THE PROPHETIES BEGIN
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Thème X - Terres Inondées
 
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 Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d

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Nuage de Vague
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MessageSujet: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty02.10.18 2:49


Des jours avaient passé depuis la bataille frontalière entre la Rivière et le Vent; des nuits leur avaient succédé; pour la majorité, les Clans comme les concernés, cette histoire, quoique demandant une vigilance certaine à la frontière, encore, était bien terminée... Mais pour Museau Bleu, rien n'était achevé. Les souvenirs de cette matinée rejouaient encore et encore dans ses pensées, le combat, les paroles de Nuage du Vent, son affection pour son enfant, et puis l'étrange discussion avec Rosée; la guerrière des vents avait semblé comprendre, et était à la fois juste, gentille, douce et honorable, mais les choses auraient pu bien plus mal tourner. Peut-être qu'au fond, Crocs Nacrés avait eu raison, cette fois-là, près du Chemin du Tonnerre, de l'attaquer ? Peut-être qu'il était temps, vraiment, que tout soit terminé ? La princesse de la rivière pensait, depuis un moment, à finalement laisser s'envoler son petit prince des sables, mais à présent, elle en était sûre: c'était mieux, pour eux deux. Il ne devait plus se trouver face à elle et l'étreindre doucement, lui faire de grands sourires et rire tout gaiement; il ne devait plus s'évader avec elle pour créer la magie, et elle ne méritait pas toute cette féerie. Il avait sa famille, auprès du Vent; et elle n'avait pas le droit d'être sa maman. Et pourtant... Son cœur murmurait autrement.

Elle aurait aimé
Pouvoir tout changer
Elle aurait aimé
Pouvoir bouleverser
Les lois, les codes
Et pouvoir l'aimer
Elle aurait souhaité
Savoir le protéger
Et qu'il soit à ses côtés
Mais cette fleur éphémère
Elle n'était pas pensée
Pour durer

Entre nostalgie, inquiétude, peine et insomnie, l'amie des torrents s'était doucement levée, délicate, pour ne réveiller aucun autre guerrier, et comme de nombreux soirs, avait fait un sourire au garde à l'entrée avant de s'éloigner; au camp, tous savaient qu'elle avait l'habitude de sortir pour pêcher, sous les étoiles qui scintillaient... Mais pas cette fois. Cette fois, elle avait besoin de réfléchir, de choisir et... Elle pleurait. Et pourtant, c'était le meilleur choix; alors elle ne renoncerait pas.

Le printemps refleurira
Pour toi
Et tu seras
Loin de moi
Mais où que tu sois
Même si je ne suis pas là
Je ne t'oublierai pas
Et le printemps refleurira
Pour toi

Elle n'avait plus le droit d'écouter le murmure du vent, dans les branches du vieil érable aux feuilles de feu et d'or; elle n'avait plus le droit de rire dans le chant de l'eau qu'ils partageaient, alors; elle n'avait plus le droit de l'emmener dans son monde, cascade aux mille trésors; et surtout, elle n'avait plus le droit d'y croire et d'espérer encore...

What if we rewrite the stars?
Say you were made to be mine
Nothing could keep us apart
You'd be the one I was meant to find
It's up to you, and it's up to me
No one can say what we get to be
So why don't we rewrite the stars?
Maybe the world could be ours
Tonight

Elle fuyait ses pensées sans pouvoir les noyer, sans que rien n'arrête le tourbillon de ses pensées - et de fil en aiguille, elle se mit à courir. Loin des tanières, loin des petits, loin des fleurs de bonheur de sa vie, loin de ses amis. Loin de la rivière, loin de ceux qu'elle aimait, loin de ceux à qui elle devait sa loyauté. Au matin, elle reviendrait. Quand sa décision serait prise. Quand elle choisirait. Et ils retrouveraient une vraie lieutenante, fidèle, attentionnée... Brisée. Mais avant, elle voulait parler aux étoiles, et leur confier son fils, avant de mettre les voiles; leurs vies en parallèle n'étaient pas faites pour se croiser, encore moins pour s'entrelacer, mais les étoiles, elles, toujours pourraient veiller. S'il vous plaît.

You think it's easy
You think I don't want to run to you
But there are mountains
And there are doors that we can't walk through
I know you're wondering why
Because we're able to be
Just you and me
Within these walls
But when we go outside
You're gonna wake up and see that it was hopeless after all

Et pourtant, ils avaient rêvé, à deux, de réécrire l'histoire et de créer un monde - un monde qu'elle voyait même scintiller en souvenir dans les yeux de Nuage du Vent, qui la suppliait de le choisir et de laisser les Clans; mais Museau Bleu était lieutenante, et elle avait sa loyauté pour sa meneuse, ses amis, sa famille... Nuage de Méduse avait donné naissance à trois petits chatons, Petit Axolotl, Petite Sangsue et Petit Hippocampe; elle renouait avec Cœur de Lynx, son filleul; elle s'était rapprochée une nouvelle fois de Fierté du Blaireau; et elle avait, simplement, dévoué sa vie à son Clan. Ils avaient besoin d'elle, et tout rêve d'ailleurs devenait impossible... Les constellations avaient eu raison - même si son amour ne s'éteindrait jamais; le monde les séparerait; mais avant tout cela, il fallait se revoir. Une dernière fois.

No one can rewrite the stars
How can you say you'll be mine?
Everything keeps us apart
And I'm not the one you were meant to find
It's not up to you, it's not up to me
When everyone tells us what we can be
How can we rewrite the stars?
Say that the world can be ours
Tonight

Sa course la mena, entre les arbres
Jusqu'aux chênes élancés défiant le ciel
Et rappelant les jeux et les merveilles
Trésors loin de l'or, de l'encens et des marbres
Des richesses de rire, à gravir les échelons
Pour s'amuser et cueillir ensemble quelques constellations

Elle pensa à cette soirée
A Coup de Foudre
A cette nuit aux airs d'Assemblée
Qu'ils avaient partagée
Une paix à recoudre
Après la guerre déchirant la forêt

Elle se rappela leur monde
Et les branches si fières
Et les feuilles par milliers
Comme autant de secondes
A leurs deux Clans volées
Et les rêves éphémères
Qui ne se réaliseraient
Jamais

Mais au moins, entre guerriers, s'ils s'étaient amusés à se courtiser... Il n'y aurait pas de nouveaux cœurs brisés; ces rencontres étaient sans conséquences autres que quelques mensonges, et elle ne lirait pas dans les grands yeux topaze une pareille détresse s'ils devaient s'affronter. C'était simplement leur étrange amitié, le temps d'une seule nuit; mais Nuage du Vent, lui... Il devait l'oublier, pour continuer sa vie, sans être partagé, parce que c'était interdit. Il devait l'oublier... Mais elle, elle ne pourrait jamais.

Chaque fin est un nouveau départ, répétait son mentor.

C'était pour le mieux
Mieux qu'eux deux
Alors pourquoi
Réagir comme ça
Ne pas pouvoir s'empêcher
De pleurer
Un sanglot la secoua
Une première larme coula
C'est pour le mieux
Et il sera heureux.


Un bruit derrière elle, un craquement de brindille et un bruissement de feuilles.
Elle essuya ses larmes, se composa un visage paisible, et tourna ses yeux brillants
Vers le nouveau venu, esquissant un joli sourire tout scintillant d'étoiles.
Peu importe de qui il s'agissait... Il ne la verrait pas pleurer.
Parce qu'elle était heureuse.
Et surtout une menteuse.

_________________

Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_11
Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_13
La référence de Vague :keur::

Merci Lou d'avoir immortalisé ma jolie muse :keur::

Autre Mumuse :keur: :

Cuuuuute :keur: :



Dernière édition par Museau Bleu le 14.01.19 6:18, édité 2 fois
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Caresse du Vent
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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty02.10.18 5:28

All I want is nothing more
To hear you knocking at my door
Cause if I could see your face once more
I could die a happy man I'm sure


jeune guerrier du vent
comme une fleur, mourant
dans la terre où on l'avait
forcé à vivre, imparfait

les étoiles brillaient bien
mais elles étaient froides, loins
et le soleil aussi glacé
que son cœur martyrisé

caresse du vent

Entouré d'arbres qui s'élançaient vers les astres, leurs longues chevelures sanglantes tombant sous le supplice de la hauteur. Cœur, froid comme les glaces d'hivers qui gelaient les pattes engourdies, un souffle gelé et des yeux transis. Petit prince des sables n'était plus si petit, il avait grandit et poussé, plus vite et plus haut que les conifères autour de lui. Minuit sous la constellation magnifique et il était isolé, avec seul compagnon ses pensées, ses songes, ses espérances, ses espoirs, lui-même en fait. Regret surtout — un gros regret plus immense que les nuages, cyclopéen comme l'espace qui gonflait sans jamais pouvoir s'arrêter. Et respirer, il devait le faire, mais comment s'activer avec cette boule qui obstruait son poitrail sa gorge son crâne tout son être ? Acariâtre ricanement qui poussait contre son enveloppe charnelle, horrible rire des démons de l'ébène enfouie dans le plus profond des organes.

ton regard bleu vert
et un ciel d'hiver
une caresse du vent
des secrets, auparavant
j'ai besoin de te dire
l'allégeance de mon cœur

Il était guerrier. Combattant. Soldat. Pièce sur l'échiquier. Pantin. On l'avait acquitté sous le grand soleil d'automne, mais les feuilles étaient tombées, et les jours heureux s'en allaient avec le départ de celles-ci. Doucement, comme si elles ne voulaient brusquer aucune âme, les draperies des grands arbres s'étaient laissées aller dans une valse grandiose, tournoyant comme des danseuses pour rejoindre la grande terre où les pas des félins les écraseraient — comme autant de rêves d'enfants qu'on jetaient dans un tas de boue. Les plus chanceuses iraient marbrer d'autres branches de leurs présences, ou flotteraient dans le vent éternellement; certaines se déposeraient dans les bras rieurs de la rivière, ou dans l'ombre d'un grand buisson. Des ambitions, des fantasmes qui survivraient par les éléments nommés, vivant à travers eux comme derrière un miroir translucide; toujours flou, mais toujours là. Mais si quelques ramures survivraient probablement au monde du sang, les moins chanceuses — et les plus courantes — s'écraseraient par terre, violées et chiffonnées par les pattes des félins atrabilaires. Déchirées en deux, éclatant de milles feux, les rêveries et les verdures anéanties, un souffle lointain preuve d'une certaine existence.

celles du petit guerrier
avaient été brusquées
piétinées, volées, brûlées

et sous un arbre, couché
tentaient de se relever
pourtant trop faible, souillées

Perce-Neige, assassinée et fracassée par la puissance des chutes destructives. Le sourire qu'elle lui avait donné, sa première rencontre au-delà des terres promises. Crocs Nacrés et sa voix hésitante, mais sa force bien présente et ses conseils réconfortants. Nuage d'Opale et son drôle de poisson, Écaille de Maquereau et son cœur chaviré par ses yeux d'ors. Les éclats de joie avec sa sœur et le nuage doré, sa tante qui courait à ses côtés et l'aigle qui se battait à ses flancs. Des souvenirs qui s'éparpillaient dans un grondement lointain.

et museau bleu, la mère qui lui avait
fait découvrir tout ce qui avait de beau
en lui, dans son cœur et son esprit
il était venu, au milieu de ces arbres
dans l'espoir de la voir arriver, pour
lui dire tout ce qu'il avait à dire, tout
ce que son cœur cachait sous la cendre
mais ses seules compagnonnes étaient
les étoiles qui scintillaient beaucoup

trop

fort

Alors, roulé en boule dans les rêves des anciens apprentis, il sentait ses muscles se tétaniser, les parures se mélanger à son pelage, les contours devenir plus flou comme s'ils ne faisaient qu'un avec les anciens songes. Ses pattes — quand il se leva debout — tremblèrent avec férocité, presque trop faibles pour le porter quelques pas plus loin. Pourtant, elles le devaient bien; son ventre était vide et grondait de retrouver la chaleur de sa terre et de ses amis, réclamait l'adoucissant regard de ceux qui constituaient sa famille offerte. Il avait espéré, prié et donné une dernière chance aux étoiles, mais elles lui avait refusé tout espoir de voir apparaitre la princesse de l'eau dans ce parfait spectacle de leur brillance. Certains allaient commencer à s'inquiéter s'il ne quittait pas ce lieu avant la fin de la nuit et, même si son cœur souhaitait rester ici à tout jamais, son cerveau le suppliait de quitter les lieux. Sa tête se releva donc alors qu'un soupire glissait entre sa gueule fermée et le petit, lentement, entreprit de quitter la froideur de ces terres.

pourtant, quelque chose lui hurlait de rester, criait
reste, reste petit combattant, elle viendra, crois-moi
et il voulait tellement y croire ! rester ici, se recoucher
parmi les rêves brisés qui mouraient sous son corps
mais comment faire pour y croire, alors que même ses
propres illusions s'échappaient de son âme ?

When you said your last goodbye
I died a little bit inside
I lay in tears in bed all night
Alone without you by my side

Alors il s'en alla. Traînant ses pattes comme si elles étaient un lourd fardeau, son corps bougeait comme un automate, celui-ci tiré par de longs fils plus durs que la glace d'hiver. La saison s'infiltrerait dans ses os comme un vieil ami et les rendez-vous seraient oubliés dans un mouvement lasse, le duo trop occupé par un combat idiot pour fixer un point d'amour. Il aurait tellement eu besoin d'elle, maintenant, pour lui dire.. Tout. Tout de suite.

But If you loved me - si tu m'aimais, maman
Why'd you leave me - pourquoi n'as-tu pas fuis avec moi
- en cette journée d'horreur -


mais soudainement, comme une fragrance apportée
par quelconque bourrasque, une odeur, un rêve
reconstitué et brillant, faisant voler les cendres de son
cœur qui battait d'un nouveau battement d'ailes

Museau Bleu ?
un murmure pour lui-même
et pour elle, surtout
alors que ses pattes se
déliaient et qu'il trouvait
quelque part enfoui en lui
le courage d'avancer et de
croire aux rêves d'enfants

All I want is
And all I need is
To find somebody
i'll Find somebody
Like you
Cause you brought out the best of me
A part of me I'd never seen

Sur des grands ailerons il s'envolait, filant plus vite qu'un torrent puissant qui descendait des montagnes. Son souffle lui manquait, mais pas son courage; ses pattes le porteraient aussi loin que son cœur le voudrait. Et celui-ci voulait se reconnecter avec sa maman, plus que tout au monde, plus que la fatigue et les larmes qui fuyaient des iris mouillés. Il voulait la voir et attraper les perles cristallines, entendre son rire et ses paroles et sentir son odeur particulière si rassurante. Déployant ses grandes ailes, il s'envolait au-dessus des arbres comme un grand rapace de son clan, porté par le même cœur qui battait autrefois si faiblement dans sa cage thoracique. Brisé, celle-ci, et l'oiseau échappé dans un grand cri joyeux !, il pouvait s'envoler.

bien obligé de revenir au sol
le volatil l'observait, mais y
voyait le ciel étoilé et les
rêves d'amours et de paix

son sourire brillait de milles étoiles
(maman, pourquoi as-tu l'air si triste ?)

Caresse du Vent, comme s'il ne voulait pas brusquer l'oasis au milieu du désert, n'osait pas bouger d'un centimètre.
Museau Bleu, grande, belle, lumineuse, l'observait de son regard toujours aussi puissant et réel,
pénétrant son âme d'un simple regard d'iris d'amitié.
Et lui, se sentant si petit, reprenant sa respiration peu à peu, ses griffes fichées dans la terre et ses yeux dans ceux de sa mère.

c'est bien toi ?
il n'osait pas y croire.
j'ai prié les étoiles pour te voir
j'ai cru qu'elles m'avaient abandonnées..

c'est bien toi, museau bleu ?
alors qu'il s'approchait lentement, doucement
progressivement
d'elle
elle
de son corps

tu ne vas pas disparaitre ?
pas repartir ?
tu ne vas pas
m'abandonner ?


You took my soul wiped it clean
Our love was made for movie screens
But If you loved me
Why'd you leave me

_________________
Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d 3z39
caresse du vent par ifouille ♡


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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty02.10.18 7:01


Les guerres et la paix se succédaient
Sur le métier à tisser de leurs vies enlacées
Des fils de joie, de rêves, de vie, des fils blancs et or
Des fils verts, des fils bleus, des fils de merveilles encore
Des fils gris espoir, des fils d'argent brillant dans le noir
Des fils orangés, rouges et jaunes qui se moirent
Ça et la, seulement, les fils sombres dominaient
Et la jolie tisseuse savait bien ce qu'ils signifiaient

Une nuit sans étoiles
Un renoncement
Un délicat voile
Un adieu, simplement
À la croisée des chemins
Et puis tu lâches ma main
Et les routes se séparent
Au revoir

Au milieu des arbres, sous la voûte céleste, la princesse des eaux baignée d'une douce lueur argentée observait la mince silhouette qui venait de se détacher, lentement, des ombres, comme le plus joli des fantômes; ce jeune chat, aux grands yeux d'ambre doux comme le miel, lumière dans la nuit, ce petit prince des sables qui était son soleil quand elle était la lune, elle l'aurait reconnu n'importe où, et pour cause; il ne quittait jamais ses pensées... Elle ferma une seconde les yeux, puis les rouvrit, comme si elle espérait que cette étrange vision s'éloignerait, s'estomperait, comme une fleur éphémère vite fanée, une illusion emportée par le vent. Qu'on lui dise qu'elle rêvait, qu'on lui dise que c'était simplement une pensée, qu'on lui laisse du temps avant de tout gâcher ! Qu'on lui laisse une chance, et encore mille moments, avant de devoir affronter ce regard familier, tendre, enthousiaste, désespérément innocent. Oui, ça ne pouvait rien être d'autre qu'une chimère, un reflet de lumière auquel elle prêtait forme, pas vrai ? Il ne pouvait pas se tenir face à elle. Pas comme ça, pas maintenant, pas déjà. Elle confiait cette prière à la brise, qui caressa doucement sa fourrure - pour la première fois, elle aurait aimé ne pas le retrouver. Puis le vent tourna... Et les yeux verts comme les jolies plantes au bord de la rivière dans leur royaume, les pierres de jade ciselées, se mirent à briller. Affection.(Désolation) Douceur. (Peur) Tendresse. (Tristesse) Bonheur. (Douleur) Espoir. (Désespoir) Amour. (Je t'aimerai toujours) Les rêves et les fantômes n'avaient pas de parfum, et cette fragrance, Museau Bleu n'importe où l'aurait reconnue, et laissée la guider. Elle aurait voulu s'enivrer de cette odeur, cacher son visage dans la fourrure rousse, qu'elle savait très douce, et le laisser, ce félin svelte et grand, à présent, quoique encore frêle auprès d'elle, se blottir tout contre son cœur, avec bonheur. Elle aurait voulu lui murmurer à quel point elle était heureuse de le retrouver, et qu'il était son enfant, et qu'elle l'aimerait éternellement... Mais elle n'avait pas ce droit. Pas cette fois. Parce qu'elle savait bien qu'il ne leur restait rien: ils n'auraient que ce parfum, celui d'un fantôme de magie et de vie, une douceur délicate qu'ils ne retrouveraient jamais, une lumière différente et une tendresse unique qui leur briseraient le cœur. Ils s'attacheraient encore une fois, se suivraient à chaque pas - et jamais le monde ne leur pardonnerait. Alors, figée à l'autre bout de la clairière, elle le regardait.

By tomorrow we'll be swimming with the fishes
Leave our troubles in the sand
And when the sun comes up
We'll be nothing but dust
Just the outlines of our hands

Demain, il retrouverait les landes
Et elle retrouverait la rivière
Pour confier au vent toute la peine
Pour tenter de noyer les regrets
Demain chacun retrouverait son Clan
Et le soleil brillerait pour eux deux
Mais demain ils seraient séparés
Pour ne jamais se retrouver

Demain les mille châteaux de sable
Comme autant de rêves d'enfant
Se transformeraient en poussière
Bientôt emportée par la mer
Les couleurs pastelles lavables
S'effaceraient sous une fine pluie
Et l'eau de leurs larmes, leur mélodie
Deviendrait leur meilleure amie

Demain ils seraient des guerriers
Fidèles, loyaux, déterminés
Et demain ils devraient oublier
L'espoir de leurs moments volés
Demain les feuilles mortes tombées
Seraient bientôt foulées aux pieds
Comme autant de songes dorés
Qu'ils ne pouvaient réaliser
Et demain, le vent hurlerait
Que leur histoire était achevée
Et demain, ils pleureraient
La plus belle des amitiés

By tomorrow we'll be lost amongst the leaves
In a wind that chills the skeletons of trees
And when the moon, it shines, I will leave two lines
Just find my love, then find me

Les branches des Quatre Chênes les protégeraient des regards encore le temps d'un adieu, en cette nuit qui n'appartenait, cette fois encore, qu'à eux; mais avant que le soleil se lève, il faudrait s'éloigner, et cette fois, ils resteraient pour toujours séparés... Telle était la voie qui était dessinée, celle qu'on leur avait vouée, alors... Pourquoi est-ce que la fille de l'eau sentait son cœur se briser ? L'enfant, du reste, n'avait pas les mêmes pensées; il venait d'appeler, et sa voix, au milieu du silence, fit éclore des fleurs, les plus belles de toutes. Espoir. Bonheur. Amour.

« Museau Bleu ? »

Un appel auquel elle aurait voulu répondre
En le serrant délicatement contre elle
Pour s'assurer qu'il était bien réel
Que la glace du rêve n'allait pas fondre
Pour se réchauffer à son petit soleil
Et pour lui chuchoter qu'il était sa merveille

Tu n'as pas le droit.

Elle fit un pas en avant
Un pas vers son enfant
Il était devenu grand
Nuage du Vent
Fort, indépendant
Il saurait maintenant
S'envoler, à présent
Et elle, simplement
Retournait au néant

Mais dans la nuit, quand il serait parti, il n'y aurait plus cette voix, douce et chaude, et un peu grave, aussi, mêlée de tristesse comme d'une folle espérance. Il n'y aurait plus ces questions hésitantes et ces gestes si lents, comme si elle risquait de disparaître au moindre coup de vent. Il n'y aurait plus ces caresses de la brise qui lui avaient porté les réussites et la tendresse, les larmes et les pensées, les histoires et les rêves, la joie et la tristesse. Le printemps ne refleurirait plus, et l'hiver s''installerait. Éternel, pour eux. Un autre renoncement, pour un nouvel enfant. Museau Bleu aurait du se sentir heureuse, à présent; plus proche de son fils que jamais auparavant, elle perdait le deuxième, celui d'un autre Clan; et là où ses petits-enfants lui étaient des étoiles, le soleil se couchait, pour la dernière fois. Elle aurait voulu retourner en arrière, et tout oublier. Redevenir comme Petit Hippocampe, rêver d'être oiseau, et de pouvoir voler. Elle aurait pouvoir être carpe, et devenir muette; mais lui, il insistait, et bien sûr, ils parleraient... Elle retint toutes ses larmes derrière le masque paisible, esquissa un sourire, et avança, un peu. Il fit de même. Étrange danse que celle-là: la plus sombre, la plus triste. Ils s'apprivoisaient, comme les autres jours; savait-il que ce serait la dernière fois, toujours ?

« c'est bien toi ?
j'ai prié les étoiles pour te voir
j'ai cru qu'elles m'avaient abandonnées..
c'est bien toi, museau bleu ?
»

Les étoiles ne t'abandonneront pas...
Au contraire, je leur ai demandé
De veiller sur toi.
Mais moi, elles m'ont laissée.
Ce n'est pas grave, tu mérites plus que moi.

« Nuage du Vent. » appela-t-elle doucement.
« Les étoiles t'ont entendu.
Crois-tu qu'elles t'auraient exaucé
Si elles ne t'aimaient plus ?
»

Elle souriait, quand il avança vers elle
Limpide comme l'eau et pur comme le ciel
Pour finalement fermer les yeux avec bonheur
Pendant qu'elle le tenait tout contre son cœur
Demain, oui, ils seraient séparés, demain
Alors ils s'enlaçaient, car demain, ils seraient loin

But don't bring tomorrow
Cause I already know
I'll lose you
Don't bring tomorrow
Cause I already know
I'll lose you
I'll lose you

Mais même à cet instant, forcément, les deux âmes jumelles, réunies sous le ciel, ne pouvaient que douter de cet instant volé; en d'autres circonstances, Museau Bleu aurait ri de pareilles questions, dans des tas de feuilles mortes sous le vieil érable tout paré par l'automne, où dans la rivière devenue confidente - elle aurait ri, et ils auraient joué. Mais cette fois, tout semblait plus fragile, comme un miroir de verre. Sauf qu'elle savait déjà, la belle vétérane, que la glace se casserait, et à l'unisson, son cœur se briserait; un miroir, pour sept ans de malheur; mais celui des âmes... Il lui en promettait toute une éternité. En entendant ces paroles si peinées, oui, la lieutenante riveuse faillit renoncer. Mais elle devait faire ses choix, avant de le ruiner; la vie ne faisait que commencer, pour le jeune chat à ses côtés. Alors il fallait s'estomper. Maintenant, avant de tout gâcher.

« tu ne vas pas disparaitre ?
pas repartir ?
tu ne vas pas
m'abandonner ?
»

Chaque fin est aussi un nouveau départ.

« Les étoiles t'aiment, comme moi, pour toujours. »

Chaque fin est aussi un nouveau départ.

« Je suis là, Nuage du Vent. »

Chaque fin est aussi un nouveau départ.

« Et regarde ! » Un joli rire. « C'est presque une Assemblée ! »

Chaque fin est aussi un nouveau départ.

« Tu as grandi... Alors, quelles nouvelles, à présent ? »

Elle ronronna, en lui donnant un petit coup de museau
Couleur de bleuet, sucré, acidulé, doux et tendre
Une toute petite magie, encore une fois
Ils avaient bien le droit à une féerie
Puisqu'elle serait la dernière de cette vie.

But don't bring tomorrow
Cause I already know
I'll lose you
Don't bring tomorrow
Cause I already know
I'll lose
I'll lose
You

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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty04.10.18 5:00

la douleur ne
s'en allait jamais
vraiment
il suffisait
d'un sourire
d'un rire
d'un regard
pour l'éveiller


et ça faisait très mal
de se réveiller
en hurlant

douleur

froid - qui - te - prenait - un - jour - d'été

Et le petit qui était habitué à ce sentiment de leurre, horrible parade macabre. Des yeux écarquillés dans la noirceur, une gueule qui s'ouvrait pour tenter en vain d'articuler des appels suppliants. Des paroles qui atteignaient ses oreilles abaissées, des mots plus puissants que la plus grande des épées. Une fissure dans le cœur, de la cendre dans celui-ci. Élimination de sentiments positifs, pourquoi ne pas repousser tout le monde avant de les blesser ? Inévitablement, tout le monde s'en irait, comme un souffle lointain d'anciens rires d'enfants. Se coucher dans la neige froide et laisser son corps se décomposer, renouer avec la terre accueillante du clan qui l'avait mis au monde. Soleil trop brûlant enflammant sa pelisse marbrée des cicatrices de la haine, son corps se disloquant dans un torrent trop fort pour lui. Clan des étoiles, qu'il était faible, qu'est-ce qu'il avait envie de tout laisser tomber, de laisser sa motivation crouler sous ses pattes, son échine faiblir en même temps que sa honte — ça le démangeait, le tuait, lui détruisait les poumons. Il était seul. Si seul qu'il criait à s'en déchirer la gorge dans son esprit et que la seule réponse qui lui revenait était l'échos de sa propre voix enrouée. Si seul que son ombre était sa compagnie la plus fidèle et que les masques qu'il forgeait sa plus grande réussite. Oui. La vie s'acharnait — tous passaient celle-ci à essayer de trouver pour quels arguments ils se battaient, pour quelles raisons ils étaient arrivés dans ce monde mauvais. Les questions s'entassaient et le temps s'égrainait du même temps que l'innocence de l'enfance, traçant des sillons de larmes et de sangs dans les âmes souillées. Les mères pleuraient leurs chérubins, ceux-ci se recroquevillaient dans un coin, tachés, noircis, blessés, pleuraient. De simples petits êtres arrachés à l'aube de leurs balbutiements et des joies idiotes; grandissez dans la terreur.

In the morning when I wake
And the sun is coming through
Oh, you fill my lungs with sweetness
And you fill my head with you.

Il ne voulait pas avoir le même sort que ces enfants. Le petit voulait ses rêves et ses espoirs, il voulait grandir dans une histoire qui serait paré d'une fin heureuse; la plus heureuse de toutes, celle de la réunification d'une mère et de son fils. Pourtant… Silence, petit cœur. L'heure n'est plus aux fantaisies et aux songes ! Les seules choses qui resteront dans la nuit noire seront les cris et les sanglots résonnant dans un écho infernal, sans aucune réponse. Que cette atroce couleur d'encre qui restera à leurs côtés, enveloppant tous ces corps cisaillés par la vie et désireux de s'en aller enfin. Cependant, c'est avec un sourire sardonique que cette même mort se penchera sur eux, effleurant leurs museaux du bout de ses membres. La souffrance n'est pas fini pour toi, mon petit amour.. Il te reste tant de forêt sombre à traverser et de douleur à encaisser, tu n'en as même pas idée. Tu souffriras le martyre et personne ne sera là pour t'aider, car là se trouve cette vérité qui réside en chacun de nous. La meilleure chose que tu pourra hélas faire sera donc de sourire, ou, qui sait, de trouver une lumière .. ?

? de trouver une lumière ?
il l'avait déjà trouvé, la sienne
brillante, forte et belle
qui le guidait par sa présence
Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d 0mv1
museau bleu

(son étoile du berger)
L'expression « étoile du Berger » est très ancienne. Autrefois, les gardiens de troupeaux qui vivaient au rythme des jours et des nuits, tout au long de l'année, guettaient l'apparition de la première étoile dans le ciel, le soir, pour rentrer à la bergerie. Et il en était de même le matin : lorsque la dernière étoile brille avant le lever du Soleil (« celle qui annonce le matin »), il est temps de sortir les moutons.
— celle qui annonce le matin,
la dernière étoile brillante
avant le lever du soleil,
la première étoile
dans le ciel;
sa mère.
son étoile
du berger

Shall I write it in a letter?
Shall I try to get it down?
Oh, you fill my head with pieces
Of a song I can't get out.


bonheur

chaleur - qui - te - prenait - un - jour - d'hiver

Comme un petit sourire qui pointait le bout du nez sur un visage habituellement crispé. Les rayons du soleil qui perçait la carapace homogène des nuages et la douce chaleur glissant en ronronnant sur les pelages des félins. Les premiers cris des petits chatons qui venaient au monde, un doux regard de maman sur les petites boules de poils qui gémissaient au sol; les noms accordés comme des promesses qui ne s'envoleraient jamais. Caresse du Vent voulait faire partie de ce mot. Il voulait, tel un grand arbre, planter ses racines dans le sol et rester férocement attaché à la terre qu'on lui avait donné. Se doter d'immenses feuilles rêves et d'une écorce plus dure que les rochers acérés des pics embrumés, observer du plus haut de sa verdure les couchers et les levers du soleil dans la beauté de cette lande. En son sein, recevoir des promesses chuchotées tout doucement et des rires éclater en vibrant; qu'il soit le théâtre de la vie des quadrupèdes grouillants. Une scène où se jouerait le début des amours qui naissaient comme des petites pousses vertes, des colères terminées en sanglots rassurés par un doux câlin. Oui, il voulait tout ça. Et tout lui semblait possible en écoutant les réponses de la princesse de la rivière, comme si elles portaient en leurs cœurs des engagements indélébiles.

Can I take it to a morning
Where the fields are painted gold
And the trees are filled with memories
Of the feelings never told?


Les étoiles t'aiment, comme moi, pour toujours.

demain, tout irait mieux
dans son cœur, dans les cieux
courant dans les landes, heureux
le cœur bercé d'innombrables vœux

demain, il pourrait enfin respirer
sentir le vent dans son pelage et
l'effluve du bonheur à lui, acheminé
par les sourires et les câlins interprétés

demain, il aurait cette envie de vivre
poussé par les pattes de sa mère, ivre
d'un grand sourire éclatant et vrombir
parce qu'il pourrait, après tout, vieillir

heureux

Je suis là, Nuage du Vent

oui, elle était là, gracieuse, glorieuse et nimbée de poussières d'étoiles
il aurait voulu rester ici à tout jamais, de son pinceau colorier sur une toile
la magnifique guerrière qu'elle était, mettre la beauté de son âme sur une voile
mais comment dessiner la perfection, autrement qu'en espérant réussir
quelque chose d'un peu maladroit, barbouillé, puis d'une voix bruire
comprendre que cet éclat ne pouvait, sur une toile, ainsi finir

ELLE ÉTAIT TROP ÉCLATANTE


Et regarde ! C'est presque une Assemblée !

une assemblée de mots n'aurait pas pu réussir
à expliquer son amour et son bonheur de se trouver ici -
une assemblée de cri et de haine dans la nuit noire
jamais, ne l'aurait empêché d'accourir dans ses bras -
une assemblée de visages en larmes, de tristesse
aurait été chassé par les rayons de sa belle maman -
mais une assemblée avec elle, sous les grandes étoiles
avait été son rêve le plus cher pendant des lunes.

Tu as grandi... Alors, quelles nouvelles, à présent ?

Progressivement, un rire cristallin vint occuper le silence alors que le museau de la lieutenante le rejoignait doucement, provoquant une avalanche de sentiments dans son corps. Empli par un bonheur sans limite, il avait envie de rayonner fort et loin avec elle, jusqu'aux montagnes et plus éloigné encore — peut-être que rendu là-haut, il aurait pu lui faire comprendre à quel point sa gratitude était cyclopéenne pour tout ce qu'elle lui avait offert. Mais il ne pouvait malheureusement pas, alors il se contenta, d'un ronron affectueux, de frotter avec amour sa tête contre celle de la mère des eaux, appréciant ce contact qu'il adorait tant. Cependant, il du se séparer — pour une bonne raison —, gonflant son poitrail en se donnant l'air un peu plus grand. Et oui ! Il avait grandit, son visage avait perdu un peu de ses traits enfantins (c'était ce qu'on lui avait dit) et les parties de son corps avaient évoluées, le rendant plus musclé malgré sa physionomie toujours aussi fine et agile. Son esprit avait pareillement suivi le cours des lunes, grimpé avec la vigne sauvage; il pouvait ainsi affirmer avec fierté qu'il s'était transformé en, il l'espérait, une nouvelle et meilleure personne. Il fit dès lors un tour sur lui-même, creusant un sillon de feuilles qui s'envolaient derrière lui pour cause de sa longue queue frétillante.

… Caresse du Vent, maintenant. s'exprima-t-il avec contentement et joie, savourant ce nouveau qualificatif sur sa langue. On m'a adoubé guerrier ! se permit-il d'ajouter pour donner plus de contenance à ce nom, gonflant un peu son pelage pour se donner l'air plus grand. Tu aimes bien ?

Il exécuta un autre tour sur lui-même, trottinant joyeusement plus que marchant. Ses oreilles se dressaient comme deux drapeaux sur sa tête bien haute et ses yeux chatoyaient d'un enchantement enthousiasme, ses iris plongeant dans ceux de la crème bleu pour chercher une réponse qui se trouverait au fond. Une réponse positive, il espérait !

Je me suis remis de mes blessures.. Et..
Est, est-ce que la petite apprentie de la rivière va mieux ?
J'espère que oui… Je n'ai jamais voulu la blesser.


Perdu dans les pensées du combat pendant une fraction se seconde, il en émergea avec un sourire encourageant.

Mais je me suis fait des nouveaux amis !
La vie de guerrier va bien, je commence à..
Être plus heureux, à oublier les douleurs.
Même si j'aimerais te voir plus souvent.


Un ronron.

Et toi, comment ça va ?
Tu m'as manqué.


When the evening pulls the sun down
And the day is almost through
Oh, the whole world it is sleeping
But my world is you.

Can I be close to you?

_________________
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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty04.10.18 7:47



Depuis toujours, même quand elle n'était qu'une toute petite fille qui courait dans les flaques et dansait dans les feuilles, couronnée de mille fleurs, aux côtés de ses frères, la princesse de la rivière, de ses grands yeux verts, avait toujours aimé observer sa famille. Sa mère, bien sûr, son père, aussi, bien que les occasions soient aussi rares qu'elles lui étaient précieuses, ses frères et sœurs, et puis tous ses amis; la chantonne aimait bien veiller sur eux, et de ses jolis prunelles d'eau et de plantes délicates, au bord de l'onde pure, contempler les visages aimants qui l'entouraient. Oui, même celui d'Étoile Pâle... En grandissant, s'étaient ajoutées les portées plus jeunes qu'elles, d'autres guerriers du Clan, à qui son cœur prêtait une allégeance, son mentor le premier, presque un deuxième père, des novices, aussi, dont ses meilleurs amis; et puis celui qui serait son filleul, et plus tard ses enfants, Blaireau, Méduse et Ambroisie, de loin mais d'aussi près qu'elle se l'autorisait; il y aurait des amis, et puis des protégés, comme Nuage d'Émeraude, et enfin, il y avait les trois jolies fleurs d'amour écloses dans son Clan: ses petits-enfants. Museau Bleu aimait observer tous ces visages, dont certains n'étaient plus que souvenirs et poussière d'étoiles... Parce qu'ils étaient jolis, tous ces félins qui l'entouraient, avec chacun des prunelles, des mimiques différentes: les yeux sont le miroir de l'âme, et ce que la lieutenante riveuse préférait, c'était les voir briller de mille rêves et d'étoiles. Si elle avait pu recevoir pareil pouvoir, elle aurait cueilli les constellations pour les placer doucement dans les yeux de tous ceux qu'elle aimait ! Mais ce qu'elle préférait, c'était les voir sourire, les faire sourire, et les entendre éclater de rire.

Elle aimait voir leurs yeux scintiller
Et voir les sourires s'esquisser
Elle aimait cette lumière dégagée
Pure, vraie, de bonheur éprouvé
Et les mots prononcés
Les défis proposés
Les rires partagés
Elle aimait voir les corps se balancer
Et voir un fou rire doucement les secouer
Elle aimait ces gestes un peu incontrôlés
De joie immense, qui débordait

C'était juste beau, rire liberté
Sans s'en soucier, et chaque fois
Une nouvelle fois
Museau Bleu se sentait apaisée
Et chaque fois, elle apprenait
À aimer

Parmi les leçons de chasse, de pêche et de combat comme de loyauté, son mentor, plein de sagesse, avait également dispersé des phrases comme guides de vie, et si Museau Bleu n'était que moyenne pour la chasse sur terre, elle était devenue une nageuse émérite, la meilleure chercheuse de poissons du Clan, et surtout, elle n'avait jamais oublié ces quelques petits mots; il avait fait d'elle, une guerrière, c'était vrai, loyale, aimante, courageuse, forte, dévouée; mais surtout, il lui avait parlé d'amitié, et de joie, appris à faire éclore les fleurs du bonheur, à cueillir les fruits de la vie, et à amener des sourires pour les poser sur les visages de ceux qu'elle aimait. Et cette leçon-là, pour lui comme pour les autres, la jolie apprentie, au cœur d'or, aux mots d'argent et à l'âme d'acier - celle dont il disait qu'elle ne serait jamais brisée -, l'avait bien apprise. En grandissant, une de ses plus grandes fiertés avait été de savoir faire sourire, souvent, ceux qui se trouvaient autour d'elle. Un sourire merci, pour une proie offerte; un sourire gaieté, pour un jeu de chatons; un sourire courage, pour combattre la tristesse; un sourire espoir, pour des lendemains meilleurs; un sourire excuse, pour réparer les torts; un sourire fierté, pour une guerrière nouvellement baptisée - le sourire d'Étoile Pâle quand, avec une sorte de douceur, de tendresse, il l'avait adoubée, et puis félicitée; un sourire soleil, pour éclairer un tout petit, petit monde; un sourire amusement, pour chasser les soucis; un sourire ironie, pour tous les mots d'esprit; et un sourire en or, juste pour sourire encore. Des sourires comme autant de soleils, de lunes et puis d'étoiles, comme des fleurs par centaines à tresser en couronnes. Des sourires comme autant de couleurs, comme les auras des autres, avec chacun la sienne - des couleurs vives, chaudes, froides, ou bien plus douces, pastelles; jamais de couleurs sombres - ça, c'était la tristesse, qu'ils chassaient chaque fois. Des sourires comme une petite collection, qu'elle aimait et connaissait si bien: les sourires enfantins de Petit Hippocampe (la voix gaie qui tentait de dire son nom et finalement prononçait Hoppi Carpe lui revint en mémoire) et Petite Sangsue (Des câlins, moi j'aime !), et même de Boule d'Automne et de Petit Printemps; les sourires de Blaireau, Méduse et aussi Ambroisie; les sourires de Jolie Abeille, après les larmes, jadis; les sourires complices avec Matin Embrasé, et ceux, un brin taquins et séducteurs, de Coup de Foudre, une autre nuit aux Quatre Chênes; le sourire encourageant d'une personne, empli de joie d'une autre, et toutes les émotions qu'on pouvait bien y lire... Museau Bleu adorait quantité de sourires; mais cette nuit-là, sans hésiter, elle put deviner sans peine que celui de Nuage du Vent, celui de son enfant, à cet instant, ferait partie de ses préférés.

Et elle sut, au même instant, que ce joli sourire lui briserait le cœur.

When the morning comes
When we see what we've become
In the cold light of day we're a flame in the wind
Not the fire that we've begun
Every argument, every word we can't take back
'Cause with all that has happened
I think that we both know the way that the story ends

Les sourires ne duraient pourtant jamais bien longtemps... En regardant le jeune chat, à présent, la belle lieutenante voyait en filigrane le visage sérieux, quoique doux, de Rosée Nocturne, droite et fière et forte et loyale, sincère et belle, et courageuse, aussi; elle était fidèle à son Clan, la danseuse de nuit, et c'était le plus important - tout ce que souhaitait Museau Bleu pour le petit près d'elle. Et elle voyait aussi les yeux de Crocs Nacrés, brûlants d'un feu de colère, de rage pure, d'une angoisse perceptible derrière la fourrure; et puis les coups de griffes, encore, et encore, et encore. Et les crocs, et la guerre, et le sang. Nuage de Vent et elle étaient une étincelle, au milieu de la nuit, mais... Le feu finissait toujours par mourir - et pour préserver son petit soleil, elle savait bien quoi faire, comment achever l'histoire. La nuit serait froide, et l'aube reviendrait... Pour les séparer. Une dernière fois. Pour le préserver. Et il sourirait, sans elle, désormais; pauvres, pauvres âmes unies, elles étaient bien mal nées. Tout ça était injuste; dans son cœur, la guerrière était sûre que leurs esprits, leur famille et leurs âmes, venaient de la même étoile. Museau Bleu et Nuage du Vent. Nuage du Vent et Museau Bleu.

Then only for a minute
I want to change my mind
'Cause this just don't feel right to me
I want to raise your spirits
I want to see you smile but
Know that means I'll have to leave

Une maman et son enfant
À la croisée des chemins
Sur un fil si fragile
Gracieux, doux funambules
Dans la vie, dans ce monde

Un maman et son enfant
Face à face, entrelacés
Cœur contre cœur
En une seule entité
Famille, tendresse, amour

Je t'aime pour toujours...

