toucan ▲ Rider on the storm

I. LE PERSONNAGE.

• NOM : Toucan, né Berlioz
• GENRE : Mâle
• ÂGE : 20 lunes // juin 2016
• CLAN : Solitaire
• RANG : Perdu dans la forêt
• ORIGINE BIOLOGIQUE : Domestique dans une famille fan de Disney
• FAMILLE : Mère : Duchesse
Père : Malley
Une sœur noyée à la naissance pour comportement agressif : Marie
Un frère qui a subi le même sort : Toulouse

II. LES DESCRIPTIONS.

Toucan n'aime pas le monde, il aime l'idée qu'il se fait d'un monde soumis à ses désirs. Si Toucan parait philosophe, il n'est en réalité qu'un hédoniste de bas-étage, gouverné par ses instincts les plus primaux : Sex sex sex and don't forget the violence.
Depuis sa naissance dans un panier douillet chez les Bipèdes, l'univers s'est appliqué à lui procurer tout ce qu'il désirait : c'est bien le signe que sa venue était attendue, et ses volontés faites pour être obéies, de manière immédiate et absolue. Mieux vaut ne pas fâcher Toucan. Mieux vaut ne pas le contredire. Mieux vaut ne pas le faire attendre. Mieux vaut ne pas.
Un tyran, et une victime. Voila ce qu'est Toucan. Soumis à ses passions tempêtantes, autoritaire, hargneux, dépendant de la réussite, versant dans l'ultra-violence au moindre refus, replié sur lui-même. Privé de sa liberté, en termes spinozistes. Profondément triste, mais sans s'en rendre compte. Il n'a jamais voulu gratter la crasse enserrant son cœur, par crainte de ce qu'il aurait pu découvrir. Toucan ne se connait pas lui-même. Il ne veut pas se connaitre.
Malgré cela, Toucan plait. Aux femelles, aux mâles, aux enfants s'il s'ennuie, si les temps sont durs, s'il n'a pas baisé depuis un bail. Il peut être un peu vulgaire, certes, mais cela fait partie de son charme. Car ce qui sauve Toucan, ce qui le transcende, c'est sa langue. Le chat est beau parleur, c'est indéniable.Les mélopées qu'il susurre lui ouvrent bien des portes et bien des cuisses. Elles entaillent l'âme ou pansent les blessures, mais toujours avec flegme, calme et volupté.
Toucan est un être de douceur et de désir. Tant qu'il obtient ce qu'il veut. Mais ce qu'il veut vraiment, il se refuse à le voir. Personne ne veut se confronter à sa propre mort, surtout pas un lâche.

La première fois que son Bipède vit Toucan, il le trouva franchement banal. Gris. Blanc. Un chaton de 8 semaines à l'air endormi, vaguement méprisant. Puis cette tâche sur le museau. Et faut dire qu'il n'est pas très grand l'animal. Et pas très gros. Non, Toucan est sec, nerveux, d'aspect commun, pas de doute. Il se confond avec les gros chatons et les galets, partageant l'énergie des premiers et la morne froideur sentimentale des seconds. La seule chose digne d'intérêt chez lui, cela pourrait être ses yeux. Deux puits de noirceur, si sombres qu'ils semblent plonger dans les tréfonds de ses entrailles. Des yeux froids, que le sexe ou la chasse viennent éclairer par intermittence.
Et il saurait dommage de ne pas évoquer ses coussinets, qu'il a encore fort délicats et rosés en dépit de sa vie nouvellement sauvage.

III. L'HISTOIRE.

Hey mademoiselle, t'es bien charmante, ça te dit un tour dans un petit coin sombre ? On pourrait faire connaissance, en toute amitié bien sur, ça te dit ? Allez, pars pas ma caille, je commence, en gage de bonne foi. Par contre, je te préviens, va falloir me consoler après, je ne suis qu'un pauvre hère perdu dans ces bois, je vais avoir besoin d'une douce présence à mes côtés pour convoquer la mémoire de ces sordides souvenirs...

Tout commence dans un intérieur de maison. Je vois mon frère. Je vois ma sœur. Je les regarde se battre, cracher, déchiqueter méthodiquement et avec sauvagerie notre panier et les mains des petits Bipèdes. Moi, je suis calme, car trop faible, trop petit, encore souffreteux. Inoffensif. Pour le moment.
Le grand Bipède les a noyé. C'est évident. Plus de bruit dans la maison. La baignoire sent encore l'ammoniaque. L'odeur de la mort flotte dans la pièce. Il ne m'a pas touché. Je reste calme. Je n'ai pas à être violent, il me prodigue tout ce dont j'ai besoin.
La période froide est passée. Je me détache de ma mère. Sevrage. J'ai enfin pu aller dehors. J'ai vu des bêtes qui volent dans les airs. Des oiseaux. Je veux faire comme eux.
Mes parents ne sont pas dignes d’intérêt. Ils vivent dans un monde en vase clos, dans le confort modéré des Bipèdes. Ils n'ont pas de grandeur, pas d’appétence intellectuelle, même pas la superbe du deuil de leurs deux enfants morts. Je veux sortir de cet univers trop petit, trop bas. Le détruire, en instaurer un autre, plus beau, plus chaud. Voir le monde et me placer en son centre. Ne pas attendre qu'il m'envoie un carton d'invitation pour le rejoindre. Alors je suis passé au travers de la barrière.
Je n'ai toujours pas de descendants. Je ne comprends pas, je fornique depuis mes 7 lunes, depuis que j'ai franchi les frontières du jardin. Je me les suis toutes faites dans les rues adjacentes, je me suis tapées leurs mères, leurs frères, même les moches, les frustrés, les frigides. Où sont mes fils ? Je n'aime pas ça. Est ce que les Bipèdes les noient ? Ou que les femelles les mangent ? Qu'ils meurent à la naissance ? (Qu'ils s'envolent ?) Je n'aime pas ça, pas du tout. Une sale sensation, qui me broie les tripes : ce monde ne se plie pas parfaitement à mes désirs. Le vide m'envahit. Mes griffes jaillissent, mes crocs luisent, ma bouche s'emplit de haine, je dois combattre le vide, battre le vide, faire souffrir car il me fait souffrir, le rejeter car il me rejette. M'anesthésier.
Cette ville ne m'est plus d'aucun intérêt : toujours pas de chatons plus de femelles avec qui tenter de me reproduire plus de mâles avec qui baiser plus de vie plus que du mépris pour mes géniteurs êtres étriqués séniles stériles vides. Stérile. Il faut que je parte. Que je quitte ces rues aux poubelles putrides, ces Bipèdes gauches. Adieu mes parents, mes conquêtes, mes buissons, mes catins, mes combines, mon nom ridicule. Stérile. Je vais renaître. Tuer Berlioz, effacer toute trace de son existence. Devenir Toucan. Combler le vide. Choisir la vie.

IV. DERRIÈRE L'ECRAN.