Nothing's like before [Foudre] -end

Nothing's like before

Un léger sourire naquit sur sa face à la mention de Raton Laveur mais en cet instant, elle ne valait guère mieux et surtout, n'avait pas la force d'en rire vraiment tant la tension qui l'animait encore était lourde et pesante. Et elle lut dans le peu qu'elle voyait de son corps le doute, l'hésitation, il cherchait que lui répondre et durant tout ce temps, elle retint son souffle, au point que la tête lui tourne, au point que dès qu'il ouvrit la gueule, son corps entier était raide et son attention ne portait que sur le bengal. Une armée aurait pu se battre juste sous son nez qu'elle ne l'aurait pas vu. Elle hocha la tête, réalisant ce manque d'air et inspira dans un hoquet, regrettant les mots qu'elle avait pu lui dire car si sur le moment elle y avait trouver du vrai, elle comprenait que Foudre savait être là aussi ... Mais ... Mais le serait il encore dans les secondes à venir ? Alors quand il s'écarta, elle sentis le froid du vide laisser entre eux, ses yeux s'arrondirent de douleur et les secondes devinrent éternelles ...

Un moment infini qui passait et où elle captait chaque détail de son corps comme pour la dernière fois, jusqu'à ce qu'il pivote et que leurs regards se lient, jusqu'à ce qu'elle se sentent troublée de nouveau par le guerrier au parfum de forêt, d'humus, d'eau et de vent, de marais et de liberté. Et quand il reprit, cette fois ci, un instant, ses yeux devinrent surprise avant qu'un rire très bas ne lui échappe. Coup de Foudre apprenti guérisseur, s'était comme remercier la lune d'avoir envoyer les Lunar sur le chemin des clans. S'était comme rêver du clan des étoiles tout entier, les dominer pour déféquer directement sur leurs regards de juge et de sagesse. Et pourtant, dans ce rire si timide qui lui échapper s'entendait le doux son du soulagement. Il était encore là et elle savourait ses secondes supplémentaires, respirant de nouveau, librement. Aveugle oui, elle hocha la tête, doucement, tendant la patte pour l'effleurer, doucement.

- Oui ... On peut essayer.

Elle aurait voulu lui offrir une étreinte, mais la fatigue avait raison d'elle et en cet instant, s'était le froid qui la faisait frémir, le froid et le soulagement. Coup de Foudre pouvait bien partager quelques moments avec elle, il lui suffisait d'y déposer des conditions, de l'éviter lorsque son corps à elle se ferait douleur à l'idée de leurs jeux passés, veillées qui avaient fini par laisser au camp trois chatons dans les pattes d'une autre ... Elle tendis le cou, s'allongea au maximum pour lui donner une lèche qui signifiait tout, avant de fermer les yeux pour répondre d'une voix devenue tendre.

- Mais tu ne pourras pas être mon apprenti, là haut ... Ils me tuerait.

Un sourire étira sa gueule, amusée, alors qu'elle roulait sur le dos pour l'observer par en dessous. Et puis, suis-je bête, j'ai encore des rendez-vous avec toi ... Elle voulait alléger l’ambiance, et en même temps, dans sa façon de parler, tout démontrer qu'elle se sentait encore sur un lac de glace, craignant que le pellicule ne se brise sous ses pattes et que les eaux l'avalent. Mais il avait accepter de rester et d'essayer de la suivre, alors elle pouvait bien jouer avec les limites, la toison argenté ne pouvait sans doute pas la privée davantage à présent ... Et pourtant, elle vouait toujours tendresses à ses étoiles là, qui avait sus l’accueillir quand elle avançait dans le vide ...

— « Oui ...

Ses babines se hissèrent un peu plus pour éclairer son visage d'un sourire cuspide et ravi.

On peut essayer. »

Secret du Firmament tendit son cou et lui donna un coup de langue au museau, et il y répondit d'un pas devant, limitant leur distance, veillant à réchauffer tout l'espace de sa tanière de Renard d'un gros et fort ronron de réconfort. Elle ferma les yeux mais sans se fermer à lui, alors il se risqua de faire pareil, il se risqua à baisser sa garder une seconde, à ne plus se faire observant qu'avec les oreilles même si les oreilles n'observaient pas à la base.

— « Mais tu ne pourras pas être mon apprenti, elle lui dit, là haut ... Ils me tueraient.
— Une autre preuve de leur cruauté, il lâcha, entrouvrant un oeil en la sentant se dérober de lui.

Et comme au début leurs rôles s'étaient renversés et c'est elle qui se renversa à ses pattes, lui arrachant un petit gloussement maintenant qu'il n'avait plus l'impression qu'une pression lui serrait non pas la nuque - c'aurait été trop demander - mais la gorge, pour l'étouffer.

— Et puis, suis-je bête, j'ai encore des rendez vous avec toi ...
— --Hee  hee  hee! sa tête dodelina avec ses épaules et un petit hoquet le prit à la pointe, puis il fit comme elle, en tendant le cou il descendit sa tête au-dessus de la sienne, museaux s'effleurant, comme leur souffle d'hiver, comme leurs moustaches raides, et il carillonna :

— Coquine ♡

Ses yeux s'ouvrirent, et brillait dedans une espièglerie non-bridée et surtout non plus fabriquée que pour plaire, née de leur connivence:

— Je vais te monter, au prochain rendez-vous, que ma langue a plus d'une utilité... ~

Double-entendre, mais même s'ils se taquinaient, Secret du Firmament lui avait toujours prêté son oreille, bien plus qu'on pouvait en dire de ses autres collègues guerriers (ou de son prétendu ami...). Elle savait - elle voyait avec lui l'importance du dialogue, et elle voyait au travers de ce-dernier toutes les facettes invisible dans ce bengal à tête gelée.

Pas juste un corps, un déviant, un amant mais un visionnaire, il espérait.

Nothing's like before

L'entendre ronronner était comme un baume sur son cœur et son esprit endolori et elle ronronna à son tour, très faiblement pourtant, presque timidement. Et si elle réagit à sa remarque sur la cruauté des étoiles, elle choisit de n'en rien relevé, d'accepter pour sa part que Coup de Foudre les voyaient comme des vieux chats aigris par leurs morts, où sans doute quelque chose s'y rapprochant ... Elle appréciait de nouveau sa proximité sans perdre à présent de vue que cela ne devrait plus jamais aller plus loin, trop loin. Elle avait un rôle important pour le clan et devrait s'y concentrer, mais par cette douloureuse discussion, ils avaient réussi à avancer positivement et elle se sentait mieux, comme si la fatigue et la lassitude lâcher un peu de leste. Et pourtant, il suffit d'un mot pour que ses pattes avants fusent pour attraper le cou du bengal, mais si l'envie de le faire basculer était bien là, son corps lui rappella que ce genre de jeux de chaton ne sied pas à une nouvelle mère. Elle grimaça quand son ventre lui envoya une impulsion nerveuse, douloureuse et relâcha alors son compagnon non sans un grognement contrarié.

- Et c'est moi que tu ose traiter de Coquine ... Vaurien va !

Il avait volé son cœur, prit d'elle l'amour et pourtant, il lui avait aussi offert tant et plus et en cet instant, par le seul fait qu'il se tenait là, il lui offrait bien davantage encore. Apaisée en partie, elle plissa les paupières avant de demander tout bas.

- J'espère que tu ne voulais pas m'aider à les nommer ... Mais ... Chaleur m'a fait songé à Désert et ... Neige a Hivernale et puis Chance ... Elle lui sourit, Chance valait pour toute la chance qu'elle avait eu de se rapprocher du guerrier, d'être protéger à la fois par Mirage, son ancienne mentor, Raton Laveur ... En somme un nom pour tout ses félins qui comptaient pour elle. Mais de nouveau, elle guettait ses réactions, devenant à son contact plus observatrice des autres ...

— Et c'est moi que tu oses traiter de Coquine ... Vaurien va !
— Vaurieen-hin-hein!! --HEe _hee Hee !! » il s'esclaffa, la force de son rire le faisant reculer sur ses pattes et affaisser son lourd arrière train par-terre, pour s'asseoir et veiller la siamoise, dessous, qui avait besoin de repos.

Il était heureux - le plus heureux que sa tête cassée lui permettait de l'être, il était heureux d'avoir réussi à tempérer sa peine à Fifi, son chagrin, son stress et toute sa tension. Lui-même avait baissé sa garde.

— « J'espère que tu ne voulais pas m'aider à les nommer ... Mais ... Chaleur m'a fait songer à Désert et ... Neige à Hivernale et puis Chance ...

Ils s'échangèrent un sourire, l'une à l'envers, l'autre à l'endroit, et le bengal ferma légèrement les yeux en se laissant endormir par sa propre chaleur qu'il dégageait, confortable dans sa tanière qui se réchauffait.

— « Laisse-moi deviner. C'était ou bien Chance, ou bien Risque? ♡

Ses antérieurs glissèrent par chacun un cran et il finit sur le ventre, en sphinx, râlant un soupir rauque de sa gorge en penchant sa tête pour se mettre le nez au plancher, et coller son front à celui de la siamoise.

Étouffé entre ses pattes:

— Huff...

Je ne sais pas comment tu fais pour supporter toutes tes émotions tout le temps...

Pleurer l'avait épuisé - et il avait plus d'une fois vu Fifi le faire. Il se tut, laissant son ronron de réconfort prendre parole à sa place, reconnaissant une certaine force chez la siamoise - une rare caractéristique qu'il ne pouvait pas se contenter d'imiter.

Nothing's like before

Son rire, oh comme elle aimait ce son, au point d'en ronronner un peu plus, pas assez fort pour emplir du son la tanière toutefois. Lentement, elle pivota son corps, juste son arrière, l'allongeant dans la mousse mais gardant ses ants en position, de tel sorte que sa tête ne bougea pas. Alors quand il répliqua, elle rit de nouveau, si peu pourtant.

- Goût du Risque aurait fait un bon nom par la suite, pas vrai ?

Elle frotta doucement sa tête à celle du bengal, appréciant de nouveau sa chaleur. Libérée du fardeau au fils des minutes, des heures ? Passer à ses côtés. Il était là et si elle ne respecter pas tout à fait sa décision première, elle se sentait bien toutefois. Il resterait là, assez proche pour qu'elle puisse se reposer sur son épaule parfois, mais pas trop pour qu'elle puisse laisser la douleur s'échapper hors de vue de ses prunelles chaude. Car elle le savait, des larmes pour lui, elle en aurait d'autres, parce qu'elle avait décider de ne plus répondre à ses appels charnels, décider aussi de remplir son rôle, de tenter un pied de nez aux étoiles. Elle pivota tout son corps quand il lui parla, de façon à ce que sa tête se retrouve à la perpendiculaire de celle du mâle, que son dos forme un demi cercle et que ses pattes viennent se caler prêt du flan du charcoal, alors, elle murmura, doucement.

- Justement, je ne les supportes pas forcément...

Elle lui offrit une lèche sur l'oreille puis ferma les yeux, et il ne lui fallu que peu de temps avant que ses flancs ne se soulèvent régulièrement, emporté par l'épuisement. Mais à la différence des jours passés, quiconque l'aurait regarder en cet instant l'aurait dit apaiser ...

Sauf leur ronron à deux, la tanière était muette.

Mais le silence n'était pas incommodant. Le silence était mutuel et consentant et avec leur garde baissée ils savaient tout deux que la tanière garderait leur Secret. Il sentit cette-dernière bouger, se coucher, et aux poils à son front qui se frottèrent contre le sien il l'imita à l'envers et tout deux se retrouvèrent en chien de fusil de l'autre, sur le flanc, recourbés en cercle unis lui charbon et de nuit et elle dans ses constellations sur fond de jour, sur un tapis de mousse de duvet de son nid.

Un coup de langue sur son oreille - il la tiqua et rentra légèrement le menton dans le cou en retenant un gloussement:

« Justement, répondit Secret du Firmament, je ne les supporte pas forcément... »

Doucement un sourire prit place aux babines du vaurien, réchauffant sa face, et sa tête, aussi, peut-être, car suivant cette tempête deux Aveugles s'étaient ouverts simultanément sur la réalité cachée de l'autre : l'une de voir que celui qu'elle croyait insensible s'était en réalité attaché à leur familiarité, et l'autre de se retrouver si contrarié à l'idée de la perdre qu'il avait pu expérimenter, à faible dose toutefois, le poids de l'accablement qui pesait les épaules non seulement de son amie, mais aussi de tout ceux dont la souffrance faisait pleurer.

Il était épuisé, certes, mais soulagé, alors lorsqu'elle s'endormit, il prit au moins quelques minutes, quelques interminables minutes, pour observer, en silence, la siamoise vivre un rare état d'apaisement.  En inspirant,    en  expirant.     En   inspirant...     En...

HRP: