Les deux affreux (libre) -end

Spoiler:

Douce Orchidée venait tout juste de terminer son poisson, lorsqu'elle décida de profiter du soleil. Une bonne sieste, cela faisait bien longtemps qu'elle n'en avait pas fait. Les récents événements lui trottaient toujours dans la tête, mais la nouvelle guerrière avait définitivement tourné la page. Maintenant elle pouvait pleinement se consacrer à son rôle de guerrière, elle n'avait plus autant de responsabilité que lorsqu'elle était lieutenante, et elle savait qu'elle pouvait compter sur Brasier Glacial pour l'encourager. Elle était ravie de sa deuxième nouvelle vie, elle l'avait choisie et elle ne regrettait rien. Même si les premiers débuts en tant que guerrière avaient été compliqués, maintenant elle était vraiment heureuse. Malheureusement, c'était sans compter sur la présence d'une des reines, Perche Farouche, que la journée allait être bouleversée.

«  Ça oui ! J'en ai marre ! PETIT RENARD, PATTE GRISE, SI VOUS VOULEZ PAS M’ÉNERVER VOUS FERIEZ MIEUX DE RENTRER TOUT DE SUITE ! »

La guerrière écarquilla les yeux, la reine lui faisait presque peur à hurler le nom de ses petits dans le camp. Mais bizarrement, Douce Orchidée la comprenait. Elle connaissait les chatons de la pouponnière, peut-être pas tous, mais Petite Renard et Patte grise, si. Et effectivement, le fait de ne pas voir les deux chatons turbulents lui avait fait tout drôle. La guerrière se releva et s'empressa d'aller trouver la reine.

« Perche Farouche ! » lança-t-elle suffisamment fort pour que la reine se retourne, toujours en train de beugler à la recherche de ses fils. « Je vais partir à leurs recherches, je vais faire le tour du camp et sinon je partirais..à l'extérieur. » Sans attendre la réponse de la reine, Douce Orchidée se mit à la recherche des deux chatons. L'odeur était bien présente, mais suffisamment faible pour conclure une chose, Patte Grise et Petit Renard n'étaient plus là depuis un petit moment...

HRP:

Jusque là, c'était une journée tout ce qu'il y a de plus normal. L'atmosphère du Clan était redevenue calme, sereine, joyeuse parfois, pendant que peu à peu tout le monde tournait la page. La matinée, je l'avais passée à chasser, comme à mon habitude. Les proies se raréfiait un peu, à mesure que l'air se rafraîchissait, mais rien de bien important pour l'instant. La mauvaise saison, saison de neige et de glace, n'était pas encore à l'horizon. Je rentrai au camp peu avant le zénith et déposai le fruit de mon travail près du tas de proies du camp. Dans un coin du camp, je me couchai sur le sol, au soleil, et passai un peu de temps à observer l'activité dans le camp. C'était reposant tant les choses allaient bien. Enfin, jusqu'à ce que Perche Farouche sorte de la pouponnière et s'énerva assez fort pour que tout le monde l'entende :

"Ça oui ! J'en ai marre ! PETIT RENARD, PATTE GRISE, SI VOUS VOULEZ PAS M’ÉNERVER VOUS FERIEZ MIEUX DE RENTRER TOUT DE SUITE !"

Je soupirai légèrement, un petit sourire au coin des lèvres. Bien évidemment que mes cousins, les fils de Matin Embrasé, seraient parmi ces chatons curieux un peu disruptifs qui ne résisteraient pas à l'envie de sortir voir autre chose que le camp. Je me levai de ma place au soleil, me disant que je ferais mieux de partir à leur recherche. Bien que je connaisse pas encore vraiment les petits, c'était quand même ma famille, alors autant en prendre soin. Et puis, je pense que calmer Perche Farouche serait une bonne action pour le Clan tout entier me dis-je en rigolant intérieurement. Coïncidence, Douce Orchidée avait aussi réagi à l'appel - il est vrai, difficile à ignorer - de la reine affolée.

