Keep calm little girl Pv/Coup de Foudre -end

Drôle de créature.

Drôle, qui riait toute seule avec son sourire vide, à trottiner comme si elle avait oublié où elle mettait les pieds. Il la suivait depuis un moment déjà, par la voie des branches bien sûr, se faufilant dans les ombres de ces-dernières à l'aide de son pelage charcoal et de ses marbrures. Sa queue se raidit derrière lui, il pencha la tête et le transfert de poids fit soudain craquer sa branche - un bout d'écorce en tomba, et fit bruisser une fougère sur le plancher à terre en mousse et racines.

—  « Qui est là ! »

Il alerta la créature rousse et mouchetée qui se retourna d'un bloc, les pupilles rondes par un effroi qu'il ne saisissait pas, comme si elle était en proie à quelque chose de plus important qu'une simple intrusion de clan. Sa queue eut un mouvement, il tiqua de l'oreille - peut-être en même temps qu'elle se mit à gratter nerveusement la terre - un autre geste qu'il ne comprenait guère.

—  « C'EST QUI PUTAIN ??!

Le tonnerre dans sa voix l'avait fait s'éreinter. Il ne l'entendit pas murmurer. Lentement, Coup de Foudre se coucha sur sa branche en signe de non-violence, laissant une de ses pattes pendre dans le vide au cas où elle ne décide de casser. Il prit une seconde pour observer l'énergumène. Elle n'était pas très grosse, trop maigre, elle avait une couleur de pelage qu'il ne reconnaissait pas et elle n'était pas une siamoise - il se doutait qu'elle ne s'agisse pas d'un membre de son clan mais qu'est-ce qu'il en savait ? Il les confondait tous tout le temps - ou du moins la plupart. Vu son odeur toutefois....

— « C'est plutôt à moi,

il se prononça, de haut, impassible devant toute cette nervosité qui la rendait volatile,

de te demander ça, non? »

— « Je suis où putain…  MONTRE TOI.
— Ha hah, mais je ne suis pas caché ♡ »

Il n'était que sur sa branche, dans l'ombre, sous les quelques feuilles sorties de leurs bourgeons. Après relecture il se dit que la chatte qui avait fait irruption sur le territoire était dans un état de panique tellement élevé qu'elle n'arrivait plus du tout à raisonner. Elle n'était pas en état de raisonner, elle était en état de réagir - et au quart de tour vu comment elle griffait le sol et rondissait le dos et scrutait les ombres de la forêt de ses pupilles cafardeuses. Il avait bien fait de ne pas sauter au plancher pour la rejoindre, car elle lui semblait dangereuse.

Il jaugea toutefois l'adversaire, se disant qu'il devait avoir l'avantage quand même : la chatte en contrebas semblait souffrir de carences volontaires et à bien y regarder elle n'était pas tricolore non plus, à la fourrure rousse mouchetée de blanc et de noir, il semblait que ces petites taches soient en réalité des petites tiques.

...Pathétique.

Un tour chez son guérisseur l'aurait aidée à retrouver la santé mais son état lui laissait soupçonner que cette chatte évitait son clan en douce et se laissait dépérir volontairement. Peut-être que l'origine de sa peur tenait de la culpabilité, et elle se privait elle-même car elle ne se trouvait pas (ou plus) méritante de resplendir. Il ne comprenait pas ce genre de chemin cognitif - la négligence, la paresse, la farniente oui mais la culpabilité de la vie, non. Enfin, bien sûr, tout cela n'était que son hypothèse. Peut-être qu'elle aussi avait souffert du blizzard ou je-ne-sais-quoi qui lui avait endommagé la tête pour de bon. Il préféra l'interpeller d'un doux miaulement:

— « Ohhh-ooh ?

Tu ne m'as toujours pas répondu ! Qui es-tu ?

Il pencha la tête de l'autre côté, perdit son sourire bonhomme.

Et qu'est-ce que tu fous chez nous. »

Elle semblait craindre quelque chose, il allait bien sûr profiter de son état pour la faire craindre encore plus. De sa gorge il fit résonner le vrombissement tout bas d'un ronron, amplifié par la hauteur comme s'il eut s'agit d'un grondement. Seulement la vibration sur sa branche déjà fragilisée par ses mouvements plus tôt exacerba la toute petite fissure jusqu'à son point de rupture...

CRAC-

La branche tomba, le chat aussi, mais le chat prévoyait toujours cette situation alors sans perdre son temps il étira toute la longueur de son dos, étendit ses pattes au possible et s'amortit au sol de ses avant-mains d'abord avant de poser les pieds derrière. Temps mort, rebond de la tête et de la queue qui ondula avant de se placer vers le sol, tandis qu'il redressait et les épaules, et la tête, pour fixer son regard électrique sur l'intruse. Son cauchemar pour le moment prenait la forme d'un chat de Bengal à la robe charbon, noirci d'épaisses marbrures sur le corps.

hrp:

Bien réceptionné au sol, il avait levé sa queue en arc au-dessus de sa croupe, ne craignant pas d'en arriver aux griffes. Il n'avait pas peur des étrangers - au contraire, il les aimait! - mais lorsqu'ils avaient toute leur tête et qu'ils pouvaient jouer un peu avec lui! La chatte devant lui semblait toute sauf prête à jouer : on aurait dit que ses pensées se bagarraient dans sa tête et qu'elle ne savait plus où donner de celle-ci, se soumettant complètement à sa frayeur. Et soudain ses pensées se turent, car en tournant la tête, en croisant son regard, elle fut comme frappée par la foudre d'une illumination, entrouvrant sa bouche bouche-bée par la révélation:

— « Étoile du Serpentaire.  

