Bang bang I shot you down ▲ Pelote - abandon

Il fait trop chaud. Remuant mes pattes arrières comme pour en faire tomber l'ennui qui me dévore, je trottine machinalement vers la sortie du campement. Une fois arrivée aux limites de nos terre, je soupire. Même mon cœur semble lassé – chose fort peu courante. D'un bond, je fais volte-face et me dirige vers les terres libres. Pourquoi m'embêter à rester ici ? Je n'ai aucune mission, je peux explorer les alentours comme lorsque j'étais apprentie. L'adrénaline recommence à couler dans mes veines alors que je cours, je cours à en perdre haleine jusqu'à ...

... un mignon petit chat, là-bas, non ? Mes yeux sont grands ouverts, comme s'ils voulaient donner sur un autre univers, je fixe cette petite silhouette là-bas, j'y vais vite, toujours plus vite, sans ralentir ni hésiter – je suis sûre qu'il est le ticket pour mon salut.

« BON-JOUUUUUUR ! »

Je me suis arrêtée juste avant de le percuter, à bout de souffle mais ravie. Je le regarde comme si c'était lui et seulement lui que j'attendais depuis des lunes, que dis-je, des années ! Un ami, un proche, un amant que je serais venue rejoindre sur ces terres qui appartiennent à tout le monde et à personne en même temps ... Mes yeux brillent comme à mes premiers émois amoureux, mais mon sourire se fracture un peu en découvrant de plus près l'animal ...

Un véritable monstre.

« Tu ... n'es pas d'ici ? »

Mon ton est moins enjoué, je tente de garder mes yeux fixés sur ses prunelles mais je ne peux m'empêcher d'effectuer de petites saccades pour évaluer l'état de la bête.

Oups, peut-être que je suis tombée sur un taré ...

HRP:

J'avais réclamé quelques dernières caresses avant leur départ. Leurs mains chaudes étaient agréables, glissant dans le sens de mes poils, déclenchant mes doux ronronnements. Le petit bipède avait encore bien grandi. Je ne l'approchais que s'il était d'humeur calme. Sauf parfois, où j'avais envie de jouer avec lui. Dans ces moments -là, je lui courais après, il se cachait, et me faisait un gros BOUH! Et je courais, lui à mes trousses. Et quand j'en avais marre, il me suffisait de m'allonger sur le flanc, et regarder fixement un point. La plupart du temps, le gamin comprenait. Sinon, je sautais sur les étagères, pour être assez en hauteur pour ne plus être atteignable.

En tout cas, aujourd'hui j'avais été quelque peu paresseux je dois l'avouer. La chaleur y était pour quelque chose. Heureusement, mes bipèdes avaient déposés ici et là des grosses litières -comprendre des serpillières- mouillées, si je voulais me rafraîchir. Alors j'étais resté un moment. Mais l'appel de l'amitié était plus fort. Qui allais-je rencontrer aujourd'hui? J'apprenais tellement.

Et pas un seul jour ne passait sans que je pense à Perce-Neige.

Je marchais tranquillement, laissant le hasard de mes pas me guider quand tout à coup:

« BON-JOUUUUUUR ! »

Je fis un bond de sursaut, les yeux écarquillés, presque hagards, lâchant un cri viril - un cri aigü évidemment - HIIIIIIIiiiiiiiiiiii. Faut pas faire peur aux gens comme ça!! Evidemment, avec mon sens de l'observation, je ne remarquais même que mon interlocutrice me regardait bizarrement. Par contre, le changement de tonalité, là, je le notai aussitôt:

« Tu ... n'es pas d'ici ? »

Je penchais la tête sur le côté. Qu'est-ce-qui lui faisait dire ça?

"Euh... Ben... Si? J'habite pas trop loin." miaulais-je, appuyant mes dires d'un mouvement de la queue comme pour indiquer la direction

Elle était bizarre l'autre.

"T'es bizarre."

Avec tact et diplomatie s'il vous plaît... Mais l'excitation de rencontrer une nouvelle personne était beaucoup trop grande. Alors, un large sourire se dessina sur mon visage et je m'assis en face d'elle, étudiant - à mon tour- la dame, sans vraiment de gêne.

"Jm'appelle Pelote, et toi?"

« Euh... Ben... Si? J'habite pas trop loin. »

Je suis des yeux la direction qu'il indique. Les nids de Bipèdes. Cela explique la drôle de chaîne colorée qu'il a autour du cou ...

« T'es bizarre. »

Un instant, mes sourcils se froncent, mon dos commence à s'arquer, frappée de plein fouet par l'insulte.

« J'm'appelle Pelote, et toi ? »

Finalement, je vois à son regard et son sourire qu'il n'est pas là pour critiquer mon délicieux caractère, mais plutôt qu'il dit ce qu'il pense, au moment où il le pense. Je suis bel et bien tombée sur un grand enfant, avec des yeux immenses, gorgés d'innocence. Une proie de choix, donc ... Je m'assieds, dodeline doucement de la tête avant de répondre avec un sourire étudié :

« Bizarre ? Comme tout le monde, je suppose ... Et Pelote, c'est très mignon comme nom, ça ! Tes parents ont bien choisi, ça te va bien. Moi, je m'appelle Rouge Pivoine ! »

Je plisse les yeux et ajoute d'une manière taquine :

« Tu penses que tu pourrais réussir à deviner pourquoi on m'a appelée comme ça ? »

La dame me fit un joli sourire. J'aimais bien quand les gens souriaient. Cela me rendait heureux. Et quand ils me souriaient, cela voulait dire qu'ils voulaient être mes amis non?

« Bizarre ? Comme tout le monde, je suppose ... Et Pelote, c'est très mignon comme nom, ça ! Tes parents ont bien choisi, ça te va bien. Moi, je m'appelle Rouge Pivoine ! »

Je secouais la tête négativement. Non, ce n'était certainement pas mes parents qui m'avaient appelé comme ça. Par ailleurs, jsavais même pas si chez les LP les géniteurs ou génitrices choisissaient les prénoms. J'allais pour répondre que ce prénom ne venait pas de mes parents, mais Rouge Pivoine reprit la parole, d'une voix guillerette et marrante... Alors j'oubliais aussitôt ma réflexion, pour me concentrer sur ma nouvelle amie :

« Tu penses que tu pourrais réussir à deviner pourquoi on m'a appelée comme ça ? »

Je fronçais les sourcils, aussitôt pris par le jeu. Ma queue fouettait l'air, mes muscles s'étaient crispés. Le plus visible était mon visage, contracté, témoignant d'une intense réflexion. Mais il fallait se rendre à l'évidence. Je n'avais fichtrement aucune idée de ce que signifiait Pivoine. Je me concentrais alors sur le premier mot, rouge. Et rouge c'était comme les baies bizarres de cyanure donc bon. Rien de réjouissant comme la dame. Ou aussi des baies dans mon jardin. Bref, du pas bon.

"Euh. T'es empoisonnée?"

Je secouais la tête, nullement convaincu par ma proposition. D'ailleurs, cette idée était si ridicule que je me mis à en rire.

"Ahahah n'importe quoi. T'es trop gentille pour être empoisonnée si c'était possible de toute façon. "