Sinon y a le renard ♥ [PV Coup de Foudre] - end

— Qui t’as dit que j’irais à l’aveugle ? On ne t’a pas appris à observer ton environnement avant d’agir ? »

Encore une question vide de sens. Que croyait-il qu'il était en train de faire à ce moment-même? Il observait son environnement (ici Graine de Tournesol) avant d'agir.

— « M’enfin, grommela l'autre, j’imagine que si ton mentor a travaillé ton sens de l’observation comme il a travaillé ton respect, il n’a pas dût t’apprendre grand-chose.

Le Bengal répondit d'un léger rire - qui d'entre les deux était sensé être l'aîné, ici?

— Le respect s'obtient, Mistigris. Tu n'as rien fait encore pour l'obtenir. Et puis un rebond de la tête, et Coup de Foudre fit briller l'émail de ses dents sur un sourire cuspide et carnassier : "M'enfin", je prends bonne note de ce que tu as dit sur Renouveau Printanier, j'ai très hâte de lui dire ce que tu penses de lui ♡ »

De quoi se pensait-il le Roi? Il avait beau faire ce qui lui plaisait, ce qui lui plaisait venait avec quelque conséquence, surtout en se donnant à une joute de mots avec Monsieur Rumeur sur sa branche - ou, comme l'avait si bien appelé Vipère Audacieuse, "Maître Chanteur". Dernier mot ou pas, Mistigris se mit en chasse en portant son nez en l'air pour renifler, tâchant de se passer de toute information qu'il aurait pu lui donner. En fait, Coup de Foudre trouva curieux de le voir aller : oui Mistigris avait sa grande gueule et son comportement (et son audace!) mais il semblait aussi doté d'un quelconque éclat de débrouillardise qui lui piqua l'intérêt.

Il ne quittait plus des yeux l'ex-domestique qui s'avançait prudemment au sol, et bien vite il le vit s’agripper à l'écorce d'un chêne pour grimper vers ses branches. Coup de Foudre se leva de la sienne et se mit aussitôt en mouvement, et alors quand Mistigris se stabilisa enfin sur sa branche pour tourner sa tête dans la direction où il l'avait vu pour la dernière fois, « Prends-en de la graine, tu verras comment je me débrouille face à un ennemi inconnu », Coup de Foudre en était déjà à bondir sur la même branche (elle remua), les yeux illuminés par l'excitation du jeu.

En ronronnant, tordant le sens de ses mots:

— « En prendre de la Graine? Ce genre d'images va finir par me distraire ~

Le Bengal lui envoya un coup au flanc de sa longue queue marbrée ainsi qu'un sourire suggestif, puis se concentra sur le contre-bas et lança un regard au delà des buissons pour ne rien manquer de ce qui allait bientôt se passer.

Allez, montre-moi. »

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— Le respect s'obtient, Mistigris. Tu n'as rien fait encore pour l'obtenir. "M'enfin", je prends bonne note de ce que tu as dit sur Renouveau Printanier, j'ai très hâte de lui dire ce que tu penses de lui ♡ »

Je perds assez peu mon sang-froid, mais lui, il est en train de réussir un exploit hors du commun. S'il continue, je vais lui sauter au visage. Nouveau claquement de langue, tiquement d'oreille, remuage de queue dont le bout d'agiter fortement. C'est mauvais. Je dois me calmer. Sinon, je ne pourrais pas battre efficacement le renard. Je souffle un coup du museau, pour me calmer, et je commence à m'avancer sur les branches, surveillant le contrebas, la gueule entrouverte guettant la moindre odeur de chien terreux.

- Prends-en de la graine, tu verras comment je me débrouille face à un ennemi inconnu.
— « En prendre de la Graine? Ce genre d'images va finir par me distraire ~

Répondit-il en me mettant un coup de queue dans le flanc avant de me demander une démonstration. Non mais regardez-moi ça, ça voit un vrai mâle et ça ne retiens plus ses hormones, hin hin. Je ricane doucement. Tu joue à un jeu dangereux, je suis gagnant sur tous les fronts, mon grand. Surtout si je me laisse prendre au jeu. C'est pourquoi je tourne à nouveau ma tête vers le Bengal, lui rendant son sourire suggestif.

