parting clouds -end

et si
et s'il ne respirait plus jamais ?

Petit apprenti du vent courait à en perdre haleine, perdu dans l'opacité homogène qui s'infiltrait dans sa carcasse sans âme. Trébuchant, percutant et s'étalant de tout son long sous le voile matinale de la scène déchirante, il ne pouvait penser qu'à fuir malgré ce désemparant handicap enroulant ses doigts glacés autour de ses pattes. La matinée se glissait dans ses yeux, dans son museau, dans ses oreilles et dans sa gueule, l'empêchant même d'hurler le nom d'un félin qui aurait pu l'aider dans sa panique; où était donc Crocs Nacrés, Nuage d'Aigle et Pelage Strié ? Il était seul. Tous les arbres se rassemblaient, il avait mal, tous les arbres se ressemblaient, il souffrait. Il ne sentait qu'une immense terreur vibrant dans son jeune corps et les marques du combat, ne voyait que le corps aux ailes de sang de la guerrière de la foudre, n'entendait que les hurlements et les cris autour de lui. Ce '' maman '' répétitif dans sa tête, les larmes qui dévalaient en brûlant les joues de l'apprentie tricolore et ce regard, ce putain de regard qui le fixait et qui enserrait son cœur —

SORS DE MA TÊTE !

Son cri résonna autour de lui, se réverbérant et se plantant au sein de la verdure qui formait un dôme opaque sur les contours de son corps tremblant. Il était complètement perdu et son cœur battait à tout rompre dans sa cage thoracique et, alors qu'il tournait sur lui-même pour essayer de se repérer, petit être trop minuscule pour l'inconnu, sa respiration se réduisait en un fil chavirant. L'impression d'être dans la bataille le talonnait toujours, mais son souffle trop court et ses muscles douloureux — en plus de ses blessures — le ligotait dans une statue immobile, l'empêchant de poser un pas de plus devant lui. Il n'était pas — non, plus seul. Les ombres de la parure de ces arbres, alors que même les étoiles l'abandonnaient dans le ciel, créaient les regards des guerriers du tonnerre sur le sol froid de l'inconnu. La voix de sa mère et celle de son mentor. Des sourires et des sanglots. Il voulait juste.. Voir Nuage de la Nuit et.. Respirer avec elle.. Qu'elle le calme. Ou, d'une étreinte que seule sa mère en connaissait la recette, oublier les barbouillis hâlés qui rampaient vers son organisme vulnérable.

sans bruit, il se coucha
au milieu des horreurs
sans rien comme rempart
que sa propre douleur

et d'un chuchotement
clan des étoiles
aidez-moi
alors que personne
n'était là

Ainsi, roulé en boule sur lui-même dans cette forêt inhospitalière, il attendait. Qu'attendait-il ? Un sauveteur, des réponses, le silence, le bruit, la journée, la nuit ? Il attendait, tout simplement. Jeune éclair fermait ses yeux comme s'il pouvait oublier la brutalité dont il avait été un semeur, plongeait sa tête dans des souvenirs qu'il espérait être heureux. Non, il ne voulait pas récolter les graines de la haine. Que ses compagnons le fassent, eux, tireurs de pantins ornés de sourires brutaux; lui, il refusait quelconque mouvement sous son gel de sentiment. Ses plaies ouvertes auraient bien pu se faire recouvrir de terre qu'il n'aurait point grimacer, refusant de bouger même le bout de sa queue engourdie. Comment, comment allait-il pouvoir affronter de nouveau son propre regard dans les yeux de ses prétendus amis ? Il avait participé à la destruction du monde de deux félins, n'avait point élevé la voix lorsque Tache d'If avait refusé de porter le nom des astres dans le ciel, porté la charge indésirable qu'on lui avait pointé d'une patte. Ah ! Il pouvait bien se penser victime des choix et de sa naissance, il pouvait bien refuser de poser ses pierres ambrées sur la verdure de haine, il pouvait faire à semblant, Nuage du Vent… Mais lui aussi avait attaqué. Sur ses griffes s'étendaient des anciens sourires, certaines paroles florissantes des proies, secrets qu'on s'échangeaient sous une lune blanche de toute horreur. Des ornements de sangs sur ses pattes, reflets parallèles de son esprit qui refusait de se pencher sur la question vibrant au plus profond de ses entrailles déchirées.

et s'il ne
respirait plus jamais ?
où
es
tu
maman

Oh - ses moustaches raides réfléchirent les premiers rayons de l'aube au travers des fourrés, et il leva le nez pour humer l'air en s'assurant de marcher dans la bonne direction.

Il était patraque, ses articulations l'élançaient, lui et Étoile d'Or avaient été coincés ensemble toute la nuit mais non sans avoir d'abord été pourchassés par un duo de chiens enragés, et avant cela, dévalés ensemble la Rivière qui l'avait happé au rebord. Il se souvenait de bribes de mots, ça et là, mais plus rien de complet. Il se souvenait de la chaleur au fond de son ventre, du soulagement d'avoir eu sa théorie confirmée quant à l'empathie bien vivante qui avait poussée la meneuse à le sauver des eaux - et il se souvenait de la déception véritable qui l'avait saisi en réalisant qu'en mourant, sa vision mourrait aussi. Les nuages de la nuit s'écartaient et ouvrirent une éclaircie dans la forêt en faisant reluire la rosée du matin et les particules de la brume automnale dans l'air.

Le pas traînant, retrouvant le couvert des arbres auquel il était accoutumé, Coup de Foudre se rappela peu à peu de l'opportunité qui l'avait poussé à appeler à l'aide sur les Rochers du Soleil : la guerre. Il y avait eu un assaut la nuit dernière, non pas aux terres neutres mais directement dans leur campement et il n'en savait pas la tournure. Rentrerait-il dans un Clan dévasté par la mort à nouveau? Ou rentrerait-il dans un Clan victorieux d'avoir repoussé l'envahisseur de chez soi? Ou qui sait si le Clan du Vent n'y était pas resté afin de les asséner d'une impitoyable occupation -- son oreille tiqua, puis se pivota d'un côté:

« Clan des étoiles
aidez-moi. »

Sans plus tarder il pressa le pas, même en le traînant, le dos bas, sa queue ondulant derrière lui en se dirigeant vers la provenance de la voix.

Ainsi le sauveteur qui trouva Nuage du Vent n'était pas de son Clan, avait la fourrure assombrie de marbrures et deux yeux - quoique creusés des cernes d'une nuit trop mouvementée (et pas le genre de mouvements auquel il était habitué) - jaunes et vifs comme le soleil qui se levait, brillant de confusion quant à pourquoi se trouvait encore un "ennemi" juste ici. Qu'à cela de tienne, une fois arrêté, le bengal le lança du menton, sans considérer le sang aux pattes du désormais guerrier:

— « Hey,

rentre chez toi, petit.

La fourrure aux tons roux de l'apprenti ne lui mit pas tout de suite la puce à l'oreille.

et si quelqu'un taisait
les cris ?

L'apprenti des bourrasques, étendu par terre, expulsait l'air de son corps par petites et sèches respirations saccadées. Celles-ci fouettaient avec froideur ses pattes maculées de taches pourpres et, alors qu'il tentait d'ouvrir ses yeux de feu, la sensation des regrets continuait de le hanter; au-dessus de lui, à l'égard d'une faucheuse dotée de sa longue perche, elle n'attendait que le bon moment pour abaisser son arme — que l'ouverture des paupières du mâle pour que ses iris voient le mal, enfin, vas-y, ouvre tout. Comme si les deux mots avaient étés soufflés à ses oreilles aplaties par une magie tordue, le jeune brisé s'abandonna à la tempête d'émotions qui faisait rage, décollant précautionneusement les voiles devant ses iris pour observer les alentours. Il était bien connu, certes, que la violence prenait forme et couleur dans l'environnement dans laquelle elle avait été créée; ce fut pour cette pensée que Nuage du Vent laissa passer un long gémissement entre ses mâchoires fermées. Trop dur. Il fallait refermer les yeux, s'enfermer et, surtout… Ne plus jamais rouvrir les barrières. Noir. Oubli. Déni.

— Hey,
rentre chez toi, petit.

l'organe vitale du fragile, dans sa cage
de cendre ébène et rouge
une pulsion après l'avalanche
et un cri puissant, en lui

À l'instar d'une fragile couche de glace qu'on aurait frappé une fois de plus — et de trop, le félin bondit avec puissance sur ses pattes, se recroquevillant sur lui-même avant de commettre l'explosion. L'implosion se manifesta par un longue vague de panique qui se précipita du bout de ses griffes jusqu'à la pointe de sa queue, faisant rentrer la tête du matou dans ses épaules et coller ses oreilles sur sa tête; puis, le cœur battant, il attendit que les taches devant ses yeux cessent de tourner. Fatigué, éreinté et sur le bord de l'évanouissement, le corps de l'éparpillé ne le laissait pas tomber pour autant. La voix grave du quadrupède avait réveillé ses démons intérieurs, disséminés sur ses griffes éclaboussés, et l'explosion n'allait pas être belle à voir; il devait les renvoyer, se débarrasser de leurs cris et de leurs rires et de leurs voix et de leurs

il bondit droit devant, les morceaux de
glace se fichant dans la peau du corps
devant lui — sans même savoir qui il était
qu'est-ce qu'il voulait ou souhaitait ou aimait

il devait simplement le blesser parce que
là, tout seul dans la lumière, il savait
que les étoiles se cachaient pour le regarder
et murmuraient entres elles, susurrant

mais quel monstre aurait fait ça ?

Son erreur fut de ne pas se méfier du petit lorsqu'il se ramassa un peu plus sur lui-même, lorsque ses yeux se levèrent sur lui sans le voir, et lorsqu'il coupa son souffle pour le suspendre dans sa gorge. Car tout de suite ensuite le petit passa d'immobile à j'ai mes griffes dans ta peau--

« WhÔ--!!!

et Coup de Foudre trépida sur place dans une foulée de recul sans parvenir à parer le coup - qui aurait pu réussir à réagir aussi vite? Les griffes du petit raclèrent la surface de son avant-main « NN-- » et le bengal s'empressa de replier et de lever son autre patte en suspension - il l'abattit sèchement sur la tête du petit pour le stopper dans son geste et le repousser derrière, les yeux ronds, expiant son air, avant de se rendre compte que tous ces grands airs étaient inutiles car le petit était de toute évidence trop petit pour atteindre un bengal encore en croissance. La poussière retomba, les fougères bruissèrent à côté, et il observa sa patte étirée et ses coussinets sur la tête du petit, réitérant le geste en lui tapant à nouveau sur la tête - plus doux, surtout pour s'assurer que le message était passé.

« Nnon.      ...Non. »

Sa queue fouetta l'air et un ange passa, mais il n'osa plus rien dire pour l'instant.

Les premières secondes qui passèrent furent comme un chaos brouillon dans lequel Nuage du Vent n'aurait pu s'identifier en général; pourtant, le cœur battant dans sa cage et les sens en ébullition, il n'y était que parfaitement à sa place dans l'instant qui jouait. Griffes rencontrant chairs et renouant avec ce qu'il essayait de quitter, grognements NN-- (était-ce plutôt des grommellements ?) et odeur execrable de la peur, le petit matou hérissa son pelage avec concentration dans la tempête de sens qui l'assenait. Malheureusement, il finit bien désolément par mouliner sur place, se rendant compte que son attaque n'avait point marché comme il l'avait espéré; quelque chose de poilu.. Étrange et dur l'avait bloqué à la tête, l'empêchant d'avancer plus loin. Encore plongé dans les retours en arrière de son esprit en fusion, il poussa en esquissant un regard fâché contre ce qui l'arrêtait, à la fois apeuré, en colère et entouré d'une confusion aveuglante. Puis, alors qu'il plantait avec une sauvage volonté ses griffes dans la terre pour la déchirer, une autre petite pression vint frapper son front tout.. Tout doucement.

— Nnon.
...Non.

Non ? Non quoi ? Non.. Non. Imperceptiblement, le même mot répété dans sa tête agit comme une onde amabile, le sortant de la torpeur dans laquelle il s'était lui-même lancé. Non. La parole grave de cet inconnu eu ensuite deux effets sur le petit mâle roux, qui arrêta en premier de ravager la boue à ses pattes, puis releva avec une lenteur spectrale sa tête en faisant crisser l'objet sur son visage pour qu'il atteigne son muu- muu-- son muse...

- A.. Atchoum ! S'exclama le petit combattant.

Reprenant peu à peu le fil de la réalité, il cligna plusieurs fois des yeux en remuant le bout de sa queue, observant les environs. Le combat.. Le sang.. Les cris. Où était donc Crocs Nacrés ? Et Pelage Strié ? Aigle Vif ? Son clan, tout simplement ? Et, surtout… Qui était le mâle qui se tenait devant lui ? Nuage du Vent fit un petit bond vers l'arrière, écarquillant un instant ses yeux en posant pour une première fois ses iris - avec attention - sur le corps de l'ennemi. Grand, tricolore et muni de deux pupilles électriques, ce quadrupède avait l'air un peu mal en point, mais pas comme quand on ressortait d'une bataille; on aurait plus dit qu'il était… Éreinté. Brisé. Un rire nerveux sorti des mâchoires serrées du fils des bourrasques, se rendant compte qu'il allait peut-être et finalement mourir en terre ennemi, sous les griffes de ceux qu'il avait tant voulu rencontrer. Clan des étoiles, était-ce sa punition ?

- Tu.. Sa voix, rauque et métallique d'avoir tant feulé, grinça un peu avant de partir; Tu vas me tuer ?

pris au piège pour une deuxième fois
balancé entre la fuite, muscles bandés
nuage du vent n'était plus apprenti
mais qu'un pauvre petit chaton

qui n'avait plus sa mère

Lentement son ordre fit son chemin chez le petit qui battait frénétiquement l'air et la terre de ses pattes. Sa cadence effrénée se ralentit graduellement jusqu'à cesser, et Coup de Foudre poussa un soupir de soulagement, quoiqu'encore un peu perturbé par ce qui venait de se passer. ...Il n'eut pas le loisir de l'être trop longtemps:

« A.. Atchoum !

Il interpréta cet éternuement comme une remise à niveau : Le petit se remettait de son mode "tuer-à-tout-prix" et se rendait compte de sa situation de "redémarrage forcé" à la patte sur son front. Il le vit reprendre ses esprits, en clignant plusieurs fois des yeux, en se recalibrant au monde des vivants avant de vite se rendre compte que--

le petit se recula d'un bond à juste distance, les yeux ronds, tandis que le bengal levait un sourire mi-figue mi-raisin en repliant sa patte vers lui. Eh bah, pour un retour au Clan il avait vu mieux dis-donc, et il posa sa patte par terre pour lever celle que "l'ennemi" lui avait blessée, la réparant de deux ou trois coups de langue machinaux. Un rire nerveux fusa de la bouche du guerrier ou de l'apprenti devant, avant de serrer ses mâchoires, et Coup de Foudre se permit de baisser sa garde en faisant retomber sa queue au sol et en relâchant les tensions dans son échine.

— « Tu... Le bengal cligna des yeux et relança le petit d'un signe du menton, ouvrant grandes ses oreilles malgré tout le poil qui semblait les boucher. Le pauvre avait l'air d'avoir passée une rude nuit.

Tu vas me tuer ?
— « Qu-- son sourire se déforma avec davantage de confusion. Quouaaaaa???

Et la question le prit tellement de court que ses épaules rebondirent à un petit rire, le faisant se plier pour tenter de le retenir, en vain.

_Nppf-- ffhAH_-hah-hah _HAH! Bien sûr que non!!     Ça va pas!?

Il secoua sa tête.

— Tu t'appelles comment?   Et prends le temps d'inspirer, il se passe de drôles de choses dans la tête lorsqu'il n'y a plus d'air dedans...

Dans l'attente d'une réponse qui ne lui serait probablement pas favorable, l'apprenti du vent remua avec nervosité sa longue queue, exécutant de pair son habituel tic de son oreille droite. Peut-être ce mâle l'avait-il suivi quand il avait quitté le campement… Observé les traces de ses démons sur le sol — parce qu'elles devaient bien paraîtres —, ou avait simplement suivi son être par sa luminescence monstrueusement étincelante dans la lueur du matin. Il n'aurait point été dur de le pister dans tout ce raffuts alors qu'il s'enfuyait, abandonnant ceux pour qui sont cœur avait par loyauté légué allégeance, il était vrai - …

— Qu-- le petit sursauta avec vivacité, se reculant encore d'un autre pas.
Quouaaaaa???

