Ciel Nocturne | ft. Souffle de l'Ouragan - abandon

Les nuages défilaient dans le ciel nocturne. La lune, gibbeuse, reflétait suffisamment de lumière pour éclairer faiblement le camp me laissant tout le temps que je voulais pour imaginer ce que faisaient les formes qui se déplaçaient dans le noir. C’était sans aucuns doute tous des chats, le gibier n’était pas suicidaire. Mais parfois leurs ombres dansaient et je pouvais m’inventer toutes sortes d’histoires avec. Enfin… Je savais bien que c’était surtout le fruit de mon imagination. Mais comment combattre l’ennui alors que tous étaient sensé dormir ? soupir… Il ne s’agissait pas seulement de trouver une occupation, mais aussi de résister à la tentation de réveiller les autres. Ils tombaient tous en rentrant de leurs entraînements, et je n’avais pas le temps de dire ouf qu’ils étaient déjà endormis. Et puis… Le Petit Pin d’avant ne réveillait plus les autres : j’étais différent depuis que j’étais épuisé tout le temps. Ce même schéma se répétait nuit après nuit, et je n’échappais pas aux conséquences. Je devenais las aux entraînements, démotivé, inutile. Je ne rapportais presque rien au camp : les bêtes avaient tout le temps de me voir arriver. Mais ça, je ne l’ai réalisé que très récemment, depuis que je m’étais rendu compte que je n’avais pas été choisi pour participer à la bataille, en clair. C’est pourquoi, au lieu de rester là à me lamenter sur mon sors, je m’étais décider à me fatiguer en partant me balader dans la forêt.

Je me levai donc, aussi discret que je pouvais l’être, puis sortis de la tanière à petits pas feutrés. J’étais fatigué, mais les nuits précédentes j’avais dormi plus que d’habitude et le résultat était bien là, j’étais plus compétent. Je n’avais aucune idée de comment j’avais réussi, d’ailleurs, mais ce qui comptait c’était de dormir ce soir. Je m’assurai de n’avoir réveiller personne, puis sortis du camp.

Je courus longuement, en essayant d’être rapide et silencieux à la fois. Ma fine silhouette m’y aidait bien, mais j’avais déjà eu une longue journée d’entraînement et peut être que c’était de trop. Tant mieux, c’était ce qu’il fallait : m’épuiser ! Je m’arrêtai ensuite entre un ou deux arbres qui laissaient entrevoir quelques rayons de la lune et l’observai quelques instants. Mais je ne pouvais m’empêcher de penser à toutes ces journées gâchées où j’aurai pu être meilleur. Ce soir-là, je me fis une promesse : faire tout le nécessaire pour être baptisé en même temps que mes sœurs.

hrp:

Attention, Ouragan était encore apprenti avant la bataille du Vent/Ombre

Ces temps-ci, le sommeil venait difficilement jusqu'à Nuage d'Ouragan. Il travaillait pourtant durement, aux côtés de son mentor, pour s'améliorer, se parfaire, s'accomplir en tant que guerrier... pourtant, rien ne pouvait cesser les tourmentes pourtant légitimes qui lui brouillaient les sens depuis quelques semaines. En effet, depuis qu'Etoile Maudite avait annoncé la bataille à venir contre le Clan du Vent – à cause de l'amitié interdite qu'entretenait Nuage de Violette avec une chatte de ce Clan et l'accident que la fille du chef avait eu suite à l'une de ses visites en terre ennemie -, l'apprenti au pelage noir angoissait un peu. Il avait été choisi par le père de Mimosa pour qu'il participe aux combats sanglants et même s'il était un peu fier qu'on ait pensé à lui pour mettre en déroute les rivaux, il ne pouvait s'empêcher de songer au fait que, quelque part, peut-être l'attendait son destin. Oh, non, il ne comptait ni se dérober, ni pleurer sa situation ; mais il était rare qu'un chat ne s'inquiète pas des tragédies qui pourraient lui arriver dans de telles circonstances et contre toute attente, Nuage d'Ouragan n'était pas de ceux-là. Il avait un peu peur de sa première bataille. De finir mal au point. Peut-être borgne, aveugle ou... handicapé. Peut-être mort, qui sait ? Il priait le Clan des Etoiles pour que sa vie soit longue.

Il avait aussi peur pour ceux qu'il aimait, et surtout pour sa Nuage de Mimosa. Elle aussi participait à la bataille, et même si son rôle n'était pas de se confronter directement aux soldats du Vent, il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour elle, à ce qui pourrait lui arriver.
La vie n'était pas facile. Il s'en rendait compte désormais. La peur de perdre ses proches, d'avoir le cœur brisé ou scindé en deux par les crocs d'un ennemi... Il devait pourtant s'y habituer, car telle était la vie des guerriers claniques.

Ne parvenant à s'endormir pour la énième fois, le protégé de Grain de Sel daigna finalement sortir de sa tanière et s'engouffrer sur son territoire. Un vent glacé lui caressa l'échine, alors qu'il contemplait l'étendue étoilée qui faisait office de ciel à cet instant précis. Etrangement, il aimait bien les températures basses – le vent détendait ses muscles – et l'atmosphère nocturne qui régnait la nuit... Cela lui donnait l'illusion d'être dans un rêve, une parenthèse dans son quotidien intensif. Peut-être que s'il quittait son territoire et se baladait un peu sur les terres neutres, il rencontrerait des gens sympathiques... oui, tout était possible lorsque arrivait le soir.
Mais au lieu de ça, il eut la surprise de sentir le fumet de l'un de ses camarades non loin de sa position actuelle. Le vent lui portait son odeur et venait de la direction... du Cèdre calciné, ou quelque chose du genre. Plein de curiosité, Nuage d'Ouragan suivit la trace effacée du fumet, se disant qu'il ne perdait rien à saluer un camarade solitaire avant d'entamer son petit périple en dehors de ses terres.

Enfin, il atteignit le Cèdre calciné. Il chercha du regard une ombre, un mouvement traître dans le paysage. Son regard bleu s'arrêta finalement sur le pelage noir et blanc d'un chat qu'il connaissait de vue : Nuage de Pin.

« Eh. Bonsoir, » lui lança-t-il sympathiquement. « Tu es... Nuage de Pin, c'est ça ? »

Je commençais doucement à geler sur place. Le vent soufflait fort et était glacial, et je ne pouvais rien sentir à part ce qu'il voulait bien emmener, car il tapait face à mon pelage ras qui ne me protégeait pas d'un seul de ses souffles. Dans ce qu'il m'apportait, rien de bien brillant, à part quelques odeurs effacées et celles du gibier profitant de la nuit pour sortir « en sécurité ». Chasser ne me ferait pas de mal d'ailleurs, autant se rendre utile en ramenant une ou deux proies au camp, qui pouvait difficilement s'en passer. Il sera sûrement affaibli après la bataille à venir, autant réunir tout le possible pour que les guerriers soient en forme. Les guerriers... et les apprentis. Même si j'étais ravi que l'enfoiré ait été choisi pour se faire culbuter par des tout aussi minables que lui... J'en était bien moins heureux pour ma sœur. Pourquoi elle ? Il y a plein de sans-attaches au clan, comme l'abruti, mais elle avait une famille qui ne pourrait pas supporter de la perdre. J'ai toujours voulu la protéger et voilà que je n'en suis plus capable... Mais elle était déjà entrain de s'éloigner, d'une autre manière. Tout était lié, puisque c'était à cause lui. Je les avais bien vu, ils s'étaient rapprochés, et la manière dont elle le regardait, lui et plus moi... Au moins, tout était bien plus simple avec mon autre sœur qui avait toujours été plus calme que nous. A elle, je n'avais rien à reprocher, et ses problèmes respiratoires n'allant qu'en s'arrangeant, je ne pouvais qu'en être heureux. C'était sûrement une des seule bonne nouvelle que j'entendrais d'ici un moment...


Le clan de l'Ombre portait bien son nom. Il n'était pas rare pour nous de s'absenter en pleine nuit, pour un tas de raisons, mais je ne m'attendais tout de même pas à croiser un camarade en si peu de temps. Quelques minutes avaient suffi pour que, tout proche, je repère la présence de... Je voyais déjà le même scénario se répéter. Une branche se craque derrière moi, un visage se dévoile et... Soupir. Ce n'est que Nuage d'Ouragan, un apprenti qui lui aussi devait participer à la bataille. Que doit-il penser de moi maintenant ? Que j'ai peur de quelqu'un comme lui, du noir, des autres ? Ridicule. C'est pourquoi j'affiche une mine froide, hautaine, sans le vouloir puisque ce sont mes réactions habituelles.

- Eh. Bonsoir, tu es... Nuage de Pin, c'est ça ? 

Me dit-il, sans aucune haine ni agressivité. Je me détends, clairement, et me contente de l'observer. Des yeux bleus perçants, un pelage noir de nuit, et même de légères rayures me confirment son identité. Lui, semble hésitant pour ce qui est de la mienne. Alors comme ça, on ne reconnaît pas l’incontournable Nuage de Pin ? ~

- Ouais. C'est moi. Je détourne le regard, ne prenant plus la peine de le regarder dans les yeux. - Et toi, t'es Nuage d'Ouragan. Tu fous quoi, ici ? Lui demandai-je d'un ton ni sympathique, ni agressif, simplement détaché.

Car tout ce qui m'intéressait à présent c'était la raison de sa … « venue ». Lui aussi, n'arrivait pas à s'endormir alors, ou me cherchait-il ? N'aurait-il pas pu attendre le lendemain ? Enfin, tant qu'il ne me dérangeait pas trop longtemps... J'avais besoin de réfléchir. Alors qu'il ne pense pas trop fort.