- Peut-être, si tu es sage...

Quoi ? Vous connaissez la différence entre un chat mâle et un chat femelle ? Le sexe. Mais pour l'instant l'heure n'est pas à ça. Je continues mon chemin, de branche en branche, quoi qu'un peu lent, je n'ai pas réellement l'habitude de cette manoeuvre et j'avoue, que je me sens un peu gêné. Je ne pourrais pas bouger comme il faut avec toutes ces branches. Boarf, j'aviserais le moment venu.

Puis soudain, je m'arrête brusquement, les oreilles en avant, la gueule toujours entrouverte. J'ai l'impression que l'odeur est plus forte, non ?

Il y avait peu de différence entre un chat mâle ou femelle, ou à tout le moins Coup de Foudre se fichait de la différence de leur tuyauterie. C'est leurs réactions qui l'intéressait et la réaction de l'ex-domestique à son invitation eut don de le surprendre.

Au lieu de le repousser, frissonner de dégoût, se frustrer ou hausser le ton ou au contraire se faire plus petit devant lui, la réaction de Mistigris se fit aussi éhontée qu'immédiate. Il lui renvoya son sourire, se détournant de sa traque au renard pour jeter un œil au bengal.

« Peut-être, si tu es sage... »

Et le Bengal s'entendit ronronner plus fort, se sentit onduler sa queue plus lentement encore et voilà que les images que lui peignaient ce satané Mistigris s'étaient faites plus vives dans son esprit. L'autre se laissa tomber sur une branche plus loin, plus basse, tandis que celui qui l'accompagnait, derrière, se pourléchait les babines en s'accroupissant sur la sienne.

« Moi qui avait envie de casser ta branche... ~ »

Il bondit à sa suite, en gardant un écart entre les deux histoire de mesurer la distance qu'il y aurait entre lui et les premières loges du combat et voilà, Mistigris s'était immobilisé et lui aussi, et un ondoiement en contrebas attira l’œil expert du bengal qui le reconnut.

Ni vraiment un chien, vu les pupilles de l'animal, mais ni vraiment un chat, vu le port de sa tête étriquée, la bête sortit d'un buisson en trottinant et en reniflant par terre. Son puissant musc se dégagea dans l'air et Coup de Foudre y réagit à peine plus qu'en plissant les paupières, sursautant des moustaches en flashant à l'ex-domestique un sourire pour le provoquer à agir.

Le renard se secoua, pivota brusquement une oreille noire vers l'arrière et la rousseur de sa fourrure brinquebala avec le mouvement qu'il fit pour se tourner, avisant les deux qui l'épiaient dans les arbres. Il coucha les oreilles et bien vite scanna les lieux à la recherche d'une dénivellation ou d'une plateforme qui lui permettrait de sauter pour les atteindre-- et à ce moment le bengal avait déjà sauté de sa branche pour se hâter vers le tronc de l'arbre et monter plus haut encore car la bête s'arrachait du sol dans un prodigieux bond à la verticale, ouvrant grande sa gueule pour happer la branche de Graine de Tournesol.

Bouge de là! Lui aurait hélé n'importe quel chat sensé, mais Coup de Foudre était sage, en hauteur, regardant le domestique faire face pour une toute première fois à ce prédateur de la forêt.

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Coup de Foudre murmure vaguement un truc à mon attention, je crois, non ? Pas très grave. Bref, je me concentre sur l’odeur de renard. Je ne rêve pas, elle est plus forte. Là ! Là ! Je l’ai vu ! Ce mouvement dans les fourrés ! Cette fourrure rousse ! Ainsi, c’est ça un renard. Je suis tapis sur ma branche à observer le carnivore, de profil, on dirait un chien, un museau plutôt allongé, un profil assez canin, mais on dirait aussi un chat, à sa taille, à ses yeux, à ses vibrisses aussi un peu. Si, si, à ses vibrisses. Je suis concentré dans ma contemplation et mon étude du renard, ce qui me fait revenir à la réalité, c’est quand je vois sa gueule grande ouverte se rapprocher. Je me redresse, en équilibre sur mes pattes arrière, quand sa mâchoire vient claquer pile entre mes pattes dans la branche.

Qui se brise, évidemment, et me fais chuter de plusieurs mètres. Mais un chat retombe toujours sur ses pattes. Et moi pareil, hey oh, je suis un Roi, même si, je ne cache pas qu’un frisson de douleur m’engourdit quelques secondes. J’ai eût un peu mal aux articulations. Et ça me paralyse, me permettant d’esquiver de justesse la mâchoire du renard claquant près de mon oreille. Pouahlala, qu’elle odeur ! C’est bien un canidé, ça !

J’esquive un geste de la patte pour le griffer, mais il est agile, le bougre et m’esquive rapidement. Je me décale d’entre ses pattes et je me positionne perpendiculairement à sa position. Il est long, plus grand que moi, plus sauvage aussi. Hum, je ne pense pas l’avoir à la loyale. Comment s’en débarrasser ?

Un klaxon retentit vaguement au loin et un sourire carnassier s’étend sur mon visage. La voilà, ma solution ! Regarde-moi bien, Maître Volatile. Laisse les grands te montrer comme se débarrasser d’un prédateur en bonne et due forme. Fouettant la truffe du renard du bout de la queue, je lui tourne le dos et je me mets à courir aussi vite que je peux. Direction : le Chemin du Tonnerre.

La branche avait cassé et le renard retombait sur ses pattes arrières amortir le choc de sa chute avant de se rétablir sur ses quatre, se campant à terre en crachant les lambeaux d'écorce qui lui avaient collé aux dents. Mistigris retomba aussi sur ses pattes mais un instant d'inattention permit au renard de propulser sa tête d'une détente du cou pour fermer d'un clap ses dents sur son oreille - il le manqua d'un cheveu.

Coup de Foudre poussa un sifflement d'admiration entrecoupé par un rire, sans se gêner de révéler au Mistrigris toute l'étendue de son insouciance:

— « WHoo-hoo hooo !! OOooh, il remua les épaules, à l'abri dans les hauteurs, c'était moins une, ha-ha!! »

Et ses pupilles se rétrécirent en fentes pour avaler le plus de lumière autour et bien dégager les ombres de la scène, histoire de mettre le focus sur le domexstique et plus rien d'autre. Il verrait tout - ses tics, ses sursauts, son bodylanguage son « --Oh !! »

Un coup de patte, qui avait fait se frôler les griffes sur le nez de l'animal. « Oh hoh hoh! » Mais le renard était rapide et chacun esquivait les coups de l'autre, marqués par les bruissements des feuilles et les basses volées de mottes de neige qu'ils soulevaient en boxant. L'ombre de Coup de Foudre se mêlait à celle des arbres dénudés, se déplaçant avec aise sur les branches en penchant sa tête, en l'inclinant et en agitant sa queue et en ricanant, définitivement piqué par le jeu qui se jouait en contrebas.

C'était beaucoup mieux d'être un spectateur actif que d'en être un passif! Il aurait du encourager le chaton qui avait été tué! Peut-être qu'elle vivrait encore.

Passons : le cri d'un Monstre du Tonnerre résonna en distance à travers les arbres, piquant subitement son gladiateur d'une idée. Une idée que le bengal ne comprit pas tout de suite, sentant un sourire prendre ses babines en mimétisme à celui de Graine de Tournesol. Ce-dernier fit volte-face avant de s'empresser de détaler, son initiative surprenant le renard.

« Ha _ha hah !! »

Coup de Foudre fila à sa suite, sautant de branches en branches, veillant à suivre et le poursuivi et le poursuivant qui s'était d'ailleurs remit de sa stupeur pour filer à la suite de sa proie. Il grondait et sa queue claqua de tout son long, s'en servant comme d'un gouvernail en zigzaguant.

— « O.k. - et maintenant ??? ♡ »

Le renard changea d'antérieur, son quatre-quatre s'allongeant d'un deux-trois qui lui firent claquer les coussinets au sol en prenant de la vitesse, s'y arrachant dans un bond à l’horizontal par-dessus une souche du chablis qui marquait l'orée de la forêt. Pour ce qui est de Coup de Foudre, les branches des arbres se distanceraient bientôt beaucoup trop pour lui permettre de le suivre, le dégagé du chemin du Tonnerre se trouvant juste de l'autre côté.

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Je continue de courir en ligne droite en direction du chemin du Tonnerre. Je sens au bruit des dents qui claquent qu’il est tout prêt, il me suit. Mais je ne peux pas me retourner, le moindre faux pas et c’est la mort assurée. Je n’ai pas l’air, mais je suis très concentré sur ma course et pour sauter pardessus un truc bien trop gros pour moi, je prends appuis sur une branche à portée, encore accroché à son arbre, mais qui cède sous mon poids. J’ai eût le temps de sauter, heureusement.

Je poursuis ma route, sauf que le renard semble avoir été retardé par le tronc. Je n’entends plus ses dents, je ne sens plus son souffle sur ma queue, alors, courant toujours, je me permets un coup d’œil en arrière. Le renard n’est plus à mes trousses. Il semble même avoir abandonné, me regardant avec une grande hésitation assis sur son tronc. Eh bien, c’est pas grave. Je vais l’aider à reprendre, moi.

Je fais quelques pas boiteux, je me couche presque au sol avant de pousser un miaulement déchirant de chat souffrant. Une de ses oreilles tique et il se redresse, toujours hésitant. Je me roule sur le dos et repousse un autre miaulement suppliant encore plus puissant que le précédent. La réaction du prédateur ne se fait pas attendre. Il retourne à ma poursuite et il ne me faut qu’une demi-seconde pour me remettre à courir le canidé à mes trousses. Sauf que cette fis, je peux garder une distance de sécurité non négligeable avec le renard. J’entends ses crocs claquer mais ses dents sont loin de ma queue.

La route est proche, très proche, je la sens pour que le prédateur soit concentré uniquement sur moi, je ralentis l’allure. Mon plan fonctionne, le renard est fin fou et s’excite de plus en plus sur moi. Il est même pas loin de m’attraper la queue, mais je me mets à botter, tel un cheval, pour lui griffer le menton. Puis, le bitume est là, bien noir et avec lui, un camion. Parfait. Je ne prends pas la peine de tourner juste avant, je m’engage sur la chaussée, sans crainte et je m’arrête sur la route, juste devant le camion. J’ai pile le temps de me baisser, que je me retrouve entre ses pattes. Le renard, par contre, il a moins de chance. Il allait me sauter dessus, en fait, il était à deux doigts de mon cou, sauf que le camion l’a éliminé avant. Bien sur, je me suis mis aux premières loges.

Je ronronne de satisfaction de voir le corps du renard. Ça t’apprendra à t’en prendre à un chaton. Je quitte la route pour retrouver la sécurité de la forêt lorsque je sens toujours le renard. J’observe mes pattes et là, l’horreur me frappe. Du sang de renard partout. Ah non, c’est dégueulasse ça ! Même crever proprement ça sait pas faire ! Ces canidés j’vous jure ! Hyper dégueulasse ces choses-là ! Je me tourne vers Coup de Foudre sur sa branche.

- Hey, l’oiseau ! J’ai du sang sur le visage ? Oui ? Alors descends de ta branche, et accompagne-moi à la rivière. Hors de question de me lécher pour enlever ça !

Quoique… Si je retourne chez mes esclaves, ils m’offriraient un bon bain bien chaud… ça ferait pas de mal par cette saison…

Un bond, un autre, encore un, il s'avançait plus vite que Mistigris au sol puisqu'il le surplombait d'en haut, mais bientôt il atteignit le bout, se tournant juste assez pour voir que la folle chasse-poursuite s'était ... stoppée. Le renard s'était assit sur un autre tronc du chablis, Mistigris se freina dans sa course pour le dévisager en avant et Coup de Foudre retint un gloussement en assistant à la scène qui se développait juste en dessous. Le renard avait fini de calculer l'effort/gains à pourchasser le chat et le nargua d'un long bâillement, ponctué par la note d'un gémissement en toute fin. Il était arrivé à la conclusion que c'était en vain.

