Thème X - Terres Inondées |
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| Douce dernière journée ~ Crocs Nacrés, les filles, puis le clan - end | |
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Auteur | Message |
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InvitéInvité
| Sujet: Re: Douce dernière journée ~ Crocs Nacrés, les filles, puis le clan - end 25.02.19 23:07 | |
| - Spoiler:
cette réponse s'étend BEAUCOUP dans le temps mais répondez à votre guise quand même :3
Crocs Nacrés s'était senti le devoir de veiller Brise Argentée, au côté de leurs filles. Elles ne l'avaient sûrement jamais vu passer autant de temps avec la guerrière en une seule fois, auparavant, mais il ne pouvait pas se résoudre à laisser ses filles seules, car après tout, c'était désormais à lui de les surveiller, ni à laisser d'autres personnes que lui enterrer le corps gracieux de la défunte. Elle avait été assez seule, au fond, songeait Crocs Nacrés, qui se souvenait des tensions entre elle et son frère. Triste vie que la sienne, et triste mort également. Elle aurait pu trouver bien mieux, sans lui. La veillée se fit en silence. Quelques flocons tombèrent d'ailleurs autour d'eux. Crocs Nacrés ne pleura pas vraiment, mais pria plusieurs fois, et souvent en se répétant, d'ailleurs. De temps à autres, il lui arrivait de sursauter, en panique, en se mettant brusquement à penser qu'il ne pourrait jamais protéger éternellement ses filles contre le secret de sa propre naissance, qu'il risquerait fort d'être responsable de leur malheur à toutes les trois, et de décevoir les attentes de cette défunte qui ne laissait derrière elle que trois apprenties. Lorsque cela arrivait, il avait toutes les peines du monde à ne pas se mettre à hurler, et tremblait légèrement, de plus en plus au fur et à mesure que la fatigue augmentait et que la veillée avançait. Au petit jour, son état était assez épouvantable. Nuage de Foehn était impressionnée de le voir comme ça, et il n'arrivait plus à se calmer tout seul, à s'empêcher de trembler. Ce fut donc avec une grande nervosité qu'il enterra le corps de Brise Argentée, non loin de celui de Tache d'If. La veillée était finie, et le tigré était plus affecté que jamais. " N'hésitez pas à vous reposer, mes chéries, si ça ne va pas aujourd'hui. Il faut que demain vous soyez en forme. " conseilla-t-il aux trois apprenties, la voix un peu tremblante. Nuage de Foehn resta un peu avec lui. " Toi aussi, surtout. lui conseilla-t-elle, soucieuse mais très douce. - Mmmh. " répondit-il, fuyant car il n'osait pas vraiment manifester son désaccord à un moment pareil. La chasse et l'entraînement de Nuage Tordu l'aideraient sans doute bien mieux à retrouver ses esprits. songeait-il. Rester tout seul à dormir achèverait au contraire, d'après lui, de le rendre fou et vulnérable à ses frayeurs. " Y'a pas d'hésitation qui tienne, Nac. " fit une voix dans son dos. Une voix qu'il s'étonna presque d'entendre, alors même qu'elle était celle qu'il connaissait le mieux. Puissant Guépard ébouriffa d'un coup de truffe la tête de Foehn et fit face au tigré. Ce dernier, sur le moment, réalisa qu'ils se voyaient beaucoup moins, depuis quelque temps déjà. Bien moins souvent qu'avant. Cela faisait partie des choses qui avaient changé, récemment. " Allez t'en fais pas, Foehn. " s'exclama-t-il chaleureusement à sa nièce, pour lui suggérer de partir se coucher. Et de ses yeux ambrés, Crocs Nacrés vit Nuage de Foehn partir sans insister davantage. Ils ne furent plus que deux sur place, les deux jumeaux d'autrefois. Et d'un seul coup, tout naturellement, les expressions changèrent. Crocs Nacrés semblait légèrement tendu, irrité sans doute, mais on le comprenait surtout grâce à Puissant Guépard, qui signifiait par son regard suppliant qu'il était confusément gêné, et qu'il souhaitait se faire pardonner. " On m'avait même pas dit qu'elle était malade... avoua finalement le Guépard, qui se doutait sans qu'aucun mot soit nécessaire qu'il avait été attendu plus tôt. - Ça m'a fait drôle, de l'enterrer. " répondit le tigré, serré, coincé, bien trop pour que ce soit naturel. Son jumeau n'avait pas trop de mal à comprendre ce qu'il ne disait pas. J'ai peur. Et Crocs Nacrés avait peut-être plus peur encore d'avoir à justifier sa peur à Puissant Guépard. Il ne devait pas savoir. Mais c'était bien difficile, de lui cacher quelque chose de pareil. Il se poserait des questions tant qu'il n'aurait pas eu de réponse satisfaisante. " C'est moche, qu'elle soit morte comme ça. " commenta le Guépard, qui ne savait pas vraiment quoi dire, mais qui avait envie de tenir compagnie au tigré. " Écoute, si tu veux, je m'occupe de Nuage Tordu aujourd'hui, et on chassera pour trois à nous deux. Mais repose-toi, repose-toi bien. "Il montra de la tête la direction vers laquelle Nuage de Foehn était partie : " Tu peux pas leur donner de raisons de s'inquiéter pour toi, tu comprends ? Ne t'en fais pas, on prend le relais. "Le regard qu'eut le tigré en guise de réponse fut bien piteux. Si je reste à réfléchir ça va être pire encore. Et là encore, Puissant Guépard comprit. C'était toujours étonnant de voir comment le Guépard était capable de prendre à la légère ses relations amoureuses et de prendre en même temps très au sérieux le lien qui l'unissait à Crocs Nacrés. " Je te laisse pas tomber, vieux. " fit-il finalement, plus ému, en s'engageant dans une étreinte fraternelle qui révélait une confiance surprenante. " S'il le faut, viens... Vent Agile chassera pour nous deux et il s'occupera de Nuage Tordu. " murmura le tacheté, intraitable sur le fond. Il avait compris, comme toujours. A certaines heures, la perspective d'une longue solitude devenait plus insupportable encore que celle d'un surmenage. Et Crocs Nacrés, lui, comprit ce jour-là que son frère ne le laisserait jamais tout gâcher. S'il y avait de l'espoir encore à chercher, alors il fallait chercher de ce côté. |
| | | Vent du Nord☀ Porte Parole/SoigneuseAdministratrice
Messages : 1008 Date d'inscription : 19/04/2018 Age : 26
Carte d'identité Âge: 82 lunes [avril 2024] Description du personnage: Mentor/apprenti: // | Sujet: Re: Douce dernière journée ~ Crocs Nacrés, les filles, puis le clan - end 01.03.19 20:05 | |
| Nuage des Vents retourna au camp. Elle n'avait pas envie. Pas envie de remettre une patte dans un camp où sa mère n'était plus là. Dans un camp où, dans quelques heures, il faudrait l'enterrer. Dans un camp où elle ne verrait plus sa fourrure tout les jours, ne sentirait plus son odeur, n'entendrait plus sa voix le matin lorsque les patrouilles s'organisaient non loin de son antre. C'était un futur dont elle ne voulait pas. Un futur qui était maintenant devenu un présent. Les fleurs dans la gueule — hellébores et perce-neiges — elle rebroussa chemin, passant exactement là où elle était passée de longues minutes plus tôt avant de s'effondrer. À son retour, ses yeux étaient secs, mais toujours rougis par les larmes. Mais surtout, on s'amoncelait devant l'antre du guérisseur. Il n'y avait pas besoin de mots pour comprendre. Ce qui devait arriver était arrivé.
Elle le savait pourtant, bien avant tout le monde (sauf peut être Silence d'Hiver) que Brise Argentée ne verrait jamais le printemps. Elle le savait, et serait l'une des seules à pouvoir la revoir de son vivant — le sien, et non celui de sa mère. Mais elle n'était pas prête. Son coeur se serra si fort qu'elle cru qu'il allait se briser plus encore, et il lui fallut planter ses griffes dans la neige et dans la terre pour se retenir de hurler à nouveau. Nuage des Vents inspira, mais son souffle fut sifflant. Elle manquait d'étouffer sous les émotions — elle n'en avait pas le droit, se l'interdisait. Il fallait être forte. Malgré la foule, qu'elle détestait toujours, elle se fraya un chemin jusqu'à l'intérieur et bifurqua mécaniquement vers la droite. Ce même chemin qu'elle avait fait encore et encore, des jours durants, pour aller de l'entrée jusqu'à la galerie où reposait sa mère.
Elle ne posa pas ses yeux sur son corps. Pas un seul coup d'oeil. Dans un coin de sa vision, elle pouvait voir Nuage du Soleil et Nuage d'Orage. Pas un regard non plus. Pas un mot non plus. Pas pour eux, directement. L'apprentie guérisseuse posa ses fleurs sur le sol, à une certaine distance du nid où Brise Argentée dort pour toujours. Est-ce que l'odeur de mort sera encore présente ce soir? Et demain? Et le jour d'après? Et tout les jours d'après?
- Elle est encore contagieuse, se contenta-t-elle de dire d'une voix neutre, mais brisée par ses longs cris précédents. Il faudra faire attention pour les prochaines heures, mais vous pouvez déposer des fleurs, si vous voulez. Vous avez vu Nuage de Foehn et Nuage d'Alizé?
Elle n'attendit pas de réponse : Nuage des Vents savait où elles se trouvaient à cet instant précis. Elle connait ses soeurs, après tout. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Demain serait un nouveau jour un peu trop nouveau, et elle aimerait que le soleil ne se couche jamais. Elle aimerait aussi que ce corps soit enfin enterré. Qu'il soit loin, là où elle ne pourrait plus le voir même indirectement, qu'il ne hante plus ses pensées pendant des lunes entières. _________________ - Spoiler:
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| | | Nid de Mousse▬ Guerrier
Messages : 512 Date d'inscription : 14/04/2017 Age : 30
Carte d'identité Âge: 32 lunes (juin) Description du personnage: Mentor/apprenti: Nuage de Rose | Sujet: Re: Douce dernière journée ~ Crocs Nacrés, les filles, puis le clan - end 10.03.19 4:20 | |
| Douce Dernière Journée VENT LUNE 46
Les derniers jours avaient été difficiles, comme à chaque fois qu'un membre du clan se retrouvait forcer de partager la tanière des guérisseurs à cause de problèmes de santé graves. Parfois, après un ou deux jours, le pronostic s'améliorait, et on voyait les signes d'un rétablissement chez le patient. D'autres fois, les remèdes n'y changeaient rien, et l'individu ne faisait que dépérir. C'était le cas cette fois-ci. Que la patiente fusse la conjointe passée de son frère adoptif et la mère de l'apprentie-guérisseuse n'aidait en rien ses émotions. Il n'avait peut-être jamais bavardé plus qu'il faut avec Brise Argentée, de peur de se piquer à ses mots, mais il l'avait épaulé à quelques reprises lorsqu'elle était encore logée à la pouponnière, avec deux portées à sa charge. Ses enfants, biologiques et de lait, n'avaient même pas encore terminé leur apprentissage. Brise Argentée partait trop tôt, elle aussi. Silence d'Hiver avait beau avoir fini son mentorat auprès du guérisseur de l'Ombre, il y avait des maux qui ne pouvaient pas être guéris. L'hiver prenait toujours sa large part de victimes, à chaque année, mais cela n'en restait pas moins douloureux.
Lorsqu'il était devenu évident que son trépas approchait, Nid de Mousse s'était écarté de la tanière. Nuage des Vents s'activait, un peu follement, sûrement dans l'espoir vain de réussir à sauver sa mère. Il l'aurait bien aidé, mais les nuages dans les yeux de Silence d'Hiver l'en avait découragé. Il était trop tard. Déjà, les proches de Brise Argentée étaient avertis de son départ prochain. Considérant leur nombre, et leur probable besoin d'intimité, l'aide-guérisseur s'était éclipsé. Se doutant qu'il ne servait à rien de rester à proximité, le rouquin préféra s'éloigner du campement, braver le froid de cette fin de ce satané hiver. Le vent lui gifla le visage, amenant des larmes pour lui picoter les yeux - à moins qu'elles n'aient déjà été là lorsqu'il était sorti. Il les laissa couler, sanglotant tout bas pour la pauvre guerrière, et pour les rejetons qu'elle laissait derrière. Pour Nuage des Vents, qui allait certainement accuser le coup avec difficulté. Il espérait qu'elle ne se détourne ni de la voie de guérisseur, ni de son mentor. L'échec était difficile à traverser, mais il avait fois qu'en temps et lieux, elle puisse sauver bien des vies. Mais en perdre faisait tout aussi mal.
Lorsque la nuit fut tombée, le rouquin se sentit assez fort pour revenir au campement. Comme il s'en était douté, la mort était passée en son absence. Cela ne l'empêcha pas de sentir les larmes lui monter à nouveau aux yeux. Sans un mot, il s'approcha du rassemblement, et enfouit son museau une dernière fois (ou plutôt, une première fois) contre le pelage de Brise Argentée, une prière aux lèvres. Se joignant à la veillée, il frôla l'épaule de Silence d'Hiver en passant près de lui, puis alla se poster près de Crocs Nacrés. Même s'il n'avait jamais vraiment compris le lien qui unissait les deux parents, il savait que son presque frère accuserait le coup avec difficulté. Il resta une bonne partie de la nuit à ses côtés, sans trouver de mots pour le réconforter, surtout lorsque les tremblements (de fatigue ou de peine?) le prirent. Au petit matin, après l'enterrement du corps, Puissant Guépard prit les devants pour prendre en charge son frère, qui avait la mine d'un fantôme, et l'inciter au repos. Nid de Mousse lui-même croulait de fatigue. Son regard coula vers la tanière des guérisseurs, mais, pour une fois, il n'avait pas le courage de s'y rendre. Coulant un regard d'excuse à Silence d'Hiver, il préféra trouver la tanière des guerriers pour succomber enfin au sommeil. |
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