Premières fraîcheurs - Brasier Glacial -end

Actuellement, Douce Orchidée se sentait bien. A être à la rivière qui n'avait pas encore gelé, à la saison froide qui arrivait, à la pêche catastrophique qu'ils avaient fait, et la présence du guerrier. Elle ne s'était encore jamais sentie aussi reposée et aussi joyeuse dans un moment aussi simple. Peu importe qu'elle avait loupé un poisson, au moins elle passait un agréable moment en bonne compagnie. Et en ce moment, c'était tout ce qu'elle souhaitait, et rien d'autre.

« On dirait bien ! » Brasier Glacial lui répondit en ronronnant , à sa plus grande joie. « On continue le long de la rivière ? Comme ça, on trouvera peut-être finalement ce qu'on est venu chercher. »

Etait-ce parce qu'il était là qu'elle se sentait si bien ? Si épanouie, et si heureuse ? Certes c'était dû à son rejet de post de chef, mais depuis c'était encore meilleur qu'avant. Alors il avait certainement sa part de responsabilité. Alors elle ne pouvait que lui dire merci, et à passer toujours plus de temps avec lui. La guerrière acquiesça, souriante.

« Vas y, je te suis ! » lança-t-il en remuant les moustaches. « On finira bien par trouver.. »

Elle commença à marcher, filant le long de la rivière accompagnée du guerrier.

Je reçus rapidement l'accord de Douce Orchidée, toujours souriante : "Vas-y, je te suis ! On finira bien par trouver." Et c'est ainsi que nous continuâmes de marcher le long de la rivière, côte à côte... et bien plus proches l'un de l'autre que la première fois que nous avions chassé ensemble, remarquai-je. Mais c'était bien, et avec elle - il n'y avait bien qu'elle ! - j'étais à l'aise. Je décidai de discuter un peu avant de me remettre à chasser sérieusement.

Les seuls bruits audibles étaient le son de la rivière, et le vent qui soufflait dans les branches des arbres, à présent presque entièrement dénudées, sans feuilles. Pourquoi vouloir troubler une telle scène. Ne voulant pas trop déranger la bonne atmosphère, et le calme qui régnait aujourd'hui dans cette partie de la forêt, je lui miaulai doucement :

"Ça faisait longtemps qu'on était pas sorti chasser, juste tous les deux." Je marquai une petite pause, un peu hésitant. Je n'étais pas sûr de vouloir continuer la phrase en tête - même après tant de lunes, j'avais encore du mal à m'exprimer, comment dire ? - naturellement. Même si je savais que Douce Orchidée ne m'en voudrait pas, et que je n'avais vraiment rien à craindre, ça restait difficile par moments, quand j'essayais de parler de moi. Avec elle, j'avais progressé, c'était indéniable. Ça ne veut pas dire que j'avais complètement perdu ms barrières - j'en étais pourtant si proche !...

Rien de ma réflexion ne parut sur mon visage, et je finis par me lancer dans cette phrase qui à d'autres aurait demandé si peu d'efforts : "En tout cas, ça me fait plaisir qu'on soit là. Et puis, tu as l'air d'aller mieux qu'avant - et ça aussi, ça me rend heureux." Nerveux, mais content d'avoir su dire ces mots, j'attendis patiemment sa réaction, mon visage trahissant bien peu mon propre état quelque peu paniqué. Je continuai simplement de marcher le long de la rivière, comme si de rien n'était.

Ainsi, les deux félins se mirent en marche dans le calme, sans un mot, avec comme seule musique de fond le bruit de l'eau. C'était agréable. Et bientôt, peut-être allaient-ils pouvoir venir ici se balader sans un bruit autour à cause de la rivière gelée ? Seul l'avenir pouvait décider, mais Douce Orchidée songeait surtout au présent. Rien n'était plus comme avant. Et elle ne voulait plus revenir en arrière.

« Ça faisait longtemps qu'on était pas sorti chasser, juste tous les deux. »

Elle hocha la tête, un sourire gêné collé au visage mais pourtant si contente d'entendre ce genre de paroles sortir de la bouche du rouquin. Rien n'était plus comme avant, parce qu'elle avait changé. Non pas juste à cause de sa démission, ou des récents événements. Quelque chose en elle avait commencé à bouger, à changer. Elle n'était plus la même sur un point, mais cherchait encore sur quoi.

« En tout cas, ça me fait plaisir qu'on soit là. Et puis, tu as l'air d'aller mieux qu'avant - et ça aussi, ça me rend heureux. »

Elle ronronna. Jamais au tout début de leurs relations elle n'aurait pensé entendre ça de la bouche de Brasier Glacial, guerrier qu'elle ne connaissait pas franchement, un guerrier qui paraissait froid, distant. Et finalement leur rencontre est arrivée si soudainement. Il est arrivé si soudainement dans sa vie, que maintenant elle ne pouvait passer une journée sans se demander comment il allait, s'il souriant, s'il était heureux, s'il était de bonne humeur, s'il pensait peut-être à passer du temps avec elle ?..

« Moi aussi je suis vraiment très heureuse de passer du temps avec toi, ça me plaît vraiment beaucoup.. » miaula-t-elle en souriant. « Mais tu sais, si je vais mieux c'est aussi grâce à toi. Je ne sais pas où est-ce que j'en serais si tu n'avais pas été là. C'est très important que tu sois à mes côtés. »

C'est surtout devenu très important que tu restes à mes côtés. Que tu sois avec moi, près de moi.

Rien n'est plus comme avant.

De manière rassurante, j'obtins une réaction positive de Douce Orchidée - un joyeux, doux ronronnement. La récompense pour mon effort, en quelque sorte, bien que je n'aie pas espéré en recevoir aucune. Le son s'estompa, mais pas sourire qui demeurait fixé sur son visage, sourire heureux, réconfortant, mais qui laissait aussi une autre impression. Un peu de gêne, peut-être ? Si c'était le cas, alors je ne pouvais pas me moquer d'elle - recevoir un compliment de quelque façon que ce soit, je n'ai jamais trouvé ça facile. Cependant, au vu du développement de notre relation pendant les dernières lunes, je commençais à suspecter autre chose. Et, si j'étais honnête avec moi-même, moi aussi je ressentais quelque chose. Mais pas la peine de trop s'avancer - tant que rien n'est dit, je ne peux que supposer, et donc me tromper. Et je n'ai pas envie de me tromper.

"Moi aussi je suis vraiment très heureuse de passer du temps avec toi, ça me plaît vraiment beaucoup..."

À mon tour de recevoir le même compliment que je lui avais donné. Et je ne savais pas mieux y répondre qu'elle... Rien de nouveau sur ce point-là. Mais pourtant, même s'il n'y avait rien de nouveau, quelque chose était différent. Je ne savais pas vraiment dire quoi, je ne pouvais pas l'expliquer ni lui donner un nom, mais honnêtement, la conclusion était assez évidente. Heureusement pour moi, Douce Orchidée avait un peu plus à dire.

"Mais tu sais, si je vais mieux c'est aussi grâce à toi. Je ne sais pas où est-ce que j'en serais si tu n'avais pas été là. C'est très important que tu sois à mes côtés."

Touché par ses paroles, je lui offris un des sourires les plus tendres de ma vie, avant de le laisser s'estomper un peu.

"Je suis content que tu le penses... Mais la vérité, c'est que tu avais juste besoin d'un petit coup de patte. Le reste, tu l'as fait toute seule, et tu t'en es très bien tirée." lui répondis-je après quelques instants de silence, à mon tour un peu gêné.

Après ça le rouquin lui rendit un sourire et la guerrière sentit ses joues rougir sous sa fourrure. Chose qu'elle n'aurait jamais pensé. Elle avouait avoir changé, ne plus ressentir la même chose pour le guerrier, en fait ses sentiments avaient évolué. Au début il n'était qu'un guerrier parmi tant d'autres, ils étaient partis chasser, patrouillé ensemble avec son oncle et au fur et à mesure ça devenait naturel de l'inviter à partir chasser rien que tous les deux. Mais elle se demandait si lui au moins l'appréciait autant qu'elle, puisque finalement elle ne le considérait plus comme une simple personne, comme un simple ami, mais comme quelqu'un qu'elle respectait beaucoup et qu'elle appréciait beaucoup. Mais aujourd'hui ses paroles, ses compliments et ses sourires ne résonnaient plus comme avant chez Douce Orchidée. Le silence s'installa, tandis que le guerrier reprit la parole.

