[Canicule] Bien s'hydrater en été || Fifou -end

Les... jour nées é taient di ffi ciles à pa sser, en ce moment. La ca ni cule lui pe sait la tête au tant que le bli zzard de dans. Ses mouve ments é taient ra len tis, quant à ses pen sées...

Ses pensées - ses pensées étaient comme l'eau de la Rivière lorsqu'il avait failli se noyer. Elle lui glissait sur le corps, sortait de ses oreilles, il tendait la patte mais ne refermait ses griffes sur rien ; ses pensées c'était un peu pareil.

Il n'arrivait qu'à sortir de l'eau proverbiale que devant ses enfants - Bec et Roux pour les épauler dans leur deuil, et les quatre autres pour faire au moins acte de présence. Les tâches se faisaient par automatisme, il suivait les escouades, sa langue ne s'était pas nouée autant qu'elle était pendue en haletant et il ne parlait plus beaucoup. Depuis Mistigris. Depuis Braise. Depuis Museau Bleu. La mort était une chose naturelle et douce et soudaine et cruelle, il n'avait jamais nié cette réalité. Mais à se faire plus disponible pour sa famille, il s'était coulé dans certaines routines qui étaient confortables. Il n'aimait pas les abandonner.

Il n'aimait pas-- l'eau de la rivière descendait à vue d'oeil et il entendit un Coup de Foudre du passé plaisanter avec un fantôme d'une chatte comme une princesse de Lune et d'Écume, et il la vit sourire et rire. Les images se confondirent avec des flots plus forts, un cri, des râles (et pas ceux qu'il aimait). Les yeux larmoyants de la chatte, sur la berge. Un murmure - et soudain la figure d'Oeil du Tigre brouilla ses songes du jour en s'approchant de lui.

— Coup de Foudre.  C'était son nom.  Etoile de Cendre nous demande d’aller chercher de quoi s'hydrater.  Ça coulait de source (... hehe...)  Bouges ton derrière de princesse, on part maintenant.

— Mn. »

Pas de protestation. Pas de retors ou toute autre réaction quant au sobriquet se voulant désobligeant. Il emboita le pas du plus âgé, les oreilles et la tête basse, la langue sortie, traînant son corps en activant les hydrauliques - ses tendons se tendirent, soulevèrent ses muscles qui mouvèrent ses os, la graisse qui les couvrait, l'épiderme au dessus et le poil nettement moins brillant que ce dont il avait l'habitude de garder.

Il traîna ses pattes - Oeil du Tigre, devant lui, était comme une tache aveugle qu'il ne parvenait pas à distinguer alors quand ce-dernier s'arrêta pour se mettre à gratter le sol, le bengal fonça la tête dans son flanc, se reculant, un peu confus d'être entré en contact avec un corps (il était pourtant sûr de le suivre à juste distance?). Il se secoua, mollasson, avant de reculer la tête, déserrer ses mâchoires dans un soudain et bruyant baîllement qu'il tut d'un claquement de langue (sèche) et d'un claquement de ses dents. Il eut la présence d'esprit de remarquer qu'elles étaient droites dans sa mâchoire. Il eut la présence d'esprit d'ouvrir la bouche pour interpeller Oeil du Tigre:

— « Oeil de...     Euh, Oeil.
Et s'il venait de l'interpeller il n'acheva pas sa pensée, l'oubliant desuite.
— .....................

Le vétéran devait subir la chaleur fournie par son épaisse fourrure? Les sombres marbrures attiraient la chaleur sur le bengal. Pourquoi ils étaient partis marcher? Qu'est-ce qu'ils cherchaient déjà? Mais c'est pas vrai, si ils pouvaient trouver quelque chose à boire, avant, il pourrait peut-être se concentrer!!

... Ah.

HRP:

Il n'arrivait plus à compter.

Compter de un à huit, compter sur ses pattes, compter sur sa tête, chanter des comptines, conter des histoires, il n'y arrivait plus. Non seulement il en oubliait ce qu'ils venaient faire (et pourquoi il marchait) mais il en oubliait presque qu'il y avait quelqu'un, dans son corps. Et que ce quelqu'un c'était lui - à cet instant, il se laissait fasciner par le mouvement de ses pattes dans l'herbe sèche et la terre dure.

— « Je te croyais bien plus endurant que ça, va falloir encore pleurer pour boire Petite Foudre.

Petite Foudre? Oeil entrouvrit ses babines sur un sourire cuspide à donner froid dans le dos et le bengal répondit par la pareille, offrant à son ... ... ami? C'était un ami? un sourire un peu moins éclatant en réponse, ronronnant dans le fond de sa gorge, son ventre et son diaphragme pour montrer qu'il était ravi d'être en si bonne compagnie. Petite Foudre...

— Niéhé... Petite Foudre... »

Oeil de Tigre marchait devant (enfin, peinait à marcher serait plus juste) tandis que le bengal tentait simplement d'assimiler l'information. Petite Foudre, c'était lui? Pourquoi devait-il "encore pleurer"?

--Ah, c'est vrai, il pleurait beaucoup, ces temps-ci, enfin, par mimétisme de Bec et de Roux après la mort de Braise. Puisqu'eux pleuraient, il assimilait que c'était un comportement convenable, alors il lui arrivait parfois de les imiter mais bien après que la crise soit passée. Il se rappelait - le souvenir à demi-calciné d'une matinée fraîche dans sa tanière à se relever, les yeux piquants du sel de ses larmes à ses yeux.

Un mouvement attira son attention - qui sait combien de temps venait de se passer pendant cette réflexion? Mais le mouvement était celui de la queue de Oeil du Tigre, qui lui fit signe de l'accompagner, et le grand félin alla s'avachir à l'ombre d'un arbre, au pied de ses racines, sur le ventre, un grommellement agitant ses babines d'un tremblottement.

— « Impossible de trouver la moindre goutte d'eau, on va tous crever par cette chaleur et moi le premier.
— Cre-ver...? »

Crever, Mourir, Mordre la Grosse, (Bite the Big One) Montrer le Ventre (quoique Tigre était plutôt couché sur le ventre)... Sans la lucidité nécessaire pour se parer de son masque habituel Coup de Foudre, à l'instant, souffrant d'un coup de chaleur semblable à celui de l'autre guerrier, répondit donc, et en toute sincérité :

— « --Non.

Et ses sourcils se froncèrent, et ses oreilles s'abaissèrent, et il renchérit d'une moue boudeuse comme s'il était en effet redevenu le "Petite Foudre" dont la mention avait été faite plus tôt. Il sortit les griffes, inspira son air, crispa ses muscles, arqua son dos et campa ses pattes dans la terre, à l'ombre, en se mettant à creuser. Les premiers mouvements furent les pires, maladroits, désaccordés, interrompus de soupirs, mais une fois le geste enregistré il n'eut même plus besoin d'y penser. Ses muscles roulaient sous sa peau et sa queue s'agitait d'énervement.

— Pas quatre fois. Non! »

Sa... tanière, qui était une renardière secrète, près des Rochers du Soleil, elle, elle était au frais, car, elle était sous-terre (...non?). Ergo s'il creusait, il trouverait de la fraîcheur, et Titigre - Oeil du Tigre ne "crèverait" pas le premier. Enfin, le quatrième.

Bien sûr un chat n'avait pas la forme des pattes d'un renard ou d'un chien, facilitant le mouvement, mais il ne laissa pas cette différence physiologique l'arrêter! Encore heureux qu'il n'était pas lucide, d'ailleurs, car s'il se rendait compte que ses pattes se tachaient de terre (et, plus il creusait, son ventre, puis son poitrail), il aurait desuite arrêté! Quelle honte! Il était donc avantagé à être aussi réactif, en ce moment. Et pour une rare fois? Obéissant.

— « C'est bon.. Coup de Foudre...

Correction : pas si obéissant.

Il continuait de creuser. Sa queue balayait derrière lui et on aurait presque dit qu'il s'entombait.

— « .. Foudre.. J'vais pas crever.

Si seulement il avait été plus lucide! Il aurait pu se rendre compte du surnom qu'Oeil du Tigre venait de lui donner! Il ne le voyait même plus haleter, ni serrer les crocs, ni tenter de se relever. Il ne le vit même pas retomber et se traîner vers lui, mais il l'entendit:

— « Abruti, Arrête ça... Tu m'prends pour un fragile ou quoi ?!

Mais plus que tout? Il le sentit. Au travers des vapes de la chaleur et de la fatigue, des crocs lui saisirent la nuque et l'électrisèrent dans tout le corps en réveillant tout en même temps tout ces souvenirs dont je me passe d'explications car ils pevertiraient ma narration. Oeil du Tigre n'eut pas la force de le soulever du trou dans lequel il creusait, mais il tira dans la peau de son cou suffisament pour une seconde bloquer tout influx nerveux de son corps à sa tête - rendant au bengal la possibilité de réfléchir sans ne plus se laisser distraire. Et suivant cette intimité subite, le contrecoup chez l'autre guerrier l'amena basculer sur le dos dans un nuage de poussière et de sable. Coup de Foudre se retrouva à côté, sur le flanc, dans la pente de terre, les yeux ronds depuis son retour à la réalité, battant le vide d'un coup nerveux de la patte arrière pour revasculariser son corps et se rouler sur le ventre.

Tigre n'était plus qu'une tortue et à ses côtés se dressa de toute sa hauteur le bengal, le surplombant, à contre-puits de lumière des rayons qui se filtraient au travers des feuilles roussissantes de leur arbre. Comme un oiseau se préparant à fondre sur sa proie, il baissa d'yeux brillants sur le guerrier à sa merci. Il lui rendit la pareille - il lui saisit le flanc opposé entre ses dents, crispa les dorsaux et tira le Tigre jusqu'au rebord du trou et la gravité se chargea du reste.

Mal-habile, toutefois, Coup de Foudre n'eut pas le temps de s'enlever du chemin alors son équilibre fut vite fauché et il rejoint le guerrier dans la fosse, sur le ventre, ronronnant car sa théorie était vraie : la terre, sous la surface, était plus fraîche, et il prit une seconde de ce répit pour renvoyer ses protestations au guerrier d'un léger chatouillement de queue au visage (il n'avait pas la force d'en faire plus) (à la base, c'eut sensé être un coup).

— « Qui pleure comme une Princesse, maintenant?... ~

Oui, bon, sa répartie laissait à désirer car il confondait deux railleries mais Tigre allait comprendre. Il était juste soulagé d'avoir trouvé un peu de fraîcheur, à l'ombre, et avec lui.

— Y'a pas de quoi.

C'est que l'ombre et ce petit point de fraîcheur le séduisaient à faire la sieste...

Même drainé de ses forces, Oeil du Tigre ne démordait pas. Il répondit aux taquineries semi-lucides du bengal de la même façon que s'il avait été en pleine forme, c'est à dire et lui mettant une patte au nez. Coup de Foudre n'eut pas la force de se tendre, de se braquer ou de parer, mais lorsque s'aplatirent dans sa face rien d'autre que des coussinets il se détendit. Pire - il se mit à glousser, contrastant le grommellement de son ... camarade? À côté.

— Mpff-- hihihi!

Pas de griffes.

... Mais beaucoup de sueur. Il recula la tête pour s'écarter, poussa la terre sous sa patte et se mit à se secouer pour entreprendre rapidement une toilette du visage - mais comme sa langue était sèche...

— M..Merci. J'vais éviter que quelqu'un t'attaques... Ca remboursera ton sauvetage.

Coup de Foudre répondit à la proposition d'un sourire, soufflant son air par le nez, retenant ce qu'il lui restait de salive pour acquiescer d'un hochement de tête et donner un tout petit coup de front d'assentiment contre le félin à côté, et sa tête retomba comme du plomb dans la fraîcheur du trou qu'il avait creusé. Il se sentait lourd, épuisé. Le sommeil le prit comme des vagues : le bout de ses pattes s'endormit, puis la queue (il l'avait recourbée contre lui), le dos, la tête... Ses oreilles échappaient encore à la somnolence à la surface mais lorsqu'elle les recouvrit, tous les sons s'embrouillèrent et sa conscience s'en alla voguer vers les mers étranges du subconscient.

Saufs, à l'ombre, et au frais. Il ne se rendit même pas compte qu'il ronronnait.