Avec autant de lenteur que de délicatesse
Deux silhouettes s'écartent, s'observent
Ils ont changé, mais entre eux restent
Les souvenirs de moments volés
Un petit royaume protégé
Des promesses précieuses, aimées
Et un océan de larmes encore secret
La voix douce du jeune chat rompt
Le silence; bonheur et fierté.

« … Caresse du Vent, maintenant. » sourit-il.
« On m'a adoubé guerrier ! Tu aimes bien ? »

Écoute le murmure de la brise, quand tu seras chez toi
Il te parlera de nous et de rêves dans les plus beaux endroits
Et chaque caresse du vent sera un moment où je serai près de toi.


La gorge nouée par l'émotion
La lieutenante aux yeux verts
Hocha la tête, heureuse
Et câlina doucement son petit
Peut-être pour la dernière fois

Écoute le murmure de la brise, quand tu seras chez toi
Il te parlera de nous et de rêves dans les plus beaux endroits
Et chaque caresse du vent sera un moment où je serai près de toi.


« J'aime beaucoup. » souffla-t-elle, souriante.
« Et avec ce nom-là... Je serai toujours avec toi. »

Know that means I'll have to leave
Lately, I've been, I've been thinking
I want you to be happier, I want you to be happier

Caresse du Vent
Caresse du Vent

Scandait son cœur

« Caresse du Vent
Caresse du Vent
»
Murmura-t-elle
À l'oreille de l'enfant
Qui avait tant grandi

Caresse du Vent
Caresse du Vent

Un nom plein de promesses
Un nom nouveau, heureux
Un nom comme un adieu

Caresse du Vent
Caresse du Vent

Plus que les cris

Un dernier « Je t'aime »
Une félicitation, au revoir
Non - Adieu

When the evening falls
And I'm left there with my thoughts
And the image of you being with someone else
Well, it's eating me up inside
But we ran our course, we pretended we're okay
Now if we jump together at least we can swim
Far away from the wreck we made

Un souvenir de leurs jeux revint à Museau Bleu
Et une vague de nostalgie l'envahit
Tandis qu'elle enfouissait son visage dans la pelisse
D'automne, de flammes, de lumière
L'or et le feu des feuilles du vieil érable, sur la crème

Le monde de Museau ne se résuma plus qu'à ce petit chat qui s'accrochait à elle, pelisses de sable, d'écume, de crème et de feu mêlées, prunelles de jade et d'ambre scintillantes, tandis qu'elle l'emmenait plonger, partageant avec lui son monde de féerie; ce choix-là, c'était lui livrer la part la plus importante de sa vie, et toute sa magie, parce qu'elle savait qu'il l'apprécierait, et elle avait, aussi, envie de le faire rêver... Alors elle choisit de laisser la rivière les bercer, et, en quelques coups de pattes, fit s'éclipser la surface pastelle pour son monde de douceur, magnifique aquarelle. Elle l'emmena auprès des plantes aquatiques, jouer avec les poissons aux mille couleurs, ressentir les courants qui jouaient avec eux et murmuraient au duo des secrets merveilleux; elle lui fit admirer les lumières tamisées par l'onde, et tous les secrets possibles de son petit monde; elle esquissa ces gestes, juste pour un moment, pour mettre des étoiles dans les yeux de son enfant. Là, sous l'eau, loin des Clans, les heurts semblaient moins douloureux, les cœurs plus légers, et, à deux, sous les flots, la tempête pouvait se déchaîner, crocs et griffes, cris et reproches: ils étaient protégés, dans un cocon de bonheur, et de liberté. Quand enfin ils remontèrent à la surface, Nuage de Vent riait et s'émerveillait, et Museau Bleu souriait. Clan des Étoiles, elle l'aimait...

Elle l'aimait et pour cela, il fallait qu'elle parte
Pour qu'il n'ait plus à devoir la combattre
En la voyant comme une amie; il avait grandi
N'avait plus besoin d'elle, à présent, cet enfant
Il devenait guerrier; une page à tourner
Et elle, elle serait de ces souvenirs qu'on relit
Parfois, avec nostalgie; ses lunes d'apprenti.

Then only for a minute
I want to change my mind
'Cause this just don't feel right to me
I want to raise your spirits
I want to see you smile but
Know that means I'll have to leave

Loin des questionnements
Qui agitaient sa deuxième maman
La voix enthousiaste de l'enfant
Portait les paroles du petit Vent:

« Je me suis remis de mes blessures.. Et..
Est, est-ce que la petite apprentie de la rivière va mieux ?
J'espère que oui… Je n'ai jamais voulu la blesser.
»
« Tant mieux... Je m'inquiétais un peu.
Et ne t'en fais pas, Nuage d'Émeraude va bien.
Elle est forte et courageuse, et a tant d'énergie !
Elle doit apprendre un peu la retenue, par contre...
Elle a encore grandi. Une guerrière, bientôt, elle aussi.
»

Questions et réponses
Juste un petit moment
À prier les Étoiles
Et à rêver d'ailleurs
De changer d'avis
De partir d'ici
De mettre les voiles
Juste elle et son petit

Mais Museau Bleu avait sa famille
À présent plus que jamais
Et Caresse du Vent, ses propres allégeances.

« Mais je me suis fait des nouveaux amis !
La vie de guerrier va bien, je commence à..
Être plus heureux, à oublier les douleurs.
Même si j'aimerais te voir plus souvent.
»

Elle sourit tristement.

« Tu sais que ce n'est pas possible, pourtant...
Sois heureux avec ton Clan, le reste du temps.
»
Sois heureux avec eux pour toujours, s'il te plaît.
« Tu as des amis, c'est le plus important.
Se voir, pour nous, c'est un peu plus complexe...
»

Know that means I'll have to leave
Lately, I've been, I've been thinking
I want you to be happier, I want you to be happier

So I'll go, I'll go
I will go, go, go
So I'll go, I'll go
I will go, go, go

Un ronron.
Caresse du Vent.

« Et toi, comment ça va ?
Tu m'as manqué.
»

Un ronron.
Museau Bleu.

« Tu m'as manqué aussi. »
Et tu me manqueras beaucoup.
« Ça va, ma fille a eu des petits, trois bébés !
L'un deux dit s'appeler "Hoppi Carpe", tu vois l'idée !
»

Un autre ronron.
Tendresse, amusement.

« La fille de la portée est très douce et câline.
Et les trois sont très gentils. ils te plairaient, je pense.
»

Mais tout ça doit s'arrêter maintenant...

Et pourtant
Comme elle aurait aimé
Les lui présenter
Un jour
Ou mieux
Vivre à leurs côtés
Être heureuse, aimée
Par eux tous
Loyauté
Amour
Bonheur
Un rêve qui n'avait
Aucune chance
De se réaliser
Un rêve pour deux
Comme un miroir
Brisé
Et le reflet disparaissait
Cette fois à jamais

Lately, I've been, I've been thinking
I want you to be happier, I want you to be happier
Even though I might not like this
I think that you'll be happier, I want you to be happier

« Puisqu'on a du temps, tu me parles de tes amis ? »

Elle sourit. Une question, encore un temps.
Juste une mesure, une mélodie de vie.
Juste quelques étoiles filantes, un vœu.
Parce que... Peut-être qu'il se réaliserait ?
Au fond, elle l'espérait.

Then only for a minute
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I want to raise your spirits
I want to see you smile but
Know that means I'll have to leave

Elle aurait voulu souhaiter
De ne pas devoir s'en aller
Et qu'ils ne doivent se séparer
Mais leur histoire devait se terminer
Douce, triste famille estompée, oubliée
Effacée. Mais elle l'avait aimé...

Nuage puis Caresse du Vent
Le petit chat roux, son enfant
Aux yeux soleil si innocents

Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai.

Know that means I'll have to leave
Lately, I've been, I've been thinking
I want you to be happier, I want you to be happier

So I'll go, I'll go
I will go, go, go

_________________

Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_11
Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_13
La référence de Vague :keur::

Merci Lou d'avoir immortalisé ma jolie muse :keur::

Autre Mumuse :keur: :

Cuuuuute :keur: :

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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty05.10.18 7:58


Qu'aurait été la vie de Museau Bleu et Caresse du Vent s'ils étaient nés dans le même clan ? Voilà une question sur laquelle le petit se penchait, se regardant dans l'étang cristallin qui contenait la réponse de sa plus folle envie intouchable. D'un petit souffle amical, il créait des ondulations sur le lac et celles-ci vibraient de bonheur, représentant chaque opportunité qu'ils auraient eu de s'aimer. Mère et fils au clan du tonnerre; les arbres qui les protégeaient du malheur de ce monde, qui se couvraient de rouge et d'orange, qui les aspergeaient de parures colorées en frissonnant d'aise dans un vent qui était de plus en plus froid — mais celui-ci n'aurait pas atteint les deux félins de la foudre; ensemble, marchant côte à côte, les coussinets dans la mousse délicate, leur rires trop forts auraient été l'unique répercussion, leurs sourires trop brillants la seule conséquence. Mère et fils à l'ombre, chassant côte à côte comme deux ombres qui se ressemblaient plus que deux jumeaux, deux pensées pour un geste et un geste pour deux chats; un saut gracieux, deux danseurs qui retombaient sur un oiseau - le nouveau ronron du plus jeune tout fier de montrer ses progrès de chasse à sa génitrice, regarde comme je fais, maman !, regarde comme je suis devenu grand. Mère et fils à la rivière, la gueule pleine d'eau et des rires étouffés par ce liquide opalin, tous deux emportés par un courant qui ne leur voudrait que du bien; des coups de pattes exécutés en vain, princesse de l'eau et reine des cœurs; un échange de regard qui voudrait tout dire sous un grand saule couvrant ses enfants d'une écharpe verte et foisonnante. Mère et fils au vent et tout ce qu'il y aurait de grand; des courses contre des bourrasques aussi puissantes que des ouragans, des couchers de soleil dans la lande rougeoyante, des promesses promises alors qu'ils seraient couchés dans un cratère, grand nid douillet de cette famille réunie qui s'aimait plus que le temps. N'auraient-ils pas eu une belle vie ? Oui. Un oui vibrant et éclatant, frémissant dans ce fleuve minuscule; un oui qu'on pouvait dire de tous les tons et de toutes les émotions. Oui.

You gave me shoulder when i needed it
You showed the love when i wasn't feeling it
You helped fight when I was giving in


c'était ce que lui disait
le vent, les arbres
l'ombre, la rivière
tous clamant cette vie
arrachée, déracinée
agressée, violée
qu'ils n'avaient jamais pu
partager, aimer
chérir, goûter

alors le petit s'était contenté de la douleur
de n'avoir qu'une ou deux personnes qui
le comprenait et une famille aimante
mais que pour une façade extérieur

Heureusement, il avait appris à pousser. Acceptant les promesses brisées et les rêves fracturés, il avait grandit dans un clan avec des gens fabuleux; certes, qui ne pensaient pas tous comme lui, mais pas pour autant horribles et nocifs à son être.Il leurs devaient à tous beaucoup — et certains plus que d'autres —, mais sa vie ne venait que de commencer ! Cela faisait douze lunes et quelques poussières qu'il était dans ce monde et encore beaucoup de cycle l'attendait, changeant de couleurs et de températures, de sentiments et de songes, d'amour et de douleur. Il aurait bien le temps de trouver sa voie; d'une voix mélodieuse raconter les vieilles histoires de son enfance et de, pourquoi pas, raconter comment son clan était xénophobe avant un changement incroyable ? Secondé de gens qu'il aimait dans une ambiance positive, de ses petits fils et de sa famille.. Qui comporterait, bien sûr, sa mère de la rivière. Entouré de ces personnes si spéciales, il n'hésiterait pas, non. De ses grandes ailes d'oiseaux il s'envolerait, récompensant le territoire de risette, de rire et d'affection; on verrait derrière lui des traces de son dévouement pour la beauté des choses, des convictions que son optimiste aurait su garder bien au chaud pendant les passes frigides de l'allégresse tombée; bref, il serait l'aigle du nirvana. Mais… Avant tout, il devait prendre son envol et apprendre à battre des ailes. Aidé par tous ceux qu'il aimait, il serait capable : il en était certain.

You made laugh when I was losing it
You are you are
The reason why I still hanging on
You are you are
The reason why my head is still above water


deux grandes ailes, septième ciel
son pouvoir résidait en elle
et dans le monde, immense carousel
elle resterait toujours son idéel

Caresse du Vent prit un moment pour apprécier ce temps, tout simplement. Des excuses silencieuses volèrent comme des petits papillons vers ceux qu'il avait blessé, comme si, en cet instant, les courants d'airs dans le ciel étaient sa plus grande réponse. Le petit apprenti du tonnerre, tout brun et costaud, qui avait sûrement dû être une admirable personne; son regard avait quelque chose de spécial, d'intelligent, qui aurait bien fait rire le rouquin s'ils avaient pu être amis. La tricolore qui avait feulé de rage vers eux, blessée de découvrir le campement ainsi violé; il aurait voulu lui chuchoter des désolé jusqu'à l'infini, mais mêmes ces paroles n'auraient pas suffis à effacer la terrible douleur. Les paroles qui s'étaient échappées de sa gueule et le corps un peu croche et sans vie de l'ancienne guérisseuse du vent, des papillons qui venaient pleurer sur sa carcasse étrange. Et puis la jeune apprentie de feu, celle de la rivière, ce moment où leurs deux regards s'étaient croisés et qu'ils avaient compris la même chose: mais pourquoi ? Oui, il s'excusait. Il le faisait parce qu'il n'aurait probablement plus d'autres chances et parce qu'il se pensait capable de tout supporter avec sa mère à ses côtés. Oui, il était prêt, enfin, à expier les crimes enterrées sous la cendre. Il essuierait de sa patte tremblante la substance poussiéreuse et ébène, courbant son échine non pas devant les étoiles, mais devant ceux qui devaient recevoir son pardon plaintif. Enfin. Enfin. Enfin… Il pouvait sortir de cette douleur, et ça faisait du bien.

et il pensait à elle
ce qu'elle lui avait
offert dans
ce moment magnifique


Si elle t'emmène vers le fond, ne lutte pas: parfois, l'eau veut elle aussi une étreinte. C'est peu profond, ici: attends de toucher le sable, et pousse bien fort sur tes pattes pour remonter à la surface. Autrement, à te battre contre la rivière, tu ne ferais que t'épuiser sans succès. Ne gâche pas tes forces... Fais-t'en une amie.

Dans les premiers temps, tout ce qu'il aperçut fut des formes floues et indéchiffrables dansant devant ses yeux inquiets. Un peu comme les grands jours de pluie dans la lande, l'eau brouillait tout ce qui pouvait être joli devant lui, et ne lui laissait qu'une étrange impression de panique sur l'arrière de sa langue ; et s'il ne voyait jamais rien, et si sa Museau Bleu devait le remonter d'un air déçu parce qu'il était trop bouleversé ? Il n'allait pas y arriver ! Pourtant.. Après la tempête venait le soleil. Les nuages s'ouvraient, le soleil brillait de milles feux. Les secondes passaient, et son cœur s'arrêtait de battre. Il ne pouvait rien dire, rien penser, rien développer.

les rayons du soleil bravaient
la surface, touchaient le fond
et de leurs brillantes lumières
caressaient la belle abime

poissons, cailloux, plantes
tout scintillait, tout irradiait
avec son cœur, lui, empli
d'un soleil aussi gros que le monde

il n'avait jamais rien vu d'aussi beau
que ce royaume merveilleux
que ce jour-là, où, sur sa mère de l'eau
il avait découvert le meilleur des trésors


Tu m'as manqué aussi.
Ça va, ma fille a eu des petits, trois bébés !
L'un deux dit s'appeler "Hoppi Carpe", tu vois l'idée !


And if I could ide get you the moon I give it to you
And if death was coming for you ide give my life for you

Un autre sourire gagna son visage à l'entente de ses mots, faisant flamber son masque d'une joie sans pareille. Sa fille avait eu des bébés ! Hoppi carpe ! Un rire cristallin se détacha lentement, montant en crescendo dans la nuit constellée d'étoiles de ce fabuleux clan des ancêtres; il riait à gorge déployé, les oreilles frémissantes et le bout de sa queue joignant le tempo. Sa mère devait avoir une bien belle famille, au clan de la rivière ! Ils ne savaient peut-être pas que cette incroyable femelle était leur génitrice, mais caresse du vent le savait - et pour rien au monde il n'aurait sacrifié ce si puissant secret. Parce que lui… Aurait aimé naître et croiser des iris forêts comme première vision de sa vie. Il aurait bien sûr pu ressentir de la jalousie pour les petits qui ponctuaient la vie quotidienne de museau bleu, mais cette émotion ne s'était jamais pointé le bout du museau; tout ce qu'il ressentait dans son cœur était une admirable émotion qui débordait; l'amour d'un enfant.

La fille de la portée est très douce et câline.
Et les trois sont très gentils. ils te plairaient, je pense.


caresse du vent, ronronnant, vint frotter sa tête
sur cette admirable femelle, lui partageant un
secret, une promesse, un sentiment plus fort
que la haine la plus dure, que la colère la plus pure

oui… ils me plairaient
j'aurais joué avec eux, fait
des bêtises et, satisfait
réalisé mon plus grand souhait

nous aurions été une famille
et dans tes pupilles
un reflet de fierté, coquille
chaleureuse, amour plus grand
qu'une immense île


Puisqu'on a du temps, tu me parles de tes amis ?

Le petit chat roux s'éveilla à ses paroles, écartant ses pattes avec joie, retrouvant son âme d'enfant et son regard jovial de chérubin. Il ressemblait encore au petit Nuage du Vent qu'elle avait trouvé, ce jour-là sur la piste des monstres, mais en plus grand et plus vieux; cependant, dans son cœur, il restait et resterait toujours son bébé. Ce fut donc avec plaisir qu'il se mit à gambader autour d'elle, de plus en plus vite, créant une petite tornade de feuilles qui voletaient autour d'eux comme des fragments de rêves éparpillés. Louvoyant tel un petit serpent au milieu de ce magnifique décors, son postérieur et ses pattes arrières freinèrent sa vitesse alors qu'il se dirigeait vers l'endroit où les chefs discutaient de leurs nouvelles, s'y rendant par petits bons agiles. Humpf ! s'exclama-t-il alors qu'il arriva en hauteur, gonflant son torse pour jeter un coup d'oeil en bas. Aaaaah ! Voilà donc la vue qu'ils avaient, les chefs d'antan s'exprimant sur cette immense roche, psalmodiant leurs discours qui avaient inspirés de nombreuses générations ! D'ici, tout semblait plus grand, plus haut, plus beau, et il pouvait presque étendre son museau pour effleurer les étoiles. Un jour, peut-être y arriverait-il... Mais en attendant, il ne fallait pas faire attendre la guerrière tricolore ! Il essaya donc de se donner de la contenance et, d'une voix solennelle, commença comme s'il exprimait tout à son clan ;

Il y a Museau Pâle. Je le connais depuis longtemps, celui-là, mais on s'est rapproché quand je suis devenu guerrier ! Il est tout blanc et a des yeux supeeer rouges, il est un peu froid mais il a un cœur en or. Vraiment ! On s'amuse beaucoup, on a même un projet plutôt drôle.. sa voix pompeuse l'avait quitté, vite remplacé par un débit incontrôlable qui coulait à flot. Et même si je suis plus l'apprenti de Crocs Nacrés, on dort sous le même arbre, alors on peut encore se parler ! Lui, haha, je suis sûr que tu l'aimerais ! Bon, euh, je sais pas si je peux le considérer comme un ami, vu que c'était mon mentor, mais je l'aime beaucoup.. Avant, tu sais, je l'aimais pas du tout, mais maintenant c'est presque un père frère ! Hum, faut pas exagérer non plus..

Ensuite, d'un air un peu idiot et folichon, il bondit avec adresse devant lui, dévalant la petite côte sur son arrière-train en explosant d'un rire contagieux. Il avait l'impression d'être Patte du Vent à ses trois lunes, mais ça ne l'indisposait pas vraiment; il était heureux, pour de vrai et sans gêne.

Eeeeeeeeeet !, il termina sa glissade rempli de boue et de feuille devant elle, continuant Il y a Pelage Strié, ma tante.. Elle sourit pas beaucoup, mais à moi oui, et je l'adore ! D'ailleurs, son apprenti c'est mon meilleur ami, Nuage d'Or. Il me fait marrer et on se ressemble comme deux gouttes d'eau, en fait… C'est bizarre, il est presque comme mon frère tient ! Et puis pleins de chatons on rejoint le rang d'apprenti, dont Nuage d'Alizée qui m'a permis d'aller beaucoup mieux. Elle est vraiment sympathique.. Je crois que je peux la considérer come mon amie, Nuage d'Aigle aussi elle l'est ! Puis y'a les chatons, Petit Myosotis, Mamba, Orage… Ils sont vraiment gentils.

À bout de souffle, il prit le temps d'avaler une grosse goulée d'air avant de recommencer, plus lentement. Un ronron rassurant s'échappait du plus profond de ses entrailles et son physique barbouillé lui donnait l'air un peu idiot, mais il s'en fichait.

Ma sœur et moi on se parle encore plus.. Mais bon, je peux pas lui en vouloir de me détester… Perdu dans ses pensées, il finit par relever avec entrain sa tête vers la femelle. M-mais je parle trop, pardon ! Et toi, ta famille ? Parle moi de ces enfants ! Et, et tu t'es trouvé un amoureux ? Tes amis vont bien, ton appren- ta fille ? Tu dois être super populaire… C'est bien, être lieutenante ? J'espère que le clan de la rivière se prote bien et je suis ravi d'entendre que cette rouquine passera bientôt guerrière !

