Faire de nouveaux liens | ft Cremi ♥ [end]

Faire de nouveaux liens. (42)


Voilà quatre lunes que j'étais dans le clan de la Rivière. Un peu naïvement, je pensais tout de suite trouver des amis et que j'allais m'entendre avec tout le clan. Même devenue mère, il restait un peu de gaminerie en moi. Mon oncle et Pluie Battante, que je pouvais considérer comme mon parrain, m'accueillir effectivement à pattes ouvertes. Mais il y avait tant d'autres chats à convaincre. J'aurais pu aller vers eux, mais une petite voix me dit que forcer la patte n'aurait pas été la bonne solution. Alors, malgré ma taille imposante, je me fis petite, comme pour prouver que je pouvais me fondre dans le décor de la rivière. Puis je me contentais bien de Lavande, Hibou et Pluie. Ma fille étant devenue apprentie, j'espérais qu'elle n'avait pas trop de mal avec les autres chats. Les apprentis plus grands la snobaient souvent, mais je reprenais espoir quand je voyais les plus jeunes oublier les frontières du sang, et tenter une amitié avec elle. Elle allait s'intégrer, je le souhaitais de toutes mes forces.

Mais à force de veiller que tout aille bien pour ma protégée, moi, la mère, ne faisait pas trop d'effort. Puis... Mon oncle était décédé, suivit pas longtemps après de mon grand oncle... Famille si tôt retrouvée, si tôt perdue... Mais à jamais, je chérirai ses quatre lunes passées avec eux. Puis, j'ai appris à connaitre les Etoiles, et comme Hibou Nocturne se languissait de retrouver ses sœurs dans le firmament, je me consolais en me disait qu'un jour aussi, on se retrouvera. Mais me voilà avec moins d'attaches, et je ne voulais pas monopoliser Pluie Battante. Je voyais bien le regard de sa fille aînée sur moi. Ne t'inquiètes pas, je ne compte pas te le voler. J'avais bien fait un peu connaissance avec la compagne de mon oncle, ma tante Jolie Abeille, et mes cousines Nuage de Lierre et Nuage de Sureau. Je fus même un peu gênée de voir que mes cousines étaient plus proches de l'âge de ma fille que du mien ! Mais on ne contrôlait rien.

La famille, c'était bien beau. Mais j'allais bien devoir me rapprocher d'autres chats. On devait tous se connaitre après tout, et je ne comptais pas rester le reste de ma vie assise dans un coin en espérant que quelqu'un me parle ! Au milieu du camp, je tentai de choisir celui ou celle que j'allais apprendre à connaitre ce jour là. Je voulus tenter avec des chats de mon âge, mais tous étaient soudainement occupés. Vrai puor certains, minables excuses pour d'autres. La crainte d'autrui était présente dans tous les clans. La moi plus jeune se serait énervée, mais dorénavant, je me contentai de soupirer. Je devais juste plus faire mes preuves. Et la Rivière était au moins un clan qui me donnait envie de m'investir pour eux. On m'évitait certes, mais insultée, jamais.

Bon, je devais quand même trouver un chat avec qui passer la journée, je voulais m'intégrer ! Mais les guerriers plus âgés m'intimidaient. Je ne voulais pas les déranger s'ils mangeaient ou parlaient à plusieurs. Mon regard balaya le camp. Il y avait bien un chat tout seul comme moi quand même ! Mes yeux verts finirent sur un chat très long et grand, à l'air plutôt doux. Je vérifiai que personne ne lui tenait compagnie, pour ne pas gêner une conversation. Non, rien. J'inspirai un grand coup. Allez Muguet ! J'allais donc vers lui, tout de même un peu intimidée.

" Bonjour ! Tu es hum, Pelage de Crème ? Si je me trompe de prénom, corrige moi de suite ! Mais tu es le seul avec un tel pelage alors, j'espère bien avoir juste ! "

Je lui souris, quoiqu'il fut un peu forcé. Si jamais je m'étais trompée, on allait encore me regarder de travers. J'arriverai à retenir tous les noms, promis ! Mais au cas où.. vite, enchaînons.

" Enfin, voilà, je cherchais un chat pour refaire un tour du territoire, je voulais vérifier que j'avais bien compris les frontières. Je peux les marquer normalement ! Je crois avoir totalement votre odeur, non ? "

Je tendis mon cou pour accompagner mes paroles. Pluie Battante disait que je sentais comme eux, mais il s'était peut - être habitué à mon odeur et ne la décelait plus. Un chat que je côtoyais moins pourrait m'aider sur ce coup là.

