Fuis la misère || ft. Bouquet de Muguet - abandon

Ils grouillaient dans ses pattes, par groupes de deux minimums, en lâchant de petits cris aigus témoignant de leur amusement ; Chant d'Alouette regardait passer les chatons, le visage toujours sans expression. Depuis que sa raison d'être était morte à la guerre, plus un seul sourire n'y avait jamais éclot. Seulement un inquiétant rictus lorsque Feuille de Houx avait disparu, qui s'était effacé petit à petit et avait disparu en trois jours, la laissant telle une coquille vide. Elle avait espéré qu'il revienne, au début ; c'était trop tôt, elle venait de perdre son fils, elle ne pouvait pas le perdre, lui aussi ! Puis, elle s'était résignée. Il était mort, où enfermé quelque part sans aucune chance de s'en échapper. Il n'aurait jamais quitté sa famille sans raison, elle le savait pertinemment.

Un chaton buta son arrière-train et elle releva la tête brutalement, dans un sursaut de surprise de son cœur. Il s'agissait de l'un des chatons de Muguet, dont elle ne se rappelait pas du nom. Le petit, sans doute effrayé par les potentielles remontrances qu'elle pourrait lui faire, se précipita dans les pattes de sa mère, venue à sa rencontre.
Ses yeux d'or plongèrent dans ceux, verts, de la toute jeune mère. La noire et blanche était plus enfantine qu'elle-même alors que son fils chéri, nouvellement nommé Patte de Suie, était venu au monde bien des lunes plus tôt.

《 Oh... bonjour. 》

Elle articulait les quelques mots avec difficulté, bien plus habituée à se taire qu'à parler, dévisageant en même temps froidement la minette au sang impur. Pauvre d'elle, il l'attendait sans doute mille épreuves cruelles, elle aussi.

Fuis la misère. (30)


L'ambiance n'était pas des plus joyeuses dans la pouponnière. Fine Terre me parlait jamais, trop enfermée dans ses idées de sang parfait et tout. Il suffisait de voir comment elle avait traité Nuage Embrasé lors de son enfance, car elle connaissait son secret. Ensuite, il y avait Esprit Lent, moi là c'était moi qui ne lui parlerait plus jamais. Son sourire qui avait bercé mon enfance s'était révélé faux à mes yeux. Enfin, uniquement réservé à ses vrais petits dorénavant. Pourquoi s'embêterait - elle avec des pourris de la Lune ? Si nous avions été considérés comme ses vrais enfants, jamais elle aurait pensé à en faire des nouveaux..

La dernière reine était Chant d'Alouette, qui s'était tue depuis la bataille contre le vent, car son unique petit y avait péri. Contre toute attente, comme si les Etoiles voulaient comblé ce vide, elle était enceinte et dormait désormais avec nous. Mais le bonheur n'était pas revenu sur son visage. En même temps, même un fils ne pourra pas en remplacer un autre, remplacer toutes ces lunes que la cuivrée avait passées à ses côtés, se battant sûrement contre plein de chats vu que je me rappelais de l'handicap de son fils. Tout ça pour être tué dans une guerre qui n'avait pas de grande logique. Je ne le regardais pas trop, de peur qu'elle voit mon regard penaud. Je n'aimerai pas qu'on me prenne en pitié, alors je faisais de même avec les autres.

Je me concentrai alors sur mes quatre petites, jouant souvent à la bagarre entre clans, Petite Aile orchestrant tout. Moi faisant office d'arbitre. Je regardais Petite Lavande bondir sur Petite Digitale, alors que l'aînée encourageait la benjamine à se défendre plus que ça. Je gardais un oeil attentif sur elle, mais me rendit vite compte que je ne voyais que trois boules de fourrure. Petit Gingembre, où s'était - elle échappée? Ooooh, pas près des petits d'Esprit Lent et Grain de Sel, je ne voulais tellement pas avoir affaire à eux... Mais un petit cri de panique me la fit localiser, et je la vis filer depuis les flancs de la reine taciturne jusqu'à mes pattes. Ouf. J'étais moins gênée de lui parler. Elle leva ses yeux sans énergie vers moi, ne semblait pas trop dérangée par l'accident. Mais pour ne pas encore plus ternir l'ambiance de la tanière des reines, je m'excusai tout de même.

" Bonjour, et désolée, elles ont trop d'énergie à dépenser. Pas facile de garder l'oeil sur ces quatre là ! "

Je voulais sourire mais j'en avais pas trop la volonté face à l'air éteint de la reine. Je me raclai la gorge, n'ayant pas de sujets à dire. Ca va bien ? Bien sûr que non, ça se voyait. Condoléances ? Elle devait l'avoir déjà trop entendus. Demander comment allait sa grossesse ? Peut - être pas, si elle avait été plus enjouée par ces nouvelles vies... ..Des conseils alors ? Se sentir utile pour lui faire un peu oublier ses soucis ?

" Euh, si jamais tu as des astuces pour les tenir en place, je ne suis pas contre.. "