Il se rapprocha d'elle, tentant de fermer sa gueule pour retenir le flot de questions qui voulait sortir de sa gueule. Il allait avant tout lui laisser le temps de répondre aux premières.. Bon sang qu'il avait rêvé de cette rencontre, espéré pouvoir encore parler de tout et de rien avec l'admirable riveraine réconfortante ! Et puis, elle avait raison; ils étaient comme à une assemblée, mais les astres ne rayonnaient que pour eux. Que pour deux guerriers perdus dans l'infinité, que pour deux âmes s'entrelaçant dans une noirceur réchauffée par la douce lumière. De plus…

on lui avait un jour dit, que si les nuages
se rassemblaient devant la lune, grondement d'orage
le clan de leurs ancêtres rejetaient cette rencontre
furieux de la tournure que celle-ci prenait

pourtant, en levant les yeux vers la boule ronde

il ne
voyait
que sa
splendide
lumière de feu
qui les fixaient
en souriant, preuve
qu'après tout,
il ne faisait
rien de
mal

et elle non plus

alors il souriait en la regardant
mon dieu qu'il était heureux
rien n'allait pouvoir, jamais
abattre ses positifs sentiments

des ailes lui pousseraient de
son allégresse, et toucher les
étoiles il pourrait, de sa patte
il pouvait faire tout, avec elle

et
il
espérait
se
tromper
sur
cette
lueur
au
fond
des
yeux
de
sa

mère

You are you are
Oh you are
Oh you are
You are...
You are you are
The reason why I still hanging on

_________________
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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty05.10.18 23:50


I'll feel the fear for you, I'll cry your tears for you
I'll do anything I can to make you comfortable
Even if I fall down when you're not around
Don't worry about me, don't worry about me

Il y a toujours quelque chose de poétique dans les contrastes qui parfois, forment les plus jolies choses; la nuit sombre entoure la terre d'une atmosphère magique, emplie de mystère, pare le ciel de bleu d'encre, fait de la voûte céleste un immense canevas, et, dans la brise, sur la douce musique de l'eau et des branches d'arbres, des fleurs et des murmures, les étoiles y dansent. C'est un bal d'infini, un chant d'espoir, aussi; les gens y écrivent avec soin leur histoire, par des constellations, et les enfants suspendent aux branches des astres leurs rêves. Sans l'obscurité, jamais on ne saurait voir toutes les étoiles briller... Il faut cette nuit d'ombre pourtant si lumineuse, pour que, petit à petit, l'on transmette les légendes et l'on nomme les étoiles. Et puis l'aube revient, pour illuminer l'azur de rose tendre et d'or vif - les couleurs sublimées par les nuances de violet qui lentement s'estompaient. Le jour et la nuit prenaient toute leur valeur dans cette danse délicate, qui les éloignait, avant de les réunir; et de même les saisons, dans un cycle éternel, trouvaient leur équilibre pour parer le monde. Printemps renouveau, printemps vie, printemps arbres aux feuilles vertes, jeunes pousses, buissons fleuris; printemps pour voir la glace fondre, libérant la rivière, et entendre à nouveau le mélodieux clapotis; printemps enfin, toujours, pour voir plantes et animaux s'ouvrir et s'éveiller à une nouvelle année, remplie de promesses. Printemps aux couleurs douces, et vives, et fraîches aussi - printemps émerveillement. Été, ensuite, été réconfort, été flamboyant, été courage, été lumière, été aux arbres chargés, aux fruits mûrs et aux couleurs intenses; été aux mille jeux, aux mille activités, aux étoiles filantes et aux baignades sans fin; été pour rire, encore, encore et puis encore, été pour pêcher, nager, chasser et s'étendre sur les roches toutes baignées de soleil; été aux nuits éclairées par la lueur d'un feu, et aux souvenirs précieux qui réchauffent le cœur. Été visages aimés, été fous rires, aussi - été amitiés. L'automne y succédait, feu et or et brun, aussi, dans le vent déjà frais, sous les arbres colorés; les branches et les forêts exprimaient leur magie, encore plus que jamais, avant de disparaître; automne au revoir, automne conclusion, automne fin d'une histoire, pour une autre floraison; automne délicatesse, automne câlins, aussi, automne retrouvailles et chaleur de la vie; automne étreintes pour se rassurer, jeux dans les feuilles pour expérimenter; automne bruissement de feuilles sèches, dans la brise qui chantonne, et automne vêtements chauds, des pulls tous doux, et de petits cadeaux; automne, saison belle et intense aux couleurs si chaudes - qui chaque fois étonne. Puis venait l'hiver, pour terminer l'année: après l'enfant printemps, la jeune fille été, la sage et grande automne, venait la dame hiver, au visage sans âge, aux prunelles millénaires; hiver glacé, gelé, paysages enneigés; hiver parfois doux, d'autres fois sans pitié; hiver blanc et nacré, ou plus gris et pluvieux; hiver joie, hiver larmes, hiver chocolat chaud, et jeux, couvertures et flocons; hiver bonhommes de neige, et patinage, aussi, et moments en famille, pour se protéger; hiver retrouvailles, hiver sapins, guirlandes; hiver joues rosies par le froid, et grands yeux d'enfants tout brillants, et décorations; hiver cadeaux, enfin, et fêtes, aussi; hiver moins coloré, tout en nuances de blanc, de gris et de bleuté, un peu de brun, de vert, seulement pour quelques arbres. Un paradis étrange, froid, également, et qui se parait des couleurs des présents - hiver féerie.

Oui, il y avait de la poésie dans chacun des contrastes
La laideur d'une âme en souligne une autre, belle
La tendresse répond, sincère, pure, à l'indifférence
Et parfois, juste parfois, les larmes aux sourires...

Tout devait prendre fin, un jour ou l'autre
C'est dans la nature des choses
Printemps, été, automne, hiver, jour nuit
En fin de compte, qu'importe
Tout devait prendre fin, et les fleurs fanaient
C'est dans la nature des choses
Un jour peut-être, l'amour refleurirait
Mais pour l'heure, ils devaient bientôt dire
Au revoir
Parce que le mot adieu, il était douloureux
Alors peut-être qu'il valait mieux ne se dire
Qu'au revoir

Au Clan des Étoiles, peut-être, ils auraient une autre chance...
S'ils ne s'oubliaient pas, emportés dans le grand tourbillon de la vie.
Museau Bleu, pensive, gravait dans ses souvenirs chaque minute de cette nuit;
Et, loin de ses angoisses, Caresse du Vent racontait ses amis, trésor d'innocence.

« Il y a Museau Pâle. Je le connais depuis longtemps, celui-là, mais on s'est rapproché quand je suis devenu guerrier ! Il est tout blanc et a des yeux supeeer rouges, il est un peu froid mais il a un cœur en or. Vraiment ! On s'amuse beaucoup, on a même un projet plutôt drôle.. »
« Il a l'air gentil, Museau Pâle, et ça doit être joli, des yeux rouges et la pelisse toute blanche... Il y a un guerrier de mon Clan, Brasier Glacial, qui est plutôt froid aussi, mais il est adorable, et c'est une bonne personne, avec une âme précieuse. Un projet plutôt drôle, tu dis ? C'est quoi ? » répondit-elle, curieuse et souriante. « Sauf si c'est un secret, bien sûr ! »

Elle l'observait, là-haut, sur la roche des meneurs
Avec dans les yeux amusement et tendresse
Des trésors d'amour, d'indulgence, aussi
Et au-delà du reste, une lueur peinée
C'était là leur dernier instant sur cette terre de bonheur
À deux; alors elle le taquinait, juste un peu, allégresse.

« Et même si je suis plus l'apprenti de Crocs Nacrés, on dort sous le même arbre, alors on peut encore se parler ! Lui, haha, je suis sûr que tu l'aimerais ! Bon, euh, je sais pas si je peux le considérer comme un ami, vu que c'était mon mentor, mais je l'aime beaucoup.. Avant, tu sais, je l'aimais pas du tout, mais maintenant c'est presque un père frère ! Hum, faut pas exagérer non plus.. »

Le ronronnement de gaieté qu'il était parvenu à faire naître par son rire
Mourut doucement, comme on souffle une chandelle. Crocs Nacrés, l'aimer ?
De ce nom, elle n'avait pas d'autre souvenir que celui des griffes et des crocs
Des reproches et des mots; ils s'étaient battus, près du chemin des monstres
L'étaient devenus, même, le temps d'une journée. Ils ne s'entendraient jamais.
À Nuage Nacré, elle était reconnaissante d'avoir ramenée une petite, jadis.
Mais quand elle avait rendu en quelque sorte la pareille, il l'avait attaquée.
Un presque père frère ? Bien, Caresse du Vent avait une famille. Mais pas la sienne.
Pas même un ami. Parce qu'ils n'avaient pas le droit... C'était trop d'interdits.
Avec douceur, choisissant se mots pour ne pas le blesser, elle répondit:

« J'en doute, tu sais... Je suis d'un Clan différent, alors il ne doit pas m'apprécier énormément.
Et je ne pense pas qu'il verrait d'un bon œil notre amitié, petit prince des sables. Mais tu l'aimes.
C'est le plus important. Il est ton ami, pas le mien... Et oui, un mentor peut être un précieux ami.
»

Elle omit la vérité douloureuse, pour préserver le joli sourire de l'enfant
Qui bondit de la pierre et s'arrêta dans une glissade près d'elle, en riant.
Qu'il s'amuse, après tout; qu'il soit heureux encore, juste cette petite fois
Profite du temps qu'il nous reste, bien peu, pour toi et moi.

Et puis, elle n'avait pas menti
Ils ne seraient jamais amis
Mais elle comprenait bien
Cet attachement, ce lien
Entre apprenti et mentor
Des amitiés en or.

Cause if I fall, you'll fall
And if I rise, we'll rise together
When I smile, you'll smile
And don't worry about me, don't worry about me

En écoutant son petit prince des sables, la princesse de l'eau repensait à ses proches; plus précisément, à son ancien mentor. Qu'aurait-il dit, de cette belle rencontre ? L'avis de Crocs Nacrés, l'ancien mentor de Caresse du Vent, était déjà donné... Qu'aurait pensé le sien ? Le regard vert jade se leva vers le ciel: limpide, sans nuages, scintillant d'étoiles. Le temps était doux, dégagé, le vent jouait dans sa fourrure, bruissant doucement dans les quatre grands chênes, et en cette nuit, semblable à celles des Assemblées, tout était calme - il leur restait du temps. Cœur des Cascades et le Clan des Étoiles leur accordaient du temps... Ce n'était qu'un délai, rien de plus - mais c'était bien assez.

Alors, Museau Bleu écoutait le petit chat
Qui racontait ceux qu'il aimait
Et, quoique un peu triste, elle souriait
Au moins je sais qu'ils seront là pour toi.

Et puis... En écoutant l'enfant, elle repensait à son choix, à sa famille; il ne devait pas se détourner des siens. On sous-estimait trop souvent ses proches, en se disant qu'ils seraient toujours là, puisqu'ils nous côtoyaient, chaque jour, au quotidien. C'était normal, voilà tout. Mais rien ne durait éternellement, et il fallait profiter de chaque moment. Personne n'était parfait, mais ce n'était pas une raison pour s'éloigner de personnes qu'on aimait... Parce qu'en mourant, nos proches emporteraient une part de notre cœur, et laisseraient des regrets. Parce que j'aurais du leur dire une dernière fois Je t'aime. Museau Bleu n'avait jamais eu l'occasion de le dire à Cœur des Cascades, son ancien mentor, son deuxième père, presque, avant que la mort ne l'emporte au combat; son dernier remerciement, son dernier message, elle l'avait murmuré entre ses larmes, en l'enterrant, un soir, alors jeune guerrière. La mort ne vous laisse pas dire au revoir. Alors il fallait savourer chaque instant, et aimer sa famille, jusqu'à la lune et au milieu des étoiles. Caresse du Vent ne devait pas se détourner, pour elle, de son Clan.

« Eeeeeeeeeet !Il y a Pelage Strié, ma tante.. Elle sourit pas beaucoup, mais à moi oui, et je l'adore ! D'ailleurs, son apprenti c'est mon meilleur ami, Nuage d'Or. Il me fait marrer et on se ressemble comme deux gouttes d'eau, en fait… C'est bizarre, il est presque comme mon frère tiens ! Et puis pleins de chatons on rejoint le rang d'apprenti, dont Nuage d'Alizé qui m'a permis d'aller beaucoup mieux. Elle est vraiment sympathique.. Je crois que je peux la considérer comme mon amie, Nuage d'Aigle aussi elle l'est ! Puis y'a les chatons, Petit Myosotis, Mamba, Orage… Ils sont vraiment gentils. »

Il y a des gens qui produisent de la lumière
Des petits soleils, aux mille amitiés
La lieutenante, amie de la rivière, était contente
Heureuse de voir que les autres aussi le regardaient
Briller
Scintiller
Aimer
Oui, la belle vétérane était heureuse pour lui
Parce qu'il arpentait un monde aux mille couleurs
Et parce qu'il avait une famille pour partager
L'arc-en-ciel dans son cœur, et les étoiles du monde.

I'll climb the hills you face, I'll do this in your place
I'd do anything to go through it instead of you
But even if I fall down when you're not around
Don't worry about me, don't worry about me

Dans un autre monde, dans une autre vie
Elle aurait arpenté les forêts avec lui
Ils auraient nagé, chassé, et pêché
Ils se seraient cachés ensemble dans les marais
Une maman et son fils auraient couru les landes
Et ils auraient discuté, en partageant les viandes
Le soir, sous les étoiles, ils auraient discuté
Et dans les moments de doute, elle l'aurait aidé
Elle aurait déplacé des océans, gravi des montagnes
Parcouru le monde, pour peu qu'il l'accompagne.
Il aurait été sa maison, elle sa protection.
Toujours. Et ils auraient été heureux.
À jamais.

Elle aurait aimé chasser la tristesse dans sa voix, en parlant de sa sœur
Mais elle ne put que le serrer, doucement, tendrement, contre son cœur.
Pourquoi Nuage de Nuit pourrait-elle détester son frère aux yeux dorés ?
Elle n'eut pas le temps de le lui demander; enjoué, il venait d'enchaîner.

« Ma sœur et moi on se parle encore plus.. Mais bon, je peux pas lui en vouloir de me détester… M-mais je parle trop, pardon ! Et toi, ta famille ? Parle moi de ces enfants ! Et, et tu t'es trouvé un amoureux ? Tes amis vont bien, ton appren- ta fille ? Tu dois être super populaire… C'est bien, être lieutenante ? J'espère que le clan de la rivière se porte bien et je suis ravi d'entendre que cette rouquine passera bientôt guerrière ! »
« Woah, je t'ai manqué, je vois ! » rit-elle, avec un pincement au cœur. « Respire, respire, je vais répondre à toutes tes questions, mais je ne peux répondre qu'à une à la fois, alors tu n'es pas obligé de poser toutes celles de la création en même temps... On a la nuit pour parler, Caresse du Vent. On a encore le temps. »

Trop peu de temps

L'horloge riait
Et le sable filait
Dans le grand sablier
Des existences mêlées
La lune observait
Anxieuse, désolée
Retardant le soleil aimé
Pour leur accorder
Le temps de tout se dire

Museau Bleu s'installa au pied de l'un des chênes
Sur un tapis de feuilles rousses et brunes et belles
Ça et là des touches de rouge, de feu et d'or encore
Pendant qu'elle parait la nuit de mille et un trésors.

« Être lieutenante... C'est fatiguant et très beau à la fois; j'aime beaucoup Étoile d'Or, malgré sa vision sur le mariage et les portées nées en dehors de celui-ci, alors avoir été choisie pour l'épauler est à la fois un honneur et une joie - ça me fait vraiment plaisir. Et j'en profite pour veiller un peu sur les apprentis, les petits... Ça me rend fière, aussi; c'est un hommage à ceux que j'aime et qui ont rejoint les étoiles aujourd'hui. Je te parlerai d'eux, si tu veux. »

Elle avait tant à raconter, au fond, tant d'étoiles à nommer !
Mais au-delà des morts honorés, il y avait des vivants à aimer...
Elle continua, d'une voix douce, apaisée, leurs fourrures entrelacées.

« Mais ce que je préfère, c'est simplement partager mon temps avec mes proches, je pense; mon fils, Fierté du Blaireau, est devenu guerrier, tout récemment, ma fille a quitté ses tâches d'apprentie pour être reine, même si je retrouverai ma novice ensuite... Ils vont bien. Blaireau et Nuage d'Émeraude sont très proches, c'est sa meilleure amie, et Nuage de Méduse est heureuse d'avoir ses petits - elle est très maternelle, et ses enfants l'adorent. Et ils sont tellement mignons, si tu savais ! »

Étoile d'Or avait été mécontente face à la petite chatte taupe et mauve
D'autres guerriers l'avaient même jugée; mais Museau Bleu comprenait.
Nuage de Méduse était douce, et gentille, avec un cœur de guimauve
Et elle aimait ses enfants. En tant que reine, elle était heureuse, pour de vrai.
La lieutenante n'approuvait pas forcément; mais le bonheur de sa seule fille
Était précieux. Elle ne jugerait pas. Au contraire, elle était contente pour elle.
Parce qu'avoir ces enfants avait mis dans les yeux bleus une jolie étincelle
Et il n'y avait rien de plus précieux que ce joli cadeau - celui d'une famille.

« Petite Sangsue parle d'une manière différente, elle inverse l'ordre de ses mots parce que ça l'aide à vaincre sa timidité et à moins bégayer... Elle est très très douce, c'est la plus petite, aussi, et la seule fille. Alors j'essaierai de la protéger, un peu. Petit Axolotl, lui... C'est le chaton-guerrier de la portée, disons. Mais il reste mignon, il faut juste s'assurer qu'il ne joue pas trop fort quand on fait des batailles. Il sera très doué, j'en suis persuadée. Et puis... Il y a Petit Hippocampe. Mon bébé Hoppi Carpe... Il n'aime pas le poisson, en tout cas à l'odeur, alors j'essaie de lui apporter plein d'autres petits cadeaux: des feuilles, des proies - que je partage majoritairement avec Nuage de Méduse, mais il est toujours curieux des odeurs, c'est très drôle -, des petites framboises, des mûres ou des couronnes de fleurs. Et puis, des galets, tous polis par l'eau. Il aime ses jolis trésors, alors je tâche de lui rapporter souvent des petites choses. »

Je lui achèterais des fous rires, du bonheur et du rêve.
Je lui donnerais mon monde pour que le sien soit plus beau.


C'était tout ce qu'elle avait voulu, pour Caresse du Vent aussi.
Elle lui avait donné les clés de son royaume, et des jolies couleurs.
Vives ou bien plus pastelles, ponctuées de fous rires, de rêves, d'espoir.
Ils avaient partagé des trésors de souvenirs... Et le bonheur d'une vie.
Bientôt, leurs chemins se sépareraient, mais elle espérait qu'il se souviendrait
De toutes ces merveilles, qui le rendaient heureux. Et il pourrait rire, sourire...
Il avait des amis, maintenant. Il n'était plus seul. Alors qu'il garde la magie.
Leurs vies se sépareraient aujourd'hui... Et elle devait s'occuper des petits.
Chacun son Clan, c'était mieux, à présent - un nouveau chapitre commençait.
Alors, pourquoi, pourquoi est-ce que son cœur lentement se serrait ?

« Mon amie Douce Orchidée, l'ancienne lieutenante lors de la guerre contre les Lunar Pods, s'est peu à peu remise, et dans l'ensemble, pour tout le monde, la vie continue ! On a célébré un mariage, récemment, c'était beau ! Et Nuage des Ruisseaux a reçu son nouveau nom, son nom de guérisseur, Écho des Ruisseaux. Le Clan de la Rivière se porte bien, à présent, et quand la saison des neiges arrivera, nous serons prêts. Ça va... »

Le mariage, jolie cérémonie sous les étoiles, qu'elle n'aurait jamais.
Elle ne pouvait s'unir à la personne qu'elle aimait, et puis...
Elle aimait sa liberté. Elle aimait son petit monde. Elle aimait sa vie.

« Mais je n'ai pas de compagnon, Caresse du Vent. Je n'en veux pas.
Et dans mon entourage, il y a un certain nombre de constellations...
»

Elle sourit doucement.

Cause if I fall, you'll fall
And if I rise, we rise together
When I smile, you'll smile
And don't worry about me, don't worry about me

« Tu as d'autres questions ? » le taquina-t-elle doucement.

Encore un peu de joie, encore un peu de rire.
La nuit n'était pas finie, Artémis régnait encore
Haut dans le ciel, comme le petit prince des sables
Dans un coin de son cœur. Son petit prince. Son fils.
Elle l'aimait... Alors elle souriait, elle riait.
Pour ne pas le faire s'inquiéter pour elle.
Parce que ce n'était pas important.
Tout ira bien
Le printemps refleurira
Pour toi.

Alors elle souriait.

Cause if I fall, you'll fall
And if I rise, we rise together
When I smile, you'll smile
And don't worry about me, don't worry about me

Cause when I smile, you'll smile
And don't worry about me, don't worry about me
Don't worry about me, don't worry about me

_________________

Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_11
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Merci Lou d'avoir immortalisé ma jolie muse :keur::

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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty07.10.18 7:41


l'amour d'une mère et de son fils

Patte du Vent, seul au milieu du campement, observait d'une curiosité débordante les alentours grouillants d'activités. Sa première sortie avait enfin été exécutée et, poussé par une sœur trop excité, ses yeux avaient finis par rencontrer cette merveille sur le tableau de la vie. Les couleurs formaient un amalgame de tons qu'il n'avait jamais vu auparavant et les descriptions de sa mère ne rendait pas hommage à la beauté de ces lieux, laissant le chaton bouché bée. Pour une minuscule boule de poil, ce nouveau paysage était tout ce qu'il n'aurait jamais pu imaginer; un immense arbre noueux dans le milieu, un ciel cyclopéen et tout bleu, la mousse et l'herbe s'entrelaçant dans une douce caresse pour former un unique chef d'oeuvre. Tout était placé pour l'impressionner et chaque pas qu'il posait le transportait dans un univers différent, celui d'un grand guerrier des bourrasques ou d'un chef resplendissant sous les nuages cotonneux. La vie semblait être un chemin magnifique et ponctué de possibilités jusqu'à s'en donner mal à la tête, mais le petit du vent se promit avec une grande joie de ne jamais ressentir cette douleur. Il voulait tout essayer, tout gouter, tout rencontrer et tout voir de sa paire d'yeux qui lui avait fait découvert cette merveille; ah, tout était si splendide ! Même la rencontre d'autres quadrupèdes lui donnait envie de parcourir le grand tapis, ces grands corps l'observant avec amusement le faisant sourire à s'en décrocher la mâchoire. Et puis ici, il y avait une petite fleur qui poussait entre deux gros rochers et, là, c'était une grosse tanière, un peu comme sa pouponnière: qui pouvait bien vivre là-dedans ? Il devait vachement être important, vu l'espace qui semblait continuer jusqu'à jamais dans ce trou noir ! De ses petits pas maladroits, le nouvel aventurier se dirigeait d'un air résolu vers ce qu'il pensait être une nouvelle destination de rêve.

- Hop hop hop, toi !

D'un rire cristallin, la patte du vent se sentit voleter dans le ciel avant se retomber un peu plus loin, en vie mais (quelle déception !) touchant à nouveau le sol. curieux de voir qui l'avait ainsi fait vivre cette amusante mélodie, le nouveau-née se dévissa la tête pour essayer d'apercevoir les yeux de la grosse masse devant lui, remuant ses petites oreilles rousses.

- Mon fils sera certainement plus aventureux que moi, tient…
- Ca, c'est sûr, rajouta une douce voix - qu'il reconnaissait cette fois-ci.

Écartant ses membres pour accueillir la venue positive, il se mit à sautiller sur place vers les deux quadrupèdes, le bout de sa queue frétillant d'un bonheur non exagéré. Il savait, il savait ! C'était ses parents, oui oui ! Des vrais de vrais qui le regardait avec un sentiment qu'il n'arrivait pas encore à reconnaitre, mais qui le faisait ronronner à foison. Ce fut pour cette raison qu'il se décida à réduire la distance entre lui et les deux '' lui version grande '', frottant avec des ronrons de plus en plus puissants sa tête sur les pattes de ses géniteurs. Louvoyant entre elles, l'éclair roux les léchouillait en même temps, trop heureux de se retrouver en famille dans ce grand dehors qui l'avait tant impressionné.

- IIiihhhhhhhhhhb ! Patte du Vent, Patte du Vennnnnntt, attention !
- Aaaahhh - …

Un petit boum fit sonner une lumière et des bruits bizarres dans son esprit pendant quelques secondes, le chaton apercevant avec étonnement des taches brillantes devant ses yeux. Remis bien vite de la maladresse, il agita ses pattes devant lui pour essayer de les atteindre, mais ne put que toucher le museau mouillée de sa sœur qui venait de se placer au-dessus de lui. Un grand sourire éclatait sur le visage complètement noir de cette femelle et il reconnut sans grand mal Patte de la Nuit, lui envoyant d'ailleurs une petite frappe amicale en lui démontrant une risette joueuse.

- Ah ! Hahaha, s'exclama son père alors qu'il faisait encore s'envoler son corps, Vous n'allez pas commencer à vous battre tout de suite, quelle idée ! Vous garderez vos griffes pour les étrangers !
- Ééééééétrangers ? Balbutia le fin matou alors même qu'il essayait de se dégager de la prise de son paternel, joueur.
- Un grand guerrier m'en a parlé à moi hein, il m'a même dit qu'on pouvait sortir de cette place et qu'il y a quatre autres places comme ici, tu te rends compte ventou ? Quaaaaaaatre toi et moi dehors ! Nos doubles !

Les parents des garnements s'échangèrent un regard complice, retenant des petits rires alors qu'ils s'engouffraient du même pas dans la pouponnière. Relâchant leurs proies bicolore, les plus vieux les entourèrent avec protection, se couchant aux côtés de leurs progénitures en ronronnant doucement.

- Nous vous expliquerons tout ça demain, mes enfants… Maintenant, reposez-vous.

Patte du Vent envoya un coup de patte malin à sa sœur qui essayait de voler sa place, mais finit bien vite par céder et la lui partager. Enroulés ensemble comme une seule âme, le museau du beige roux dans celui de la noirceur, leurs respirations se calmèrent avec douceur sur le même rythme, comme si on les avaient programmés pour être ensemble. Et avant de tomber dans ce monde de morphée, le jeunot mâle esquissa un petit sourire silencieux dans son esprit de plus en plus vague. Le monde lui semblait passionnant… Il avait hâte de le découvrir.. Et de découvrir ces étrangers.


_____________________________________________________________________________

Woah, je t'ai manqué, je vois ! Respire, respire, je vais répondre à toutes tes questions, mais je ne peux répondre qu'à une à la fois, alors tu n'es pas obligé de poser toutes celles de la création en même temps... On a la nuit pour parler, Caresse du Vent. On a encore le temps.

Ravi, le guerrier se glissa à ses côtés alors qu'elle ronronnait doucement, un grand chêne comme protecteur et un tapis de feuilles comme nid douillet. S'installant confortablement dans la parure des grands arbres immenses, le beige et roux tourna plusieurs fois sur lui-même avant de trouver la position parfaite, posant avec tendresse son museau sur ses propres pattes. Ainsi couché en boule, la chaleur de sa mère se répandait peu à peu sur son corps et, heureux, il se laissait caresser par le long pelage de la princesse tout en écoutant sa voix chantante. Ce duo avait bien l'air, dans ces instants, d'un enfant et de sa mère; comme un ying et yang étrange, il se complétait dans un amalgame de couleur et de sentiments tout aussi différents que la nuit et le jour. Pourtant, cela n'importait peu au petit guerrier qui, trop bercé de bonheur, se laissait transporter en bateau sur le courant ondoyant de la rivière de la vie de Museau Bleu.

Être lieutenante... C'est fatiguant et très beau à la fois; j'aime beaucoup Étoile d'Or, malgré sa vision sur le mariage et les portées nées en dehors de celui-ci, alors avoir été choisie pour l'épauler est à la fois un honneur et une joie - ça me fait vraiment plaisir. Et j'en profite pour veiller un peu sur les apprentis, les petits... Ça me rend fière, aussi; c'est un hommage à ceux que j'aime et qui ont rejoint les étoiles aujourd'hui. Je te parlerai d'eux, si tu veux.
Oui… Je le veux bien !

Poussant des ronrons calme qui faisaient vibrer son corps, il s'imagina en silence être à la place de cette grande guerrière honorable. Les idées de la rivière l'étonnait un peu, à vrai dire - comme quand cobra royal lui avait parlé de ces mariages étranges, mais il ne s'en souciait pas trop; eux aussi avec des coutumes peu communes pour les autres félins. Et puis, wow ! Tout le monde devait l'apprécier, douce mais farouche princesse de l'eau qui naviguait entre son clan, donnant des coups de pattes par ci et par là pour ceux qui avaient besoin de son aide ! Elle veillait sur les apprentis, les petits, secondait Étoile d'Or avec des conseils et des patrouilles, l'épaulait constamment… Il n'aurait jamais pu faire tout ça ! Lui, tout petit engrenage dans les machines bien huilées des landes, poussière dans celles-ci à cause de sa pensée qui ne correspondait pas, crachas dans l'espace qui se perdait; non, il n'aurait jamais pu. Juste penser à lui en tant que lieutenant le faisait frissonner, s'imaginant tous ses yeux qui se perdraient dans les siens en quête d'une réponse à leurs questions. Non, non, non… Il était trop jeune et ne pouvait porter sur ses épaules le poids d'une telle pensée écrasante.

peut-être plus tard, souhaiterait-il
changer les choses, poser l'idylle
d'un clan non plus volatil
mais brillant d'un doré fil

supporter le regard de ses proches
et fort, puissant comme une roche
clamer haut et fort, sans reproche
que son clan n'aurait plus d'accroche

caresse du vent lieutenant
changeant au fil des ans
la réalité du conte aberrant
d'un clan au fond si brillant

Mais ce que je préfère, c'est simplement partager mon temps avec mes proches, je pense; mon fils, Fierté du Blaireau, est devenu guerrier, tout récemment, ma fille a quitté ses tâches d'apprentie pour être reine, même si je retrouverai ma novice ensuite... Ils vont bien. Blaireau et Nuage d'Émeraude sont très proches, c'est sa meilleure amie, et Nuage de Méduse est heureuse d'avoir ses petits - elle est très maternelle, et ses enfants l'adorent. Et ils sont tellement mignons, si tu savais !

Sa queue vint doucement caresser l'épaule de Museau Bleu, comme s'il pouvait, d'un simple toucher, lui faire comprendre tout ce qu'il ressentait. Ses sentiments n'avaient pas encore eu de mots pour décrire comment il se sentait et combien il était heureux pour la femelle, alors il se contenta, doucement, de rester sur le voilier de sa vie tout en caressant les jolies toiles dans le vent. Son sourire brillant faisait le reste, tentant de transmettre les joies du mondes dans chacune de ses dents éclatantes sous la noirceur du territoire. Fierté du Blaireau devenu nouveau guerrier dans les mêmes temps que lui, était-ce une étrange coïncidence ou un rappel du clan des étoiles sur leur liaison bien présente ? Lui, personnellement, croyait à la deuxième option et au fil que créait les astres, entrelaçant leurs pattes dans une douce attache qui ne se casserait probablement jamais. Ainsi liés par leurs ancêtres, ils pouvaient vivre loin l'un de l'autre, mais resteraient toujours présents dans leurs cœurs; car la cordelette, même attaché sur leurs membres, les réchauffaient si fort que leurs cœurs ressentaient ce courant chaleureux. Et, d'une certaine manière, il avait aussi été lié par un serment silencieux avec les enfants de la femelle: un lacet qui rejoignait la même mère, les mêmes sentiments puissants. Il était totalement certain qu'un jour, qu'il soit lointain ou non, il rencontrerait chacun d'eux.

Petite Sangsue parle d'une manière différente, elle inverse l'ordre de ses mots parce que ça l'aide à vaincre sa timidité et à moins bégayer... Elle est très très douce, c'est la plus petite, aussi, et la seule fille. Ooooh ! Alors j'essaierai de la protéger, un peu. Petit Axolotl, lui... C'est le chaton-guerrier de la portée, disons. Mais il reste mignon, il faut juste s'assurer qu'il ne joue pas trop fort quand on fait des batailles. Il sera très doué, j'en suis persuadée. Le petit poussa un rire affectueux. Et puis... Il y a Petit Hippocampe. Mon bébé Hoppi Carpe… puis un rire éclatant sortit de sa gorge.Il n'aime pas le poisson, en tout cas à l'odeur, alors j'essaie de lui apporter plein d'autres petits cadeaux: des feuilles, des proies - que je partage majoritairement avec Nuage de Méduse, mais il est toujours curieux des odeurs, c'est très drôle -, des petites framboises, des mûres ou des couronnes de fleurs. Et puis, des galets, tous polis par l'eau. Il aime ses jolis trésors, alors je tâche de lui rapporter souvent des petites choses.

amusé, le jeune guerrier essaya de s'imaginer ces trois chatons
boules de poils entre ses pattes, riant fort et mordillant les plus vieux
des langues qui sortaient, des réprimandes à demi-gai
les yeux rieurs de ces trois furies, certaines plus douces
il aurait voulu, oui, se moquer gentiment de ces enfants
partager le bonheur de la tricolore, s'égayant vivement
s'il n'avait pas eu de frontière, ni de rivière, ni de lande
pour tous les séparer et les arracher de cet amour

Mon amie Douce Orchidée, l'ancienne lieutenante lors de la guerre contre les Lunar Pods, s'est peu à peu remise, et dans l'ensemble, pour tout le monde, la vie continue ! On a célébré un mariage, récemment, c'était beau ! Et Nuage des Ruisseaux a reçu son nouveau nom, son nom de guérisseur, Écho des Ruisseaux. Le Clan de la Rivière se porte bien, à présent, et quand la saison des neiges arrivera, nous serons prêts. Ça va…

Ravi d'entendre ces mots qui le rassurait, du moins un peu, le combattant plongea son regard avec concentration sur la feuille qui gisait entre ses pattes. Nerveux d'imaginer la saison des neiges dans le campement de sa mère, il sortit une de ses griffes pour taillader avec lenteur la fine peau de la parure rouge, traçant des formes d'un air concentré et un peu apeuré. Même si elle disait qu'ils étaient prêts, l'ancien novice n'était pas dupe; il était lui-même née pendant cette saison et, de son avis, personne n'était jamais vraiment paré pour affronter les bourrasques cinglantes.

le froid ravageait tout, en effet
les plus féroces guerriers
les plus maigres chatons
il gelait, tuait, enterrait de sa
puissance de glace
absolument tout
et, l'éclair roux devait se l'avouer
il avait peur que ce froid
emporte aussi
sa
maman

Mais je n'ai pas de compagnon, Caresse du Vent. Je n'en veux pas.
Et dans mon entourage, il y a un certain nombre de constellations...
Tu as d'autres questions ?

_____________________________________________________________________________

Patte du Vent, assis aux côtés de sa sœur, pourléchait avec attention les boules de poils hérissés qui jonchait son pelage. Plus grand que la première fois où ses yeux avaient croisés le campement, le petit garçon touchait maintenant les deux lunes, déjà fort curieux pour un si jeune âge. Toutes les histoires que sa mère lui racontaient lui donnait envie de s'échapper en courant du campement, celui-ci étant maintenant devenu bien minuscule en comparaison de ses grands rêves d'évasions. Pourtant, et malheureusement, ses géniteurs semblaient bien fixés sur l'idée de ne les faire sortir qu'à l'approche des six lunes; les étrangers, disaient-ils, ne pouvaient jamais être sous estimés, car ils pouvaient se trouver sous n'importe quelle roche. Dans les premiers lieux, l'idée de trouver un confrère sous une pierre l'avait bien fait rire, mais sa mère avait été claire: ce n'était pas un jeu. Après cette réprimande, il était venu, queue baissée et oreilles aplaties, rejoindre sa sœur qui devait encore faire un mauvais coup.

- Dit, dit Patte de la Nuit, t'en penses quoi des étrangers ?

Sa jumelle, trop heureuse de pouvoir s'exprimer, bondit avec bonheur sur la boule de mousse entre ses pattes, l'écrasant sous ses petites pattes.

- Je vais faire comme ça ! Et poum, pam, pouf, rajouta-t-elle en faisant glisser l'objet rond, je vais tuer ces méchants pas beaux ! Comme dit maman, ce sont des méchants ! Railla la demoiselle.
- Ah ! Ahah, mais tu penses pas qu'on devrait leur parler, avant ? Histoire de soutirer des informations !
- Hein ? Pour quoi faire ? Ils ne méritent pas de voir autre chose de moi que mes… Griffes !
- Oui, je sais, mais peut-être que tu deviendras amie avec un..
La femelle le coupa, bondissant sur lui en les faisant rouler plus loin dans un mélange de poussière et de fourrure qui s'envolait.
- Paaaaaas du tout, t'es trop bête toi ! Je vais les mordre commmmme ça !

Elle enfonça son museau dans le cou de son frère, mordillant avec gentillesse celui-ci en lui rabâchant quelques coups amusés. Le mâle rigola un peu, se défendant sans vraiment y mettre son cœur; quelque chose clochait, n'est-ce pas ? Au fond de son esprit, une germe voulait pousser, trop petite encore pour qu'il y porte vraiment attention. Néanmoins, s'il se concentrait sur elle...


_____________________________________________________________________________

Pour répondre à ton ancienne question, notre projet est secret ! Mais… Il y a une fille dedans, fit-il en souriant de toute ses dents. Je te le dirai à notre prochaine rencontre, si bien sûr il a marché… Comme ça, on sera bien obligé de se revoir, n'est-ce pas ? Et puis… Je comprends que tu sois pas dans le même clan que nac, mais tu l'aurais aimé si t'avais été une guerrière du vent, j'en suis certain ! J'ai chassé un lièvre, l'autre fois et il avait l'air vraiment ému… C'est là qu'il m'a annoncé que je passais guerrier.

Encore en boule sur le sol moelleux, il gigota un peu pour se gratter le dos, les quatre pattes en l'air alors qu'il lâchait un soupire de satisfaction. Bien en haut, les petits points lumineux continuaient toujours d'étendre leurs brillances extraordinaires, faisant remuer la queue du petit devant cette magnificence. Qu'est-ce qu'il avait de la chance d'être là, en ce moment ! Retournant dans sa position initiale, il continua lentement sa tirade, en profitant pour la détailler de son regard empli de sentiments;

Je suis certain que tu dois être une très bonne lieutenante… Et que tes enfants vont bien aller, en plus de tes petits enfants. Ils ont l'air vraiment chouette, peut-être qu'un jour je vais les rencontrer ! D'ailleurs, Pelage de Nuit est passé guerrière et.. Je crois que je vais être tonton. J'espère qu'elle me laissera les voir, en tout cas..

perdu dans ses pensées
dans la voie lactée
dans le voile tout noir
et les étoiles du pouvoir

il envoya, en silence, une prière
pour ses ancêtres, là-haut en l'air
conjurant que les petits de sa sœur
jamais, ne goûte à l'horreur

tout comme sa famille du vent
mais, avec amour, pas seulement
aussi celle de la rivière, sa mère
et tous ceux qu'elle aimait sans frontière

Je veux bien que tu me parles de tes amis dans la galaxie… Si ça ne te dérange pas, bien sûr. J'espère que.. J'espère que tu ne goutteras plus jamais à cette douleur, Museau Bleu. Tu ne la mérites pas, vraiment; j'ose croire que tout le monde pense comme moi. Tu m'as aidé alors que je n'étais pas au plus haut de ma forme et, pour ça, je te serai toujours reconnaissant. Tu m'as montré ton propre royaume caché et tu m'as enseigné les plus belles valeurs, alors que moi… Je ne sais pas ce que je t'ai apporté. Mais merci quand même, mh ? Je t'aime beaucoup et je suis heureux pour ces jours qu'on a passé ensemble… Il laissa un temps filer… Et pour toutes les prochaines ! Un brillant sourire.

_____________________________________________________________________________

les étrangers ne sont pas la bienvenue

méfie toi des étrangers

ils sont dangereux

n'adresse jamais la parole à un chat inconnu !

patte du vent, t'es bizarre tient…

étrangers dangereux

étrangers

étrangers

tous dangereux ! dangereux...

étrangers

étrangers

museau bleu, perce-neige, nuage d'opale
il avait suffit de trois noms pour faire
pousser la plante dans sa tête et, enfin
un âme pour la nourrir, plus que les autres

museau bleu
_____________________________________________________________________________

il l'aimait
sa maman
Shadows fall
and hope has fled
Steel your heart
the dawn will come

The night is long
and the path is dark
Look to the sky
for one day soon
The dawn will come

The Shepherd’s lost
and his home is far
Keep to the stars,
the dawn will come

The night is long
and the path is dark
Look to the sky
for one day soon
The dawn will come

Bare your blade
and raise it high
Stand your ground,
the dawn will come

The night is long
and the path is dark
Look to the sky
for one day soon
The dawn will come

_________________
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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty08.10.18 8:23


« Patte Bleue, Patte Bleue ! »

La petite silhouette se retourna vers cette voix qui l'appelait, bientôt rejointe par une autre, en un étrange et mélodieux duo, symphonie pure et simple de joie et de malice; au loin, sur leur territoire, les oiseaux chantaient, mêlant leurs notes au ruissellement cristallin de la rivière et au murmure du vent, en une trame qui était, à jamais, celle de sa maison; alors la chantonne souriait, bien sûr. Elle souriait, dansant dans cette vie de sa silhouette déjà élancée sur ses pattes encore malhabiles, souriait au ciel, au soleil, à la lune, elle souriait aux flaques lui renvoyant le reflet d'un visage d'enfant aux yeux verts tout brillants, et aussi aux étoiles sur les branches desquelles, en compagnie de ses frères, elle accrochait, certains soirs, tous ses rêves... Seulement parfois, quand ensemble, la petite fratrie parvenait à se faufiler, en pleine nuit, hors de leur nid dans la pouponnière endormie, pour former au sommet du promontoire un petit tas de fourrures entrelacées, frissonnants mais heureux. Et couchés sur la roche, ils parlaient, longtemps, en chuchotis enfantins, de tout ce qu'ils seraient et du monde qu'ils créeraient. Que c'était beau de rêver ! Et ils riaient, ils riaient, ils riaient... Jusqu'à ce que la grande ensorceleuse de nuit fasse s'estomper ces mouvements joyeux en un écho lointain au-delà des montagnes, et qu'ils se mettent à bâiller, tous ensemble. Alors, ensemble toujours, ils rejoignaient leur antre pour s'y rendormir.... Demain leur réservait encore un millier de surprises.

Un monde et ses trésors, à partager ensemble.

Et ce jour-là, en voyant ses frères courir vers elle, leur sourire illuminant sa vie colorée, arc-en-ciel sublime de féerie, de poésie, la petite fille ne pouvait que rire. Un rire adorable, un rire gentil, un rire d'amusement et de sincère gaieté, un rire moqueur mais rassurant et attentionné quand l'un d'eux, encore maladroit, tout comme elle, sur ses pattes, s'emmêla les pinceaux et roula à ses pattes, artiste de sa joie; un rire qui se fit joyeux, surpris, et plus fort encore quand les autres, entraînés par le mouvement, trébuchèrent eux aussi, l'emmenant dans leur chute en un joli pèle-mêle de silhouettes et de fourrures. Les prunelles de pierres précieuses se répondaient, entre excuses et pardon, et... Elle était heureuse. Heureuse, simplement, d'avoir ses frères et ses parents près d'elle. Sa voix, enfin, de se faire entendre par dessus les piaillements.

