Les trésors de la pluie | ft. Ouragan, Aile & Gingembre - abandon

Plouf ! Ahah, j’étais toute mouillée maintenant ! Guillerette, je profitai de la pluie passée pour me mouiller un peu les pattes. Les flaques d’eau inondaient presque tout le camp : il y en avait tellement qu’on ne pouvait pas les compter ! C’était plutôt agréable d’ailleurs, cette odeur d’humidité toute nouvelle que je n’avais pas encore eu le temps de connaître. Bien sûr, ce n’était pas la première fois qu’il pleuvait depuis ma naissance, mais bien la première fois que je pouvais sortir juste après une averse. Et je comptais bien en profiter ! En effet, maman m’avait dit qu’après la pluie toute sorte de petits animaux qui aimaient l’air frais sortaient, et qu’on avait rarement l’occasion de les voir dans d’autres contextes. Mais ne sachant où les trouver… Fallait bien que je demande à quelqu’un de plus expérimenté !

Alors, après avoir patauger quelques instants, je me dirigeai vers le guerrier qui semblait le moins occuper pour l’aborder. Il était assez musclé, avait un pelage noir avec quelques nuances plus clair et surtout deux énormes yeux bleus envoûtants. Eh, mais je le connaissais lui, c’était Souffle de l’Ouragan ! J’en avais déjà entendu parler, puisque c’était un ami à maman, donc il est forcément gentil.

- Salut ! Dis… J’ai besoin de quelqu’un pour me montrer les trésors de la pluie, tu m’aides ? lui demandai-je, d’un ton sympathique. J’espère qu’il comprendrait ce que j’entendais par les « trésors de la pluie », vu que je ne savais pas vraiment ce que c’était moi-même, voilà en quoi il m’était indispensable justement.

Je repensais en même temps à tout ce que j’allais apprendre de nouveau aujourd’hui. Et par conséquent, tout ce que je pourrais redire à mes sœurs. Mes sœurs, mais oui ! Je ne savais pas bien à quoi elles étaient occupées en ce moment, mais maman nous avait autorisé à sortir et il me semble qu’elles n’avaient pas grand-chose à faire. Et pourquoi pas leur proposer de m’accompagner dans mes recherches ? Je m’agitai, puis rajoutai-je quelques instants après dans un grand sourire :

- A moi, et à mes sœurs !

Le petit train-train quotidien se faisant, Souffle de l'Ouragan en vint à s'ennuyer ce jour-là. Dans le camp, là où les guerriers de l'Ombre se mêlaient aux reines et aux chatons, se regroupant, se disloquant, une infinité de fois, à certaines heures et certains moments... lui, tout jeune guerrier qu'il était, hésitait encore, se demandait ce qu'il lui était préférable de faire en des moments pareils ; la chasse ou la patrouille ? D'un coup d'oeil intéressé, il eut l'espoir d'apercevoir Nuage du Mimosa dans la clairière ou au fin-fond de la tanière des apprentis. Malheureusement... Il n'en fut rien, et la délicieuse apprentie ne se trouva ni en compagnie des fourrures endormies dans l'antre des novices, ni parmi les mâles et femelles conversant à l'ombre des végétations ou autres. Le mâle noir foncé bailla, presque las ; peut-être devrait-il se hâter de se trouver une occupation avant que la météo ne lui joue un tour... En effet, quelques heures auparavant, une averse s'était déversée sur la forêt, formant des flaques dans certaines zones du camp – provoquant, de ce fait, l'intérêt de certains chatons au plus grand bonheur de leurs mères – et présentement il n'avait pas très envie d'être surpris par les gouttes de pluie.

Souffle de l'Ouragan s'ébroua instinctivement à cette pensée, et s'en rendant compte, il ria doucement de lui-même. Après quoi, il fut accosté par une petite voix enfantine qu'il reconnut tant bien que mal.

« Salut ! Dis... J'ai besoin de quelqu'un pour me montrer les trésors de la pluie, tu m'aides ? » s'enquit cette dernière, d'un ton sympathique, tandis que les yeux bleus du guerrier la découvraient enfin. Petite Lavande. La fille de Bouquet de Muguet et de Feulement.

Intrigué, le fils de Fierté du Renard se demanda : de quoi parlait-elle ? Il la regarda de haut en bas, observant la fourrure noire, brune et blanche de la petite, et ses prunelles dorées dans l'espoir qu'en attendant elle puisse le lui expliquer ce qu'elle voulait véritablement. Mais au lieu de ça, Petite Lavande précisa sa demande :

« A moi, et à mes sœurs ! »

Il sourit doucement, l'air amusé. Ça ne le dérangeait pas de se prendre au jeu de l'une des filles de son amie d'enfance.

« Bonjour, Petite Lavande. Ça ne me dérange pas de t'aider, mais qu'entends-tu par « trésors de la pluie » ? Es-tu vraiment certaine de savoir ce que c'est ? » la provoqua-t-il alors, en lui tirant la langue, l'air taquin.

C'était un peu sa manière de s'y prendre pour titiller la susceptibilité de la petite, et la pousser à lui en révéler davantage sans s'avouer soi-même inculte. Mais Souffle de l'Ouragan ne doutait pas, que dans certaines circonstances, certains enfants étaient suffisamment intelligents pour voir clair dans le jeu taquin des adultes. Enfin, le chat noir ne remettait pas en doute l'ingéniosité de Petite Lavande, il cherchait également à créer un lien complice et de confiance entre elle et lui. Quelque part, le fait de discuter avec un chaton l'entraînait pour le futur. Comment fera-t-il donc pour nouer des liens profonds avec sa future progéniture, qu'il aurait, si tout se passait bien, avec sa chère et tendre Mimosa, s'il ne faisait pas le strict minimum pour les comprendre ? Les bonnes nouvelles pouvaient tomber quand on s'y attendait le moins... !

Le grand chat, intrigué, sourit. Quoi ? J'ai dit quelque chose de drôle ou c'est juste parce qu'il est content ? Peut être les deux ? En tout cas, il n'a pas l'air grognon, c'est que je ne l'ai pas dérangé ! Tout aussi heureuse, je lui rends un grand sourire en attendant sa réponse, qui ne se fit pas attendre puisqu'il me demanda, en me tirant la langue :

- Bonjour, Petite Lavande. Ça ne me dérange pas de t'aider, mais qu'entends-tu par « trésors de la pluie » ? Es-tu vraiment certaine de savoir ce que c'est ? 

Uh ? J'ouvre et referme ma gueule, m'apprêtant à le remercier, mais il n'a pas simplement acquiescé, contrairement à ce que je m'attendais. Hmm, tu veux me faire tourner en bourrique ou en sais-tu autant que moi ? Pas grave ! Bien qu'un peu perplexe, je continuais de sourire, ravie qu'il ait tout de même accepté de m'aider. De nous aider. Bon, je toussote, et je lui explique ce que je sais, ne voulant révéler que je n'en savais pas grand-chose moi-même  :

- Les trésors de la pluie d'après maman, c 'est tout ce qu'on peut voir après une averse mais pas quand il fait grand soleil ! Je pensais premièrement m'arrêter là, mais je repris, pour le taquiner : - Mais alors, comme ça, un grand guerrier comme vous ne sais pas ce que c'est, hm ? Ronronnai-je , en ricanant. Hihi, moi aussi je sais rigoler !

En tout cas, il a l'air super gentil, lui. Maman, elle choisit toujours bien ses amis alors je n'en avais que l'ombre d'un doute. Et puisqu'il est si gentil et que maintenant il sait comment m'aider, je n'attendis pas sa réponse pour décoller à toute vitesse de la petite mare de boue qui commençait à se former autour de nos pas. Le bout de mes pattes étaient devenues toutes marrons ! Alors, en trottinant, je rejoignis la pouponnière pour inviter mes sœurs à nous rejoindre. Elles semblaient s'apprêter à sortir, du moins deux d'entre elles, puisque ma Petite Digitale dormait au chaud contre maman. Ne souhaitant pas la réveiller, j'allai plutôt voir Petite Aile et Petit Gingembre. Sans penser à regarder si le guerrier m'avait suivi, je leur dis, gentiment :

- Monsieur l'ami de maman a pleins de choses à nous montrer ! Vous venez ?

Comme je ne leur avais pas demandé au préalable, j'avais peur qu'elles refusent, mais bon, si c'était le cas je ne leur en voudrait pas. Peut-être qu'elles n'ont pas envie de se mouiller les pattes ? Ou que ça ne les intéresse pas... Pour Petit Gingembre, aucun risque, elle aime bien quand je lui montre mes trouvailles. Mais Petite Aile, j'en ai aucune idée.

hrp: