LP - Assemblée & Bataille | Lune Rouge - end

Jolie Abeille n’eut guère le temps de rester immobile. Elle sentit un poids l’écraser et des griffes lui rentraient dans la chaire. Elle retint un hurlement, essayant d’ignorer la douleur et essaya d’analyser la situation du mieux qu’elle le put, pour éviter de céder à la panique. Mais les hurlements qui les entouraient, les miaulements enragés, la masse chats présente ne rendaient pas les choses faciles bien au contraire. Un murmure à son oreille la fit frissonnait. Cette voix susurrant, se délectant très certainement de la peur de sa victime. Cette odeur, un Lunar Pods, à ne pas en douter. Ceux qui avaient tué Aigue-Marine, ceux qui avaient enlevé Petit Blaireau. Des monstres. Comment le Tonnerre avait pu s’allier à eux ? C’était incompréhensible. Elle voyait son frère seul, avec cette femelle auprès de lui, qui lui parlait avec le même ton effrayant. Elle voyait du sang sur sa fourrure noire et blanche, elle voyait des larmes de douleur, de peur, perlaient au coin de ses yeux.

Elle n’avait jamais fait face à de vrais combats, comme celui d’aujourd’hui. Cependant, ses réflexes acquis lors de son apprentissage lui revinrent rapidement. La meilleure chose à faire était pour le moment de déloger la Luanr Pods de son dos, où elle était en position de force. Elle tomba donc à la renverse et effectua une roulade avant de se relever de suite, afin d’éviter d’encaisser une nouvelle attaque.

Jolie Abeille 180/200
Lipard 200/200
Brasier Glacial 200/200

Spoiler:

Mes griffes passèrent à un poil de sa joue. Tandis que j'étais emportée par mon élan, comme lors d'un ralenti, nos regards se croisèrent. Et je souris devant cet air guerrier et calme. Toutes deux fortes d'une expérience au combat variée, nous allions être de redoutables adversaires. Malgré mon intense concentration sur la guerrière, je demeurai toujours aux aguets au tumulte des combats aux alentours. Nous étions moins nombreux, par conséquent, il était évident que nous allions devoir mener des combats seul contre plusieurs. Le coup fatal serait celui de ne plus être attentif et d'être pris par surprise. D'autant plus qu'avec mon œil borgne, j'avais un côté plus vulnérable que l'autre.

Je me réceptionnai souplement sur la terre meuble qui sera bientôt tâchée, non, noyée de sang. D'une vive virevolte, je fis face à mon adversaire. C'était en menant la danse que je gagnai mes combats. C'était par ma rapidité et mes incessants mouvements que je perdais mon adversaire. En avant, en arrière, sur le côté. Rester immobile serait signer mon arrêt de mort.

Et dès que je vis une ouverture se présenter à moi, je fondis.

Eos : 200/200
Museau Bleu : 170/200 (sauf parade)

─ Mais qu'est-c'que tu nous fais chier avec ton putain de guérisseur, on connaît même pas sa gueule.

Je montrai les crocs. C'est juste parce que t'es conne et que t'es incapable de reconnaître tes propres guerriers. Je raclai l'écorce de l'arbre sur lequel nous nous tenions. L'assemblée devait se finir. Je n'avais plus rien à dire. J'allais annoncer le départ du vent, sans même attendre la réponse des autres meneurs quand Suie rétorqua :

─ On verra bien qui va donner sa vie pour qui..

Je me figeai aussitôt. Mon cœur rata un battement, tandis que je compris avec horreur, le piège dans lequel nous étions tombé. Un éclair gris fondit des broussailles. Je ne voyais pas très précisément, mais mon imagination fit parfaitement son travail et les cris qui s'élevèrent confirmèrent le pire. Une attaque des Lunar Pods. La voix tremblante de rage, je lâchai une insulte en direction de Suie. Mais déjà, elle était assaillie par deux poissons. Ce n'était pas mon combat. Les Lunar Pods, ces traîtres, étaient mes premières cibles. J'hurlai à l'ensemble du clan du vent :

"Tuez les tous jusqu'au dernier!"

A peine tournais-je le regard que je vis une silhouette familière. Blanche, mastodonte. C'était cet hérétique qui était venu entourlouper Nuage de Mousse et qui était là lorsque ces chats maudits avaient pénétré l'enceinte de mon camp. Et il attaquai Colombe Blanche, une de mes guerrières. La voir hoqueter et perdre aussi rapidement la vie me retourna la tête. Je ne pensai plus qu'à une unique chose. Le tuer. Voir la vie quitter ses yeux. Voir son corps trembler son mon emprise puis s'affaisser au sol.

Je rugis de rage et sautai au sol. Peu m'importait la douleur de mon atterrissage, ou les chats que je renversai sur mon passage. Je ne voyais que lui et lui aussi se dirigeait vers moi. Une fois à sa hauteur, je bondis, tête la première. Aveuglée par la haine, je ne réussis qu'à arracher des touffes de poils de son épaule. Mais ce n'était pas cette attaque peu réussie qui m'arrêterait. J'étais déjà prête à contrattaquer et à le détruire.

C'était comme un jeu, une danse, belle et mortelle, au milieu du chaos de ce champ de bataille, chacune bougeant sans cesse, en avant, en arrière, pour éviter les coups en attendant une ouverture. Dans l'œil lumineux de cette assassin, Museau Bleu avait quant à elle vu une sorte de contentement, de la satisfaction, de l'intérêt, peut-être, face à ce combat... Mais c'était plus fort qu'elle. Malgré la colère, l'inquiétude ne pouvait que prendre le pas sur la détermination, par fugaces instants, comme les éclats de soleil qui nous aveuglent parfois; elle était anxieuse, et angoissait pour ses camarades. Le meneur, Jolie Abeille, Brasier Glacial et tous les autres... Elle ne voulait pas qu'ils souffrent, elle ne voulait pas qu'ils meurent. Cette adversaire face à elle paierait de sa vie le meurtre de leur camarade, que le cœur de la vétérane pleurait doucement, mais en cet instant, si elle avait pu être assurée que sa mort mette fin à cette terrible bataille parant de sang les Quatre Chênes, elle aurait donné sa vie sans hésiter. Et sous son masque paisible, posé, orné d'une froide détermination qui n'exprimait rien, elle était fissurée. Elle avait mal, elle avait peur. Pas pour elle. Mais pour Jolie Abeille, qui venait de se faire plaquer au sol par un Lunar Pod lui susurrant à l'oreille des mots qu'elle était bien trop loin pour comprendre. Pour tous ceux qui se battaient. Pour Nuage de Blaireau, son fils. Elle avait peur de les perdre, elle avait mal de chagrin et de deuil. Sauf que cet instant de crainte pour la fille aînée d'Étoile du Corbeau, elle le payerait.

Elle le réalisa une fraction de seconde trop tard. Et elle le paya. Les griffes de la terrible enchanteresse de souffrance et de mort qu'elle affrontait la frappèrent à l'épaule, laissant dans sa chair une longue balafre ensanglantée, avant que la riveuse ne recule, retenant un cri de douleur et tentant de calmer son souffle. Reprendre calme et concentration. Retrouver la paix, et le rythme de son combat. Parce que cette fois, elle risquait sa vie... De toute façon, elle ne pouvait rien faire pour sa camarade, dans l'immédiat, et si elle ne se reprenait pas, elle ne pourrait plus jamais l'aider, ou la conseiller, l'écouter, la voir sourire... Ils devaient rentrer, tous, si possible. Et ils se retrouveraient pour la cérémonie du partage et soigner leurs blessures. Son ennemie souriait, à présent.Un sourire triomphant, quelque part, même si elle regardait prudemment autour d'elle - et c'était compréhensible : en infériorité numérique et avec un côté plus faible, il fallait surveiller ses arrières. Mais pour l'instant, elles étaient seules. Seule, et dans le cas de Museau Bleu, blessée. Oh, ça ne l'empêcherait pas de se battre, ce n'était pas si profond - ou en tout cas, il y avait pire. Elle allait encore bien. Mais ça faisait mal, vraiment mal, réellement mal. Et tout devenait rouge. La lune, l'herbe, les buissons, les feuillages, les racines des grands chênes et aussi les fourrures. Museau Bleu avait l'habitude de son gris à reflets d'eau glacée, elle. De son nez plus foncé, lui aussi bleuté. Pas de ce liquide poisseux et pourpre qui avait imbibé une petite partie de sa fourrure, à cause de celle qu'elle affrontait. Pas depuis quelques lunes- la vétérane portait malgré tout, sous sa longue pelisse, des cicatrices rosées, nacrées, qui ne s'effaceraient jamais. Cette fois, elle ressentait à nouveau la sensation familière, à cause du combat, et elle détestait ça. Son regard jade devint plus froid encore, déterminé, fixé sur la meurtrière de Plume de Mésange. Et elle se prépara à la suite.

Je ne mourrai pas ici. Toi, par contre... J'espère t'y ôter ta vie.

Eos : 200/200
Museau Bleu : 170/200