Mais son gladiateur n'avait pas dit son dernier mot.

Mistigris revint à la charge sur quelques pas en changeant de stratégie, et il se mit à se traîner une patte arrière pour imiter une marche titubante - Coup de Foudre arrondit aussitôt ses yeux lorsqu'un miaulement de détresse et de langueur déchira le silence de la forêt. Il jeta vite un coup d’œil derrière puis fixa le renard qui avait eu le même sursaut, tendant ses pattes et raidissant le dos en se demandant s'il fallait courir à nouveau. Mistigris l'acheva : il déchira le silence d'un deuxième miaulement, comme suppliant, en s'écrasant dans le plancher de neige et en se roulant sur le dos et Coup de Foudre comprit.

Le renard aussi, son sursaut se fit en un ressort et le voilà remis sur pattes pour tenter de fondre sur sa proie - mais Mistigris avait prévu le coup et s'était poussé sur ses antérieurs pour ensuite se propulser dans la poudreuse de ses postérieurs. La chasse était lancée! Coup de Foudre suivit un et l'autre de la tête lorsqu'ils passèrent sous sa branche, puis il la redressa en regardant leur poursuite continuer au travers des fourrés et vers le chemin du Tonnerre. Le bengal ne descendit de sa branche que lorsque le canidé, obsédé, put raser des dents la queue toute-grise de Mistrigris. Il profita de ce moment d'inattention pour galoper vers l'arbre à côté du Chemin du Tonnerre, l'escaladant au même moment où les deux adversaires le foulèrent enfin. Coup de Foudre recula légèrement la tête en voyant que l'audace de Graine de Tournesol l'avait mené à se planter presqu'au beau milieu du chemin, attendant le monstre, au loin, qui arrivait à toute vitesse - comme le renard d'ailleurs qui n'était plus qu'à deux doigts de lui sauter dessus.

Bien qu'il eut envie de se jeter en bas de sa branche, il se retint et s'assied et le Monstre tonitruant déferla sur le chemin comme un fou-furieux avant de percuter la bête (on l'entendit glapir) et laisser une traînée de nuages noirs sur son passage. Le monstre était parti, la scène était masquée par le bitume et Coup de Foudre penchait la tête d'un côté comme de l'autre en piaffant sur sa branche, scannant des yeux l'endroit où il avait vu le domestique disparaître. Était-il...?

Les nuages se dissipèrent, et il le vit : complètement indemne, il s'était relevé de sa position de miraculé, tournant ses yeux vers le renard désarticulé qui n'avait pas eu sa chance (ou son ingéniosité).

Comme frappé par un Monstre de réalisation, Coup de Foudre sentit un sourire prendre ses lèvres, sur un petit rire, le réchauffant d'une bonne humeur comme il en vivait rarement au point de le décrocher de sa branche d'un superbe saut à la verticale dans lequel il donna un coup de croupe et fit décrire à sa queue un tour complet.

« WHOOO !!! ❤ »

Le renard était mort, et le calcul effort/gain avait valu bien plus que la chandelle, plusieurs chandelles, même, si seulement il avait su ce qu'était une chandelle. En contre-bas, en distance, le gladiateur victorieux revenait sur ses pas en trottinant, la tête haute - la tête haute pour le repérer sur sa branche. Le pauvre Mistigris, l'impact du Monstre sur le renard avait été si violent que son sang avait giclé sur lui et s'était collé à son poil - et lorsqu'il s'en rendit compte, et en fit toute une histoire avec ses petits airs dégoûtés, Coup de Foudre éclata de rire.

— « Hey l'oiseau! » L'oiseau lui rendit son sourire en gloussant. J'ai du sang sur le visage ? Oui ? Alors descend de ta branche, et accompagne-moi à la Rivière. Hors de question de me lécher pour enlever ça ! »

Coup de Foudre rit plus fort encore, avant de doucement secouer sa tête, taire ses dernières esclaffées et se décrocher de la sécurité des hauteurs pour se poser sans mal dans la neige, décrivant un autre cercle de sa queue, trottinant fier comme un paon à la rencontre de son gladiateur. Ce-dernier faisait dos à un filet de poudreuse qui se souleva à un souffle du vent.