« Je suis content que tu le penses... Mais la vérité, c'est que tu avais juste besoin d'un petit coup de patte. Le reste, tu l'as fait toute seule, et tu t'en es très bien tirée. »

Elle avait juste eu besoin d'un coup de patte ? Mais finalement, c'était lui qui lui avait donné ce coup de patte, et sans lui elle n'en serait pas là. Et même si ça avait été quelqu'un d'autre, est-ce que la relation aurait tant évolué ? Durant tout le reste, il était quand même resté à ses côtés. Elle s'en était tirée grâce à lui, et elle n'allait certainement pas l'oublier. Elle ne l'oublierait jamais.

« Oui. » avoua-t-elle. « Ce n'était pas un petit coup de patte, mais un énorme coup de patte que tu m'as donné. Je m'en suis tirée, mais certainement pas toute seule, sache-le. Je m'en suis tirée parce que je savais que tu n'étais pas loin. J'ai toujours pu compter sur toi. Je n'étais jamais vraiment seule. » Jamais elle ne s'en sortit seule.

Douce Orchidée prit un peu de temps pour réfléchir à sa réponse. Nous continuions de marcher, de plus en plus lentement. Je n'avais pas oublié la chasse, mais pour une raison ou pour une autre, j'eus l'impression que peut-être, en ce moment-là, c'était secondaire, et de loin. Je n'arrivais pas à dire pourquoi, mais c'était là.

"Oui." répondit-elle simplement, d'une voix un peu... timide ? Timide, mais pleine de modestie, d'une certaine manière. "Ce n'était pas un petit coup de patte, mais un énorme coup de patte que tu m'as donné. Je m'en suis tirée, mais certainement pas toute seule, sache-le. Je m'en suis tirée parce que je savais que tu n'étais pas loin. J'ai toujours pu compter sur toi. Je n'étais jamais vraiment seule." Cette fois-ci, je n'avais plus le choix de lui retourner son compliment, d'une manière ou d'une autre. Ces mots-là... ils me faisaient comprendre mieux que jamais à quel point j'étais important pour elle. Et quelle sensation, de se savoir si estimé, si essentiel à la vie d'un autre ! C'était... inattendu. Mais je me sentais bien. Et je le compris pour de bon en cet instant, la vérité, c'est que moi aussi, j'avais besoin d'elle maintenant, même si jamais ça ne s'était vu, même si jamais je ne l'avais montré, ou dit comme elle venait de le faire. La guerrière comptait beaucoup pour moi : je l'admettais pour moi-même enfin. Mais je ne me sentais pas prêt de lui dire, et me contentai d'une réponse plus... propre à mon caractère, je suppose.

"Bien, bien, si tu le dis... Je suis content d'avoir été là pour t'aider, alors." lui répondis-je, doucement, tranquillement. "Et je compte être là pour encore bien longtemps, ne t'en fais pas ! ... Enfin, jusqu'à ce que tu en aies assez de moi, évidemment." continuai-je avec un léger sourire, tandis que nous marchions lentement le long de la rivière. Profitant du court silence, j'observai un peu la zone, histoire de ne pas complètement perdre de vue là où nous étions et là où nous allions. Mais quelque chose me disait que ça non plus, aujourd'hui, ça n'avait peut-être pas tant d'importance que ça.

Le vent se leva et fit frissonner la guerrière alors qu'elle essayait de trouver ce qu'elle allait continuer de dire au guerrier roux. Elle sentait bien qu'elle ne le considérait plus comme un simple ami, mais comment le lui dire sans le brusquer ? Brasier Glacial n'était pas le genre à dévoiler ses pensées aussi facilement que Douce Orchidée, et c'était ce qui l'effrayait le plus. Se prendre un mur en pleine face et tout briser, la relation, tout ce qu'ils avaient tissé, que tout parte en miettes. Elle risquait gros, mais elle n'allait pas pouvoir faire semblant encore longtemps. Elle se sentait si bien avec lui qu'elle ne voulait pas perdre.

«Bien, bien, si tu le dis... Je suis content d'avoir été là pour t'aider, alors.»

Il était content, mais était-ce tout ? Elle aussi était contente, mais pas que, elle était vraiment vraiment très contente, heureuse. C'est comme s'il ne semblait pas convaincu, ce qui froissa la guerrière un instant.

«Et je compte être là pour encore bien longtemps, ne t'en fais pas ! ... Enfin, jusqu'à ce que tu en aies assez de moi, évidemment.»

Sa première phrase la rassura, elle pouvait encore compter sur lui et c'était ce qu'elle espérait. D'ailleurs, lui aussi pouvait continuer à pouvoir compter sur elle, même si elle devait certainement moins lui apporter que lui pouvait le faire pour elle. Mais il ne semblait pas voir à quel point il comptait pour elle et que jamais elle n'allait en avoir assez de lui. Elle pouvait en avoir assez des autres, mais certainement pas de lui. C'était impossible pour elle.

« Alors ça me va si tu seras là pour moi encore longtemps, parce que j'en aurais jamais assez de toi !» lança-t-elle avec un grand sourire. Il fallait bien qu'elle le dise à un moment donné. « Mais tu sais, depuis le temps, tu es devenu bien plus qu'un ami pour moi.. c'est devenu différent.» En espérant qu'il ne le prenne pas mal, Douce Orchidée commençait déjà à se sentir mal à l'aise.

Une énième bourrasque glacée nous secoua, passant à travers les poils de nos fourrures et nous volant toujours un peu plus de notre chaleur, mais je ne tremblai pas. Douce Orchidée semblait elle aussi prêter bien peu d'attention au vent et à la température, concentrée sur la conversation, bien plus douce que la nature en ces jours de début d'hiver.

"Alors ça me va si tu seras là pour moi encore longtemps, parce que j'en aurais jamais assez de toi !" me répondit-elle, souriante. Je souris aussi, continuellement gêné par la tournure de la discussion. Mais... c'était agréable aussi. Parce que si visiblement je comptais beaucoup pour elle, l'inverse était aussi vrai, et bien plus qu'elle ne le savait. Je commençais à voir où ces quelques sympathiques phrases nous menaient...

"Mais tu sais, depuis le temps, tu es devenu bien plus qu'un ami pour moi.. c'est devenu différent."

En effet. Il était temps que j'arrête de me voiler la face... Nous étions plus que juste des amis proches, j'étais d'accord. Mais le reconnaître et l'affirmer, c'était difficile. J'étais heureux qu'elle ait enlevé ce poids qui me pesait dessus depuis déjà quelques temps, bien que ça ne suffise pas pour me rendre complètement à l'aise - bien au contraire ! Je lui répondis, assez fermement :

"Oui... Je suis d'accord." Puis je continuai, un peu très hésitant, "Je... Tu..." Décidant de me reprendre en main, je m'arrêtai de marcher pour de bon, et de me mettre bien en face de Douce Orchidée. "Tu me connais. Ça fait un moment que j'y pense déjà, mais jamais je n'aurais trouvé les mots pour te le dire, ou le courage de t'en parler." J'étais dans tous mes états - mon cœur battait plus vite, comme sous pression, et je me sentais mal, j'avais presque le vertige tellement ça m'était difficile de m'ouvrir à elle - mais j'essayais tout de même de garder une forme de calme, au moins apparent. "Comment te dire..." Je regardai le sol, quelques instants, déçu de devoir éviter le regard de celle que j'aimais - car oui, je ne pouvais plus me le cacher, j'aimais Douce Orchidée. Je fermai les yeux quelques instants, essayant de trouver mon calme et mon courage. Je soupirai doucement avant de relever la tête et retrouver ses yeux d'émeraude.

"Je t'aime, Douce Orchidée."

Maintenant la chose un peu plus dévoilée, le guerrier roux allait peut-être deviner là où Douce Orchidée voulait en venir, ils n'étaient plus vraiment amis, certes il y avait de ça, mais quelque chose avait débarqué comme ça, d'un coup entre eux. Même si elle était terriblement nerveuse à l'idée d'entendre ce qu'il allait dire, elle espérait qu'il comprendrait, et qu'à cet instant elle risquait gros en avouant ce genre de chose. Brasier Glacial étant fermé, peut-être allait-il mal le prendre et ainsi s'achèverait leur histoire.