"Perche Farouche !" dit-elle à la reine, attirant son attention. "Je vais partir à leur recherche, je vais faire le tour du camp et sinon je partirai... à l'extérieur." Et sans un mot de plus, elle se retourna et se mit à la recherche d'une piste. Je la rejoins immédiatement et lui lançai avec un petit sourire amusé "Salut ! Je vais t'aider : connaissant leur père, je pense pas que ces deux-là soient encore dans le camp." À l'évocation de Matin Embrasé, je ressentis une pointe de tristesse : sa mort avait été lente, sans doute douloureuse, mais surtout inutile, et c'est pour toute ces choses à la fois que je regrettais que personne n'ait rien pu faire pour lui. Cela dit, même assez récent, le passé est le passé, et je ne pouvais pas y rester accroché : j'espérais simplement qu'il ait finalement trouvé la paix dans le Clan des Étoiles. Je me concentrai à nouveau sur la situation.

"Si on suit la faible piste de Patte Grise et Petit Renard, on devrait assez vite comprendre qu'ils sont sortis. Reste à chercher dans quelle direction, alors..." Je pris quelques instants pour me concentrer pleinement sur la piste des deux chatons, marchant dans les alentours pour trouver la bonne direction. Je compris assez vite qu'ils avaient fait comme tout le monde, sortant par le chemin habituel, sans doute lorsque personne n'y passait. J'adressai un signe de la queue à Douce Orchidée et me mis en route d'un bon pas, sortant du camp. Je n'aimerais pas être à la place des deux chatons une fois qu'on les aurait ramenés au camp...

A peine commençait-elle les recherches que quelqu'un la rejoint dans le feu de l'action. Quand elle se retourna, elle fut surprise de voir Brasier Glacial. Elle esquissa un grand sourire avant de se remémorer d'une chose, Brasier Glacial était le neveu de Matin Embrasé, et Patte Grise et Petit Renard étaient les fils de ce dernier. Donc, Brasier Glacial était leur cousin. Il était évident que celui-ci participer à la recherche des chatons, et la guerrière était contente de savoir que c'était avec elle.

« Salut ! Je vais t'aider : connaissant leur père, je pense pas que ces deux-là soient encore dans le camp.
- Bonjour Brasier Glacial, avec plaisir ! »

En parlant de leur père, Douce Orchidée crut déceler une émotion qu'elle n'avait encore jamais vue chez le rouquin. Mais elle ne posa aucune question, elle était bien trop contente de se retrouver avec elle pour les recherches. Brasier Glacial connaissait la famille mieux que moi, il était normal de l'écouter de partir directement inspecter hors du camp. Ça lui rappelait la fois où elle avait retrouvé Petite Emeraude juste à côté de la rivière, et la discussion ne s'était pas bien terminée du tout. D'ailleurs, Douce Orchidée en gardait un mauvais souvenir, premièrement parce qu'elle s'était disputée avec la fille de celle qu'elle avait tant adoré, et deuxièmement parce que cette fois-là, elle était encore lieutenante. Et aucuns souvenirs d'elle en tant que lieutenante la ravissait, si on enlevait ceux passés avec Brasier Glacial ou ses amis.

« Si on suit la faible piste de Patte Grise et Petit Renard, on devrait assez vite comprendre qu'ils sont sortis. Reste à chercher dans quelle direction, alors.. »

Douce Orchidée opina de la tête, il était le cerveau et elle les pattes, c'était bien connu elle n'était pas terrible en pistage, mais elle voulait aider au mieux le guerrier à retrouver ses cousins. Ainsi, Perche Farouche allait cesser de hurler dans tous le camp les noms de ses chatons, mais la guerrière ne pouvait pas comprendre ce que cela faisait de perdre ses chatons. D'un pas décidé, Brasier Glacial sortit du camp, et Douce Orchidée à ses trousses. Elle regarda une dernière fois en arrière, cherchant du regard la reine, avant de s'éclipser.

Douce Orchidée hocha la tête, prête à me suivre sur la piste des deux chatons. Les deux jeunes félins n'avaient pas laissé beaucoup de traces proches du camp, ou en tout cas rien de plus que ce que les guerriers et apprentis, passant souvent par ici, pouvaient laisser. Mais au milieu de l'odeur générale des chats du Clan, leur marque était bien là. Je laissai l'odeur me guider, concentré pour ne pas la perdre. J'arrivai à en dégager une direction générale. "Par ici..." soufflai-je doucement à Douce Orchidée, faisant un effort pour ne pas perdre la piste si peu évidente.

Je marchai doucement dans la direction que mon odorat m'indiquait. Sans conteste, la piste s'éloignait bien du camp, et semblait orientée vers la rivière, même si les deux malins auraient pu changer de direction d'un coup. Mais après quelques temps à marcher, la piste olfactive devint piste physique : non loin de nous se trouvait une flaque d'eau laissée par les dernières pluies. Et autour de la flaque, des traces d'un passage assez récent, comme un guerrier un peu inattentif, ou bien... des chatons vagabonds s'amusant ici. J'y réfléchis quelques secondes, mais pour moi ça ne faisait aucun doute : Patte Grise et Petit Renard étaient passés par là.

J'indiquai à Douce Orchidée les détails qui avaient retenu mon attention. "Tu as vu, autour de la flaque ? Je crois qu'ils sont passés par là..." Pour être absolument sûr - car rien ne serait de suivre une mauvaise piste - je m'approchai de la flaque et des quelques plantes qui l'entouraient. Je ne trouvai pas de poils de chat, mais l'odeur était là, évidente sur les feuilles. "Il y a leur odeur sur les plantes... La piste devrait être évidente d'ici. Je parierais qu'elle va nous mener à la rivière." miaulai-je à la guerrière au pelage blanc. Le plus dur du travail avait été fait, mais je restai concentré sur la tâche. Je repris la marche, le pas un peu plus rapide, le long de la piste des chatons, qui s'intensifiait peu à peu. C'était probablement l'affaire de quelques minutes maintenant.

Aussitôt, Brasier Glacial débuta sa piste. Douce Orchidée, elle, restait aux aguets. Elle ne comprenait toujours pas comment les deux chatons avaient pu quitter le camp.. Il n'y avait donc pas de gardes ? Elle était presque énervée à l'idée d'imaginer deux chatons quitter le camp de façon si simple. Elle soupira tout en continuant de suivre le guerrier roux qui avait bien plus d'odorat qu'elle. «Par ici... » lui souffla-t-il. Mais Douce Orchidée songeait déjà à ce qu'elle allait bien pouvoir dire aux chatons une fois qu'ils les auraient retrouvé. La dernière fois qu'elle avait retrouvé Petite Émeraude hors du camp, ça s'était très mal terminé. Même si Brasier Glacial était avec elle, les deux n'étaient surement pas les plus à l'aise du clan avec les chatons. Plus le temps passait et plus les deux chats s'éloignaient du camp. Finalement, Patte Grise et Petit Renard avaient eu le temps de s'éloigner plus que prévu.

«Tu as vu, autour de la flaque ? Je crois qu'ils sont passés par là...» Douce Orchidée sortit de ses pensées pour revenir aux paroles du rouquin. Effectivement, une odeur était présente, qui n'avait rien à voir avec celle qu'on trouve en pleine nature. C'était l'odeur des petits, sans aucun doute. « Il y a leur odeur sur les plantes... La piste devrait être évidente d'ici. Je parierais qu'elle va nous mener à la rivière. » La guerrière gloussa, tous les chatons avaient décidément l’habitude d'aller à la rivière. Brasier Glacial reprit la marche d'un pas plus rapide, maintenant il fallait se dépêcher pour les retrouver à temps.

Après plusieurs nouvelles minutes de marche, les deux guerriers se retrouvèrent à la rivière. Douce Orchidée scruta l'étendue d'eau avant de s'y rapprocher un instant. Elle les sentait, elle sentait leurs odeurs, alors ils devaient forcément être tout près. Finalement, c'est en tournant la tête que la guerrière découvrir la fourrure blanche de Patte Grise. « En voilà un ! » miaula Douce Orchidée en fixant la boule de fourrure à quelques longueurs de queues d'eux. Celui-ci resta sur place à contempler les deux guerriers se rapprocher de lui à vive allure.

«Tiens tiens ! Coucou Brasier et Douce Sord... Seurd... Douce Sordidée ! » La guerrière haussa les sourcils une fois arrivé à hauteur du chaton qui venait de les accueillir avec un énorme sourire. Mais Patte Grise était seul à les accueillir, il manquait son frère à l'appel. « Vous avez soif ? Il fait chaud hein ? » Douce Orchidée soupira, elle n'aimait pas le ton que prenait le petit avec eux. Il avait quitté le camp en douce avec son frère, et voilà qu'il faisait comme si tout allait bien.

« Douce Orchidée. » fit remarquer la guerrière. « Patte Grise, au camp ta mère te cherche partout... » Commença-t-elle. « Qu'est-ce qui vous a pris ? Et où est ton frère ? Si tu nous le dis pas on finira bien par le retrouver. » Demanda-t-elle en insistant.

Confortablement roulé en boule sur un tapis de mousse, les branches du buisson le protégeant des rayons du soleil, Petit Renard roupille comme un loir, totalement inconscient de la panique qu'a bien pu créer sa disparition. Patte Grise et lui ne font rien de mal après tout, et puis ils sont à l'abri sous ce buisson. Et il n'y a pas à dire, ce coin est bien plus douillet que la pouponnière ! La preuve, il s'est endormi si vite qu'il ne s'en est même pas rendu compte. Désormais, il vagabonde sur la terre des songes, sur laquelle il est déjà un grand guerrier sans peur et sans reproche, que tout le monde adule. Il est d'ailleurs le chef du Clan et tout le monde fait la révérence à Étoile du Renard, le plus grand meneur que le Clan de la Rivière n'est jamais connu. Ses petites pattes rousses gigotent sur son nid alors que, dans son rêve, le jeune matou mène une bataille acharnée contre le Clan du Tonnerre. De ses pattes immenses, il assomme ces cervelles de souris un à un et tous s'enfuient devant lui. Les Rochers du Soleil lui appartiennent !

C'est alors qu'un courant d'air lui caresse l'échine. Petit Renard ouvre doucement un œil, quittant sa bataille onirique pour retrouver le monde réel. Encore tout endormi, il met quelques secondes à réaliser que Patte Grise a disparu. C'est sa chaleur qui a quitté ses côtés qui l'a réveillé. Alors le chaton roux se lève, s'étirant doucement. Son frère n'est sûrement pas loin, mais il serait plus prudent qu'il le retrouve, histoire d'être certain qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux. Patte Grise n'est pas aussi débrouillard que lui, il pourrait lui arriver des bricoles. Et le chaton ne veut pas prendre le risque de perdre son frère préféré ! Il y a peu de risques mais sait-on jamais, il pourrait glisser et se tordre la patte … Et s'il est blessé, Petit Renard peut dire au revoir à son compagnon de jeux favori. Alors le voilà qui lève la truffe et renifle l'air ambiant, certain de pouvoir pister son frère comme un pro.

Néanmoins, outre l'odeur de Patte Grise, c'est le parfum typique des guerriers du Clan de la Rivière qui lui chatouille les narines. Une patrouille circule dans le coin ? Ce serait fâcheux s'il tombait sur eux maintenant – Petit Renard sait qu'ils n'ont pas le droit de sortir du camp et qu'ils risquent une bonne punition s'ils se font attraper. S'il n'a pas vraiment peur des remontrances – ça a tendance à lui rentrer par une oreille et ressortir par l'autre – il préférerait éviter les longs sermons barbants qui les attendent. Il lui faut donc vite retrouver Patte Grise avant que la patrouille ne le fasse avant lui. Mais alors que Petit Renard s'apprête à quitter le buisson, il perçoit quelques voix. Crotte de souris !! Il perçoit la voix de Patte Grise, puis celle de Douce Orchidée. Son frère a déjà été repéré. Que faire ? S'enfuir en le laissant là ou lui prêter main forte ? Non, il faut être ingénieux … Ingénieux !

Regardant tout autour de lui, Petit Renard aperçoit une grosse pierre à quelques longueurs de queue de lui. Peut-être que … s'il la jette à l'eau, cela attirera l'attention des guerriers suffisamment longtemps pour leur permettre de fuir ? Ou alors il lance une fausse alerte quant à des intrus sur leur terre. Si ce plan-ci paraît plus malin, les blâmes qu'ils recevront pour avoir menti n'en seront que plus hargneux. Mais tant pis, quitte à se faire disputer, autant que ce soit pour quelque chose, non ? Petit Renard s'ébroue alors, faisant gonfler son pelage pour avoir l'air effrayé. Il rabat ses oreilles sur son crâne, écarquille les yeux et fait exprès de haleter. Voilà, là, même le Clan des Étoiles le croirait ! Vraiment, quel génie.

Ni une ni deux, Petit Renard bondit des buissons, l'air terrorisé. Il fait même exprès de rentrer dans Patte Grise pour simuler une panique incontrôlable. Il croise alors le regard des guerriers. C'est son moment … Il doit être crédible !

Des intrus !! Siffle-t-il d'un air effrayé. Des intrus vers la rivière ! Ils sont au moins dix ! Non quinze ! Nous sommes envahis !!

Comment ça, il exagère un tantinet ? Que voulez-vous, c'est un chaton … Il y a certaines notions qui lui échappent encore.

"En voilà un !" miaula Douce Orchidée. En effet, un des chatons de Matin Embrasé et Perche Farouche gambadait tranquillement non loin. L'ancienne lieutenante et moi ne perdîmes pas de temps, nous rapprochant de Patte Grise, qui nous regardait juste arriver avec un petit sourire qui se voulait sympathique, mais peut-être aussi un peu joueur. "Tiens tiens ! Coucou Brasier et Douce Sord... Seurd... Douce Sordidée ! Vous avez soif ? Il fait chaud hein ?" nous dit-il en nous voyant approcher. Son "erreur de prononciation" allait bien avec son ton naïf, mais franchement, je doutais que ce soit vraiment naturel. Douce Orchidée semblait tout aussi déçue du ton du chaton - du moins c'est ce que son soupir semblait m'indiquer. Néanmoins, elle le corrigea sans s'énerver :

"Douce Orchidée." le reprit-elle doucement. J'admirai son sang froid - avoir son nom écorché, c'est jamais très agréable. "Patte Grise, au camp ta mère te cherche partout... Qu'est-ce qui vous a pris ? Et où est ton frère ? Si tu nous le dis pas on finira bien par le retrouver." continua-t-elle. Avant que j'aie le temps de surenchérir sur ses propos, une autre boule de fourrure fit irruption depuis un petit massif de buissons non loin. Courant à toute vitesse, il ne s'arrêta pas à temps et entra en collision avec Patte Grise, qui perdit un peu l'équilibre. L'air paniqué, essouflé, il souffla en reprenant sa respiration :

"Des intrus !! Des intrus vers la rivière ! Ils sont au moins dix ! Non quinze ! Nous sommes envahis !!"

Sans changer d'expression, je me tournai vers Douce Orchidée, essayant de sonder sa réaction. Mon premier instinct était que Petit Renard essayait surtout de se sortir d'affaire : même à l'échelle d'un chaton, il en faisait des tonnes, c'est dire... Quant à la possibilité d'une invasion surprise, honnêtement, je n'y croyais pas une seconde. Outre le fait que s'ils n'étaient pas loin, j'aurais été capable de le percevoir, nous n'étions pas en vrai conflit avec les autres Clans. Le Clan du Tonnerre était bien occupé par ses différends avec le Clan du Vent, et le Clan de l'Ombre n'avait pas de raison de lancer une attaque sur nous alors qu'il y a une lune à peine, nous étions alliés face aux fanatiques.

"Désolé Petit Renard, mais là, je n'y crois pas une seule seconde. Cela dit, joli travail d'acteur." lui dis-je de mon ton neutre et froid malgré la petite plaisanterie contenue dans ma phrase. "On verra si ça te sera plus utile quand tu essaieras de discuter de ta punition... Parce qu'évidemment, c'est pas tout à fait autorisé pour des chatons de sortir du camp. Et vous le savez. Désolé de jouer les rabat-joie." continuai-je, commençant ma phrase en m'adressant à Petit Renard, puis aux deux chatons à la fois. J'attendis une réaction de leur part, peut-être une contestation, ou peut-être une réaction de Douce Orchidée. Ent tout cas, même si ce n'était pas évident, j'étais content de les avoir retrouvés sains et saufs. Les petits estiment souvent mal le danger lié au territoire. Il frappe rarement, mais il est bien réel. D'ailleurs ça m'est déjà arrivé de me faire courser par un blaireau auprès de cette même rivière...