|LP| Spectatrice du monde [Libre] - abandon

C'était une journée banale au camp du clan du Vent. Les guerriers revenaient de patrouille, certains posaient des lapins sur le tas de gibier. Les apprentis, devant leur tanière, chahutaient, racontaient leur entrainement. Les anciens dormaient, leur fourrure réchauffée par le soleil qui brillait haut dans le ciel. C'était une journée banale au camp du clan du Vent. Quelques nuages blancs étaient dispersés, la chatonne y voyait des nids de mousse tout doux et blancs, qui semblaient bien confortables pour dormir. Pourrait-elle un jour en décrocher un, pour sa mère, son père et ses soeurs? Tout était ordinaire. Mais pour Petit Alizé, c'était merveilleux. Car tout semblait se porter pour le mieux, car tous semblaient heureux. Devant cette scène de vie sans problème, un sourire naquit sur ses lèvres. Elle se sentait comme une spectatrice invisible, qui observait le monde sans qu'il le sache. Elle l'espionnait dans ces scènes de vie banale, avec les membres de son clan comme acteurs, qui croyaient ne pas être vu. Faisait-elle preuve de voyeurisme? Peut-être un peu. Mais qu'avait-il de mal à regarder l'environnement qui l'entourait, surtout quand il était si joyeux?

Elle avait quitté la pouponnière, laissant ses soeurs vaquer à leurs occupations et était sortie tranquillement. Elle s'était mise dans un coin, assise, observant tour à tour le ciel et la terre. Elle se sentait hors du temps, hors de cette vie dont elle était le public. Après tout, qui faisait attention à cette petite chatonne insignifiante qui était dans son coin?

Les jours se faisaient moins douloureux pour mon cœur. Patte Venteuse m’avait bien fait comprendre ses besoins, ainsi que celui de ses sœurs. J’étais une idiote de penser que la famille serait suffisante à mon absence. Je n’étais qu’une mauvaise mère, et je sens que chez les étoiles, Aube Grise, ma mère, devait avoir honte. Elle était si bien elle. Si elle était encore là, je suis sûre que je ne serais pas comme ça. Et je n’aurais probablement pas eu mes trois petites. Au début, je n’en voulais pas c’est vrai, des chatons, je me sentais trop immature. C’était le cas, et j’ai du murir à leur naissance. Je n’ai même pas eu le temps d’ailleurs. J’ai changé parce que mon enfant m’a fait remarquer que ça n’allait pas. Là est le problème. Je n’ai pas été capable de me rendre compte des choses moi-même. Maintenant c’est réglé, on va dire, je me rends compte que je dois être présente pour mes petits chatons.

Prenant en compte mon nouveau mode de vie, je quittais très peu la pouponnière, sauf si c’était nécessaire. Et ce midi, j’étais partie pour me chercher à manger. J’étais affamée ! L’avantage d’être coincée dans la pouponnière c’est que la nourriture vient à toi. Je me reposais tranquillement en mangeant ce que les autres prenaient pour moi. En même temps, avec mon petit corps et du lait en abondance dans les mamelles, j’étais encore trop lourde pour chasser, et même courir correctement, et puis je devais être la pour mes trois petites. J’attrape alors un petit lapin et rejoins ma tanière. Pas très loin de cette dernière, je voyais une petite forme grisée, assise regardant le monde qui l’entour. C’était Petit Alizé. En trottinant, j’allais vers elle pour savoir ce qu’elle faisait là. Oh et peut-être elle était en âge de gouter un peu la viande ? Je pourrais essayer en lui mâchant un bout peut-être. Je me couche à côté d’elle, et lui demande avant d’entamer mon lapin :

« Petit Alizé ! Que fais-tu ici ma Belle ? »

Mon ton était doux et aimant. Je n’avais plus peur de montrer mon affection.

Toujours un petit sourire aux lèvres, elle regardait cette peinture mouvante pleine de joie. Une forme grise, bien connue, portant la première odeur qu’elle avait sentie. Brise Argentée venait vers elle, la faisant entrer dans le tableau de la vie du camp. Elle se coucha près d’elle, un lapin entre ses pattes, mettant à sa vue cette fourrure fort accueillante pour un câlin. Depuis quelques jours, elle ne savait pourquoi, elle voyait cette douce pelisse bien plus souvent. Cela ne pouvait que lui faire davantage plaisir, d’autant plus que sa mère semblait plus heureuse.

« Petit Alizé ! Que fais-tu ici ma Belle ? »

Petit Alizé ne put réprimander un ronronnement en attendant ses paroles. La Brise Argentée avec ce ton-là, c’était celle qu’elle préférait. Bien sûr, elle aimerait toujours autant sa mamoune, mais il y avait des moments où elle était plus appréciable. Ces moments avaient commencé perduré depuis que sa présence plus importante auprès de ses filles.

« Je regarde les autres ! Tout le monde a l’air content ! » dit-elle, pétillante de joie, si bien que ses moustaches frémissaient.

Elle leva les yeux vers le ciel, regardant à nouveau les nuages. Qu’elle aimerait monter sur l’un d’eux ! Pas seulement pour le côté doux auquel elle avait pensé auparavant, mais pour leur hauteur. De là-haut, elle pourrait tout voir, le monde entier ! Elle avait hâte de pouvoir sortir, de découvrir le monde extérieur. Cependant, la peur la rattrapa bien vite, stoppant ses rêveries. D’après certaines histoires, le dehors représentait le danger. Il était peuplé de monstres appelés chats d’autres clans. Et si elle tombait d’un de ces grands coussins blancs, elle pourrait se faire très mal. La meilleure idée restait la première. Que les nuages viennent à elle, ainsi sa famille pourrait profiter de la première qualité des couchettes.

« Dis Mamoune. Comment on décroche un nuage ? Ils ont l’air si doux, ça doit être parfait pour dormir ! »

HRP:

Alizé semblait si heureuse. Ce petit sourire sur son visage me faisait chaud au cœur. Ce tout petit ange si adorable… Je fais que je sois plus présentes pour elles les rendaient toutes plus heureuse. Nous avons eu un mauvais départ, j’étais prête à disparaitre, ne jamais exister juste pour qu’elles grandissent loin d’une mère indigne, qu’elles puissent vivre avec seulement l’amour de leur famille sans le mien. Le problème était, que mon absence les a marqués. J’espère que je saurais me rattraper et que tout ceci ne sera que de l’histoire ancienne.

« Je regarde les autres ! Tout le monde a l’air content ! »

Je prends un petit morceau du lapin entre mes pattes, en la regardant s’extasier face au monde. Frétillante, ses yeux pétillaient de joie. Si fragile et sensible. La regarder découvrir ainsi l’extérieur me donnait envie de lui parler des entrainements pour être guerrier, de lui montrer le territoire, chasser avec elle, lui faire partager la sensation que procure la course dans la lande. Lui montrer ce que c’était d’être un membre du clan du Vent.

« Dis Mamoune. Comment on décroche un nuage ? Ils ont l’air si doux, ça doit être parfait pour dormir ! »

Décrocher un nuage ? Quelle idée. Mais une me vient justement. Je pourrais l’approcher le plus possible des géants cotonneux ? Je laisse la moitié de mon lapin à côté, je le finirais plus tard, et m’approche de Petit Alizé.

« On ne peut pas les décrocher malheureusement… Mais je peux te rapprocher d’eux ! »

Je l’attrape par la peau du cou, et la pose en douceur sur mon dos. Je lui fais signe de s’agripper. Tournant la tête de droite à gauche, je cherchais un rocher assez haut, qui surplombait tout le camp pour être au plus proche du ciel. Une fois mon promontoire en vue, je vais vers lui rapidement, et grimpe dessus. Sur la pointe des pattes, je tente de me faire plus grande. Ma petite taille n’aidait pas beaucoup. Crocs Nacrés aurait été bien mieux pour faire ça, il était plus grand que moi. Je me sentais toujours aussi honteuse de ce que je lui avais fais. J’aurais pu être plus délicate. Enfin, pensons à autre chose.

« D’ici tu peux les voir d’un peu plus près. Ils peuvent même avoir plein de forme regarde ! Lui, on dirait… un papillon ! »

Je me raidissais en voyant la forme de cet animal qui me terrifiait tant. Je ne voulais pas que ma petite le voit. J’en regardais d’autre à la place. Essayant vainement de m’extasier pour rentre Alizé heureuse.

Petit Alizé fut déçue d'apprendre que décrocher un nuage se révélait être impossible. Tant pis. C'était méchant de leur part, pourquoi ne les laissaient-ils pas profiter de leur douceur? Peut-être ne pouvaient-ils pas, tout simplement.

« ...Mais je peux te rapprocher d’eux ! »

Hein?
Elle se sentit soulever de terre pour atterrir sur une surface bien moins stable que le sol, mais plus douce. S'arc-boutant, elle réussit à tenir sans pencher trop d'un côté ou de l'autre, avant que sa mère commence à marcher. Non sans fierté, elle réussit à ne pas tomber jusqu'à que sa mère soit sur un rocher surplombant le clan. Delà, elle arrivait à mieux voir les géants blancs qu'elle convoitait. Mais ils semblaient toujours aussi inaccessibles, à son plus grand regret. Il était temps de faire son deuil du sommeil dans les nuages.

« D’ici tu peux les voir d’un peu plus près. Ils peuvent même avoir plein de forme regarde ! Lui, on dirait… un papillon ! »

Suivant le regard de Brise Argentée, elle tomba en effet sur la brume blanche ayant la forme d'un papillon. Petit Alizé aimait bien les papillons, ils étaient jolis avec leurs petites ailes. Et ils lui faisaient penser à sa maman, avant. Mais plus maintenant qu'elle était plus présente pour elles.

"Les papillons, ils me font penser à toi avant! Car un papillon, ça change toujours de fleurs et toi tu sortais souvent! Et aussi car c'est joli, comme toi! Mais c'est toujours le cas!

Ayant fini son exposé sur Pourquoi les papillons lui font penser à sa maman? , elle laissa divaguer son regard sur les autres géants blancs, sans en trouver un à son goût. Jusqu'à qu'elle en voit un avec une forme plus ou moins ronde, le vent la bougeait sans cesse, avec une autre petite boule et deux "bâtons" accrochés à celle-ci. L'imagination des enfants était connue pour être sans limite et ce n'est pas celle de Petit Alizé qui prouverait le contraire.

"Là, on dirait un lapin!"

HRP:

Alizé suivait mon regard. Elle voyait le nuage qui me rappelait de mauvais souvenirs. Pourtant je me confrontais à lui. Faites qu’elle ne suive jamais ces viles créatures.

« Les papillons, ils me font penser à toi avant! Car un papillon, ça change toujours de fleurs et toi tu sortais souvent! Et aussi car c'est joli, comme toi! Mais c'est toujours le cas! »

Les papillons ? Comme moi ? N’aurait-elle pas raison tout simplement ? Elle ne mesure pas la portée de ses paroles, pensant qu’au premier degré, ne connaissant pas la brutale fin de leur grand-mère. Mais je crois que, si j’ai autant peur d’eux c’est bien parce qu’ils me reflètent. Couleurs provocatrices, grâce naturelle, des briseurs de cœurs, de vie. Je n’ai peur que de moi-même.

Perdue dans mes pensées, je finissais par tourner la tête pour regarder Alizé. Je ne devais pas montrer que j’étais un papillon, et comme resterait en vie, si elle le sait, je ne pourrais plus la protéger de rien. Mais je devais probablement paniquer pour rien, ce ne sont que des nuages après tout. De simples géants de coton. Cette enfant que j’ai conçue, même si elle n’était pas prévue, est devenue la chose la plus importante à mes yeux. Je pourrais tout sacrifier, le clan du vent, la vie de n’importe qui, la mienne. Je ne suis pas l’exemple maternel, et Alizé vient de me le confirmer à sa manière innocente, mais je fais de mon mieux à présent. Je mourrais pour elles.

« Là, on dirait un lapin! »

Je lève les yeux vers le nuage qu’elle me désigne. Un petit lapin. Une imagination sans limite, un retour en enfance. Elle me faisait oublier mes pensées sur mon passé, mes peurs. Je profitais à présent de l’instant, j’étais avec elle, et je regardais les nuages. En parlant de lapin, elle aimerait peut-être gouter un peu à la viande ? Je n’ai pas tout mangé.