« Oui... Je suis d'accord. » Alors c'était déjà ça. « Je... Tu... » Douce Orchidée ne l'avait encore jamais vu comme ça, aussi hésitant. Le rouquin se mit alors en face d'elle, et elle sentit la pression monter, qu'est ce qu'il allait lui dire ? « Tu me connais. Ça fait un moment que j'y pense déjà, mais jamais je n'aurais trouvé les mots pour te le dire, ou le courage de t'en parler. » Visiblement, les deux avaient réuni leur courage pour faire cette discussion qui prenait petit à petit un tournant décisif. Elle attendant sans rien, les joues rouges sous sa fourrure, les pattes martelant le sol. Elle n'avait jamais été dans un tel état. « Comment te dire... » Elle avait envie de l'aider à dire ce qu'il avait envie, mais elle-même n'arrivait plus à bouger, attendant la réponse, attendant avec impatience le cœur battant la chamade, le souffle accéléré. C'est lorsqu'il releva la tête qu'elle sentit que le moment était arrivé, et leurs regards se croisèrent.

« Je t'aime, Douce Orchidée. »

Son cœur fit un bond dans sa poitrine et c'était comme si le sol allait se dérober sous elle. Comme si ses forces l'avaient quitté le temps d'un instant, mais en même temps elle n'avait jamais été aussi heureuse de sa vie. Il lui avait avoué que lui aussi l'aimait, il l'aimait elle et pas une autre, il aimait son caractère malgré les nombreuses fois où ne cessait de pleurer. Et Douce Orchidée avait trouvé en Brasier Glacial un ami, un confident, l'amour c'était un tout. C'était la personne qui comptait le plus pour elle, elle ne l'aimait vraiment.

« Moi aussi.. » dit-elle en bégayant légèrement, les yeux brillants. « Moi aussi je t'aime, Brasier Glacial. Et je suis tellement contente de te l'avoir dit en face. Je suis si contente ! » Elle ronronna de bonheur.

Plongeant mes yeux émeraude dans les siens et tremblant quelque peu, j'attendis sa réponse face à mon aveu. C'est avec des yeux brillants qu'elle me répondit avec des mots hésitants, mais que j'appréciai tout particulièrement :

"Moi aussi... Moi aussi je t'aime, Brasier Glacial. Et je suis tellement contente de te l'avoir dit en face. Je suis si contente !"

Je sentis mon cœur battre plus fort que jamais, et lui offris mon sourire le plus radieux, le plus chaleureux, l'accompagnant dans son ronronnement. C'était peut-être aussi ça d'aimer quelqu'un, de se sentir invinciblement heureux à ses côtés, même si ce n'était que pour quelques instants spéciaux. Déjà en face de Douce Orchidée, je m'approchai un peu plus, souriant et les yeux dans les yeux, jusqu'à toucher le bout de son museau avec le mien tendrement. Oubliés, la rivière, la lumière, le son de l'eau qui s'écoulait éternellement : plus rien n'avait d'importance par rapport à ce moment de pure joie que nous passions ensemble. Je me décidai, un peu à contrecœur, à rompre la longue série de joyeux ronronnements.

"Je suis si heureux... Si on m'avait dit il y a tant de lunes, quand on a appris à se connaître, qu'on finirait par s'aimer, je ne l'aurais pas cru. Mais nous voilà, aujourd'hui, et je ne regrette absolument rien."

M'écartant à nouveau d'elle, je me retrouvai à sourire comme un idiot, mais pour une fois, je ne m'en empêchai pas. Je m'assis juste en face de celle que j'aimais, l'irradiant de ma propre joie de vivre, tout comme le soleil inondait de sa lumière le vallon au fond du quel coulait la rivière. J'étais juste heureux, et je sentais qu'elle aussi, et c'était tout ce qui comptait, alors on avait bien le droit de prendre un peu de temps pour apprécier le moment, non ?