« Tu m'écrases ! »
« Oups, pardon ! »

Elle reprit son souffle, la patte appuyant sur sa poitrine la libérant enfin, et eut un nouveau rire, qui devint ronronnement, tandis qu'elle se relevait, agile, donnant un petit coup de museau à celui de ses frères qui venait de la laisser, enfin, s'envoler. Petit oiseau déploierait ses ailes, peut-être, un jour, mais pour l'heure, tous apprenaient à jouer dans le vent, et à nager, tout petits poissons, dans les courants, ensemble; oui, Patte Bleue était heureuse d'avoir sa fratrie, ses parents, sa famille auprès d'elle - parce que tant qu'elle les aurait, il y aurait toujours quelqu'un pour l'aider, la protéger, la relever, et simplement... L'aimer. Beaucoup cherchaient des trésors matériels, des richesses en pièces d'or, en joyaux, en vastes terres; beaucoup voulaient l'argent, les domaines, le pouvoir; elle leur laissait tout ça, elle leur laissait ce monde. Parce qu'ils créeraient leur monde, et le plus beau de tous; pourquoi acheter aux enchères des œuvres d'art, quand la plus belle de toutes est celle dans les cœurs ? Son trésor à elle était inestimable... On ne comptait pas sa valeur en ivoire ou en perles; parce que sa merveille, c'était tout leur amour.

« On a trouvé un refuge juste à nous, 'tite sœur ! »

Leurs secrets
Leurs souvenirs
Leurs joies
Leurs peines
Partagés

Leurs jeux
Leurs baptêmes
Leurs journées
Leurs nuits
Ensemble

Leurs confidences
Leurs entraînements
Leurs enchantements
Leurs mille et une danses
Unis, à l'infini, pour la vie

Et l'amour, toujours.
Une patte tendue
Un secret très ému
Une chanson retenue
Comme des cadeaux reçus

Une couronne de fleurs
Une minute de bonheur
Des pierres de couleur
Pour l'écrin de son cœur

Un regard scintillant
Un mot d'encouragement
Un grand sourire d'enfant
Un cocon doux, et aimant

Patte Bleue ne pouvait pas le savoir, à cet instant;
hormis sa famille, le trésor de sa vie, c'était juste le temps.
Parce qu'on ne réfléchit pas à la valeur des choses qu'on a déjà;
On pense avoir pour nous l'éternité, mais... Jamais on ne l'a.
Alors il faut chérir tous les souvenirs, et puis il faut le dire.
Il faut aller vers ceux qu'on aime, et puis il faut écrire
Dans les étoiles l'amour, dans les fleurs la tendresse
Dans l'eau tout le bonheur, et « merci » dans le cœur.
On ne sait jamais quel sera le dernier jour
Alors il vaut mieux dire aux gens qu'on les aime
Parce que c'est beau d'emporter avec soi tant d'amour.
Les souvenirs sont les plus précieuses merveilles du monde
« Et moi, jamais je n'oublierai, de tout ça, la moindre des secondes. »

Et la petite fille
Elle riait

« Je t'aime, grand frère ! Je t'aime ! »

-------------------------------


It feels like falling
It feels like rain
Like losing my balance
Again and again
It once was so easy;
Breathe in. breathe out
But at the foot of this mountain
I only see clouds


« Oui… Je le veux bien ! »

La voix de son enfant de cœur, de vent, d'eau, de plantes et d'étoiles, de joies, de pleurs, enfin, la tira de ses pensées, l'ancrant à la rive du présent tandis qu'elle laissait un moment la mer de ses souvenirs; Caresse du Vent l'appelait, sur la berge d'herbe tendre, aux petites fleurs pastelles, ces fleurs qu'ils avaient fait pousser, les fleurs qu'il lui offrait; elle était la pluie, il était le soleil... Et les frêles corolles s'étendaient vers le ciel comme pour le toucher. Rêve impossible que celui-là, s'il en était ! L'azur céleste était comme les fantômes des songes: tout contact, toute étreinte, se faisait impossible - Museau Bleu le savait trop bien; combien de fois avait-elle essayé ? On ne cueille pas les étoiles. Les silhouettes de constellations dans ses rêves l'effleuraient, le soir, avec toute l'affection du monde, en une douce brise, mais jouer avec eux ? Il lui faudrait attendre.

Dans des lunes, ma sœur, quand ton heure sera venue.
On t'attend, n'aie pas peur; on ne t'oublie jamais.
Mais continue ta vie, sois heureuse, s'il te plaît.
Et à ton arrivée, tu pourras raconter les merveilles que tu as vues.

Caresse du Vent, lui, était bien vivant; à présent, sous le chêne, il l'appelait, lui demandant gentiment de l'emmener avec elle, de lui offrir des ailes - si seulement il avait su que c'était sa magie, à lui, qui avait, pour la plus grande, illuminé la vie ! Il avait parlé longtemps, et à présent, se montrait curieux; lui aussi voulait naviguer l'océan de l'esprit, explorer les ruisseaux de la mémoire, remonter les affluants de la vie, pour se représenter celle que la lieutenante avait été, par le passé. Là, sous les étoiles, ils pourraient mettre les voiles... Envahie d'une douce nostalgie, mais bien disposée à partager avec l'ancien novice ce dernier petit secret, la belle vétérane se demanda d'abord par où commencer. Dans le même temps, Caresse du Vent répondait à la question qu'un peu plus tôt, elle lui avait posée; et cela lui donnait, alors, le temps de penser...

« Pour répondre à ton ancienne question, notre projet est secret ! Mais… Il y a une fille dedans. » fit-il, souriant gaiement.
« Je te le dirai à notre prochaine rencontre, si bien sûr il a marché…
Comme ça, on sera bien obligé de se revoir, n'est-ce pas ? Et puis… Je comprends
que tu sois pas dans le même clan que Nac, mais tu l'aurais aimé si t'avais été
une guerrière du vent, j'en suis certain ! J'ai chassé un lièvre, l'autre fois et
il avait l'air vraiment ému… C'est là qu'il m'a annoncé que je passais guerrier.
»

Elle aurait du le détromper, ce pauvre, pauvre enfant
Mais en voyant sa joie, elle ne put que repousser le moment.
Ils pouvaient faire durer la joie, l'insouciance, encore quelques instants...
À l'aube elle partirait, et ils se sépareraient, soleil et lune, mais pas maintenant.

Quand il parla de son mentor, Crocs Nacrés, Museau Bleu n'avait même plus de colère à exprimer; le cœur serré, malgré son sourire affectueux et malicieux, elle était tout simplement peinée. C'était vrai... S'ils avaient été du même Clan, peut-être qu'elle aurait su apprécier le mentor de sa Caresse du Vent. Peut-être qu'ils auraient chassé, de temps en temps, qu'ils auraient discuté, au moins pour ce petit qui les aimait tellement. Peut-être qu'ils auraient su esquisser un sourire, un signe de tête poli, respectueux, gentil; peut-être qu'ils auraient été des anges, à la mesure de leur protégé, plutôt que ces monstres, ce jour-là révélés... Peut-être qu'elle aurait été la maman de ce tout jeune guerrier qui s'était installé, pour la nuit, à ses côtés, qu'elle aurait veillé sur ses pas, acclamé cette chasse au lièvre, elle aussi, et clamé son nouveau nom lors de l'assemblée, en laissant fleurir bonheur et fierté, sans devoir se cacher, installée au premier rang et ses yeux jade étincelants. Peut-être qu'elle n'aurait pas eu, simplement, à abandonner leur jolie histoire, aussi belle et fragile qu'une aquarelle, et qu'elle aurait pu rester auprès de cet enfant. Mais avec des peut-être, on aurait refait le monde, et tout ceci n'était qu'une légende, une illusion, une chimère - un rêve impossible.

Et l'enfant
Il parlait
Et l'enfant
Il riait

« Je veux bien que tu me parles de tes amis dans la galaxie…
Si ça ne te dérange pas, bien sûr. J'espère que.. J'espère que tu ne goûteras plus
jamais à cette douleur, Museau Bleu. Tu ne la mérites pas, vraiment; j'ose croire
que tout le monde pense comme moi. Tu m'as aidé alors que je n'étais pas au plus haut
de ma forme et, pour ça, je te serai toujours reconnaissant. Tu m'as montré
ton propre royaume caché et tu m'as enseigné les plus belles valeurs, alors que moi…
Je ne sais pas ce que je t'ai apporté. Mais merci quand même, mh ? Je t'aime beaucoup
et je suis heureux pour ces jours qu'on a passé ensemble…
»

Et l'enfant
Il murmurait
Et l'enfant
La remerciait

Caresse du Vent n'avait aucun moyen de savoir que ces mots qu'il disaient, adorables et tendres, nouaient plus encore la gorge de son aînée, et que la lieutenante se sentait coupable de sa décision comme de son secret; le jeune chat ne pouvait deviner, après tout, que cette tirade avait un goût d'adieu; mais sa muse, à présent, observait le soleil, avec dans ses yeux quelques perles irisées, qui roulaient sur ses joues pour y étinceler; une émotion muette, éloquente, se muant en sourire en entendant la suite. Tant d'espoir ! Elle aussi, elle aurait voulu y croire. Elle aurait voulu lui promettre encore des jeux et des discussions, des moments par centaines. Mais Museau Bleu ne promettait rien qu'elle ne pourrait donner, et préférait être sincère, même si elle devait repartir fissurée. Encore un peu. Elle ne pourrait lui promettre l'espérance de ses mots. Mais elle souriait. Parce qu'elle profitait de leur moment, simplement. Encore la magie, et toutes les couleurs, pour cette fois...

« Et pour toutes les prochaines ! »

Mais c'était la dernière fois qu'ils se verraient... Elle préféra se plonger dans ses souvenirs, pour chercher ce qu'elle allait bien pouvoir lui raconter, et, pensive, s'allongea dans les feuilles, une autre se détachant de la branche pour venir se poser doucement sur son cœur. Comme un battement d'ailes de papillon, vraiment... À cette pensée, elle comprit quel premier souvenir elle pouvait raconter; et elle comprit aussi que, quoiqu'elle en dise, tous les membres du Clan des Étoiles ne l'avaient pas abandonnée. Une nouvelle fois, ses frères seraient auprès d'elle... Parce que ça, c'était une promesse - et les promesses, ils les tenaient toujours.

I feel out of focus
Or at least indisposed
As this strange weather pattern
Inside me takes hold
Each brave step forward
I take three steps behind
It's mind over matter -
Matter over mind


-------------------------------

« Patte Bleue ! Regarde-moi, regarde-moi ! »

L'intéressée avait tourné la tête vers son frère, prunelles de jade rieuses, l'observant sautiller et lui rendre son sourire. Jumeaux, les deux chatons avaient toujours tout fait ensemble, en compagnie de leurs deux autres compagnons de portée, et s'amusaient souvent, à faire les quatre cent coups et mille et une découvertes. Ce jour-là, le petit sautillait dans les flaques d'eau, mais ce n'était pas ce qu'il voulait lui montrer, pas plus que les arc-en-ciels qui s'irisaient dans les gouttelettes de rosée sur les fleurs, les feuilles, les branches; il brandissait, du bout d'une griffe, un petit papillon coloré, qu'il était parvenu à attraper... Sa sœur s'était mise à rire, ravie, impressionnée, aussi, avant de se jeter sur lui pour une petite bataille à la douceur de leurs fourrures, de leurs coussinets, et remplie de toute l'affection du monde. Ils roulaient ensemble sur le sol et riaient... Patte Bleue était heureuse de partager ce moment avec son petit frère, son jumeau. Et ce jour-là, elle se promit qu'ils seraient toujours ensemble...


-------------------------------

Slowly
Then all at once
A single loose thread
And it all comes undone

-------------------------------

« Petite Ombre ! Dis, Petite Ombre ! Tu dors ? »

Le murmure à peine audible de Patte Bleue rompit le silence dans le nid, tandis que la fillette donnait quelques coups de museau délicat sur le flanc, puis la joue et le nez humide de son frère, qui, blotti contre elle, était le plus proche de ses compagnons de jeu. Il faisait noir, il faisait nuit, mais dans la pénombre de la tanière, baignée par la clarté laiteuse et argentée de la pleine lune qui se glissait à travers l'entrée, les prunelles d'eau et de plantes pastelles de la petite femelle étincelaient de malice; elle n'avait aucune intention de les fermer... Petite Fougère et Petite Pierre dormaient déjà, elle avait vérifié - ne restait qu'Ombre, le plus discret, le plus à l'aise dans cet univers plus tamisé qui rappelait son nom, et le troisième de ses frères de portée qui, elle l'espérait, serait disposé à venir dehors avec elle; elle voulait attendre le retour des guerriers... C'était un soir d'Assemblée. S'ils étaient prudents, silencieux et sages, ils pourraient demander l'histoire de tout ce qu'il s'était passé, et c'était important, de savoir ça, pour eux aussi ! Après tout, ils seraient bientôt apprentis ! Et du haut de ses cinq lunes, la seule fille de la fratrie prévoyait bien de grandir dans ce Clan pour prouver sa valeur; elle avait déjà compris qu'elle devrait se montrer aussi forte, aussi vive, aussi intelligente, aussi douée, sinon plus, que ses frères, pour la même estime, la même lumière dans les yeux des grands - elle ne les jalousait pas: ils s'aimaient, inconditionnellement, et c'était bien assez, aux yeux de ces enfants; mais elle voulait rendre fier Étoile Pâle, leur père, et lui prouver que de cette portée, elle aussi, elle était en tout points capable de s'élever.

« Non, Patte Bleue. Qu'est-ce qu'il y a ? »

Ravie, la future apprentie esquissa un grand sourire lumineux dans la nuit, et montra, d'un petit coup de patte, l'extérieur, heureuse; cette fois, c'était sûr, ils pourraient observer les étoiles et nommer ensemble les constellations, en attendant ! Elle ne se trompait pas: son frère accepta - peut-être parce qu'il rêvait lui aussi de plus, d'une bouffée d'air frais, d'un jeu, d'une histoire, d'une discussion, d'apprentissage et de bonheur, et d'un moment avec elle, et de complicité, de féerie, encore, ou peut-être parce qu'elle lui adressa une moue presque suppliante. Dans tous les cas, quand elle se glissa, gracieuse et malicieuse, jolie danseuse, princesse, hors de leur joli nid, celui qu'ils avaient décoré tous ensemble, un bel après-midi, il se leva, sur le bout des coussinets, lui aussi, et la suivit. Dehors, tout était endormi, et le garde, trop loin, ne pouvait pas les voir... Ils s'installèrent alors à l'ombre d'un grand saule, et là, finalement, échangèrent un sourire; un sourire enfantin, avant d'éclater de rire.

« Chut ! Chut ! » hoqueta-t-il entre deux rires.
« Et c'est toi qui dit ça ! » répondit-elle, joueuse.

Quelques coups de pattes
Deux minutes de chatouilles
Une douce étreinte, enfin

Quand ils s'allongèrent, pressés l'un contre l'autre, la tête de Patte Bleue sur l'épaule de son frère, pour enfin discuter, la petite fille ne put songer qu'elle était fière et heureuse de ce bonheur simple qu'il faudrait protéger; ce soir-là, la promesse d'être ensemble pour toujours lui revint en écho, trouvant en elle ses sentiments puissants, pour écrire dans son cœur cette promesse enchantée, en belles lettres dorées; ce soir-là, aussi, elle se promit qu'elle ne laisserait jamais quoique ce soit les séparer. Et c'était ainsi que le retour des guerriers les avait trouvés: encore installés, à parler, et à montrer, de temps en temps, une étoile filante ou un point argenté, signe d'un chat du passé. Petite Ombre l'avait surprise, alors, en soufflant, souriant tendrement:

« Si la mort nous sépare, alors regarde les étoiles encore, promis ?
De tout là haut, je veillerai sur toi, et je repenserai à cette nuit.
On est ensemble, maintenant, pour toujours, à jamais, à l'infini.
Et moi, je veux pas que tes yeux soleil ils lâchent de la pluie.
T'es ma petite sœur, et je te protégerai !
Et même avec la mort, je ne t'abandonnerai.
Alors quoiqu'il arrive, tu regarde le ciel et puis tu me souris. Promis ?
»

C'était les mots d'un enfant, bien sûr. Mais quand elle lui répondit, d'une petite voix, « promis, si tu fais pareil », tous deux avaient compris que ce serment, ils le garderaient toute la vie, même en devenant apprentis, et plus tard, en recevant leur nom de guerrier. Mais bien sûr, à cet instant, Petite Ombre ne pouvait savoir que ces mots à la petite princesse de lune deviendraient un jour leur réalité. Ombre de Lune, par la suite, l'avait quittée... Mais de la voûte céleste, elle y croyait, pour toujours, il lui souriait.


-------------------------------

« Non, Ombre de Lune ! Non ! »

Ce cri de Cœur de Fougère brisa le cœur de Museau Bleu.
La jeune guerrière, qui jouait avec Nuage de Galet, se précipita.
Les larmes de son frère jumeau valaient tous les discours;
Le premier d'entre eux avait rejoint ce jour-là les étoiles.

Elle approcha à pas lents, fragile à nouveau
Comme si, en perdant son frère, à présent
Elle était redevenue la petite sans équilibre
Qui avait ri en tombant avec eux
Qui avait joué et trouvé des refuges
Qui avait parlé et chatouillé et plaisanté
Elle approcha, le cœur serré, pour s'allonger
Contre la fourrure de jais, la silhouette aimée
S'installa, rejointe par Pierre Lustrée

Ce dernier murmurait contre la fourrure
Et Cœur de Fougère, lui, sanglotait
Nuage de Galet aussi, à présent
Et leurs frères et sœurs plus jeunes
Les regardaient, sans comprendre
Pourquoi Ombre de Lune dormait
S'approchant pour le secouer
Ou lui demander de jouer
La famille était déchirée par tout ça...

« Pourquoi ? » entendit-elle.
« On a besoin de toi... »
« Grand frère, s'il te plaît. Je t'en prie réveille-toi ! »

Mais la nouvelle guerrière n'avait plus de mots.
Et au fil du temps, elle n'eut plus de larmes.
L'après-midi s'était achevée, et puis la nuit.
Ombre de Lune, au ciel, veillé sous les étoiles.

Sous les Étoiles.

Museau Bleu releva la tête de la pelisse noire.
Les grands yeux jade malicieux étaient fermés, mais...
« Si la mort nous sépare, alors regarde les étoiles encore, promis ?
[...] Moi, je veux pas que tes yeux soleil ils lâchent de la pluie.
même avec la mort, je ne t'abandonnerai.
Alors quoiqu'il arrive, tu regarde le ciel et puis tu me souris.
»

Elle chercha de ses prunelles la plus brillante étoile.
Juste pour se rassurer. Et alors, elle sourit doucement.
Apaisée. Son frère ne les abandonnerait jamais.
Elle enfouit son museau-myrtille dans la fourrure familière.

« Au revoir, grand frère. Je t'aime. »

-------------------------------

Where there is light
A shadow appears
The cause and effect
When life interferes
The same rule applies
To goodness and grief;
For in our great sorrow
We learn what joy means

-------------------------------

La disparition d'Ombre de Lune, qui s'était envolé pour rejoindre les Étoiles n'était pourtant pas la dernière. Nuage de Galet l'avait suivi, sans jamais devenir guerrier - et c'était peut-être cette injustice, pour l'apprenti qui était leur cadet, le plus difficile à accepter; mais peut-être qu'au Clan des Étoiles, il continuerait l'apprentissage ? Museau Bleu l'espérait. Espoir qui s'avéra bien fragile et bien vite envolé, tel les oiseaux d'été, quand un à un, Cœur de Fougère et Pierre Lustrée, et Étoile Pâle aussi, s'étaient effacés. Les lumières s'éteignaient, les étoiles s'allumaient; leur famille devenait une constellation, et elle, elle était seule... Seule pour s'occuper des plus petits, qu'elle aimait infiniment; pour les portées suivant la sienne, elle devint protectrice. Elle tomba amoureuse, aussi. Mais la tristesse ne la quittait pas... Elle se sentait coupable de leur survivre, en réalité. Pourquoi elle ? Les plus belles fleurs sont toujours cueillies en premier, c'était vrai, mais... Ils méritaient tant de vivre! Et la mélancolie s'était installée. Jusqu'à ce qu'une autre personne, sa famille de cœur sinon de sang, vienne la retrouver dans les ombres pour l'en tirer.

I don’t want to fight
I don’t want to fight it
But I will learn to fight
I will learn fight
’Til this pendulum finds equilibrium

« Je t'ai connue plus combative, apprentie ! »
« Laisse-moi. » miaula celle-ci, morose.
Puis, réalisant qui parlait: « Oh, Cœur des Cascades !
Je suis vraiment désolée. Pardon, je... Oublie, d'accord ?
»
« Détends-toi, je ne t'en tiendrai pas rigueur, petit bleuet.
Je sais que tu souffres. Mais te lamenter ne les fera pas revenir.
»
« Je le sais, ça. » soupira-t-elle. « Tu vas me dire aussi que
tout ira bien et que je serai heureuse et que je vais... Oublier ?
»

Sa voix peinée s'était brisée sur le dernier mot.
Il comprit ses angoisses, et sa voix se fit douce;
S'installant près d'elle, il lui offrit une épaule,
Pour pleurer, et une oreille pour l'écouter.
Puis, il murmura, compatissant:

« Bien sûr que non, bleuet. Tu ne les oublieras jamais.
Quiconque te dit ça est un idiot. Mais tu dois vivre.
Aucun d'eux ne voudrait te voir comme ça aujourd'hui...
Tu les retrouveras un jour. Que ce soit avec plein d'histoires;
Vis ta vie, ne la gaspille pas à pleurer ceux qui sont partis.
Je me rappelle la gamine qui les entraînait dans des aventures !
Sois encore cette fille-là, princesse. Ils sont toujours près de toi.
On peut bien tomber; l'important, c'est de se relever.
Et le printemps refleurira, tu verras. Et tu les retrouveras.
Un jour. Mais pour l'instant, il faut continuer à vivre...
Avec les trésors de souvenirs qu'ils t'ont laissé.
Avec les petits, sur qui tu aimes veiller.
Et puis... Il y a des gens pour t'aider.
Tu as des amis, je suis là, moi aussi.
»

Elle lui lança un regard où la tristesse disputait à l'amusement.

« Mais tu es mon ami, Cœur des Cascades ! »
« C'est vrai. Et tu veux un conseil d'ami ? »

Elle hocha la tête, curieuse, quelque part, de ses paroles.

« Il n'est pas bon de se perdre dans les rêves et d'oublier de vivre.
Alors pleure, prends le temps qu'il te faut. Mais ensuite, reviens-nous.
Avec la détermination que je te connais, et un grand sourire. D'accord ?
»

Museau Bleu eut un petit rire, et murmura, espiègle:

« Si mon mentor l'ordonne, je ne peux qu'obéir ! »
« C'était il y a longtemps, apprentie bleuet... » souffla-t-il.
« Je ne me risquerais pas à ordonner, avec toi, aujourd'hui. »

Un simple coup de museau en guise de salut, un rire.
Un regard protecteur, empli d'empathie, et d'affection.
Elle inclina la tête, porta la patte à son cœur, se leva.
Quand elle le regarda dans les yeux, avant qu'il ne parte
Il vit qu'à travers ses larmes, elle souriait, vraiment.
Et sa voix, mélodie cristalline, retrouva ses accents chantants.

« Merci. » murmura-t-elle. « Pour tout. »

Il faisait froid. Très froid. Assez froid pour que ce soit
En réponse
Une perle de glace qui roula sur la joue de son maître.

-------------------------------

« On était quatre, dans ma portée. J'étais la seule fille, et dans un Clan misogyne, forcément, moins bien vue, mais... C'était pas important, quand on était ensemble - mes frères et moi avons toujours été très unis, et j'ai été aimée inconditionnellement. Quand on était chatons, on jouait toujours beaucoup, on s'inventait des aventures, on regardait les étoiles, on attrapait des papillons et on s'offrait des fleurs, des proies, des galets... En grandissant, on s'est entraînés ensemble, souvent; on chassait deux par deux, ou à quatre; on pêchait de la même manière; on a développé des méthodes de combat ensemble, en surveillant les arrières l'un de l'autre, et on se comprenait sans un mot, sans un regard parfois. Notre relation était absolument fusionnelle, et on se complétait: il y avait Cœur de Fougère, sensible, et loyal, et courageux, puis Pierre Lustrée, le plus fier de nous tous, avec un cœur d'or sous la façade un peu plus lisse et froide qu'il montrait parfois - c'était aussi le plus rusé du groupe, je pense; et puis Ombre de Lune, le plus discret, celui à qui on confiait nos secrets, le plus doux et aimant, aussi. Et moi, j'étais la benjamine. »

C'était la première fois depuis longtemps qu'elle parlait de sa famille étoilée à quelqu'un; ils avaient passé, comme l'écume et les courants, sans qu'on les oublie, mais sans que les autres en gardent le souvenir infini qui s'était gravé au plus profond d'elle - et c'était bien normal. La belle lieutenante les connaissait mieux que quiconque: elle avait vu leurs joies et leurs peines, leurs réussites et leurs échecs, leurs émotions, leurs rêves, leurs doutes, leurs pensées. Elle les avait connus depuis toujours, et souvent, leur faisait la courte échelle pour monter sur le promontoire ou accrocher leurs rêves aux branches des étoiles. Elle avait cueilli des plantes, mangé des framboises, des mûres, des bleuets sauvages, avec eux. Elle connaissait tout d'eux; le physique, la manière de bouger, l'éclat dans les yeux, les mimiques, le son de la voix et la douceur quand ils essuyaient ses larmes avant de la faire éclater d'un fou rire qui la laisserait avec un mal de ventre. Elle avait été à leurs côtés, dans tous les instants, simplement - quand Ombre de Lune était tombé amoureux; quand Cœur de Fougère s'était effondré, parce qu'ils avaient trouvé le corps de Nuage de Galet; quand Pierre Lustrée avait avoué, défait, alors qu'il ne restait plus d'eux, que les deux autres lui manquaient horriblement, et qu'il regrettait sa fierté, parce qu'il aurait du leur dire plus souvent qu'il les aimait - même si tous le savaient. Elle avait été leur vie et eux la sienne, simplement. Le grand livre, ils l'écrivaient à quatre (avec, dans les marges, les pattes des plus petits, en lettres malhabiles). Mais à présent, elle seule tenait la plume...

« Ombre de Lune est parti le premier, rejoint par Cœur de Fougère, puis Pierre Lustrée. Ils forment une constellation, quelque part, j'en suis sûre... Au Clan des Étoiles, ils ont du achever l'entraînement de Nuage de Galet, notre frère cadet, aussi, je suppose... C'était injuste qu'il parte apprenti, et que Petit Ruisseau meure si jeune, aussi. Mais je suis sûre que ça va. Même si j'ai mis du temps à l'accepter... Je pense que Nuage de Galet serait devenu Chant des Galets, s'il avait grandi: il était très diplomate, très gentil, et aussi attentionné... Il adorait jouer avec les chatons - et partageait avec Ruisseau la malice de leurs âges. »

Émue, la jolie muse chercha dans le ciel
Ses étoiles. Les trouvant, elle leur fit un sourire.

« Quelque part, il doit y avoir Étoile Pâle, aussi. Notre père. Il était chef d'un clan misogyne, ça te renseigne sur le personnage, mais... Il a toujours respecté notre mère, Lune d'Eau, et il acceptait la force venant d'une femme, si on la lui prouvait. À sa manière, il nous aimait, et... Il était fier de moi, quand il nous a donné nos noms de guerriers. Ça se lisait dans ses yeux. J'étais heureuse ce jour-là... »

Douceur et nostalgie.
Tendresse et regrets.
Amour et peine.

« Je t'ai déjà parlé d'Étoile du Corbeau. Et il y a aussi Plume de Mésange, sa sœur, désormais...
Elle est morte pendant l'Assemblée de la lune rouge, première victime de l'attaque des Lunar Pods.
Eux, ce sont des étoiles plutôt libres. Pas vraiment une constellation - pas comme mes frères.
»

Plume de Mésange avait été vengée, mais...
Museau Bleu n'avait pu que la regarder tomber.
Chassant ce pincement au cœur, elle décida de continuer.
Pour la fin, il restait son père de cœur, son ami, son mentor...

« Enfin, Cœur des Cascades, celui qui m'a tout appris. C'est pour lui, aussi, que je suis fière d'être devenue lieutenante... Il était pressenti pour l'être, autrefois, et le serait sans doute devenu s'il n'était pas mort lors d'une bataille, pour le Clan. Il était loyal, sage, patient, brave, généreux... C'était le premier guerrier à me regarder comme n'importe quel novice, à ne pas me considérer moins douée parce que j'étais née fille. Quelque part, j'espère qu'il est fier de son ancienne apprentie. C'était presque un père adoptif, et c'était un ami. Il m'a pas mal aidée à surmonter les deuils, il a été présent, il a fait de moi la guerrière que je suis à présent, il m'a permis de garder certaines fantaisies d'enfant, et il a eu beaucoup de travail sur certaines choses, à l'entraînement ! Mais il préférait me montrer les choses encourageantes. Parce que le printemps refleurirait, comme il disait toujours. Il donnait de l'espoir, simplement. Et même s'il n'était pas parfait, il essayait de protéger les autres de ses défauts. »

Elle esquissa un sourire, empreint d'affection et de respect.
À présent qu'elle en parlait... Tous, ils lui manquaient.
Mais elle avait confiance aujourd'hui; un jour, ils se reverraient.

Clignant un peu des yeux pour chasser les larmes, émue, elle se tourna alors vers Caresse du Vent.
Elle avait parlé un moment, il ne leur restait pas tellement de temps. Et il devait retourner à son Clan...
Oh, l'aube ne se montrerait pas de sitôt ! Sauf qu'il risquait d'y avoir des explications à donner.
Cette seule pensée lui donnait envie de pleurer, mais elle resta posée, pour répondre, tendre et amicale:

« Maintenant, tu connais mes amis de la galaxie... Et la douleur, c'est dans la nature des choses.
Les joies et les peines se succèdent, simplement; ce n'est pas grave. On apprend à vivre avec.
Et puis, il y a tellement de belles choses ! Je me concentre là-dessus, simplement.
Quant à ce que tu m'as apporté... Des couleurs. De la lumière. Du bonheur. T'es un petit soleil...
Alors tu n'as pas à me remercier, Caresse du Vent. Au contraire, merci d'avoir illuminé ma vie.
»

C'était maintenant que tout s'achevait.
C'était maintenant que son cœur se brisait.
D'une voix douce, le regard triste, elle souffla,
Espérant qu'il comprenne qu'elle le faisait à contrecœur:

« Je t'aime plus que tu l'imagines, petit prince des sables.
Mais on est de deux Clans différents, et je porte malheur.
À ceux que j'aime. C'est dangereux, ce qu'on fait, tu le sais.
Quand tu partiras, s'il te plaît... Ne cherche pas à me retrouver.
Je t'aime, et c'est pour ça que je te demande ça; pour te protéger.
»

Une larme roula sur sa joue
Unique, orpheline
Il était trop tard pour regretter.

« Je suis désolée. »

Slowly
Then all at once
The dark clouds depart
And the damage is done

So pardon the dust
While this all settles in
With a broken heart
Transformation begins

_________________

Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_11
Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Vague_13
La référence de Vague :keur::

Merci Lou d'avoir immortalisé ma jolie muse :keur::

Autre Mumuse :keur: :

Cuuuuute :keur: :



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MessageSujet: Re: Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d   Chaque fin est un nouveau départ | ft Vent - e n d Empty10.10.18 19:41


Dès que je t'ai embrassé du regard, te pavanant dans le campement comme s'il n'appartenait qu'à ta sommaire et futile petite personne que tu étais, j'ai su que je t'aimais. Tu n'étais pas la chatonne la plus imposante dans la scène étrange, tu n'étais pas cette femelle-là qui peuplait les iris cuivrés de son long pelage blanc neige et yeux tout doux. Tu n'étais pas non plus une guerrière splendide qui resplendissait sous les arbres, une longue queue comme arme de prédilection pour draguer les combattants autour de toi, gueule qui brillait des mensonges adressés à ses candidates féminines. Tu n'étais point davantage une apprentie à l’air vif et bien présente, pelage de feu et sarcasme plein la voix, vêtue d'une repartie sans égal.

Non. Toi, tu avais un pelage noir. J'aurais pu parler de lui pendant des heures, décrivant le plus petit poil au plus long, passant par le sommet de ton crâne dépeigné qui s'agitait aux simagrés du vent. Il était d'un magistral ébène nuit cloîtrée, celui d'un automne qui s'annonçait frisquet, celui de la terre qui s'enfonçait dans nos pattes à chaque foulées. Tes prunelles étaient un peu plus claires que ta carapace somptueusement lisse qui te donnait toujours ce petit air idiot, un ambré jaune comme le soleil fin de saison. Du genre nous deux, étendus sur une bute remplie de feuilles orangées, regardant le soleil disparaître dans un ciel aux couleurs flamboyantes en s'échangeant des secrets et en poussant de doux rires; un film à l'eau de rose sous les regards délicieux. Je t'aurais décalé délicatement de mon épaule, ce qui t'aurais sûrement fais rire aux éclats, révélant une rangée de crocs tous blancs qui faisaient amplement, par ton sourire, ton admirable charme brillant. Sans oublier ce son délicat, presque féerique, comme si on avait versé une cascade de son grâcieux et un bruissement de feuille dans ta mâchoire finement taillée en carré. Tu avais une une oreille peu plus longue que l’autre et ce fait, d’un sourire d’amusement, nous faisait redoubler d’un rire brillant; les miennes te provoquaient aussi cette réaction, plus longue et servant de couchette douillette pour ton lourd corps.

Tu n’étais pas comme les autres jeunes. Le futur apprentissage ne te donnait pas plus envie qu’un oiseau pourri, mais les farces constituaient ta plus grande joie; tu continuais, inlassablement, à suivre ton credo idiot et malicieux que toi seul comprenait. Et de ta présence sortait des milliers de papillons semblables à des éclats, des risettes et des grimaces amusées, dépendant la marionnette à laquelle tu t’adressais. Les fois où ces papillons se faisaient réprimander m’étonnait toujours, mais ce qui me faisait sourire encore plus, c’était que tu n’avais jamais arrêté. Un papillon qui tombait, cent qui revenaient !

Tu avais la mauvaise manie de ricaner dans des situations qui ne souhaitaient pas particulièrement le rire, de sorte que je devais toujours te sauver la mise, inlassablement, à chaque péripéties que nous vivions ensemble. Tu arrivais dans ma vision du petit matin, repérait mon pelage roux et beige, puis me plaidait de t'aider d'un air de chien battu. Heureusement, j’étais toujours là pour toi et, me levant peu importe l’emplacement du soleil — ou de la lune dans le ciel —, je te suivais. Je n'aimais pas non plus les punitions, de sorte que nous passions nos midis à rêvasser à l'ombre de l’arbre maigre, poussant des soupires un peu dévasté en regardant les idées s'emboîter dans nos têtes.

C'est pour tous ces détails que je reconnais aisément que je t'ai adoré à en crever, sûrement dépassant le stade d'une âme futile de quadrupède. J'aimais passer mes iris dans ton faciès défait, mais j'adorais encore plus blottir ma tête contre ta poitrine, sentant ton cœur battre comme un tambour au rythme du mien. Je sentais encore ta langue nettoyer mon pelage, lentement, inlassablement, comme si c'était un geste que tu aurais répété jusqu'à ce que Morphée prenne l'heureux relais. Tu m'aimais. Je t'aimais. Nous étions une famille unie, un organe vitale qui battait pour deux personnes; un sentiment, une vie, un futur pour nous.

Voilà pourquoi je n'ai pas compris, le jour où tu m'as quitté. Tu m'as regardé de travers, du genre « je ne ressens plus rien pour toi » puis, tu as tourné tes minces pattes d'un air gêné, après avoir bafouillé un petit et désolé « je dois aller rejoindre Puissant Guépard ». Depuis quand me servais-tu de misérables phrases de ce genre, forçant mon cœur à se briser contre le gré du sang qui affluait en son sein ? Je suis resté planté là, mes iris larmoyant devant la tanière de notre enfance, mes yeux ambrés perdus dans le néant, la gueule à demi ouverte. J’ai alors compris à quel moment tu avais cessé d'éprouver des sentiments pour moi, à quel moment tu avais commencé à me couler des regards froids derrière mon dos, les camouflant derrière tes sourires rassurants à en crever. Ce n’était pas la première fois que je l’avais prononcé, ce mot, n’est-ce pas ? Battu par ta propre pensée, les deux tirades ne pouvaient plus rentrer dans ton esprit, alors tu es allé tout révéler. Peut-être même avais-tu pris un malin plaisir à chuchoter ces paroles, à renier ce frère qui avait osé croire à l’amour de la paix ? Croire aux choses douces, des mots rivalisant avec la beauté d'un millier d'étoiles brillants dans le ciel, réverbérant leurs beautés sur les êtres qui les recevaient ? Peut-être que tu me détestais à présent, que ma façon de rire, que ma manie de tourner ma tête vers la droite, tout ce qui faisait que tu étais tombé d’un amour fraternel de moi, te dérangeait dorénavant. Savais-tu que les mêmes manies qui nous font aimer quelqu'un que l’on apprécie nous font aussi la quitter ? C'était peut-être ce qui me faisait le plus peur, au fond de mon âme grondant de confiance affaiblie de cette personne que je jouais. Ce qui tonnait en moi, déchirant mon être et se frayant un passage dans mes organes, ligotant mon cœur avec ses longs filaments d'ombres qui me coupaient sans vergogne un souffle réparateur; le fait que ton regard caramel-coucher-de-soleil n'était plus dirigé vers moi avec délicatesse quand je riais, mais peint d'un dérangement sans fin peint sur tes prunelles méprisantes. Ça me tuait de l'intérieur.

C'est pour cette raison que je suis resté planté, droit comme un piquet, à regarder ma sœur s'en aller. Je ne me suis posé qu'une question, alors que les feuilles d'automne dévalaient librement le courant d'air jusqu'à se poser autour de moi, corps mortuaire de mon esprit. Je ne me suis posé qu'une question alors que j'ai senti une grosse goutte s'écraser sur mon œil, présence que dame nature prenait les commandes, peut-être parce que je n'étais pas capable de pleurer tout seul. Je ne me suis posé qu'une question alors que la pluie battait mon corps immobile et que je voyais celle qui me pensait traître me tourner le dos, pour effacer toute trace d’un dernier sourire sur son facial de glace.

pourquoi
ma
sœur
ne
l’était
plus
?

If you’re a closed book then why can I still read your pages?
Yeah, I see them in your face when you look at me that way
If I could, I’d grab the wrists of time and run right back to the start
Even knowing how it ended, I’d do it all again, dear
Just to hold you in my arms
One last time
_____________________________________________________________________________

Levant les yeux dans la voûte étoilé, Caresse du Vent laissa une douce larme rouler sur son visage attristé, brisant un peu ce masque heureux. Les paroles de sa jumelle tournait, encore et encore, dans son esprit qui n’était qu’une avalanche d’une tristesse sans fond; emportant les autres émotions dans sa descente, le grondement lointain annonçait sa venue subite et, avec un soupire un peu lâche, le petit guerrier s’était laissé submerger. Et alors que celle-ci s’engouffrait dans sa bouche sans demander la permission, insinuant son bruit des ses oreilles et sa lourdeur dans ses pattes, la seule perle cristalline qu’il s’était permit depuis l’incident glissa sans autre feux d’artifices. Il ne pouvait que réserver aux étoiles ce cadeau si petit, car si une autre s’échappait, il craignait que son cœur ne parte avec lui; après tout, n’était-il pas déjà assez tremblant? Craquelé par chaque paroles qu’avait prononcé sa sœur, il avait fini de crouler sous le dernier regard qu’elle lui avait lancé, le laissant seul et démuni sous l’horrifique nuit. Depuis, il marchait sans cette ombre qui le surveillait, sans les taquineries et l’organe vitale qui battait au même son que le sien. Il n’était qu’une pâle imitation du grand sourire qu’il avait été, un masque infiniment plus touché s’étant glissé en silence sous les rayons de son visage brisé. Tout ça à cause d’une personne, mais la plus importante dans la vie du matou; plus d’onze lunes passées ensemble à rire et, passés guerriers, deux nids éloignés — mais pas autant que le petit oiseau qui palpitait dans leurs poitrines respectives. Avait-elle aussi mal que lui, qui se noyait et tentait de battre des pattes dans la tristesse qui le submergeait sans fin? D’un côté, il aurait espéré qu’elle soit aussi abattue que lui, mais de l’autre pas du tout; aucun être sur ce territoire – et sur celui des autres – ne méritait de recevoir ce coup dans la cage thoracique. Plié en deux, le souffle coupé, les membres écartées, il ne pouvait qu’espérer reprendre son souffle avant une autre attaque ravageuse. Ah… Qu’elle lui manquait, sa sœur, sa jumelle, son amour, sa propre vie! Qu’est-ce qu’il aurait aimé lui dire, s’enrouler autour d’elle en laissant les larmes dévaler librement son visage comme si elles n’avaient plus de barrières! Elle aurait trouvé le meilleur moyen de le faire sourire, de le faire rire pour qu’il oublie enfin les perles qui avait laissées des sillons brûlants sur ses joues. Malheureusement… Malheureusement, elle le pensait parjure. Perfide matou qui aurait trompé son clan, déchirant la fierté des venteux et de la xénophobie dans laquelle ils avaient étés forgés. Pelage de Nuit, fière combattante, mais avant tout une petite fille qui avait été influencée et, frappée dans la pierre, bafouée par les bourrasques, s’était transformé en la statue de glace qu’on lui avait réservé. Parfois, le jeune matou beige et roux s’imaginait n’ayant pas reçu cette vague de chaleur, le faisant sortir en hoquetant du froid; parfois, il s’imaginait être resté les pattes prises dans la givre, comme son cœur qui aurait battu froidement. Parfois, oui, il espérait même être resté dans ce moule et que personne, jamais, ne l’ait sauvé de l’aigreur… Pour sa sœur. Puis il repensait à tous ceux qu’il avait gagné au dépend de son cœur arraché et, dans la nuit noire qu’il menait en solitaire, arrivait à pousser un sourire mélangé. Il devait bien s’accrocher à une lumière quelque part, non?

car sans celle-ci, sans rien, pour
respirer, vivre, rire, voir le jour
comment pourrait-il, des contours
de son âme brisé, revoir l’amour?

non, il avait besoin d’une lumière
pour pouvoir laisser cet air
mordre, griffer et blesser sa chaire
car, sans émotion, il n’aurait été qu’un
éclair

On était quatre, dans ma portée. J'étais la seule fille, et dans un Clan misogyne, forcément, moins bien vue, mais... C'était pas important, quand on était ensemble - mes frères et moi avons toujours été très unis, et j'ai été aimée inconditionnellement. Quand on était chatons, on jouait toujours beaucoup, on s'inventait des aventures, on regardait les étoiles, on attrapait des papillons et on s'offrait des fleurs, des proies, des galets... En grandissant, on s'est entraînés ensemble, souvent; on chassait deux par deux, ou à quatre; on pêchait de la même manière; on a développé des méthodes de combat ensemble, en surveillant les arrières l'un de l'autre, et on se comprenait sans un mot, sans un regard parfois. Notre relation était absolument fusionnelle, et on se complétait: il y avait Cœur de Fougère, sensible, et loyal, et courageux, puis Pierre Lustrée, le plus fier de nous tous, avec un cœur d'or sous la façade un peu plus lisse et froide qu'il montrait parfois - c'était aussi le plus rusé du groupe, je pense; et puis Ombre de Lune, le plus discret, celui à qui on confiait nos secrets, le plus doux et aimant, aussi. Et moi, j'étais la benjamine.

lui et sa mère
avaient, d’un sens
affrontés une même
épreuve difficile
d’un clan qui ne les
avaient pas bien jugés
alors que leurs cœurs
avaient tout autre envie
que d’avoir des chatons
que de détester les autres

Or was it all just a dream
And I’ve finally woken up
I thought I gave you the best of me
Though it never felt enough
I guess some things aren’t meant to be
Darling, I know that now
But I’m hoping that I’m just fast asleep
And when I wake up you’ll be here

Les paroles de sa mère, plus puissantes que la plus vieille histoire d’un ancien, l’enveloppaient avec un mélange de légèreté et de douleur sous le voile nocturne. Son flot de parole, semblable à une rivière, le berçait dans les récits de son ancienne vie et des personnages qui représentaient avec magie les étoiles de ce ciel. Et comme ce courant de vie, la tirade partait du plus haut des montagnes sentiments et, descendant sur la vallée émotion, se frayait un chemin dans les roches cœurs. Plus puissant que le plus fort des félins mais plus doux que la plus petite aile d’un papillon, l’affluent ambigu portait en son sein des émois de l’être vivant; il poussait, remuait et chavirait chaque pensée qui se cachait derrière les vitres parfois froides et parfois chaudes des chats de clan. Et avec la première arrivée de l’histoire s’envolait toutes les tristesses du jeune éclair, sa seule larme s’échappant avec grâce pour rejoindre le beau cours d’eau de sa maman. Il se laissant transporter avec plaisir, car les doux remous représentaient un des plus beaux rêves que ses pattes aient touchés en sa pauvre vie. Une guérison rapide, un baiser tout doux, une caresse du torrent, un souffle d’une mère de plusieurs enfants; Museau Bleu.

