Tiques, tac [ Ft. Nuage des Vents] - abandon

Si, au départ, les corvées avaient été pour Nuage des Vents une véritable plaie, c’était aujourd’hui presque un temps de repos. Loin de la pression trop forte des entrainements, de la peur du regard des autres et de l’échec. Sans compter qu’elle adorait les anciens depuis qu’elle était toute petite. Elle les respectait de tout son être, ces chats qui avaient combattu de longues lunes pour leur Clan sans jamais faillir. La seule cause de son mal-être était de les savoir pour la plupart assez vieux pour embrasser la mort un peu plus chaque jour. Le pire cauchemar de Nuage des Vents étaient d’en retrouver un décédé un beau matin ou pire, d’en voir un mourir. Elle s’y attachait, rendant la tache plus ardue encore. La plupart du temps, elle essayait d’écarter ces pensées, ne pouvait néanmoins faire abstraction de cette boule qui lui serrait la gorge chaque matin.

Nuage des Vents se leva, anticipant ce qu’elle devrait faire ce matin afin de s’autoriser un peu de temps libre. Elle voulait finir plus tôt, mais bien entendu, hors de question de bâcler le travail. S’ils étaient parfois questionnable, l’apprentie avait des principes et elle y tenait tout particulièrement. Prendre soin de ses ainés et les respecter en faisait parti.

Sans plus attendre, elle choisit quelques belles proies sur le tas de gibier - un petit lapin et un campagnol. Ainsi, ils auraient de quoi manger pendant qu’elle leur retirerait les tiques.

Trottinant vers la tanière des anciens, son regard croisa celui de Nuage de Blizzard, qui lui l’ignora complètement. Elle s’attendait à ce qu’il s’écarte, leur laissant de la place à tout les deux pour aller dans leur sens, mais il n’en fut rien. L’apprenti continua tout droit et percuta Nuage des Vents, qui fit tomber ses proies au sol sous le choc.

« Regarde où tu vas ! Nan mais c'est pas possible, il est aveugle ou quoi ?! Allez je file chez silencieux et après je suis libéré, faut vite que j'enlève cette horrible odeur de mes pattes. C'est immonde! »

Nuage des Vents plaqua les oreilles sur son crane, irritée. Elle ne l’entendit pas marmonnait mais put le voir très clairement bouger les lèvres. Il ne fut donc pas difficile de le deviner.

Ne pas s’énerver, ne pas s’énerver… Elle avait toujours eu beaucoup de mal à gérer sa colère, et pour l’aider, un ancien lui avait conseillé de compter jusqu’à dix plusieurs fois dans sa tête ou en murmurant. C’était étonnamment efficace de se concentrer ainsi sur autre chose pour oublier le sentiment affreux de frustration, même si ça ne faisait pas tout le travail.

Elle soupira, détendit ses épaules et s’assis, interpelant son frère de lait à haute voix.

« Dis celui qui ne regarde pas en face de lui? Pas très courageux de murmurer face à sa grande soeur sourde. Dis, je pensais pourtant que ma mère t’avait enseigné le respect pour tes ainés. Et marmonner près des anciens, c’est pas trop ça. Fais au moins l’effort de faire comme si ça te plaisait ou d’assumer tes paroles, tu crois pas? »

- De quoi je me mêle d'abord ?! Et c'est pas parce que t'as une lune de plus que moi que tu peux me faire la morale, redescend un peu !

Nuage des Vents le regarda sans jamais lever la tête, quand bien même le male blanc fut plus grand qu'elle. Dans toute son arrogance, elle souffla un "Ooh?" sur un air suffisant, s'installant à son tour, assise en face de lui sans jamais ciller.
Se laisserait-elle impressionner par un simple male plus jeune qu'elle, qui était venu la déranger dans sa portée lorsqu'elle était encore à la pouponnière? Certainement pas. Son égo en prendrait un coup.
Elle avait toujours été l'ainée, la première née, plus âgée d'entre toutes - de quelques minutes par rapport à ses deux soeurs de sang - et continuerait de faire honneur à ce grade, qui dans la composition clanique ne valait rien.

- Môssieur s'est levé du mauvais pied ce matin? siffla-t-elle. Il veut passer ses nerfs sur plus petit que soi?

Elle leva une de ses pattes de suie pour la lécher, indifféremment de ce qui pouvait bien se passer en face d'elle. Il ne lui faisait pas peur. Si lui était capable de l'intimider, alors elle ne ferait jamais une bonne guerrière.

- Ohhhh non, je vois. Il a besoin d'imposer sa domination pour se sentir exister. Eh bah, vas-y, j't'en prie. Essaie.

Essaie un peu, pour voir, menaçait-elle. Qu'on rigole.