Ce qui bouche-béa Coup de Foudre :

— ... Hein? »

Sa queue eut un mouvement et bientôt la chatte rongée par les tiques se mit à s'avancer vers lui, sans faire de bruit, ouvrant ses yeux à chaque pas comme si elle voulait l'engloutir dans ses iris et soudain son museau effleurait le sien, ses moustaches rasaient les siennes et son haleine lui heurta le menton qu'il avait rentré dans le cou après à peine un mouvement de recul:

— « Es-tu venu pour moi ?
— ...

Ses pupilles dardèrent le côté et très vite sa réflexion se fit : non seulement la chatte mouchetée était en proie à sa frayeur mais elle semblait aussi en proie à un délire qui l'avait déconnectée de la réalité en marchant dans son propre petit monde dans lequel il semblait incarner une figure à ses yeux. Décision : tuer sa psychose dans l’œuf.

Il recula le coude et leva brusquement l'autre patte - sans mesurer sa force, le coup ne fut ni trop faible ni trop fort, visant plutôt à écarter la gêneuse de lui et casser la coquille de ses songes. Là devant ses éclats, il secoua la patte responsable de l'impact en lorgnant dessus avant d'y passer la langue. Puis il ronronna à l'intruse, abaissant sa longue queue de sa position au-dessus de lui, bonhomme, pour la faire toucher la terre et l'herbe en prévision à des virages serrés si jamais ils en venaient aux hostilités.

...Mais quelque chose le fit tiquer et elle se mit à s'agiter.

— « -- Ugh ! Comme il n'y avait personne dans les parages, inutile de garder le masque. Comment je pourrais venir pour toi si je ne sais même pas ton nom ? C'est complètement illogique!

Il ronfla des narines, enchaîna.

— « Et avec QUI tu me confonds ? Le nom de ton chef, c'est pas Étoile Perdue ou je sais plus ?

Génial. Une super ambiance, gâchée.    Tu peux être fière de toi. »

HRP:

Hrp:

En moins de deux elle passa des ronrons amoureux à un feulement et toute la posture de son corps manifesta son hostilité : son poil hirsute se gonfla, elle abaissa la tête et sortit ses épaules creuses pour se faire plus grande et ses pupilles gonflées par l'euphorie d'avoir retrouvé son aimé se contractèrent si vite qu'elle eut l'air d'un autre chat complètement. Elle n'eut plus l'air que d'un chat sauvage, ce qui ne fit que renforcer le dégoût chez le bengal qui la détestait de s'engager si peu.

À défaut de savoir comment la plaindre, il lui en voulait d'être folle.

—  « IMPOSTEUR!  elle lui cracha, ce qui le prit tellement de court qu'il rebondit sa tête vers l'arrière en gloussant, pivotant son oreille guérie tout en distordant son sourire tant ses dents s'étaient fortement serrés ensemble.

Il les desserra d'un claquement:
—  wh-- IMPOSTEUR ??? »
Un rire, confus, nerveux, qui se traduisit d'un long frisson de malaise dans sa queue qu'il agita comme la sienne.

Elle ne croyait pas si bien dire en le traitant d'imposteur, seulement il ne prétendait pas être quelqu'un de spécifique, juste d'être "quelqu'un" tout court, ficelant un amalgame de personnalités ensemble pour voir les autres lui être réceptif. Or cette chatte devant lui n'avait rien de réceptif et c'est cette raison qui fit grouiller la peau sur les os au matou - ça, ou une tique.

—  « Mais de quoi tu parles putain et t'es quoi hein ?! Ce que tu dis n’a pas de sens…
Concentré à battre l'insecte de vigoureux coups de patte pour l'éloigner le plus possible de lui :
— Ha hah ce que JE dis n'a pas de sens ?? »

Coup de Foudre s'entre-coupa d'une série de miaulements frustrés avant d'écraser la tique sous ses coussinets dans la terre. Il expia son air par les narines.   Bon.

Brusquement il s'avança d'une foulée, rassemblant ses postérieurs derrière lui comme à petits bonds de lapin-à-trois-pattes en la menaçant de la quatrième qu'il tenait levée et prête à frapper. Il sortit les dents d'un sursaut des moustaches et il fit se contracter ses pupilles comme les siennes pour la foudroyer d'un regard aussi sauvage qu'elle en espérant réussir à la chasser sans avoir à risquer de la toucher à nouveau.

HRP: