Si jamais j'peux aider ? Ft Nacnac - end

La petite voulait être grande. Ça se sentait. Indulgent, Crocs Nacrés la laissa intervenir sans peine. Tant mieux si elle n'avait pas peur, après tout. Tant mieux si elle était volontaire.

" Je peux quand même l'enterrer. Tu sais, j'ai appris ce geste depuis ma naissance. Mais merci de te proposer, c'est gentil.
- Fais comme tu veux ! "

Et il la laissa faire. Quelle belle assurance ! Elle s'y prenait si consciencieusement ! Ils reprirent leur route mais très vite, Nuage du Crépuscule intervint encore :

" Attends. Dis moi, on va bien le retrouver au retour, hein ? Enfin, on nous l'aura pas piqué ? Peut-être enterrer plus profondément ?
- On verra bien, mais normalement, y'a pas de raison ! " rétorqua le guerrier, qui était comme toujours le cul entre deux chaises. Il avait bien du mal à dire vraiment "oui" ou "non". " Allez, viens on continue notre ronde. " l'enjoignait-il tranquillement.

Et il reprenait son petit bout de chemin. Le monde autour d'eux semblait si calme... Il ne faisait plus attention à grand-chose. Mais quelque chose, soudain, l'arrêta. Les oreilles dressées, il écouta et renifla le vent. Une tension s'était réveillée. Le contraste était saisissant, et sans doute pas facile à comprendre pour la petite derrière lui.

" C'est quoi ? " chuchota-t-il pour lui-même, alors qu'enfin l'odeur de la terreur atteignait sa truffe. " Non... " se horrifia-t-il, comme pétrifié.

Il gardait de cette odeur-là un souvenir affreux, tétanisant. Sa queue balaya le sol derrière lui. La petite ! Elle était où ? Le cœur battant à tout rompre, il perdit son sang-froid : " Petite ! " cria-t-il, déchirant, l'imaginant déjà se vider de son sang comme Nuage de Silex, autrefois.

Mais c'était idiot de crier. Elle était juste à côté de lui. Pourquoi ne l'avait-il pas remarquée ? C'était d'autant plus idiot que son comportement attira totalement sur eux l'attention du prédateur.

" PAR LA TOUT DE SUITE TU COURS TU TE CACHES ! ET PAS DANS UN TROU SURTOUT ! " ordonna-t-il, rassemblant ce qui lui restait de raison tandis que le blaireau commençait à courir vers eux. Il avait désigné leur droite à l'apprentie. La direction qui lui permettrait de s'éloigner le plus vite possible du danger. Et lui-même fonçait en avant, tandis que le blaireau venait de leur gauche. Il espérait attirer l'attention du dangereux mammifère pour l'éloigner de leurs terres. Et cette fois-ci, hors de question de faire la moindre folie. Un coup de griffe de ce bestiau suffisait à couper en deux un chat costaud.

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'Event Vent' :

Il avait commencé à filer lorsqu'il se retourna, et en voyant ce qu'il vit, il manqua de s'évanouir de peur tant son sang semblait s'être arrêté de circuler. La petite avait à peine bougé, elle s'était mise par terre, et c'était vers elle que le blaireau allait, et pas vers lui. Il aurait pu hurler, mais ça n'aurait servi à rien. Il fallait faire demi-tour, et se rapprocher de ce dangereux prédateur, ce qui était tout à fait contre-intuitif, et c'était difficile de hurler tout en courant, car quand Crocs Nacrés courait vite, il avait besoin de respirer fort pour ne pas se faire mal.

Il ne se dirigea pas vers la petite, ce serait faciliter le travail de la bête. Non. Il fallait, malheureusement, qu'il recentre sur lui l'attention du monstre, qui avançait, lui aussi.

C'était affreux. Il imaginait déjà les longues griffes du mammifère s'enfoncer dans sa chair. Il rejoignit le blaireau par le côté. Ce dernier l'avait entendu mais ne s'était pas retourné, et continuait d'avancer vers la petite, qui était, à cette distance, ça devenait plus simple à comprendre, tombée.

Crocs Nacrés blêmit. Si elle s'était fait mal à la patte, elle était morte.

" Lève-toi et cours ! Même si t'as mal, tu dois pas t'arrêter, mets-toi en sécurité dans un buisson ! " lança-t-il, à demi essoufflé par sa propre course. Et désormais, les yeux jaunes de la créature le fixaient, comme s'ils voyaient en lui un meilleur morceau qu'en la petite.

La vivacité du geste offensif du dangereux animal surprit Crocs Nacrés. En un coup de patte sifflant, il lui avait déjà lacéré les vibrisses et la joue droite. Si Crocs Nacrés n'avait pas reculé sa tête à temps, elle aurait sans doute été emportée par la violence de cette attaque, mais fort heureusement, il n'en conserverait qu'une grosse éraflure, et un souvenir cuisant plein de frayeur.

L'animal était sur lui, et désormais, il fallait qu'il vive. Qu'il vive assez longtemps pour que la petite puisse s'éloigner, et peut-être, pourquoi pas, qu'il échappe au monstre. Ce serait mieux.

Crocs Nacrés contourna, prudemment, le blaireau par le côté. Ce dernier tenta une seconde fois de lui assener un coup brutal et dévastateur, mais cette fois, le guerrier tigré sut s'écarter, et il avait même griffé la patte du blaireau au moment de ce contact qu'ils avaient failli avoir. L'heure n'était pas à s'en réjouir, et d'ailleurs, cette perspective ne lui traversa absolument pas la tête. Il fila, ayant cette fois-ci tout à fait détourné l'attention de la bête.

" DANS UN BUISSON, BOUGE PAS, JE TE RETROUVE TOUT A L'HEURE " s'époumona-t-il, sans avoir seulement évalué la position de l'apprentie de peur que le Blaireau fasse de même. Et de nouveau il sprinta comme rarement dans sa vie il avait sprinté. Il savait désormais que l'animal était plus lent que lui à la course, mais se doutait aussi qu'il avait une bien meilleure endurance. Le but était de se cacher avant d'être à bout de souffle. Autrement dit, très vite.

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#1 'Attaque Clan' :


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#2 'Attaque Autre' :

Nuage de Crépuscule gémissait doucement. Elle avait très très mal à la patte, et le blaireau était bien de trop rapide pour elle. Elle n'allait pas réussir à se relever. Elle allait finir sa vie, ensanglantée, tuée par un blaireau, alors qu'elle ne demandait que d'aider, c'était tout ce qu'elle voulait faire aujourd'hui, mais elle ne reverrait plus personne, elle mourrait sans témoin, ou ce pâle chat dont elle avait oublié le nom. Il allait peut-être se tuer pour elle, mais elle ne voulait pas qu'on se tue pour elle. Elle ne voulait pas que le clan se souvienne d'elle en tant qu'apprentie n'ayant jamais combattu, ni rapporté de proies, ni rien ! Les guerriers, la famille du mâle ne verront en elle que le malheur, que la petite rouquine maigrelette qui avait tué … Celui-dont-elle-ne-savait-plus-le-nom ! Mais le revoilà, qui revenait au combat, tel un chef du Clan des Etoiles:
" Lève … ours ! Même s... mal, tu dois … t'arrêter, mets-toi en …rité dans un buissoooon ! "

Elle ne comprenait absolument rien à ce qu'il disait, mais son instinct lui souffla les brides de mots qu'elle n'avait pas su entendre. Il fallait qu'elle courre. Qu'elle se relève et qu'elle courre, même si elle souffrait. Mais fallait-il qu'elle se mette en sécurité dans un boisson, ou bien non ? Pelage Strié n'avait pas eu le temps de lui expliquer ce qu'il fallait faire en cas d'attaque de blaireau, et si elle s'en sortait, elle se promit de lui demander directement. Avant d'aller faire un câlin à sa mère.
L'affreux prédateur détourna le regard. Il avait entendu le chat qui accourait, maladroitement, il fallait se le dire. Mais elle s'en moquait. Plus que tout.
Et un moment dont elle se souviendrait toute sa vie, un moment qui la hantera pendant très longtemps surgit. Le félin se vit assener un énorme coup de patte par l'autre, et des grosses gouttes de sang giclèrent. La rouquine avait fermé les yeux, elle ne voulait pas le voir mourir. Mais il n'était pas parti, pas à terre, il tenait, et rendit l'attaque au monstre. Et il partit à fond, très vite, poursuivi par le géant qui faisait trembler le sol.
" DANS UN BUISSON, BOUGE PAS, JE TE RETROUVE TOUT A L'HEURE "

Elle l'adulait. Comment, comment pouvait-il se soucier de son bien-être à elle, alors qu'elle l'avait fichu dans le pétrin, à le sortir du campement, alors qu'ils auraient pu ramasser des brindilles ? Comment pouvait-il se soucier de son bien-être alors qu'il était en train de lutter, de courir, alors qu'il était à bout de souffle, alors que sa vie ne tenait qu'à un fil ? Enfin, elle ne pouvait faire qu'une chose. Lui obéir.
Malgré sa blessure, qu'elle avait oublié sous le coup de l'adrénaline, elle se releva, et clopin-clopant, se retira dans le buisson le plus proche. Que pouvait-elle faire d'autre ? Franchement. Elle n'avait ni la carrure ni l'expérience de se battre, elle aussi. Elle le voulait, oui, plus que tout, mais elle ne pouvait pas. Mais elle ne pouvait pas non plus se résoudre à laisser ce guerrier qui lui avait sauvé la vie sans savoir ce qu'il adviendrait de lui. Alors, doucement mais sûrement, elle se dirigea par là où ils étaient partis, évitant la touffe de poils et les gouttes de sang qui avaient giclé quand le blaireau l'avait attaqué.
Allait-il rester de ce monde ? Excellente question.

HRP:

C'était très désagréable de se sentir essoufflé et d'avoir un blaireau aux fesses. Tant que Crocs Nacrés restait dans le collimateur du monstre, il ne pouvait pas se cacher dans un buisson. Il savait que les trous étaient des cachettes tout aussi dangereuses, et qu'y avait-il d'autre que des buissons et des trous, pour se cacher, dans les landes, lorsqu'on ne savait pas grimper aux arbres ?

Rien du tout. Et il ne pourrait plus courir longtemps. Il était cuit.

Il faillit renoncer, quand brusquement, devant lui, un grossier petit tas de terre apparut. Qu'est-ce que... il courut dans cette direction... Qu'est-ce que c'était ? Et lorsqu'il y fut il comprit. Il comprit que c'était sa chance. Vite ! Il creusait, creusait. Vite ! Plus vite ! Le blaireau approchait. Comme c'était profond... se lamenta-t-il un instant. Mais finalement, il parvint à sentir le pelage encore chaud du lapin que l'apprentie avait chassé tout à l'heure.

Et il tira la proie de là.

Le blaireau arrivait à cet instant. Il voyait le lapin, et il le voyait lui, le chat. Il allait vouloir les deux ! Crocs Nacrés décida de laisser là le lapin et de s'enfuir avec les dernières forces qu'il lui restait. L'animal commençait à le poursuivre, mais finalement, les Étoiles furent avec Crocs Nacrés, car il fit demi-tour pour revenir s'emparer du jeune lapin.

Il avait bien raison. Le lapin, c'était très très très bon à manger. Brave blaireau.

Exténué, Crocs Nacrés rejoignit, en marchant, car il ne pouvait plus courir, la frontière. Au cas où l'animal le pisterait. Puis il s'arrêta le temps de faire une rapide toilette. Cela brouillerait peut-être ses traces. Et enfin, péniblement, car la course l'avait éreinté, il fit demi-tour et revint là où il avait laissé l'apprentie en contournant très largement la zone où l'animal, s'il s'y trouvait encore, n'aurait plus aucun mal à le tuer.

Traînant la patte, épuisé, il avait bien dû faire attendre la petite pendant une quarantaine de minutes, toute seule, avec non loin d'elle, un dangereux prédateur. Si jamais le blaireau l'avait sentie... Il n'osa plus y penser, et parcourut les Hautes Landes lentement, les oreilles et le flair aux aguets. Le plus étrange fut qu'il ne rencontra personne, pas un membre du Clan du Vent. Etait-il le seul à se douter qu'il y avait une apprentie à trouver quelque part par ici ? Le blaireau avait-il seulement été remarqué par les sentinelles ?

Mystère.

Il humait l'air, il écoutait partout, mais il se sentait si glacé après sa course que sa sensibilité avait considérablement chuté. Il passa plusieurs fois à côté de la piste de l'apprentie sans la suivre. Il n'osait pas appeler non plus, parce qu'il avait peur d'attirer l'attention de la bête. Bref, il lui fallut un moment pour retrouver celle qu'il cherchait.

Elle avait trouvé un sacré bon buisson, même si le tigré se doutait que la cachette ne devait pas être confortable.

" Nuage du Crépuscule ? " l'appela-t-il, sans force dans sa voix. Le but était de rester discret. Et aussi de ne pas gaspiller d'avantage d'énergie en paroles, parce qu'il était conscient qu'ils n'étaient pas encore rentrés au camp.

" Sors de là... " ordonna-t-il, fatigué mais sérieux. Et il entreprit de renifler la petite qui sortait de son buisson pour s'assurer que son sang n'avait pas coulé.

Elle avait l'air d'aller bien. Mais il préféra s'en assurer Et tant qu'à faire, la rassurer un peu. " Bravo. Tu as vraiment été très courageuse... Tu peux marcher ? " Puis, enfin, toujours à voix basse, il expliqua son plan en désignant une direction d'un petit geste de la tête : " J'ai perdu de vue le blaireau. On va rentrer au camp en passant par l'autre côté. Et on marche tout doucement, sans faire de bruit, d'accord ? "

Il se sentait si las, encore... Tous ses muscles étaient endoloris par sa course. Mais il avançait, parce qu'il fallait rentrer. Tous deux devaient se mettre en sécurité, absolument. Sur le chemin, le tigré essaya de bavarder un peu :

" Moi, je vais bien, j'ai un peu couru, je suis fatigué. Et euh... "

Quand même, il fallait le dire. " Ton lapin m'a sauvé la vie. "

Ses côtes s'agitèrent, il riait d'un rire nerveux mais pas très intense, parce qu'il était trop fatigué pour rire beaucoup. Et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de songer que la situation avait quelque chose de vraiment cocasse. " Ne l'enterre jamais plus profond. "

Spoiler:

Finalement, au bout de quelques minutes, peu ou beaucoup, elle n'en savait rien, elle n'avait plus la notion du temps, elle arrêta. A quoi cela servait ? Elle n'avait aucune information sur son parcours. Aucune information sur son état. Les questions la hantaient. Elle ne savait pas si elle avait fait le bon choix, elle ne savait pas si elle aurait dû le suivre, si elle aurait dû … Si elle aurait dû … Il y avait tellement de pensées pessimistes qui la poursuivaient. Mais seulement, elle en revenait toujours au même point. Que faire ? Où aller ? Rentrer au campement et annoncer à tout le monde qu'elle avait laissé Crocs Nacrés dans les pattes du blaireau ? Jamais. Etoile Tropicale ne daignera jamais lui adresser la parole, elle ne passerait jamais guerrière, elle n'aura jamais d'amis.

On la disait optimiste, mais ce n'était pas vraiment possible pour elle, en ce moment. Elle se sentait bien, heureuse, entourée des gens qu'elle aimait, qui l'aimaient, mais là, elle n'était que laissée à elle-même dans ces terres qu'elle connaissait à peine. Arriverait-elle à rentrer au camp ? Nuage de Crépuscule inspira profondément. Ca ira, ça ira. Il va revenir, il reviendra et ils rentreront, le blaireau balayé par le vent. Voilà. Finalement, malheureuse comme une pierre, elle fit demi-tour, et alla se cacher dans un buisson. Elle ne s'autorisa même pas à grimacer quand les branches piquantes lui piquèrent le flanc, vu ce qu'avait enduré le guerrier quand le monstre l'avait attaqué.

La rouquine posa sa tête sur ses pattes, tordue dans un angle étrange pour se reposer. Enfin, pour se tourmenter. Au bout d'un temps qui lui parut interminable, un long moment où elle resta sur le qui-vive, un murmure lui parvint. Et ce murmure portait son nom. Elle leva les yeux, et ses pupilles ambrées fixèrent la silhouette du mâle tigré qui approchait. Elle sortit, avant qu'il ne lui demande, et se laissa inspecter du museau au coussinet. Puis, elle le suivit, alors qu'il lui parlait :
" Bravo. Tu as vraiment été très courageuse … Tu peux marcher ? " Elle hocha doucement la tête, un peu tremblotante. " J'ai perdu de vue le blaireau. On va rentrer au camp en passant par l'autre côté. Et on marche tout doucement, sans faire de bruit, d'accord ? "

L'apprentie marcha à ses côtés, s'adaptant à son rythme de croisière. Il semblait absolument é-pui-sé, mais elle le comprenait. Il avait semé le blaireau. Il avait semé le blaireau ! Ca lui paraissait tellement impossible ! Mais il l'avait fait. Elle qui avait émis silencieusement quelques doutes sur son rôle de guerrier, ne pouvait plus nier. Il méritait amplement son titre.
" Moi, je vais bien, j'ai un peu couru, je suis fatigué. Et euh … Ton lapin m'a sauvé la vie. Ne l'enterre jamais plus profond. "

Nuage de Crépuscule haussa les sourcils, étonnée. Puis, après quelques secondes de silence, elle comprit pourquoi il riait. Sa proie fraîchement capturée avait donc servit d'happât ! D'un coup, le poids de son inutilité disparut, comme par enchantement. Elle avait tout de même aidé. Enfin, différemment, mais elle avait aidé ! La jeune répondit :
"Mais, tu es … Incroyable. Epoustouflant."

Elle ne savait pas quoi dire d'autre. Alors, elle se tut. Sa soif d'apprendre, sa curiosité avaient été emporté, par la fatigue, par la peur. Elle n'avait qu'une hâte, se rouler en boule et dormir.

hrp: