Are you more proud than me ? | ft. Petite Oreille - end

Are you more proud than me ? (6)


La petite débile ne voulait pas lâcher ma géniale patte. Et elle avait bien enfoncé ses canines de bébés dans ma peau. Je geignis. Cela faisait mal, je le concevais. Mais jamais la grande Etoile d'Oreille ne s'avouera vaincue par une petite douleur comme ça ! Rien ne pouvait faire plus mal que la colère de Papa. Oh, il n'a jamais levé sa patte sur moi, mais entendre sa voix gronder était la pire des douleurs. Donc des crocs de chatons, j'y survivrai ! Par contre elle, elle ne flancha pas du tout à mes coups de pattes. Même pas un petit relâchement de la mâchoire. Tous mes poils s'hérissèrent. La crevette continuait à me faire affront ! Et elle m'énervait beaucoup beaucoup trop ! J'étais la plus forte, la plus grande, la seule et unique chef de la Pouponnière ! Et prochainement du clan !

La tricolore s'obstina et clama -avec difficulté à cause de ma patte- qu'elle me lâchera pas. Et bien, j'avais une solution pour la faire lâcher justement. J'avais été gentille jusqu'ici. Bien trop. Oh, Papa disait toujorus de faire attention aux petits, car j'étais une grande de la pouponnière alors que Charbébé et ses frères et soeurs n'avaient qu'une lune. Des larves de poissons. Mais des larves de poissons TROP enervantes !! Alors je levai ma patte libre bien haut, et ... retaper ? Non non non. Je sortis les griffes. Là, si elle lâchait pas...

J'abattis ma patte et quelqu'un cria. Moi ? Boule de Charbon ? Un autre chat ? Je ne savais plus trop, trop prise par la colère et l'adrénaline.

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Comme d'habitude, une fois rentré au camp, je comptais passer voir ma compagne et nos chatons. Mais dès une certaine distance, je distinguai un peu de bruit et pas mal de mouvement - était-ce un cri ? Il y avait bien là deux boules de poils en train de se taper dessus. Et en prime, l'une devait faire pas loin de deux fois la taille de l'autre ! Personne ne semblait avoir remarqué le combat sans merci des deux chatons. Avec un soupir, je m'élançai dans leur direction. En m'approchant, je me rendis compte que l'une des deux était ma propre fille, Boule de Charbon. J'accélérai encore ma course. Ah là là, quel tempérament cette petite... L'autre petite, Petite Oreille, la maintenait au sol, mais Boule de Charbon ne lâchait pas l'affaire. Et la connaissant, elle ne lâcherait pas avant qu'elle ait vraiment une raison de le faire.

"STOP !" leur criai-je en arrivant sur la scène.

D'un léger coup d'épaule, je fis s'écarter Petite Oreille de Boule de Charbon, tout en maintenant cette dernière au sol d'une patte qui se voulait protectrice, mais ferme, pour l'empêcher de sauter à nouveau sur son adversaire. Je savais que sans cette précaution, elle n'hésiterait pas une seconde. Les marques sur la patte de Petite Oreille en témoignaient. D'ailleurs, Une fois la situation sous contrôle, il était temps de les calmer. Je m'adressai aux deux chatons belliqueux d'un ton furieux à ma manière : une rage froide, qui ne manquerait pas de faire passer le message.

"Je n'ai pas besoin de savoir pourquoi vous vous battez. Il n'y a pas de bonne raison, vous m'entendez ?"

Je me tournai vers Petite Oreille. "Tes parents entendront parler de ça. Ils décideront de ta punition. Crois-moi, il y en aura une." Puis vers ma propre fille. "Quant à toi... Tu devrais avoir honte. Puisque tu n'es pas capable de rester calme, je demanderai à Douce Orchidée de garder un œil sur toi toute la journée. Ça ne va pas être drôle."

J'attendis quelques instants, les toisant l'une comme l'autre d'un regard particulièrement sévère. Allaient-elles oser me répondre ? Ça ne ferait qu'aggraver leur cas. Je remarquai alors la griffure sur Boule de Charbon, et soupirai, agacé. Ces deux-là ne s'étaient blessées que légèrement, mais ce serait idiot de ne pas vérifier la profondeur des blessures. Peut-être qu'une visite chez le guérisseur s'imposait.

Are you more proud than me ? (6)


Je feulai lorsque l'impertinente osa refermer encore plus ses dents sur moi ! Qu'elle arrête, l'inconsciente, elle allait casser ses dents de bébés ! Je ne disais pas du tout cela pour qu'elle arrête de me mordre et que je puisse récupérer ma patte. Le cri venu de derrière nous la surpris -mes poils se levèrent un peu mais j'avais pas eu peur, ah ça non- et elle desserra enfin son étau. ENFIN ! Rapide comme l'éclair, je récupérais ma patte et lui fis un gros "Pfblblbl" en tirant la langue. Elle avait lâché la première, elle avait perdu, j'avais encore gagné. Le grand mâle roux, qu'elle nomma Papa, posa sa patte sur elle pour l'immobiliser. Beuh, mon papa il fera jamais ça. Mais bon, s'il écrase, je ne serai pas contre. C'était qu'il a du remarqué qu'elle allait abîmer ma patte si utile au clan quand j'allais pêcher pleeeiiiiin de poissons et battre pleeeeein d'ennemis.

Il éleva la voix. Je ne dis rien car Papa veut pas qu'on réponde aux grands tant qu'on n'était pas grand nous aussi. Mais j'étais ni triste ni apeurée. Après tout, ne m'en sortais - je pas mieux qu'elle ? Il dit que mes parents me puniront. Je lui fis des yeux ronds, qui auraient pu avoir un soupçon d'impertinence, mais c'était un réel "Ah bon ?" qui se dessinait dans mon regard. Les punitions étaient rares dans notre famille. On n'était pas rabaissés comme les autres chatons. c'était sans doute pour ça que je pouvais laisser éclater toute ma génialitude. Quand il se reconcentra sur la larve qui mordait, je pris congé, marchant vaillamment, montrant que je n'avais pas mal -que une guerrière et future chef ne pouvait pas se permettre d'avoir mal-. Je minimisai le plus possible le boitement de ma patte gauche. Allez ma patte, toi aussi tu étais forte, car tu fais partie de moi ! Et arrivée dans le nid de notre famille, je me couchai, faisant la toilette de ma patte qui saignait un peu. Je gonflai mon poil. Tu me le payeras, ah ça oui ! Je dirais d'abord à mon père comment j'ai gagné la bagarre, puis il viendra aussi te gronder car on ne s'attaque pas à un chat génial comme moi.

Nah !

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