait une cervelle de chaton, de la chance qu'il ne se mette pas à manger des graines où ... Elle se mit à rire toute seule, imaginant le félin avec une tête de souris, un bref instant seulement. Elle le regarda la suivre et ne put s'empêcher de pouffer. Il était beau, il avait ce quelque chose qui le rendait beau. pas de cicatrice, pas de moustaches à la forme étrange. Oui, il n'avait pas ce petit quelque chose qui peut parfois rebuter les autres. Enfin, il n'était pas le seul beau mâle du clan, fort heureusement. Raton-Laveur avait sa petite particularité et à bien y réfléchir, la siamoise comprenait même pourquoi Feuille Urticante avait finalement opter pour son oncle. Non, ce qui différencier principalement Coup de Foudre, s'était cet esprit de chaton, jeune, curieux, insouciant. Elle en venait presque à se demander s'il n'avait pas justement était sevré bien trop tôt par sa mère. Mais jamais elle n'aurait eu l'audace de le dire à haute voix. Ses choses là étaient tabou. La siamoise ralentis un peu le pas afin qu'ils marchent côte à côte.

- J'ai presque hâte de voir ta tête quand Nuit Hivernale soignera tout ça. Rira bien qui rira le dernier dit on ...

Oui, elle était curieuse de savoir si le mâle se comporterait en guerrier, souffrant en silence où en chaton terrifier. Elle ne parvenait à le cerner et autant ça pouvait l’agacer, autant elle appréciait cela. Il était différent, rafraîchissant en quelques sortes. Sa souris toujours en gueule, elle le poussa légèrement avant de prendre de l'avance. Lui tenait deux proies, elle une seule mais cela ne l'empêchait pas de vouloir le taquiner.

- J'ai hâte d'aller annoncer au clan qu'un écureuil t'as fait autant de plaies. Certes, elle n'en dirait rien mais elle voulait que ce soit lui qui soit un peu mal à l'aise, inversé les rôles, même rien qu'un instant. Et elle s'attendait clairement à ce qu'il lui coure après pour l'empêcher de présenter ainsi les choses.

Alors que Nuage du Firmament s'occupait l'esprit en tournant et retournant son cas sous toutes ses coutures, Coup de Foudre leva plutôt le nez lorsqu'ils retrouvèrent le couvert des arbres. L'opportunité de lui fausser compagnie en s'agrippant au tronc pour monter sur les branches le prit comme un réflexe, envoyant une pulsion dans le muscle de sa cuisse griffée. Il le retin, il se retint - autant il avait déjà envie d'aller voir ailleurs, autant - et Nuage du Firmament ralentit pour se mettre côte-à-côte - il avait envie de passer du temps avec cette petite siamoise.

— « J'ai presque hâte de voir ta tête quand Nuit Hivernale soignera tout ça. Rira bien qui rira le dernier dit-on ...

Ravi de voir qu'elle avait un sens de l'humour! C'était une curieuse créature, celle-là : elle assurait à la chasse et avait confiance en ses capacités, mais elle tentait de se refroidir lorsqu'il était question de soucis de guérison. Et elle semblait triste, curieusement. Elle se calquait à sa bonne humeur comme lui se calquait à son rythme de marche.

— Ohh, oui... Coup de Foudre eut un petit gloussement, puis prit cet air rêveur.  Je n'attend que ça. »

Leur curiosité se rejoint : elle de voir sa réaction au traitement impitoyable (?) que lui ferait subir Nuit Hivernal, lui de voir la limite de ses propres résistances, d'apprendre à distinguer tout ces types de douleurs différentes qui suscitaient à son corps toutes sortes de réactions différentes. Il aurait préféré jouer les cobayes d'une apprentie, que sa vie soit entre ses pattes, de la voir peu à peu perdre son souffle à la pression qu'une seule manœuvre de travers lui coûterait la vie, mais il n'était pas contre se retrouver entre les pattes d'un professionnelle non plus.

Et Nuage du Firmament le relança, le poussant de l'épaule comme il l'avait fait avant elle, s'adaptant à sa tacticité. C'est qu'il ronronnait maintenant.

— « J'ai hâte d'aller annoncer au clan qu'un écureuil t'as fait autant de plaies.
— -- Hah !!

Ses yeux jaunes brillèrent, il leva haute sa tête et ses deux trophées en l'air en devançant la siamoise d'un trot serré, ondulant de la queue pour lui taquiner le nez.

— Tu as tort de les sous-estimer tu sais, tu aurais du le voir !   Cet écureuil était gigantesque - le caïd de la bande !

Brusquement il bondit pour se pivoter d'un seul coup, la croupe en l'air, les oreilles dans le cran et les pupilles énormes dues à l'instinct de la chasse. Ses dents perçaient et la souris et l'écureuil dans sa bouche, puisque les commissures de ses babines tentaient de se crisper en sourire:

Il m'a sauté dessus ! Je n'avais aucune chance, il m'a jeté à terre (et le récit s'embruma avec ses souvenirs) de toutes ses forces, et c'est là que je l'ai vu sortir les griffes.

Son ronron était plus fort, il avait reprit la marche, l'air ailleurs, la cadence lente mais en étirant ses pas pour bien faire rouler ses épaules.

— Ses griffes... Il secoua doucement sa tête, se régalant dans ce genre de récits qui lui rappelaient son enfance, du temps où Petit Tonnerre les racontait avec lui. Elles m'ont déchiré le corps, mais juste d'un côté, (et il s'approcha de Nuage de Firmament pour lui confier) il tenait à m'avertir. Si je retournais chasser dans son coin de la forêt, il enverrait toute sa bande.

Il brodait au fur et à mesure:

— Mais bien sûr je ne l'ai pas écouté! En reprenant le trot, il décrivit un cercle devant la siamoise pour s'avancer à reculons, histoire de lui faire face, mais sans se détourner d'où ils allaient. Je l'ai repoussé, j'ai bondi, j'ai frappé son bras-droit et je l'ai tué - d'un seul coup de crocs, à la nuque. »

Il acheva sa chorégraphie en retournant à ses côtés, se dandinant avec ses deux trophées en bouche - l'un d'eux une preuve de sa bravoure contre le Caïd des Écureuils.