Deux doux dingues [LP] (avec Brise Argentée) - END

Spoiler:

Le gris, du moins Nacré parce que les deux frères sont très ressemblants l’un à l’autre, passe derrière moi. Encore ? Quelle originalité. Et il attrape ma queue et la mordille. Très bien. Je réagis en vitesse. Je me retourne en vitesse et saute au cou du matou. Combat en duo ? Tant pis. J’étais prête à faire une folie. Je tente de le mettre de nouveau à terre.

« Oh mon pauvre chéri, on dirait que je t’occupe trop l’esprit. »

L’esprit ailleurs occupé par l’âme maligne du printemps. Réussissant à le mettre à terre, je sors mes crocs et fonds sur sa gorge. Camez-vous ! Ce n’est qu’un entrainement, alors je fais semblant bien sûr. Ils ne font qu’effleurer son pelage et sa douce peau en dessous. Heureusement pour lui que je suis une alliée et non une des machins de la Luna là. Ceux-là l’auraient tué sur le champ. Au lieu de mordre, comme l’aurait fait un ennemi – entre nous, je n’aurais jamais fais ça, avoir du sang sur ce si beau pelage ? Quel gâchis se serait, ça me vaudrait un bon traumatisme aussi – je lui lèche le cou et lui chuchote à l’oreille.

« Si nous étions ennemis, je t’aurais mordu là mon chou. »

Mon regard change d’un seul coup, lorsque mes yeux captent un mouvement volatile sur ma droite. Ailes fines, couleurs printanières, mouvements gracieux et… hideux. Merde. Je lâche le gris, le poil gonflé, les crocs dehors crachant sur la bête. Je reculais en douceur, évitant les mouvements brusque. En voyant cette chose, les images de l’accident me revenaient, la raison pour laquelle je suis sortie du camp. Ce petit papillon bleu posé sur la route, vite remplacé par le cadavre de ma mère avec sur son corps, le même petit animal bleuté. On pourrait dire que je crachais sur un ennemi dangereux pour le clan, mais en vérité je tremblais face à ce papillon qui m’envoyait l’image de la Mort. Je le fixais du regard tout en continuant ma marche arrière. J’ignorais tout autour de moi, le laissant au centre de mon champ de vision. Vil insecte volant la vie.

Et rien d’autre ne comptait. Je tentais de résister à la peur qui me prenait les trippes, qui me provoquait des tremblements furieux. Mais impossible, elle était là, sous mes yeux, encore une fois. Je reculais encore, prête à m’enfuir, oubliant les autres. Mon frère devait rire, se moquer de mon comportement mais il ne savait pas. Il ne savait pas à quel point je me sentais coupable, à quel point la mort de notre mère me hantait.

Mouvement rapide. Je crache sans comprendre en me baissant plus, m’apprêtant à partir. Ce n’était rien que Crocs Nacrés qui faisait fuir la Mort. Mes oreilles se redressent. Je regarde le guerrier sans comprendre. M’aidait-il ? Je laisse mon corps se calmer un instant. Mon poil redescend, mes yeux redeviennent normaux. En effet Guépard et Ciel se marraient.

« Allez... dégagez... laissez-nous tranquilles. »

Pourquoi me défendre ? Je n’ai rien fais qui méritait une telle attention. Le frère de Nacrés s’est arrêté suite au grondement, mais le mien lui, continuait à me fixer, le regard moqueur, provocateur.

« Tu prends exemple sur moi avec ton regard ? Bravo, j’te félicite tu maitrise. »

Je me suis approchée de lui l’air mauvais, méchant. Juste un mot et je te fais ravaler ta fierté.

« On a peur du petit pap-… »

Il n’a même pas eu le temps de finir sa phrase que ma patte se leva toute seule pour lui foutre une bonne claque. Blessé dans son égo, mais ne voulant pas perdre plus de temps, il s’en va, l’air furibond. Satisfaite, je m’éloigne un peu et retourne auprès de Crocs Nacrés. Il semblait avoir honte à ma place. Il n’empêche qu’il m’a aidé alors que je n’ai pas forcément été agréable avec lui. Peut-être pourrai-je lui laisser une chance. Je pourrais même ne pas lui faire du mal. Je m’approche du guerrier, le regard doux et sincère et me blotti contre lui. Il a fait ce que personne n’aurait fait pour moi. Me comprendre et chasser la Mort de mes yeux, c’était un acte important. Même ma famille n’aurait pas fait ça pour moi.

« Je t’accorde l’après-midi Nacrés. Merci de m’avoir aidé. »

Je lui accordais même un ronronnement ! Aussi faible soit-il, il s’entendait ou du moins se sentait. Ainsi, je restais contre Crocs Nacrés. Ne pensez pas que je suis amoureuse, mais disons qu’il marquait un point. Espérons à présent qu’il n’en perde pas.