Surprenamment, ce ne fut pas des griffes qui attaquèrent Nuage du Vent, mais une cascade de petits gloussements et un énorme sourire ironique; celui-ci, désorienté, n'eut donc pas d'autres choix que d'ouvrir la gueule d'incompréhension, des points d'interrogations flottant sur son visage. Mais.. Il n'avait pas rêvé ! C'était un guerrier du tonnerre, une ombre vivace de ceux qui hantaient les coins les plus sombres de son esprit, un fracas tonitruant qui occupait les moindres parties de sa cage et.. Et il riait.

— Nppf-- ffhAH-hah-hah HAH! Bien sûr que non!!
Ça va pas!?

Le félin bicolore tourna progressivement sa tête vers la gauche, cherchant une once de méchanceté et de sarcasme dans les paroles de cet éclair. Alors s'il n'était pas là pour le tuer, que faisait-til en ces terres troublées et tachées des cris ineffaçables ?

— Tu t'appelles comment? Et prends le temps d'inspirer, il se passe de drôles de choses dans la tête lorsqu'il n'y a plus d'air dedans…

Après la longue poussée d'adrénaline qui, peu à peu, avait augmentée ses capacités en s'infiltrant en vitesse dans chaque parties de ses veines, le félin doré et roux se laissa tomber avec lourdeur sur le sol. Assis, ou plutôt à demi affalé entre les racines noueuses derrière lui, la douleur de ses blessures commençait à remonter à la surface; comme après une longue période en apnée, une énorme respiration de l'air glacé se devait d'être - et arrachait ses poumons de l'atmosphère givrée. L'apprenti suivi donc le fil de ses pensées, toussant un grand coup en lançant en biais un coup d'oeil à son épaule ouverte.

- Nuage… Je m'appelle Nuage du Vent. Une foule de questions se pressaient à la porte de ses babines brûlantes, mais la crainte d'un piège le retenait encore de totalement se confier. Si tu n'es pas là pour me tuer, alors.. Tu fais quoi ici ? Tu n'es pas au courant de.. tout ce.. sa voix se réduisit doucement pour ne devenir qu'un fil qui s'est.. passé.. ?

C'est en silence que Coup de Foudre regarda le chat roux passer de debout à assit en se laissant tomber vers le bas. Le bengal tiqua de son oreille saine, puis pencha la tête de l'autre côté. Est-ce que... est-ce que cet apprenti venait de redécouvrir les bonheurs et joies de simplement respirer? Lorsque brusquement il s'étouffa Coup de Foudre piaffa sur-place en sursaut. Oh. Peut-être que le pauvre était tombé malade. S'il avait passé toute la nuit tout seul sur des terres qu'il ne connaissait pas, sans guérisseurs pendant la guerre pour l'aider...

Le regard du bengal suivit celui de l'apprenti jusqu'à l'énorme blessure à son épaule, et l'oeil expert du guerrier lui permit de déterminer qu'elle n'avait pas été traitée. Son regard revint sur le rouquin:

— « Nuage… Je m'appelle Nuage du Vent. Coup de Foudre cligna des paupières.

— Nuage du Vent.
— Si tu n'es pas là pour me tuer, alors.. Nuage du Vent semblait remettre la patte dans ses souvenirs de la veille. Tu fais quoi ici ? Tu n'es pas au courant de.. tout ce.. qui s'est.. passé.. ?

Le bengal observa son interlocuteur sans mot dire pour quelques secondes encore. Nuage du Vent - si le nom ne lui dit d'abord rien, il entendit une voix le répéter dans un souvenir déconstruit. Un frisson lui prit au ventre, il se sentit sur le dos, au-dessus du vide, suspendu dans les branches et une délectable montée de chaleur prit place à son ventre lorsqu'il dressa ses oreilles:

— « Tu es un Nuage du Vent, ou le Nuage du Vent? Sa curiosité fit reluire le fond de ses yeux, et il rajouta, sans la moindre contrariété: Tu peux me dire ce qu'il s'est passé?