« Oh en parlant de lapin, tu veux en gouter un peu ? Je t’en mâche un petit bout pour que se soit plus simple à manger. Tu veux ma belle ? »

Sa mère leva ses yeux vers le ciel, et observa la forme que lui avait désigné sa fille. Pouvait-elle apercevoir ce lapin fait d'un géant blanc? Ou son imagination s'était ternie avec le temps?

« Oh en parlant de lapin, tu veux en gouter un peu ? Je t’en mâche un petit bout pour que se soit plus simple à manger. Tu veux ma belle ? »

En entendant cela, Petit Alizé se souvint de la proie entamée par sa mère, qu'elle avait laissée à l'endroit où elles se trouvaient auparavant. L'odeur alléchante lui revint en mémoire. L'idée de goûter de la vraie nourriture, celle que mangeaient les grands lui était plaisante. Laissant un petit ronronnement lui montait dans la gorge, elle en avait l'eau à la bouche. Bien sur, elle ne se plaignait pas du lait de Brise Argentée, mais découvrir de nouvelles saveurs ne pouvait être qu'excitant.

"Oh oui, je veux bien Mamoune! C'est toi qui l'a attrapé? "

Se rappelant que ce n'était pas possible qu'elle n'avait quitté la pouponnière que rarement ces temps-ci -pour son le plus grand bonheur des ses sœurs-, elle pensa aux autres possibilités. Son père, ses oncles, sa grand mère... Elle n'avait pas conscience que Brise Argentée n'avait surement aucune idée de qui l'avait attrapé. Pourtant elle n'ignorait guère l'existence d'un tas de gibier. Elle l'avait d'ailleurs déjà regardé avec curiosité, se demandant quel gout pouvait bien avoir les différentes proies. Aujourd'hui, elle saurait pour le lapin.

"Ah non ça peut pas être toi... Alors Papou? Tempéton? Tonton Guégué? Mamifou? "

HRP:

« Oh oui, je veux bien Mamoune! C'est toi qui l'a attrapé? »

Me dit-elle de sa petite voix de chaton. Je ronronnais doucement à sa question. Pour une fois je pouvais être satisfaite de moi, j’étais présente pour mes filles, alors je ne pouvais pas avoir attrapé cet animal. J’allais lui répondre quand elle se reprit finalement sa question, me demandant alors si c’était, avec sa belle liste de surnom, un des membres de la famille qui l’avait attrapé. Le surnom qu’elle donnait à mon frère me faisait rire. Tempéton. C’était mignon, et sa le rendait tout gentil et pelucheux. Après, je sais qu’il était vraiment super avec ses nièces, il semblait bien les aimer et prenaient bien soin d’elles. Tant que je n’étais pas dans le coin bien sûr. Enfin, j’apportais enfin une réponse à Petit Alizé.

« Je dirais… Tempéton. Tu sais qu’il vous aime bien, alors cette proie était surement destinée à vous faire goûter la viande ! Tu vas être la première d’ailleurs. »

En vérité je n’avais aucune idée de qui aurait pu attraper cette proie, mais je voulais montrer à Alizé qu’elle et ses sœurs, elles étaient toutes spéciales. Je quittai ce rocher qui me servait de promontoire pour voir les nuages de plus près, et me dirigeait vers l’entrée de la pouponnière où j’étais quelques instant plutôt. Le lapin était toujours là, à moitié grignoté. J’attrapai Petit Alizé pour la faire descendre de mon dos et je la reposai en douceur entre mes pattes. Je me couchai et mâchai un petit bout du lapin pour qu’elle puisse goûter. Une fois le morceau assez haché, je lui posai devant elle.

« Vas-y goûte ce petit morceau. Tu va voir, c’est succulent ! »

« Je dirais… Tempéton. Tu sais qu’il vous aime bien, alors cette proie était surement destinée à vous faire goûter la viande ! Tu vas être la première d’ailleurs. »

Tempéton ! Son oncle, au même titre que Puissant Guépard. Elle les aimait fort tous les deux et ceux, sans préférence. Petite Alizé n’avait pas de hiérarchisation, elle appréciait et aimait les personnes du même « rang » de son entourage avec la même puissance. Elle aimait ses sœurs autant l’une que l’autre, ses parents autant l’un que l’autre, ses oncles autant l’un que l’autre… Savoir que Ciel Tempétueux les appréciait aussi la remplissait de joie, même si elle s’en était doutée. L’entendre de vive voix était toujours mieux et cela confirmait. En plus, il avait attrapé cette proie spécialement pour elles ! Il faudrait qu’elle aille le remercier, quand il passerait à la pouponnière. Elle l’aurait bien fait de suite, mais elle ne le voyait nulle part en vue, sans doute était-il hors du camp, à honorer ses devoirs de guerrier. Elle avait vraiment un oncle génial. Rectification : elle avait vraiment une famille géniale, surtout depuis que sa mère était bien plus présente. Elle se savait chanceuse, ce n’était pas le cas de tout le monde.

Sa mère se mit en marche, et descendit du Rocher-Pour-Voir-Mieux-Les-Nuages (il avait maintenant son nom gravé dans sa mémoire, comme pour se rappeler de cet instant joyeux avec Brise Argentée). Elle retourna à l’entrée de la pouponnière où Petit Alizé observait auparavant son environnement et sa maternelle l’attrapa afin de la remettre les pattes sur terre. Le sol semblait dur sous celles-ci, après les avoir mise dans la belle et douche fourrure de Mamoune. Se couchant, cette dernière prit un morceau de lapin et le mâcha. Une fois qu’elle eut finie, elle le posa devant sa fille.

« Vas –y goûte ce petit morceau. Tu vas voir, c’est succulent. »

Elle ne se le fit pas dire deux fois. Certains auraient peut-être trouvé un peu dégoûtant, pas elle. Sa mère lui faisait un cadeau, et ça ne se refusait pas. Elle mastiqua et trouva en effet que le goût était succulent. Découvrir de nouvelles saveurs lui faisait du bien. Non pas que le lait de Brise Argentée était mauvais, mais il était à présent habituel. Elle ronronna en mangeant et fut presque déçue quand elle eut finie. Il fallait absolument que ses sœurs goutent ça, elles allaient adorer !

"C’était trop trop bon ! Merci Mamoune ! Et faudra que je dise merci à Tempéton aussi ! Faut faire gouter à Fofo et Ventoutou, elles vont adorer !"

Et puis, dans un élan d’affection, elle se coucha, se collant à la fourrure de Brise Argentée, et frotta sa tête contre elle, en ronronnant.

HRP:

Petit Alizée semblait si ravie, que ça me réchauffait le cœur. Cette petite était toujours aussi joyeuse, et j’espérais qu’elle le reste toute sa vie. Quoi de mieux que de voir un sourire sincère et heureux pour rendre une journée brillante. Je crois que seules mes filles pouvaient me faire ça.
La petite mâcha le petit morceau que je lui avais donné. J’attendais sa réaction, et elle fût parfaite. Elle semblait adorer ça.

« C’était trop trop bon ! Merci Mamoune ! Et faudra que je dise merci à Tempéton aussi ! Faut faire gouter à Fofo et Ventoutou, elles vont adorer ! »

Et avant que je puisse lui répondre, elle se colla à moi, frottant sa tête, dans un petit ronronnement de chaton. Le cœur sur le point d’exploser face à l’amour qu’elle me portait, je l’attirais doucement entre mes pattes pour la tenir, pour qu’elle se sente protégée, qu’elle comprenne que j’étais là pour elle et que je ne partirais plus. La sensation de mes courses dehors ne valait en fait rien comparé à ce qu’elles me faisaient ressentir toutes les trois. Plus le temps passait, plus je prenais conscience de ça. Je ne les laisserais plus jamais. Oh ça non. Ronronnant encore plus qu’elle, je fermais les yeux et frottait ma tête contre ma toute petite fille. J’ai trouvé mon trésor le plus fabuleux.

« Je t’aime ma toute petite. Toi et tes sœurs. »

Les mots que je venais de prononcer étaient si rare venant de moi. Peu démonstrative de mes réelles émotions, surtout lorsqu’il s’agit d’une vraie affection. C’était des mots que seule ma mère et mon père avaient entendus, lorsque tout allait à merveille entre nous. Et ça devait être la deuxième fois que je disais ça. D’une voix pleine d’affection, je lui proposais :

« Tu peux aller chercher Patte Venteuse et Petit Foehn si tu veux qu’elles goutent à la viande aussi. Ou alors plus tard. Dis-moi ce qui te ferait plaisir. »