Dandinements (avec Petit Alizé) - end

Spoiler:

Les jours agréables arrivaient, pour le bonheur de tous. Tandis que les mauvais nous rappelaient nos peines, les moments gris comme le ciel, la pluie nos larmes, le soleil faisait référence aux instants heureux, entre amis, en famille ou en amoureux. La réserve de gibier se remplissant plus rapidement, et les maladies se faisant plus rare n'était pas pour rien dans la préférence de cette saison. Peut-être cette communicative était la raison de la diminution des cauchemars de Petit Alizé, ceux-ci se transformant en rêves agréables où elle courrait dans la plaine, seule ou avec ses sœurs, le vent soufflant de face, lui apportant une fraîcheur revigorante.

Elle venait d'ailleurs de se réveiller, à la suite de l'un d'eux. Elle bailla et s'étira, encore un peu endormie, bercée par la chaleur de la pouponnière. Les cris des jeux et des disputes des chatons n'étaient pas encore là, et ce n'étaient pas les reines qui s'en plaignaient. Appréciant ce calme, elle entreprit de se faire une petite toilette, comme une grande en imitant sa mère qu'elle voyait faire parfois.

Une tête bien fit interruption dans la tanière avant de s'exclamer:

" Salut les filles !!! Dites, pensez pas que vous pourriez aider votre papa au lieu de rien faire ?! Allez, tiens, Petit Alizé, file le voir, il est juste là ! "
Ni une, ni deux, elle se précipita dehors, contournant son oncle, pour venir voir et aider son cher père. Décidément, lui et Guépard se ressemblaient beaucoup physiquement mais elle n'avait jamais confondu. La première chose qui les différenciant de son point de vue, même avant l'odeur, c'était leurs voix. Elle les trouvait différentes. Là, non loin des deux, on aurait pu voir en elle, une version féminine et minuscule des deux jumeaux.

Crocs Nacrés l'accueillit en lui léchant l'épaule, et elle ronronna. En réalité, elle ronronnait au moindre petit câlin, ou petite léchouille qui lui venait d'une personne qui lui était chère.

" Tu viens m'aider à chercher à manger ? Wouaaaaaaah ! C'est trop sympa. "

Elle hocha vigoureusement de la tête pour monter qu'elle effectivement venue dans ce but. Avant même de demander ce qu'il fallait chercher comme nourriture, elle se précipita vers le tas de gibier, bien trop heureuse de se voir confier une mission.

Ce qui devait arriver arriva. Atteignant une vitesse trop élevée pour ses pattes frêles, elle se ramassa la tête la première, cognant son menton contre la terre, faisant voler la poussière au passage. N'ayant définitivement aucun sens de la retenue, pleurant à la moindre douleur, des larmes vinrent évidemment se figer au coin de ses yeux avant de couler le long de ses joues et d’atterrir sur le sol. Les sanglots ne tardèrent pas à se faire entendre.

HRP:

Il s'agissait d'une de ses douleurs éphémères et soudaines, qui apparaissaient sur le coup, et disparaissaient quelques temps après. Elle partit donc très rapidement, contrairement aux pleurs de Petit Alizé. Là, par terre, dans la poussière, elle se sentait ridicule, et complètement incapable de se relever, comme si ses pattes n'accepteraient plus de porter un être aussi maladroit.

Avec ses reniflements, elle n'entendit pas les pas précipités de son père, qui venait à sa rencontre. Cependant, quand elle sentit une fourrure collée contre elle, elle n'eut aucun doute sur l'identité de son porteur. D'abord, car c'était logique, il était le plus proche d'elle au moment où elle était tombée, ensuite, car elle reconnut sa voix:

"T'en fais pas."

Ces simples mots suffirent à la petite pour la calmer. Deux pattes l’étreignirent et la pressèrent contre une source de chaleur. Là, elle se sentait bien, comme dans un cocon, la protégeant du monde, de ses peines et de ses malheurs. Elle se sentait rassurée, assez pour que les larmes arrêtent de couler sur ses joues. Comme à chaque fois qu'elle se sentait bien, elle ronronna, s’apaisant aussi elle même. Elle frotta sa petite tête contre le poitrail de son père. A ce moment là, elle pensa qu'elle aimerait y rester pour toujours. Il était presque surprenant de voir à quelle vitesse elle pouvait passer des larmes aux signes de bien-être. Sa nature de chaton qui ne gérait pas encore ses émotions y était pour beaucoup.

"T'es gentil Papou."

HRP:

Spoiler:

Son père lui lécha la joue, relevant ses poils dans un nouveau geste d'affection. Crocs Nacrés doutait énormément de lui et n'était pas sur de ce qu'il faisait, mais jamais sa fille ne l'aurait remarqué. Pour elle, il s'agissait de son papou, le meilleur et le plus fort de monde.

" Viens par là, c'est le tas de gibier ! "

Elle se releva, et se dirigea vers son but actuel et également celui précédant la chute. Elle marcha au pas du trop, afin d'éviter de tomber à nouveau. Elle se trouva face à la réserve de proies. Pour n'importe quel guerrier, celui-ci était peu rempli, pas des plus appétissants. Pour une chatonne qui l'avait vu à de rares reprises, il n'était rien de tout ça. Voir toutes ses proies lui donnait envie de goûter , pour connaitre leurs saveurs, et savoir qu'elle serait sa préférée.

" " Alors ! On va leur ramener quoi ? " "

Elle regardait tour à tour, pesant le pour et le contre. Il n'y avait pas énormément de choses, mais bien assez pour qu'elle hésite. Mais comment pouvait-elle choisir si elle ignorait les goûts propres à chaque proie? Elle ne connaissait même pas tous les noms de celles-ci. Lapin bien entendu car c'était un peu le gibier emblématique du clan, celui qu'il fallait coursé et les oiseaux, tous les animaux qui avaient des ailes. Mais quand à savoir quelle espèce, c'était un grand mystère.

"Le meilleur!"

Se penchant vers les proies, montrant de la patte tour à tour un merle, une souris amochée, une grive et un étourneau, elle commenta:

"Est-ce que c'est ça? Ou ça? Ou ça? C'est quoi d'ailleurs ça? Oh ça je sais un lapin!

HRP:

Le lapin, c’était bon, très bon. Le meilleur qu’elle avait goûté, c’était le premier. Quand Brise Argentée, après l’avoir mise sur son dos pour la rapprocher des nuages, lui en avait mastiqué un bout, avant de le lui donner. Sans doute que le souvenir embellissait la réalité. Que la découverte d’un nouveau goût et que la certitude qu’il s’agissait d’une proie attrapée par Ciel Tempétueux, son oncle qu’elle appelait Tempéton, - ce que sa mère n’avait aucune idée en réalité - améliorait celui-ci.

« Il serait pas trop gros ce lapin, pour vous ? »

Petit Alizé regarda à nouveau la pièce de gibier. C’est vrai qu’elle était plutôt imposante, pour trois petits chatonnes comme elle et ses sœurs. Surtout qu’elle ne comptait que pour demie, n’ayant pas vraiment un gros appétit. Il faut dire qu’elle était bien petite et que son ventre se calait bien rapidement. Un dilemme lui fit face. D’un côté, il s’agissait sans doute de la meilleure proie du tas, et c’était ce que mériter Ventoutou et Fofo. De l’autre, la perspective du gaspillage. Elle avait appris que c’était mal. Et puis, elle priverait peut-être quelqu’un de repas…

« Sinon je vais vous aider, j’en mangerai un morceau. »

Heureusement pour elle, son père avait encore eu une idée géniale. En plus, il allait gouter au lapin qu’elle avait choisi ! Elle allait pouvoir l’aider à le régaler lui aussi. Après tout, il méritait lui aussi, le meilleur des repas.

« T’arriverais à le porter jusqu’à Patte Venteuse et Petit Foehn ?! »

Le ton que son père employait lui faisait penser à Tonton Guégué. Si ses sœurs répondaient à l’affirmative en étant enthousiaste à ses défis, ce n’était pas toujours le cas de la grise tigrée, qui se sentait rarement capable de les réaliser. L’hésitation de se lit sur son visage tandis qu’elle lâchât un petit « Euuuh… »

Pourtant, il fallait bien rapporter ce lapin à la pouponnière. Et elle ne voulait pas décevoir son père, en lui montrant que sa fille n’était qu’une pleurnicheuse, que n’était même pas capable de tirer une proie. Qu’elle n’était même pas capable d’essayer. Au moins si elle ne savait pas encore si elle pouvait contredire le premier point, c’était possible pour le deuxième. Elle hocha de la tête, déterminée.

« Je vais essayer !»

Elle prit la pièce de gibier par la queue, la croquant de ses dents, et tira aussi fort qu’elle pouvait, tout en étant en marche arrière.

« Oh hiiiiisse»

Elle réussit à « avancer » jusqu’à mi-chemin et entreprit de faire une pause, épuisée par cet effort. Elle se savait lente, mais quand elle regarda derrière elle, elle ne put s’empêcher de se sentir refroidie par la distance qui lui restait à parcourir. Elle plongea de nouveau son regard dans Crocs Nacrés. Elle ne voulait pas embêter son paternel, mais à ce rythme, la famille n’aurait pas son repas avant longtemps. De plus, son géniteur était un grand guerrier, fort et rapide, comme le prouvait son pelage sage, sans doute obtenu à cause d’une bataille ou d’une chasse… Attends quoi ? Son pelage sale ?

« Dis Papou, pourquoi t’es tout tout sale ? »

HRP:

« J'ai pas trop bien fait ma toilette, mais je vais pas traîner. »

Son père avait des pétales dans le pelage, et à ses pattes. Comme un papa fleur. Une fleur sale mais une fleur quand même. Elle s'imaginait maintenant un Crocs Nacrées portant une couronne de pétales autour de son cou. C'est vrai que ce serait joli mais surement un peu encombrant. Et très voyant, pas vraiment pratique pour attraper du gibier. Mais son géniteur devait être un si bon chasseur qu'il pourrait même ramener pleins de lapins avec ce désavantage!

« Le merisier il perd tous ses pétales d'un coup et comme y'a eu un peu de vent, ça m'est tombé dessus cette nuit. »

Elle dirigea son regard vers l'arbre, qui portait de jolies fleurs blanches, qui ne semblaient pas sales du tout, contrairement à celles brunes et collantes nichées ça et là sur la fourrure de son père.

On lui avait déjà dit que son nom était aussi celui d'un vent, comme celui de Fofo et pour Ventoutou, le lien n'était pas bien compliqué à voir. C'était marrant de donner un nom aux courants d'air, elle se demandait bien comment il fallait les différencier. Peut-être était-ce son semblable immatériel qui avait mi les pétales sur Crocs Nacrés. Ou celui de Foehn. Et quel était celui de l’aînée? Tous? C'est compliqué dis donc. Vaut mieux donner des noms simples, de choses que l'on peut voir comme... comme Petit Merisier! Quoique, elle n'avait pas à remettre en cause le choix de ses parents. C'était joli, pour les trois. Et savoir qu'elle et ses sœurs étaient liées jusqu'au nom lui faisait plaisir.

« Ça veut dire que l'été est tout proche. »

L'été! D'après certains anciens, c'était la meilleure saison. Il y avait plus de gibier, plus de soleil... Avec ce qu'elle avait entendu, Petit Alizé s'imaginait quelque chose de magnifique. D'extraordinaire, qui briserait la routine quotidienne. Du jour au lendemain.

"Dis Papou, c'est comment l'été? Les anciens ils disent que c'est leur saison préférée! Pourquoi? Il se passe quelque chose de bien?

HRP: