Faire d'une pierre deux coup [PV Éclat d'Argent] - abandon

Cela faisait un moment que je ne m'étais pas retrouvée de bon matin en train de faire mes devoirs. J'avais passé déjà plusieurs gardes de nuit en sentinelle et me recalait sur les horaires diurnes n'étaient pas des plus faciles. C'était la première fois depuis quelques jours que je réussissais cet exploit, celui d'être opérationnel de bonne heure. Je m'approchais de Tache d'If pour demander une patrouille mais elle ne semblait pas enclin à m'en donner une.. Je rebroussais donc chemin, attendant que plus de guerriers abondent dans la clairière pour retenter ma chance auprès de la lieutenante.

Je réussissais enfin à faire parti d'une patrouille, étonnant cette dernière était bien vite revenue au camp. Nous avions fait carton plein, ce qui n'était pas fréquent.. Mais avec l'arrivée des beaux jours, cela allait changer et d'autres jours comme aujourd'hui allait venir. Nous déposions tous nos proies avant d'être congédier. J'en profitais pour continuer de travailler, il ne fallait pas perdre la patte. Je repartais donc à sens inverse, histoire de patrouiller et peut être trouver quelques proies juteuses sur le chemin. Un mini éboulement m'attirait au niveau de la haute lande. Je marchais prudemment, voulant vérifier l'origine de l'éboulement. En m'approchant, j'entendais un feulement assez apeuré. Me disant qu'il s'agissait là d'un membre du clan en danger, j'arrivais à la rescousse.. Mais voilà, il ne faisait pas parti de mon clan mais de celui de l'Ombre. Je grondais sans pour autant être trop menaçante avant de répondre :

"-Un membre du clan dont tu viens de fouler la terre."

Je me penchais au dessus de lui, remarquant bien vite qu'il était coincé par une petite roche. Je souriais doucement, assez amusé par la situation. Je reprenais ensuite, ironique :

"-Et bien.. On dirait que le territoire savait que tu n'étais pas vraiment chez toi.."

Mes moustaches gigotaient en tout sens, seul barrière à un rire fou qui voulait sortir de mon gosier. Faut dire que la situation était assez comique. Le novice en plus d'être sur un territoire ennemi, c'était retrouvé piégé de manière assez peu glorieuse.

Pendant ce temps, le novice continuait de se débattre sans parvenir à se libérer de son piège de pierre. Je le regardais se mouvoir en tout sens, attendant qu'il demande de l'aide. Il allait bientôt comprendre qu'il ne fallait faire attention à l'endroit où on mettait ses pattes. Et vérifier à deux fois au niveau des frontières. Ceci était une leçon. Il avait de la chance d'être tombé sur moi.. Je n'allais pas lui arracher la pelisse pour un dépassement de frontière.

Voyant que ces efforts étaient vain, il finissait par cesser de se fatiguer pour rien. Il me répondait amèrement que je pouvais le libérer si j'étais si proche de cette terre. Ne s'attardant pas plus sur cette réplique montrant son agacement, il poursuivait en me donnant son nom et précisant qu'il ne savait pas qu'il foulait mes terres. Je soupirais, regardant le ciel avant de m'avancer. Je l'aidais à se libérer avec une certaine facilité avant de lui répondre :

"-Et bien, on peut dire que cette frontière tu ne l'oublieras pas. Et si jamais c'était le cas, je pourrais toujours te l'as rappelé ou la terre elle même vu qu'elle n'a pas l'air d'être ami avec toi."

J'avais dit cela avec sérieux mais aussi une pointe d'amusement qui pouvait se lire sur mon visage par un petit sourire en coin. Je n'aimais guère le voir sur mon territoire mais cela ne faisait aucun doute qu'il ne l'avait pas fait exprès. Mais si je lui mettais un peu la pression, il ferait plus attention la prochaine fois. Et tout cela, sans verser la moindre goutte de sang et sans déclencher une pseudo guerre de territoire entre nos deux clans.

Le petit bicolore avait fait quelques pas, vérifiant qu'il n'avait aucun dommage physique avant de se rapprocher de moi. Il me demandait mon nom en me remerciant. Il m'avait même appelé « héroïne ». A l'entente de cela, j'arquais un cil, perplexe. Moi, une héroïne ? Cela était qu'un coup de chance pour lui.. Il était tombé sur une guerrière calme et non un sang chaud du vent. C'était uniquement de la chance, il n'y avait rien d'héroïque là dedans mais soit, il voulait connaître mon nom et je ne voyais aucun inconvénient à le lui fournir. Je lui répondais donc, sans grande conviction, lui transmettant mon nom. Je lui demandais ensuite, intéressée :

"-Qu'est-ce qui t'amène si loin de chez toi ? T'es encore jeune on dirait.."

Je le regardais de haut en bas, voyant bien qu'il ne devait pas avoir plus de 8 lunes et donc devait être accompagné assez souvent de son mentor. Erreur du mentor ? Manque de vigilance ? Ou simplement un jour de repos ? Je ne savais pas vraiment et cela m’importait qu'à moitié de connaître la réponse. Mais pour engager la conversation calmement, c'était un des sujets les plus faciles à aborder. Visiblement gêné, le jeunot bicolore avait tourné la tête en disant que la situation était compliquée. J'attendais d'entendre la suite pour en juger moi même. Reste à savoir s'il y avait vraiment une suite à ses paroles ou s'il se contentait de me lâcher deux petits mots. Le novice semblait être tout de même en confiance vu qu'il me donnait finalement son histoire sans trop broncher. Il en avait marre de la monotonie du quotidien, qu'il avait déjà fait le tour du territoire et que voir la même chose lui pesait. Il s'était donc mis à courir sans réfléchir pour explorer plus loin que ses terres avant de se rendre compte qu'il avait dépassé un marquage. Il a ensuite paniqué avant de choir jusqu'à cette pierre. J'attendais qu'il est fini son récit avant de sourire. La raison de sa venue était assez amusante et bien réaliste. Cela m'arrivait également parfois, bien que j'étais une guerrière fervente de mon clan, parfois, j'avais besoin de me sortir du quotidien dans lequel je m'embourbais. Je lui disais ensuite, pour le rassurer :

"-Je comprends.. Cela arrive à tout le monde. Mais c'est étonnant que tu sois déjà piégé dans le quotidien. Tu es encore jeune, tu as pas mal de chose à apprendre. A commencer par faire attention à ton environnement en toute situation, que se soit le terrain, les sons ou les odeurs."

Je le fixais toujours, attendant sa réaction. Étonnement, bien que le petit soit sur mon territoire, je n'étais pas agressive. Le petit bicolore semblait tout de suite plus joyeux. Voyant le nouveau défi qui s'offrait à lui. Me remerciant ensuite de mes conseils. Je lui adressais un sourire, lui lâchant une politesse. Il s'était arrêté avant de reprendre en me remerciant une nouvelle fois. Il s'excusait ensuite avant de partir. Le novice était parti aussi vite qu'il était arrivé. Je regardais la pierre et la frontière avant de faire demi-tour en soupirant. Me demandant si j'étais comme cela autrefois, tête en l'air.

Je repartais ensuite pour aller chasser. Je prenais en chasse une ou deux proies avant d'être dissuadé. J'avais tenté, dans un dernier recours, d'attraper un campagnol. J'avais réussi de justesse à le saisir, prenant un temps fou pour réussir à le tuer. La petite bête s'était débattu entre mes crocs. C'est avec cette unique prise que je rentrais au camp.. Loin de mes belles trouvailles de ce matin.