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Le grand guerrier eut le bec clapé un moment. J'étais habituée au rentre dedans au Clan de l'Ombre, il fallait dire que ceux qui réagissaient mollement étaient vite les boucs émissaires des autres. Donc je m'y étais adaptée chatonne. Mordante, énergique, prête à me justifier et laver mon honneur si on venait me cherchait des noises. Mais devant la tête choquée de mon interlocuteur, je me dis qu'il fallait que je change ma façon d'aborder les gens... Heureusement, il ne me remballa pas et accepta de vérifier si mon odeur était comme la leur. Timidement il s’exécuta. Suite à cela, il me confirma son nom -et je soupirai de soulagement, je ne m'étais pas trompée-, et avait même retenu le mien. Je rayonnai. J'étais pas une inconnue dans le clan, et on ne m'appelait pas "l'étrangère". Cela changeait de mes anciens surnoms comme "sang de lune" ou "sang sale" et autres noms d'oiseaux. Je souris. Et malgré que je l'ai brusqué, il accepta de m'accompagner. Souris sur le tas de gibier, mon odeur devenait bien celle de la Rivière. Je jubilais de plus en plus. Que j'étais heureuse ! Venir dans ce clan était la meilleure de mes décisions. Quand il fit geste de partir, je le suivis au bord du ronronnement.

" Oh elle ne me dérange nullement ! Je ne suis que trop contente de la porter ! "

Nous passâmes le tunnel que je passais avec moins en moins de mal. Les premières fois, ma fourrure trop ébouriffée se prenait dedans. Puis à force de nager dans la rivière -moins pendant la canicule, naturellement-, cela l'a lissée. Je devenais une vraie membre de la Rivière, avec des pattes palmées et des ancêtres communs avec mes camarades de clan. Je trottinai derrière mon guide du jour, vierge d'inquiétudes. Pas comme Pelage de Crème, que j'avais définitivement poussé hors de sa zone de confort.Rapide, vive ? Rentre dedans surtout, je le savais. Je n'étais pas une jeune fille réservée. Suite à sa question, je fis une mine désolée, mais souriante.

" Oh, désolée, j'ai été habituée à des guerriers plutôt agressifs à l'Ombre. Mais je me radoucis doucement. Il fait bon vivre dans ce clan, c'est une question de temps ! "

Je ris légèrement.

" Il faut dire aussi que j'ai trop de bonheur à exprimer, je ne sais le contenir aha !~"

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Quand le doux guerrier se détendit malgré mon énergie à revendre, je laissai tomber mon masque désolé. Son timide rire me fit lever la queue de bonheur. Grand plumeau se dressant derrière ma tête. Rapidement, mon esprit jovial l'a contaminé. Il se mit lui aussi à marcher avec légèreté, même courir une fois que la rivière était en vue. Un petit rire me reprit. Voir le guerrier crème se lâcher à sa manière me réchauffa. Et avec l'air qui se rafraîchissait de plus en plus, ce n'était pas de refus ! Mais est - ce que le froid allait nous empêcher d'aller dans notre précieux cours d'eau ? Pas du tout ! Je le rejoins sur les berges de la rivière, j'allais foncer dedans avant de voir le drôle d'air que Pelage de Crème avait pris. Quand la révérence acheva ses paroles très nobles, je ne pus me retenir de lâcher un fou rire. Je ne m'y étais pas du tout attendue ! Mais je rattrapai vite ma réaction en plaçant vivement ma patte sur ma gueule. Je "ravalai" mon rire et passai ma patte sur mon col de fourrure histoire de le lisser et me montrer plus "digne" de sa présentation.

" Ahaha ! Hum, oui, je suis plus qu'honorée de pouvoir plonger les pattes dans la Sainte Rivière. Je vous remercie Monsieur, de votre noble guidance. "

J'avais fermé les yeux pendant ces paroles pour me concentrer et ne pas me remettre à rire en voyant mon nouveau camarade. Mais quand je rouvris un oeil pour vérifier sa réaction, je ne pus m'empêcher de pouffer un peu. Mais j'y coupai vite court en me mettant à la tâche. Les frontières. Je commençais à remonter le cours d'eau en quête d'odeurs suspectes. Pas grand chose , bonne nouvelle du coup. Je me frottai à un arbuste avant de plus me pencher vers la rivière. J'y reniflai un peu, mais en secret, je guettais que le guerrier passe près de moi. Il avait su me mettre en confiance, alors il allait déjà voir les facettes de Bouquet de Muguet ! je voulais me montrer véritable à tous après tout, pour m'entourer que de ceux qui m'acceptaient -et me supportaient- toute entière.

Il allait découvrir après la sans - gêne, la farceuse.