Pierre Lustrée, Cœur de Fougère
Ombre de Lune, Museau Bleu
quatre vies — un seul sentiment

Ombre de Lune est parti le premier, rejoint par Cœur de Fougère, puis Pierre Lustrée. Ils forment une constellation, quelque part, j'en suis sûre... Au Clan des Étoiles, ils ont du achever l'entraînement de Nuage de Galet, notre frère cadet, aussi, je suppose... C'était injuste qu'il parte apprenti, et que Petit Ruisseau meure si jeune, aussi. Mais je suis sûre que ça va. Même si j'ai mis du temps à l'accepter... Je pense que Nuage de Galet serait devenu Chant des Galets, s'il avait grandi: il était très diplomate, très gentil, et aussi attentionné... Il adorait jouer avec les chatons - et partageait avec Ruisseau la malice de leurs âges.

Attristé, le plus petit leva avec une quiétude infinie sa tête vers le firmament, creusant de ses iris une tombe étoilée pour ces personnes qui étaient parties. Il espérait que, quelque part, Perce-Neige soit avec eux, souriant doucement aux deux chats qui étaient réunis sur une terre qu’ils ne pouvaient fouler; plus de frontières pour les ancêtres, qu’une paix qui n’attendait que d’autres habitants. Qui, en vérité, étaient les plus chanceux dans cette histoire abracadabrante? Ceux partis rejoindre la voûte céleste trop tôt, ou ceux qui ne la rejoignait qu’après de longues lunes passées sans ceux qu’ils aimaient? Caresse du Vent, pour sa part, penchait vers les premiers; s’imaginer sur le sol froid sans personne pour l’aimer était, sans aucun doute, son plus grand cauchemar. Compter toutes les astres dans la nuit était certes une belle activité, mais imaginer des visages regrettés sous les lumières, un pauvre regret à ne jamais goûter. Ce fut à cause de cette idée qu’il détourna ses iris de la voie lactée, laissant celle-ci à ceux qui avaient vraiment perdus des proches; lui, encore jeune et heureux, n’avait qu’un regret — petit, certes, mais douloureux — qui se logeait dans ses poumons. Il pouvait néanmoins aider sa mère à traverser l’histoire et comptait bien le faire, passant avec amour le bout de sa queue sur l’épaule de la riveraine. Riveraine oui, mais aussi une sœur, une amie, une meneuse, une reine et, après tout, une vraie mère. Pour ses enfants… Et aussi pour lui.

Quelque part, il doit y avoir Étoile Pâle, aussi. Notre père. Il était chef d'un clan misogyne, ça te renseigne sur le personnage, mais... Il a toujours respecté notre mère, Lune d'Eau, et il acceptait la force venant d'une femme, si on la lui prouvait. À sa manière, il nous aimait, et... Il était fier de moi, quand il nous a donné nos noms de guerriers. Ça se lisait dans ses yeux. J'étais heureuse ce jour-là...

Un regard doux. Étoile Pâle… Avait dû être très fier de voir sa fille accéder à ce poste qui lui convenait si bien, comme si elle avait toujours été faite pour mener le clan de la rivière. La dernière fille du meneur, mais la plus brillante des étoiles terrestres; dans les orages, dans la neige, dans le froid ou dans la chaleur ambiante, elle continuerait toujours d'étendre sa lumière, il le savait. D'ailleurs, peut-être même un jour sa grande mère serait elle-même une étoile ? Étoile Bleue, chef du clan du torrent ! Sa queue remua avec bonheur derrière lui quand ses pensées frappèrent son esprit, chassant la dernière tristesse qui s'y prélassait. Qu'est-ce qu'elle serait bonne ! Une des meilleures meneuses que le clan ait connu, il en était certain, et pas seulement parce qu'il la considérait comme sa génitrice de son cœur, mais parce qu'elle était tout simplement une bonne personne. L'imaginer, un instant, sur le promontoire de son clan devant les regards de ses compatriotes le fit légèrement sourire, ses oreilles joignant un mouvement amusé et douillet. Éclat d'Argent, Pelage Strié, Coeur Paisible, Rosée Nocturne, Crocs Nacrés, Nuage d'Or… Tous ces guerriers-là, et encore plus, l'auraient aimé pour sa justice et tout ce qui découlait de sa personnalité. Car, même s'il ne doutait pas que sa maman serait une bonne lumière dans le ciel, elle méritait de goûter à celle terrestre avant de rendre son dernier souffle et, de ce fait, aider tous les clans de son simple regard. Étoile Bleue… Oui, oui, ce nom sonnait particulièrement bien à ses oreilles frétillantes.

Enfin, Cœur des Cascades, celui qui m'a tout appris. C'est pour lui, aussi, que je suis fière d'être devenue lieutenante... Il était pressenti pour l'être, autrefois, et le serait sans doute devenu s'il n'était pas mort lors d'une bataille, pour le Clan. Il était loyal, sage, patient, brave, généreux... C'était le premier guerrier à me regarder comme n'importe quel novice, à ne pas me considérer moins douée parce que j'étais née fille. Quelque part, j'espère qu'il est fier de son ancienne apprentie. C'était presque un père adoptif, et c'était un ami. Il m'a pas mal aidée à surmonter les deuils, il a été présent, il a fait de moi la guerrière que je suis à présent, il m'a permis de garder certaines fantaisies d'enfant, et il a eu beaucoup de travail sur certaines choses, à l'entraînement ! Mais il préférait me montrer les choses encourageantes. Parce que le printemps refleurirait, comme il disait toujours. Il donnait de l'espoir, simplement. Et même s'il n'était pas parfait, il essayait de protéger les autres de ses défauts.

celui-là, il lui rappelait quelqu'un
un guerrier qui l'avait construit
pierre par pierre, mousse par mousse
au fil des lunes passées ensembles

décidément brillante, leur amitié
avait grandit sous le passage de
l'astre blanc, s'était éclos sous celui
jaune, comme une belle fleur lumineuse

crocs nacrés, son mentor, un père
un guerrier, un frère, un chasseur
mais avant tout, pour le jeune du vent
l'être le plus réconfortant des landes

Each song, a finger to a hand that’s reaching out
Each line, a tooth in a mouth that’s screaming out
Behind my closed doors
Can you hear me through the walls?
That you once walked through
Yeah you just walked through

Maintenant, tu connais mes amis de la galaxie... Et la douleur, c'est dans la nature des choses.
Les joies et les peines se succèdent, simplement; ce n'est pas grave. On apprend à vivre avec.
Et puis, il y a tellement de belles choses ! Je me concentre là-dessus, simplement.
Quant à ce que tu m'as apporté... Des couleurs. De la lumière. Du bonheur. T'es un petit soleil...
Alors tu n'as pas à me remercier, Caresse du Vent. Au contraire, merci d'avoir illuminé ma vie.

Les mots, énoncés comme ceci, firent pousser la joie dans le cœur du petit. Oui, il connaissait maintenant ses amis de la galaxie; peut-être pas aussi bien qu'il ne l'aurait voulu, mais il les imaginaient. Avec Museau Bleu comme sœur, ils avaient dû goûter au bonheur de se retrouver en sa compagnie chaque journée, courant dans la pluie les soirs d'étés pour se réfugier, plongeant dans la rivière pour se rafraichir lorsque l'ambiance était trop lourde. Parlant tard, le soir, couchés sous les arbres en s'échangeant des secrets et des promesses, comme toute famille réunie espérait le faire et, d'un regard, se comprendre et s'échanger protection et amour. Des aubes à cavaler partout, des crépuscules à déguster un poisson en oubliant les problèmes de la vie futile. Ils avaient eu de la chance, ces anciens félins du torrent puissant et, au fond de lui, était sûr qu'ils le reconnaissaient tous. Quatre frère et une sœur sous les étoiles, ne s'imaginant pas un instant les rejoindre dans un futur lointain, mais se réfugiant sous le même battement de cœur devant cette merveille. Famille.

sécurité et aventure
douceur et fierté
tendresse et loyauté
moi aussi, j'aurais aimé être là pour te les transmettre

Lentement, le jeune se leva pour venir donner un doux câlin chaleureux à sa mère. Lui transmettant tout ce qu'il pensait d'elle par ce geste, sa tête enfouie dans son cou, il vibra d'une progressive chaleur qu'il espérait partager à la tricolore. Car, en effet, une liste de compliments n'auraient pas suffis pour même souhaiter lui dire tout ce qu'il pensait, ceux-ci perdant leurs saveurs et leurs goûts dans sa langue qui s'emmêlait un peu d'émotion. Alors… Deux pelages en un. Les étoiles qui les surveillaient. Un amour plus grand que les chênes déployés autour d'eux, un cœur qui battait pour deux esprits. Des sourires qui s'échangeaient, mais aussi des secrets, des clins d'oeils et des rires; un amalgame particulièrement précieux de ce que les deux ressentaient en chœur. Il espérait, du fond de lui-même, que la famille d'étoiles de la lieutenante était fière de ses choix et ne rouspétait pas contre leurs amitiés, contre sa nouvelle famille.

mais lorsqu'il se retira de cette étreinte
et qu'il croisa ses yeux, il comprit que
quelque chose n'allait pas, que la lueur
qu'il avait entraperçu au fond de ses yeux

avait
tout
doucement
grandis

Je t'aime plus que tu l'imagines, petit prince des sables.

Caresse du Vent se recula d'un pas. Ses iris plantés dans ceux de sa mère,
il cherchait en silence ce qui se tramait sous les couches étranges. Mais
en fait, il le savait, non ? Peut-être même s'en doutait-il depuis le début.

Mais on est de deux Clans différents, et je porte malheur.

Non.

À ceux que j'aime. C'est dangereux, ce qu'on fait, tu le sais.

Oui.

Quand tu partiras, s'il te plaît... Ne cherche pas à me retrouver.

Non.

Je t'aime, et c'est pour ça que je te demande ça; pour te protéger.

Non.

la voix de sa mère
était celle de sa sœur

Je suis désolée.
Tu es désolé ?

Or was it all just a dream
And I’ve finally woken up
I thought I gave you the best of me
Though it never felt enough


cette douleur était indescriptible

Caresse du Vent, longuement, resta silencieux. Les minutes passaient dans l'air et, sans rien dire ni rien faire, il ne bougeait pas. Le monde était figé. Son monde était figé. Une couche de givre amassé sur ses sentiments tremblait, ou peut-être était-ce son fond d'esprit, mais il ne bougeait pas. Droit comme un piquet. Il regardait devant lui, droit dans les yeux de sa mère, droit dans ses larmes, ne faisait rien. Il était une statue. Un corps sans rien à l'intérieur, mais quatre pattes qui le supportaient comme des batons plus dur que des roches, ornées de griffes qui avaient servis pour faire de lui un monstre. Un pelage un peu court, des yeux ambrées et des longues oreilles sur son crâne, une queue de taille moyenne comme ses moustaches. Il était un tas d'adjectif, mais aucun d'eux ne décrivait ce qui se passait sous toutes les couches superficielles.

Tu es désolé ?

la douleur s'engouffra en lui comme un coup
le faisant s'accroupir au sol dans les rêves
brisés, la tête penchée vers les songes cassés
des griffes dans l'échine, il cherchait lui aussi son
rêve

Alors que tout s'écroulait autour de lui, lambeau par lambeau, se détachant par milliers et l'écrasant. Alors qu'une tonne d'eau se dirigeait vers son visage, hurlant et l'empêchant de pouvoir se relever pour parler. Alors que les étoiles tombaient du ciel, comme des étoiles filantes qui perdaient leurs lumières. Alors que son cœur qui s'était relevé une fois tanguait sur le fil de son destin, essayant de se raccrocher en vain. Alors que, lointain, le bruit de sa chute dans la cendre résonnait dans son crâne comme un dernier au revoir. Alors que celle-ci l'ensevelissait, même s'il avait réussit s'en sortir pour la première fois. Alors que le petit espoir d'amour et d'amitié mourrait comme un feu de forêt, après avoir flambé de joie dans tout son être heureux. Alors que les larmes commençaient à dévaler sur son visage et qu'il essayait de respirer, il pleurait.

une
deux
trois
quatre

larmes

Tu es désolé ?

Les perles glissaient sur ses pattes comme si elles étaient guidées par un esprit et, avec lourdeur, créaient un petit lac. Il n'avait fallu que trois mots pour briser son âme et, avec horreur, il observait les moments heureux s'échapper de son esprit sans qu'il ne puisse les attraper. Il aurait voulu se lever pour courir après eux, la queue haute et un sourire heureux aux lèvres, mais il ne pouvait pas bouger. Son corps, lié au sol par les lianes de mots tortueux qui le serrait avec un empressement qui ne voulait pas finir contre son poitrail. Plus il aurait essayé de se dépêtrer, plus l'horrifique réalité l'aurait rattrapé; il préférait donc embrasser celle-ci, souhaitant, espérant et priant qu'il n'était que dans un rêve un peu idiot. Parce qu'il. Ne voulait. Surtout pas. Se réveiller. Et découvrir. Qu'il était. Dans la réalité. Alors, le museau frôlant l'eau de ses larmes, il se remémorait les moments passés avec elle.

_____________________________________________________________________________
la première rencontre magique

Lentement, son museau s'éleva vers le ciel pour atteindre l'épaule lénifiante de celle qui savait, ô si bien, calmer ses angoisses intérieures. Et l'air qui dormait auparavant dans le ciel d'automne sembla s'enflammer de braise, un arc-en-ciel brûlant descendant du firmament pour aller s'enrouler autour des nuages, posant des touches de peintures sur la pelisse de ses grands arbres puissants, auprès des deux êtres qui se comprenaient sans discuter, vibrant la couleur autour d'eux. Il était touché. Touché qu'elle lui ait dit tout ça, cette princesse des eaux qui avait serpenté dans une douleur tout le long de sa vie, battant des pattes contre cette vivace chute d'eau. Les mots, qu'elle avait prononcé d'une manière si douce, étaient entrés dans son corps pour s'y accrocher comme des féroces, mais douces, boules piquantes qui ne le quitterait plus jamais.

la rivière féérique

Un rire cristallin s'éleva du petit chaton, comme si les lunes qui l'avaient fait grandir s'évaporaient doucement pour laisser, enfin, s'élever l'opaque voile — sombre et gris, dur et violent, du fait de croître dans un monde où il n'y avait pas le prince des sables et la princesse de la rivière pour s'aimer. Sitôt les artifices soufflés d'une seule parole flambante, il retrouvait son enfance, laissant celle-ci s'engouffrer dans les reliefs escarpés d'un cœur quelconque; bien vivant. Sans dire un mot de plus, un ronron grandit dans sa gorge et il poussa avec amusement la plus grande de son museau, sa queue débarquant en dernier de ce tableau magnifique pour disparaître dans celui abritant l'autre coup de théâtre. Bondissant, esquissant des foulées désordonnées et joyeuses, riant, il couru pour se retrouver à la surface de la rive aux herbes moelleuses, puis plongea un regard curieux dans la basse eau pour se décider si, oui ou non, il allait y plonger lui aussi.

la bataille horrifique

Le petit prince des sables bondit droit devant lui, percutant dans un saut du désespoir le corps devant elle. Comme un pantin sans ficelle, il se laissa tomber sans aucune force, espérant qu'elle le rattraperait et comprendrait ce qu'il voulait dire. Laisse-toi tomber. Il la heurta et son corps maigre, balafré et douloureux lui arracha un gémissement de douleur, un doux miaulement serré entre ses dents, cloitré dans le pelage de la lieutenante de la rivière. Comme deux qui ne feraient qu'un, les êtres glissèrent et se mélangèrent le long de la minuscule pente qui se trouvait sur la droite, terminant leur chute derrière un buisson épineux. Mélangé, ne sachant distingué le haut du bas, l'apprenti roux battit avec douceur ses pattes, essayant de voir si tout allait bien pour celle devant lui.

_____________________________________________________________________________

bientôt, il n'eut plus rien à se raccrocher
que sa propre douleur
et ses paroles, affreusement difficiles
sortir de sa gueule

Tu es désolé ? Tu.. Tu n'as pas le droit d'être désolé. Il réussit à relever un peu son visage. Tu ne peux pas, tu comprends ? J'avais.. J'avais enfin réussi à aller mieux. Je m'étais relevé de la perte de ma sœur.. Elle aussi, m'a dit qu'elle était désolé en me quittant, tu sais ? Tu ne peux pas faire ça. T'AS COMPRIS ? Lentement, il se relevait, et une voix chargée de colère grondait en lui. TU NE PEUX PAS M'ABANDONNER ! Je m'étais enfin relever, tu, tu ne vas PAS m'abandonner ! Tu ne peux pas, t'as compris ? Je suis là, je ne suis pas un cadavre de souris qu'on jette quand on a plus fin ! Je suis un être vivant, je suis un.. Je.. Qu'est-ce qui te donne le droit.. De… Sa voix, lasse de toute colère, se réduit en un fil Me laisser.. Tomber..

il ne voulait pas, pour elle, être simplement une étoile
qu'elle regardait dans le ciel, comme une simple toile
qu'elle oublierait dans sa tête, qu'on recouvrirait d'un voile

Tu m'avais dis de retourner chez moi. Mais chez moi, c'est toi aussi.. Tu vas me laisser seul, Museau Bleu ? Je pensais que tu avais compris, pourtant.. Sa voix se brisa. Je vais mieux, avec toi… J'ai appris à écrire les pages de mon destin, à ne pas refuser les échecs et la douleur, à mieux accepter l'amour et l'amitié.. Je refuse. Où que tu sois, je te retrouverai, parce que… Parce que je ne peux pas m'imaginer sans toi. Tu vas m'oublier, comme une étoile qui disparait dans la lumière du jour et moi.. Moi, je vais être seul dans.. Ces landes… Ses paroles se mélangeaient alors que lui, seul, cherchait ses mots.

Elle n'allait pas le faire pour vrai, n'est-ce pas ? Se sentant comme un chaton ayant perdu sa génitrice, le pourtant réputé guerrier du vent essayait avec peu de succès de récupérer les fragments qui s'envolaient. Tout, tout mais pas cette phrase, pas cette phrase qui était sortie par la gorge de sa sœur et qui, par un horrifique destin, s'était retrouvé dans celle de sa mère. Deux femelles qui différaient par absolument tout, sauf trois mots qui resterait gravé à jamais dans son crâne douloureux. Je suis désolé. Je suis désolé. Elle ne lui avait plus jamais reparlé. Un pelage de nuit qui recouvrait, peu à peu, celui clair d'une personne qu'il n'aurait jamais cru devoir supplié pour ce sujet. Une douleur indescriptible, un monde qui, quelques minutes plutôt, avait été tellement éblouissant qu'il avait repoussé sans cesse cette lueur tapie au fond des yeux épeurant. Je suis désolé. Tout se mélangeait. Je suis désolé. Pelage de Nuit et Museau Bleu. Je suis désolé. Une deuxième fois.

On n'a… On n'a qu'à se voir une fois par saison ! Se donner un rendez-vous, personne ne s'en rendra compte, n'est-ce pas ? Ce n'est pas dangereux si on fait attention ! On ne fait rien, rien de mal… S'il te plaît.. Tu n'as pas voulu partir avec moi ce jour-là et je l'ai enfin compris… Mais ne m'abandonne pas aujourd'hui. Pas comme ça. Pas maintenant. Je suis fatigué de tous ces abandons, Museau Bleu… Je voulais simplement être heureux.

et, pour une deuxième fois
son monde s'écroulait

et pour une deuxième fois
les paroles dures

et pour une deuxième fois
son cœur se brisait

allait-il, à la fin de sa course sur le chemin,
rester des danseuses du ciel ?
il n'en avait pas l'impression.
accroupis sur le sol parmi les feuilles d'automnes,
il lui semblait les comprendre.
rouges, oranges, craquelées, mortes
on aurait dit qu'elle se nourrissait
de son sang et de sa douleur
ou peut-être étaient-elles simplement
le reflet de sa propre personne

I guess some things aren’t meant to be
Darling, I know that now
But I’m hoping that I’m just fast asleep
And when I wake up you’ll be here
In my arms

_________________
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