LP | Casse toi tu pues et marche à l'ombre. -end

Patte Venteuse avait beau s'être réconciliée avec sa mère, Brise Argentée - bien plus présente depuis - ses cauchemars ne cessaient pas. La mort de Plume Colorée, à laquelle elle avait assisté, l'avait marqué. C'était comme un mythe qui se brisait.
Quand on lui racontait que les défunts devenaient des Étoiles, elle s'était imaginé la chose au sens littéral du terme. Mais non. Son corps était resté là, et il pourrissait désormais probablement sous terre comme ce pigeon mort abandonné, la carcasse dévorée par les vers. Seul son esprit était parti, et si l'on écoutait bien les adultes, elle pourrait à présent les observer depuis là haut.
Si elle continuait à croire dur comme fer au Clan des Étoiles et à cette vie après la mort, imaginer son propre corps ne lui appartenant plus dévoré par les asticots lui donnait la nausée et noircissait ses doux rêves par de terribles cauchemars.
En conséquence, Patte Venteuse dormait peu, mal, et l'idée de tomber de sommeil l'effrayait horriblement. Elle n'avait pas envie de se retrouver encore prisonnière de ces horreurs qui n'étaient pas du tout reposantes, en particulier comme celles de la nuit qu'elle venait de passer.
Elle avait revécu la même scène que lors de la mort de l'Ancienne, mais à la place de son visage, c'était celui de ses deux soeurs. Patte Venteuse s'était réveillée en sueur, le poil hérissé, et son envie de vomir s'était transformée en véritables vomissements dans un coin non loin de la litière du camp.

Elle en revenait, d'ailleurs, l'air fatigué et agacé par tout ce qui pouvait se produire autour d'elle. Et s'il y avait deux choses qu'elle n'avait pas envie de croiser ce jour là car c'était bien le pire et le plus agaçant qui pouvait se produire: Patte Lunaire et Cobra Royal.
Ses deux ennemis du Clans. Elle leur ferait manger la poussière s'ils croisait son chemin.

Évidemment, ça ne manqua pas.

Patte Venteuse marchait en ligne droite d'un pas las, les sourcils froncés, vers la pouponnière. Qu'importe les obstacles qui se dressaient devant elle.
Elle fonça dans un félin, sans réagir plus que ça au début, puis leva les yeux pour reconnaitre le sosie de sa soeur au masculin et en 3 fois plus gros et mille fois plus détestable: Cobra Royal.
Crachant aussi fort qu'elle le pouvait, elle recula de quelques pas. Il était dangereux, il ne fallait pas l'oublier.
Les poils dressés, gros dos, toutes griffes sorties, ses yeux hétérochromes lançaient des éclairs. Et la langue de vipère qu'elle lui avait volé pour la journée ne pu se contenter que d'une seule et simple parole.

- Bouge.

Casse toi tu pues et marche à l'ombre

Le guerrier était de fort bonne humeur, tellement que même sa compagne officielle commençait à le trouver un peu lourd. Depuis l'aube, il n'avait de cesse d'être en joie pour un rien, pour ce brin de mousse venu accueillir délicatement sa tête au matin où pour le lapin à la chair extra-tendre qu'il avait déguster avec elle. Même le fait d'être cantonner à la surveillance du camp n'avait pas pu le départir de son sourire joyeux. Il fallait avouer que dans son cas, tout allait pour le mieux, ses plans avançaient avec où sans lui. La disparition de leur guérisseuse puis la mort de la mère de cette dernière avait laisser Étoile Vaillante un tant sois peu ... Perdue et le félin escompter bien en profiter le moment venu, or il n'était pas encore tout à fait prêt à cela et attendait avec impatience d'être sous un ciel plus propice. Assis donc derrière une fougère d'un beau vert chatoyant, il observait ses camarades. Il décida pourtant de se bouger un peu afin de faire une ronde, d'échanger quelques mots de ...

Une petite boule de poil qu'il reconnu immédiatement venait de lui rentrer dedans et alors que ses yeux vairon qui commençait à prendre en éclat se levait sur lui, il abaissa ses prunelles aux iris d'un bleu profond sur elle avant d'afficher un véritable sourire. Sauf que voilà, ce n'était pas trop ce que la petite voulait lui offrir et elle l'afficha ouvertement. Mais Cobra Royal loin de s'en offusquer se laissa attendrir par la boule de fourrure hérisser qui lui feuler dessus comme une reine le ferait de ses propres chatons. Et ce n'était pas le mot cracher qui risquer de le faire changer.