Je mis ma patte dans l'eau pour éclabousser le chat qui passait, avant de faire une mine innocente.

" Oh, tout va bien, pas d'odeur du Tonnerre sous l'eau ! "

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Le bleu de ses yeux étincelaient d'amusement. Mes moustaches s'agitèrent en réponse. Ravie de voir qu'ici, des guerriers plus âgés savaient aussi s'amuser ! Cette patrouille s'annonça chouette et pleine de bons moments. J'avais eu raison d'oser m'ouvrir à d'autres chats que ma "famille proche". Mauvaise habitude qu'il me restait de l'ombre peut-être, de n'être véritablement moi qu'avec Dents de Sabre, Coeur de Mimosa et Crocs de Ronce ? Plus je passais de temps à la Rivière, plus je voyais que je pouvais considérer tous ces chats comme ma famille. Bon, il y avait bien sûr quelques félins avec qui cela ne collait pas, mais tout aurait été trop parfait, et parfois on n'avait bien besoin de points négatifs pour mettre en valeur ce qui en valait la peine.

Un exemple arriva tout de suite. Le chat crème me pria d'aller vérifier au fond de l'eau s'il n'y avait pas des guerriers du Tonnerre, et me voilà poussée d'un coup d'épaule ! De ma gorge sortit un cri de surprise. J'allais être frigorifiée dans l'eau ! Mauvais moment en soit. Mais ensuite je fus rattrapée. Peu savait le faire, me retenir, vu que je n'étais pas une petite chatte. Cependant, dans ce cas précis, j'en étais ravie. La courte peur passée, l'amusement revint à la charge. Juste une farce. Une farce contre moi, Bouquet de Muguet ? Il allait voir de quel bois je me chauffais. Dans un rire, il expliqua qu'il était un gentleman qui ne poussait pas tout le temps le nouveau dans l'eau. J'haussai un sourcil, sourire aux babines, avec un air de défi. Quand on me faisait un coup, je le rendais souvent, même si je l'avais mérité. J'observais les environs pour voir quel pouvait être le prochain objet de mon piège.

Plus de marais pour embourber les gens, mais je n'étais pas sans ressource. Je prenais doucement connaissance de mon nouveau terrain. Rivière, saule, roseaux.. Les roseaux, j'allais sûrement en faire quelque chose un jour ! Un jour, ou voir même ce jour. Je profitai qu'il prit de l'avance pour m'atteler à ma nouvelle idée. Ce qui était intéressant, c'était que la "fleur" était assez grosse. Dans d'autre cas, la longue tige pouvait aussi l'être, pour embêter les gens à distance, mais je me contenterai du sommet cette fois. Je arrachai délicatement la plus grosse que je trouvais près de moi. Après, il fallait réussir son coup, un beau lancer. Je n'étais pas la plus adroite des chattes pour rien ! D'un lancer bien calculé, je fis en sorte que la tête de roseau finisse dans ses pattes avant de m'écrier :

" Pelage de Crème, tu vas écraser une souris, fais attention ! "

Jamais agréable de marcher sur une souris qui couine extrêmement fort pour nos délicates oreilles. Ou qui peut vous mordre. Ou juste gâcher un possible dîner, le piège avait des chances de fonctionner !

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La panique arriva assez vite chez Pelage de Crème. Je ris d'avance de ma blague réussie avant de le voir beaucoup beaucoup piétiner, lever ses pattes et finalement tomber à la renverse. Je couchai mes oreilles en arrière et fermai les yeux au moment de la chute. Grandes pattes, grande chute. Je m'élançai rapidement auprès du chat avec qui je voulais juste m'amuser, pas blesser. Je cherchais son regard pour avoir signe qu'il allait bien mais il préféra se cacher sous ses pattes. Aïe, je l'avais blessé mais intérieurement. Le guerrier se rassit et fit sa toilette tandis que je fis de courts pas pour me rapprocher. Il fallut un petit moment avant que le pécheur daigna me lancer un regard en arrière. Je penchai la tête sur le côté, interloquée, mais il regarda encore plus rapidement devant lui. Il miaula timidement qu'il n'était pas maladroit, et que les petites proies terrestres. La bourde Muguet, la - bourde. Je fi les pas manquant pour le rejoindre.

" Je le saurais maintenant, je ne te lancerais plus de rongeurs dans les pattes. "

Je m'assis et fermai les yeux pour démontrer mes excuses. Mais rapidement, ma malice habituelle refit surface.

" Mais une grive ou une loche, j'y suis autorisée ? "

Pour pouvoir rire sans mettre autrui dans l'embarras, c'était le plus important !