— « Quel dommage,   lui répondit le charcoal une fois arrivé à sa hauteur. Et en allongeant sa patte, il se coula tout près de lui pour ensuite l'arrêter de l'autre, sur son poitrail, poussant légèrement dessus pour l'aider à s'asseoir. C'est pourtant ma spécialité... »

Coup de Foudre chercha à croiser dans son regard un moindre signe d'approbation, en inclinant légèrement sa tête vers le bas pour lui faire voir son petit air espiègle. Après quoi il ferma les paupières et alla laper d'une série de petits coups de langue la joue du guerrier tout-gris en guettant sa réaction. D'ailleurs, puisque le renard était mort, son terrier serait vide maintenant, ce qui signifiait qu'ils venaient de se trouver un nouvel endroit où dormir - ou pour Coup de Foudre, où coucher, pour ne pas déranger les autres guerriers...

Et il avait été sage ♡

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Un ricanement me parvient. Le ricanement d’un oiseau. Je lui lance un regard coin. Alors ? Surpris ? Je joue un peu des sourcils avant de m’écarte de la route. Ce serait con de me faire happer par une voiture. Le jeune mâle bengale viens me rejoindre, semblant déçu que je veuille me laver à la rivière, ce qui m’arrache un sourire carnassier.

— « Quel dommage, c'est pourtant ma spécialité... »
- Oh, je n’en doute pas. Mais je préfère vérifier par moi-même avant…

Le jeune mâle s’approche de moi et me force à m’asseoir avant de venir me lécher la joue pour enlever le sang de renard. C’est pas désagréable avec la langue râpeuse de Coup de Foudre, mais on ne sait pas où a traîné la chose, alors au bout de quelques coups de langue, je secoue des épaules pour dégager le jeune mâle.

- Lèche pas ça, tu sais pas où ça a traîné. Tu voudrais pas choper la rage à cause d’une renard quand même…

Je le guide jusqu’à la rivière et je n’hésite pas un instant à piquer une tête voire disparaître sous l’eau, laissant derrière moi une légère traînée rouge sang. Bon, l’eau est froide, donc je ne vais pas rester hyper longtemps ou je risque d’attraper un rhume, ça serait con pour un roi comme moi qui n’est jamais tombé malade. Une fois bien rincé, je remonte sur la rive et je m’ébroue longuement. Puis, j’entreprends une toilette histoire de me réchauffer. Puis je jette un coup d’œil à mon camarade avant de l’inviter d’un geste de la queue.

— « Lèche pas ça, tu sais pas où ça a traîné.
— Ha hah, c'est ma langue, non ?

La secousse dans les épaules de Mistigris le fit toutefois reculer, et terminer son coup de langue sur ses propres babines qu'il se pourlécha. Le bengal s'ébroua ensuite de la tête à toute la longueur de son dos jusqu'à sa queue qui se prolongeait derrière, l'ondulant tout au bout dans un geste de régal, comme quoi les évènements d'aujourd'hui avaient été pour le moins enrichissants, avec Mistigris.

— Tu voudrais pas choper la rage à cause d’un renard quand même…
— La "rage"? Qu'est-ce que c'est ? »

Le pas léger, Coup de Foudre suivit son comparse jusqu'à la tranchée de la Rivière et s'assied au bord pour regarder la suite du spectacle, dans lequel son fier gladiateur plongea toute sa tête dans les crus glacées de l'Hiver.

« Whoa! »

Cette spontanéité lui arracha un autre rire, surtout après que la tête du domexstique émergea, son poil se collant vers le bas, alourdi par l'eau. D'ailleurs, la température de l'eau, jointe au courant plus fort dans cette zone près du chemin du Tonnerre, décrassa aisément le poil tout-gris de Mistigris de toute trace de sang qui s'y était collée - comme quoi un autre éclair de génie de la part de ce-dernier venait de souligner son ingéniosité.

Le pauvre néanmoins grelottait, et son spectateur du haut de la berge n'en finissait plus d'étouffer ses esclaffées et les moqueries qui lui remontaient au nez. Il alla le rejoindre une fois l'invitation donnée en fonçant son front contre son flanc, remontant d'une poussée tout à rebrousse-poil jusqu'à son épaule, où il inclina la tête pour s'y frotter la joue et espérer le réchauffer de la friction.

— « Décidément, tu es plein de surprises, haha!! ♡ Je n'avais encore jamais vu du regret dans les yeux d'un renard !    Bon, il n'a pas duré longtemps mais...

Il tourna sa tête, sans cesser de marcher, pour regarder la dépouillé désarticulée de la bête qui était étalée sur plusieurs longueurs de queue merci à la force du camion. Un frisson secoua le bengal qui abaissa ses oreilles et sourit à demi, et il se repointa vers l'avant, à petits sauts, la queue très haute au-dessus de sa croupe.

— Si ce n'avait été que de moi, je l'aurais librement laissé courir dans la forêt sans trop m'en faire. Il haussa les épaules. Laisser tout le monde sur le qui-vive un peu, motiver les braves et les écervelés à l'affronter. »

Ses yeux rieurs étaient accentués par la force de son bruyant ronron, trouvant agréable cette petite sortie du territoire jointe à une extermination sans scrupules. Ses oreilles pointèrent en reniflant l'air, la gueule entrouverte, captant l'odeur tout près de ce qu'il cherchait. Il bifurqua brusquement de leur petit tandem pour trottiner plus vite au détour des racines d'un arbre, grimpant le tronc couché du chablis qui leur avait servi de saut d'obstacle pendant la poursuite, remontant leurs empreintes dans la neige pour aller voir - oui! - il était vide ! Un petit bond torsadé de victoire et il tourna la tête, ses oreilles hautes et ses poils hirsutes dedans pointant vers l'extérieur avant de se pencher devant l'entrée du terrier désormais vide du renard.

— « Ici ! Il disparut dans l'obscurité de l'antre, n'en ressortant que sa tête et son sourire. C'est beaucoup plus spacieux que tu ne le crois ! ♫

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— La "rage"? Qu'est-ce que c'est ? »

Cette question n’était même pas surprenante. Je suis sûr qu’il connait la maladie mais qu’elle porte un autre nom, voire qu’elle n’a pas de nom car pour des chats tel qu’eux, l’issue est fatale. Le seul remède contre la rage, c’est son vaccin. Je dois être le seul de mon Clan à être vacciné.

- C’est une maladie transmise par le renard ou le rat. Si tu te fais mordre par un animal enragé, tu fini toi-même enragé et ton comportement change, tu deviens excessivement méchant, t’as de la bave aux lèvres et au final, on est obligé de te tuer car tu deviens un danger pour les autres. Je me rappelle, quand je vivais encore avec mes parents, le chien des voisins a été mordu par un rat, son comportement à changer dans les jours qui ont suivis et alors qu’on se promenait dans le jardin avec ma sœur, il nous a attaqué. On avait à peine un mois et demi et ne le répète à personne mais, on s’est fait pipi dessus elle et moi. Heureusement que mon père était là pour nous sortir de ce mauvais pas.

Ah, j’en ai encore des frissons en pensant à ce monstre. Beurk ! Une fois mon bain prit, je fais ma toilette, aidé de Coup de Foudre, pour me réchauffer et ensemble, on décide de trouver la grotte du renard. J’en ai jamais vu, ce sera l’occasion.

On poursuit notre chemin dans le forêt et Coup de Foudre trouve la tanière en premier. Pas compliqué, on avait juste à remonter notre piste. Le jeune mâle disparaît dans la tanière, l’inspectant avant de faire ressortir sa tête et son sourire pour m’annoncer que c’est vide à l’intéreur. Alors, il n’y aucune raison pour rentrer à l’intérieur, et pourtant, à peine une patte poster à la lisière de la tanière que j’entends un splotch disgracieux avant de regarder ma patte d’un air dégoûté.

- Ah, c’est sâââââââle. Pourquoi les renards ne savent-ils pas enterrés leur crotte comme n’importe quel être civilisé, pour l’amour de mes ancêtres ?