- Oh bonjour petite chatonne toute riquiqui et mignonne ! Tu sembles de bien fort mauvaise humeur, c'est vraiment très dommage de se comporter ainsi. Et si tu me racontais tout, peut-être pourrai-je t'aider ?

Les oreilles dressés, il regardait la femelle avec cet air calme et assurée, et pourtant, il n'affichait pas cet air hautain, d'ailleurs, il pencha doucement la tête, comme pour incitée la petite à lui répondre. Clairement, n'importe qui aurait pu croire qu'il avait pris un coup sur la tête, enfin, n'importe qui le connaissant vraiment car le Cobra était une créature qui savait se montrer fort douce et innocente à ses heures, la véritables différence en ce jour s'était qu'il se proposait réellement, sans arrières pensées calculées. Et cela était un réel exploit finalement.

Casse toi tu pues et marche à l'ombre

Toute la mauvaise humeur de sa petite fille n'aurait pas pu départir le matou de son sempiternel sourire. Et pourtant, de la mauvaise humeur, noir comme la nuit, elle en avait visiblement des tonnes à revendre. Elle voulait l’impressionner, où l'intimider, sur ce point, il n'aurait sus dire, trop occupé à se laisser attendrir par la petite qui, de son point de vue à lui, ressemblait à une grosse boule de fourrure bien moelleuse. Et à l'entendre cracher, encore et encore, feulement tempétueux, il sembla subitement inquiet, aussi demanda il avant qu'elle n'est temps d'ajouter mot. Tu as quelque chose de coincé dans la gorge, une boule de poil ? Un os de pigeon peut-être, où ... Une plume ? Non je sais, tu as avaler un chat ! Il souriait, ravi de sa propre bonne humeur. Mais la violence de la réponse de Patte Venteuse le fit reculer d'un pas. elle était aussi hargneuse qu'un renard roux enragé. Et le matou s'en sentait blesser, profondément. ce qui aurait presque faillit lui arracher une larme. Presque seulement car cela n'était en rien dans son style. Sauf que la chatonne avait plongé ses yeux dans les siens et le matou se prépara à une bataille de regard. jeu stupide qui valait que le premier qui détournait la tête doivent un service à l'autre, du moins, de son temps à lui. Il lui semblait être devenu vieux à penser ainsi mais pour autant il n'en avait cure.

- Oh mais tu sais que c'est pas vraiment gentil ça ? C'est même pas cool du tout de dire des choses comme ça.

Le pire pour un spectateur extérieur aurait sans doute était de lire la sincérité du regard du matou. Blesser réellement il n'en démordait pourtant pas, toisant la petite en se demandant ce qui allait suivre. Car forcément, quelque chose viendrait de cette pseudo-dispute. Et le comédien ne jouant pas, la suite promettait de devenir intéressante.

Cobra Royal avait décidé de ne pas lâcher l'affaire, ce qui agaçait davantage Patte Venteuse. Malgré sa posture d'intimidation et ses grognements - dont il semblait rester quasi insensible, pourquoi ne prenait-il pas peur? - le guerrier se tenait là, devant-elle, visiblement persuadé qu'il pourrait lui remonter le moral.
Vraiment? Venant de Cobra Royal - LE Cobra Royal .... Vraiment?
On lui en avait raconté des choses, à propos de ce méchant chat. Même maman Brise Argentée lui avait dit qu'il ne fallait pas s'en approcher, qu'il pouvait être dangereux d'une certaine façon. Alors qu'il veuille l'aider? Patte Venteuse n'y croyait pas une seule seconde.
Il voulait certainement l'attirer dans un coin pour la transformer en chair à souris et en faire son repas du soir! C'était là une idée plus plausible.

- Oh mais tu sais que c'est pas vraiment gentil ça ? C'est même pas cool du tout de dire des choses comme ça.
- Je m'en fiche! rétorqua-t-elle. T'es qu'un pas beau! Un pas gentil! Personne t'aime t'as même pas d'ami en plus je suis sure!

C'était vrai ça, pourquoi un grand adulte avec des tas d'ami viendrait voir des petits si ce n'était pas les siens?
Bon, en réalité, sa question ne faisait pas vraiment sens car si le matou en face n'avait pas été Cobra Royal, Patte Venteuse n'aurait jamais établi de telles conclusions si hâtives.

- Aller vas-t-en laisse moi tranquille! Sinon je... sinon je te tape!

Casse toi tu pues et marche à l'ombre

Et Patte Venteuse feula de plus belle, obligeant cette fois le guerrier à reculer vraiment, couchant ses oreilles sur sa tête, peiner. Il prenait conscience que cela avait quelque chose de vrais, des amis, des vrais, qu'il n'utilisait pas à sa guise, il n'en avait pas. Il miaula alors, pitoyable. Je sais ... Et lorsqu'elle reprit, il la toisa, souriant tristement. Clairement, le guerrier devait avoir avaler quelques choses d'indigeste tant ses réactions étaient loin de son habituel contrôle, de sa fierté hautaine. Il pencha la tête de côté, ajoutant d'une voix qui se voulait plus joyeuse qu'elle ne l'était suite à cette altercation.

- Et bien, si taper te fais du bien, si taper te fais sourire, alors attaque moi... frappe moi, massacre moi ...

Il ne voulait plus voir cette colère dans les yeux de la chatonne, il voulait y lire de l'amusement, du plaisir. Toute ses choses qu'on lit dans le regard d'un jeune chat de son âge. Mais voilà, s'était loin d'être ce qu'il avait face à lui, aussi s'avança il devant la petite chatte, bien décidée à la pousser à agir. Après tout, cela en valait la peine si elle souriait ensuite, non ? En tout cas, il n'avait guère grand chose à craindre à essayer, oh certes, peut-être une petites blessures où deux, elle restait un chat, avec des griffes et des crocs, mais elle n'avait pas encore la force d'un adulte, loin de là. Du moins, l'espérait il.

Toujours aussi furieuse, Patte Venteuse se tenait droite, petite et ridicule, son duvet léger dressé sur son échine lui donnait un air de hérisson pathétique.
Brise Argentée lui avait dit de se méfier, de ne pas s'en approcher et la petite avait traduit cela par l'existence d'un danger en ce chat. Et qui disait danger disait protéger ses soeurs. Alors, pour cette raison, elle devait lui désobéir pour le faire, afin qu'il ne s'approche jamais de Petit Alizé et Petit Foehn. Ce qu'elle devait être terrifiante!!

- Et bien, si taper te fais du bien, si taper te fais sourire, alors attaque moi... frappe moi, massacre moi ...

Patte Venteuse ne s'attendait pas à une telle réaction et dans un mélange de frustration et de confusion, elle recula de quelques pas. C'était trop facile. Il devait se moquer d'elle, c'était évident! La femelle bicolore cracha, ses yeux lança des éclairs.

- T'es vraiment trop nul! envoya-t-elle comme s'il s'agissait d'une remarque cinglante. T'avise même pas de nous approcher, sinon, bah je te tue!

La hauteur de telles paroles ne lui parvenaient pas. Patte Venteuse connaissait le sens de la mort, mais pas celui de l'acte de tuer autre chose qu'une proie. Ses conséquences ne l'atteignaient pas encore. Pas encore, mais ça ne tarderait pas.
Fière, elle tourna les talons, s'en allant la tête et la queue haute comme un guerrier revenant victorieux d'une guerre de territoire.

[comme il est ultra vieux et ultra dur j'ai clôturé, le défi sera pas réussi du coup mais... ça ne te gène pas? :((]

Casse toi tu pues et marche à l'ombre

Sans doute le Cobra avait il avalé quelque serpents indigestes, malgré tout, et pour une fois, il semblait réellement en peine de voir Patte Venteuse, encore si petite, le détester tant. Peut-être tout simplement tentait il une autre approche, avec lui, comment savoir. Trop nul, il baissât la tête comme un chaton prit en faute sans répondre. Le tuer ? Cette fois, la gueule masqué dans son propre poitrail, un tout petit sourire émergea, léger. Elle utilisait déjà de bien grand mot alors qu'il lui aurait suffit, à lui, de l'attraper par la peau du cou et de la secouer. Il remua les oreilles, relevant la tête, la regardant partir.

Il ne pourrait pas faire d'elle un de ses pion, alors il devrait s'en méfier. Déjà si petite et déjà, bien trop sure d'elle-même. Malgré tout, il gardait confiance, un chaton ne pouvait pas nuire à ses projet - pas encore. Il lui rester à s'assurer que la petite reste minorité, se prive toute seule du monde, du soutient. Ensuite, le moment venue, elle ne serait pas une gène. Se redressant, il s'ébroua pour s'éloigner, tête basse, comme un parfum de monde à l'envers. Mais le serpent était loin d'avoir dit son dernier mots, et il comptait bien siffler encore longtemps ... Tendre avertissement ...

THE END