votre CV s'il vous plait ! | ft. Petit Gingembre - abandon

Dos contre ma sœur, je réfléchissais. Voilà bien un petit moment que Petite Aile et Petite Digitale étaient affairées ailleurs pendant que moi et Petit Gingembre restaient là, à presque somnoler dans nos nids. Hmmpff, quelle vie paisible ~ Il fallait bien s'avouer qu'être chaton c'était vachement bien, mais... si on pouvait seulement avoir quelques petits droits supplémentaires pour découvrir plus de choses encore ça serait drôlement mieux. C'est vrai qu'on s'ennuyait vite, mais c'était le prix à payer pour tant de tranquillité.

Petit Gingembre était donc là, elle aussi. C'était ma douce sœur, qui se laissait parfois un peu trop intimider, mais que j'affectionnais et défendais aussi bien que je le pouvais. Les partis de jeu et de discussion avec elle étaient plaisantes, comme tout ce que je faisais avec mes sœurs en général. Et c'était bien là une des meilleures choses que l'on pouvait apprécier : le précieux temps en famille. La mienne, elle était en or, et je ne me lasserai jamais de leur compagnie.

Ainsi, dans mon presque sommeil et dans mon presque ennui, je toisais les autres chatons qui vivaient avec nous dans la pouponnière. Il y avait uniquement la portée d'Esprit Lent et de Grain de Sel : Patte Pure, Petite Jade et Petite Lumière. Ils étaient un peu plus vieux que nous et par conséquent étaient là depuis plus longtemps. J'avais tellement envie de faire le connaissance ! Pour une autre fois, peut être. En tout cas, ils avaient l'air assez sympa, et de toutes manières des chatons ne peuvent pas être méchants, si ?

Soudainement, je sentis un léger remuement accompagné d'un petit soupir dans mon dos. Ma petite sœur remuait, me confirmant ainsi qu'elle était réveillée. Et, repensant à mon précédent sujet de réflexion, je lui dis alors :

- Salut ! Dis, tu n'aimerais pas rencontrer d'autres chats parfois ? Comme le tout blanc, là bas. Je suis sûre qu'il est sympa, et toi tu l'imagines comment ? Et je le pensais vraiment ! J'espérais trouver d'autres camarades gentils, et aller les voir était dans mon programme.

Elle fit une drôle de tête, mais me répondit tout de même dans un hochement bien qu'un peu hésitant. Hmm... Elle ne le pensait pas vraiment ou alors c'était parce qu'elle venait de se réveiller ? Sûrement bien un peu des deux ! Tant que ça ne la rendait pas triste... Mais en tout cas, elle ne semblait guère d'humeur à discuter des autres. Pourtant un jour elle sera forcément obligée de rencontrer d'autres chats, même si on restera à jamais à ses côtés pour l'épauler et la soutenir. J'espère pour elle qu'elle y arrivera.

- Aller, ne fait pas cette tête ! Regarde sa sœur, Petite Jade, n'a t-elle pas l'air adorable ? Je suis certaine qu'elle ferait une bonne amie. Ricanai-je en la poussant amicalement.

Je savais bien qu'elle n'irait jamais la voir, de toute façon, mais il fallait bien que je l'encourage. Qui sait, peut-être un jour elle aura plein d'amis et personne ne l'aura vue venir ! Et c'est tout ce que je lui souhaite, un ami qui puisse l'écouter et la comprendre aussi bien que sa famille.

Je me levai, secouai mon lourd et épais pelage puis essayai de le toiletter sans trop y parvenir. J'étais pas encore assez souple pour ! Mais j'en avais pas vraiment besoin, maman le faisait très bien. Je m'assis donc aux côtés de ma sœur, joyeuse de passer un moment avec elle.

- N'y a t'il donc personne que tu aies envie d'apprendre à connaitre ? Finis-je par demander, pleine de bienveillance.

-J’aimerais bien connaître papa. Répondit-elle d'une petite voix.

Papa... C'est vrai qu'il n'a jamais été là pour nous. Je ne l'ai pas encore vu une fois, une unique fois, franchir le palier de la pouponnière, et je ne savais rien du vrai lui. Mais... il y avait bien eu un matin, où j'ai pu l'entrevoir : un énorme chat imposant aux longs poils grisâtres, et je dois bien avouer que depuis lors je n'ai qu'une hâte et c'est de le rencontrer. Malheureusement, le temps passe et... aucune nouvelle de lui.

- Moi aussi. Déclarai-je en retour, chuchotant.

Ma sœurette sembla songer longuement, tout en regardant le beau petit monde qui peuplait la pouponnière. A quoi pensait-elle ? Elle avait l'air … sceptique ? Hésitante ? Indécise, peut être ? Quand elle tourna son regard vers moi de ses yeux dorés pétillants, je compris. Pourquoi pas ? Devait-elle penser, et moi ravie de ce changement, je lui adressai un grand sourire qui se voulait encourageant. J'étais enchantée que ma petite sœur me fasse autant confiance, et j'admirai la complicité qu'on avait entre nous. Il y a bien eu des moments où j'imaginais une vie sans elles, sans mes sœurs, et à chaque fois le soir même j'en fis des cauchemars. Elles étaient tout pour moi, et je ne manquais pas de le faire savoir. Ronronnant à ses côtés, je lui demandai ensuite, enjouée :

- Alors, dis-moi ! Tu en penses quoi, d'eux ?