[Canicule] Courant d'air frais | ft Crépu - end

Courant d'air frais. (31)


La viande remplissant nos estomac qui rapetissaient à force de ne pas manger... elle fit fort plaisir que ce soit à Eclat du Crépuscule ou bien moi. Tiens, en y repensant, la rouquine m'avait dit son nom sans crainte, contrairement à Nuage de Lapin, craintif que leurs camarades l'apprennent et lui fasse la peau. Les moeurs du clan du Vent s'étaient - elle calmées ? Permettaient - elles dorénavant à deux chats de juste rire et s'entraider sur des terres neutres ? Enfin, rire. Ma remarque sur son oreille blanche ne contribua pas à la taquinerie. La femelle se plongea plutôt dans un silence qui me fit craindre d'avoir casser l'ambiance. Elle reprit une bouchée, avant de reprendre la discussion comme si de rien n'était. Avec un peu moins d'amusement peut-être.

Elle me conta une anecdote sur sa mère, qui voulait lui faire croire que le soleil était jaloux de son roux éclatant. Je ris doucement, attendri. La douceur d'une mère, que je n'aurais jamais eu. Et une comparaison digne du plus beau des compliments ! Quand la féline me repoussa la grive, je réagis à sa phrase avant de ravoir la gueule pleine.

" Même s'i tu dis que c'e n'est que de la génétique, je trouve également que le s'oleil a de quoi te jalous'er !~ " ronronnais - je.

Mais si elle avait parlé de sa fourrure, elle passa rapidement à la mienne, bien plus foncée effectivement. Un vent plus frais souffla sur nous au même moment et je fermais les yeux, souriant.

" Je pens'e qu'à c'e niveau de chaleur, la couleur des pelages n'a plus d'influenc'e. On a tous' chaud. Mais oui, on a moins de s'urfac'e ! Et on peut aus's'i profiter de notre petite taille pour s'e cacher efficac'ement s'ous l'ombre des buis's'ons ! "

J'essuyais d'un coup de patte la bave accumulée là où ma mâchoire s'entrouvrait. Je passais ma langue sur mon museau couturée et sursautai à une pensée.

" Mais au Vent, c'e n'est pas trop dur ? S'ans arbre, que des grandes plaines à perte de vue ?? "

On se plaignait tous, et on souffrait tous. Et malgré ce que j'avais dit sur les fourrures, certains pourraient bien souffrir plus que d'autres de la canicule...

hrp:

Courant d'air frais. (31)


Les yeux qui fuyaient et les oreilles qui auraient pu rougir si elles ne cuisaient pas déjà sous cette chaleur, la réaction flattée de mon interlocutrice me fit ronronner. Comme quoi, les mots qui sortaient de cette gueule déformée pouvaient être bien construits. Puis c'était rassurant pour moi, de m'attirer de la sympathie, voir même charmer d'autres chats de clans adverses. Ils y penseront à deux fois avant de me sauter à la gorge, je l'espérais. Après tout, quand je voyais Eclat de Crépuscule, aussi grande que moi, partageant cette grive qui allait bientôt disparaitre complètement… Impossible de l'imaginer m'arracher la fourrure. J'essayais de m'en persuader. De toute façon, nous avions un problème commun bien plus important et elle répondit à ma question sur ce sujet. Son soupir en dit long. Les pauvres. Je n'avais jamais pensé qu'un clan était meilleur qu'un autre mais là, j'étais très heureux d'être un chat du Clan du Tonnerre. Enfin, entre les marais humides de l'Ombre et l'aguicheur cours d'eau de la Rivière… Nous étions les avant derniers dans cette liste des Clans les mieux lotis contre la canicule.

Je penchais ma tête sur le côté lorsqu'elle dit que même les proies étaient parties de ces terres arides. Le pire des territoires, vraiment… Elle prit une nouvelle bouchée de la grive et me tendit le reste. Nos estomacs avaient du rétrécir à force de jeûner si moins qu'une demie grive nous suffisait. Au début, je me réjouis de pouvoir bénéficier de la fin de notre proie. Mais face à ses paroles, et à mon ventre satisfait de sa maigre pitance, je la repoussais vers elle. Je passais une griffe dans mes moustaches de droite pour les reboucler suite au repas. Il était temps d'être le beau petit chevalier.

" Toi et les tiens, vous devez venir jus'qu'aux Quatre Chênes pour avoir un peu d'ombre et de gibier. Moi ç'a ira. Les' arbres nous prodiguent tout ç'a ! J'ai aus's'i bien mangé en ta compagnie mais je s'uis s'ûr qu'un de tes' amis s'erait ravi de pouvoir croquer un coup. Donne lui une bonne toilette, mon odeur en partira. Puis va trouver un ami qui ne râlera pas que tu aies commenc'é s'ans lui ! Ou même que tu aies bavé partout sur la viande ! "

Je finis sur un clin d'oeil en riant, car nous avions tous une connaissance qui voyait d'abord ce qu'elle n'avait pas eu avant de voir ce qu'on lui offrait. J'allais me lever pour partir et la laisser offrir la grive à un chat qui devait être aussi affamé que nous avant cette rencontre.

" C"était un vrai plais'ir Crépupu ! S'i toutes nos rencontres s'e font autour d'une proie, j'ai très hâte de te revoir. Prends s'oin de toi ! "

Car les temps étaient durs pour tous. Et si elle, je la laissais partir avec la grive, moi je revenais les pattes vides. Et une petite absence était plus excusable qu'une longue chasse sans butin.