Le pont [PV. Nuage d'Alizé et Nuage d'Émeraude] -abandon

Nuage d'Alizé lâcha prise, obligée par la propriétaire de sa patte mordue, et se prit un coup qui l'envoya valser un peu plus loin. Heureusement, elle avait glissé sur le pont et ne s'était pas trop rapproché du bord. Elle se releva rapidement, ne voulant pas lâcher prise. Il était hors de question d'abandonner , de fuir, fierté du clan du Vent oblige! Elles montreraient toutes les deux à cette étrangère qu'elle ne savait pas à qui elle avait affaire. Elles allaient lui montrer à elle et à tout son clan, qu'on ne s'approprierait les terres qui leur revenaient de droit aussi facilement! Le grise n'était qu'une jeune apprentie, mais on lui avait mis dans la tête sa haine et sa peur, et maintenant, ces deux émotions régissaient ses actes.

Elle fulminait, grognait. Sa fourrure avait doublé de volume, mais elle semblait toujours aussi ridiculement petite. Faible. Elle n'avait pas la force, pas la technique et la ruse n'était pas une option. En effet, son cerveau n'était focalisé que sur une seule et unique chose. Gagner et faire le plus de mal à cette rousse. Quelle ironie pour celle qui était d'habitude la douce, celle qui voulait le bien, quitte à se blesser, quitte à ignorer ses propres désirs pour faire plaisir.

Elle s'élança à nouveau, n'ayant pas la moindre idée de l'attaque à effectuer. Alors elle ne pouvait qu'attaquer frontalement. Ce qu'elle fit. Elle se précipita vers l'ennemie, fit mine d'attraper une nouvelle fois ses pattes avant de se dire que ce serait prévisible. Elle planta donc ses griffes dans la fourrure de la féline nageuse, sans savoir vraiment où. Étonnée de ne pas voir sa sœur à ses côtés, elle tourna la tête. Ce qui devait être un coup d’œil furtif fut une longue observation. Une observation qui lui fit relâcher sa prise. Nuage des Vents reculait! Elle allait tomber!

"NUAGE DES VENTS, STOP, NE BOUGE PLUS!"

Paniquée, elle avait oublié l'une des leçons les plus importantes. Ne jamais tourner le dos à un adversaire.

HRP:

L'emprise de la petite apprentie au poil bicolore se relâcha bientôt et Nuage d'Émeraude n'eut plus à gérer que celle de son amie, la tigrée. Celle-ci était apparemment plus teigneuse, et elle n'était pas décidée à la laisser s'en tirer sans lui avoir laisser deux ou trois marques avant cela. Mais Nuage d'Émeraude avait le même caractère têtu qu'elle, et était bien décidée, elle aussi, à ne pas partir la première de ce combat dont elle ne se souvenait même plus du début.
Après avoir essuyé plusieurs coups de griffe qui lui arrachèrent un cri de rage, Nuage d'Émeraude eut la surprise de voir son ennemie tourner la tête, puis carrément lui tourner le dos. Un rire ironique, qui trahissait sa surprise, s'échappa de sa gorge tandis qu'elle observait la scène, incrédule. La première apprentie, la bicolore, avançait en perdant l'équilibre comme si elle ne tenait plus sur ses pattes ; de ce fait, elle se rapprochait rapidement du bord du pont, qu'elle ne semblait même pas voir, comme si elle était contrôlée par une force obscure et invisible. Son amie, désormais focalisée sur elle, lui criait de ne plus bouger, de ne plus avancer ; elle semblait consciente du danger, elle, au moins. Mais Nuage d'Émeraude, elle, n'en avait pas fini avec les deux teigneuses.

Aussi sauta-t-elle sur le dos de l'apprentie tigrée. Elle la tint bien écrasée au sol et lui interdit tout mouvement, profitant de son ascendant sur elle avec un sourire victorieux. Elle ne sortit néanmoins pas les griffes et ne lui asséna aucun coup de crocs ; son but n'était pas de lui faire de mal, cette fois, mais bien de se jouer d'elle et surtout, de lui prouver qu'elle avait le dessus et qu'elle était plus forte qu'eux. C'était cela qui comptait le plus à ses yeux : être respectée, être admirée ; être reconnue.

Alors qu'elle s'efforçait de maintenir son adversaire au sol, elle releva les yeux pour ne pas perdre de vue son acolyte. C'est alors qu'elle constata avec surprise que l'apprentie fonçait toujours droit vers le bord du pont. Plus que deux pas de côté et elle chuterait dans le vide, jusqu'à se voir plongée dans l'eau glacée de la rivière en contrebas.
Pourquoi ne réagissait-elle pas ? pensa la rouquine sans comprendre ce qu'il se passait.