[CANICULE] C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas! Feat Petit Espoir - end

J'étais lovée contre le ventre de môman. Eh oui, ce n'est pas parce qu'il fait très chaud que des chatons n'ont pas besoin d'être contre leur maman. Mon ventre se soulevait et se baissait en un rythme relativement soutenu. Ma gueule était entrouverte, afin d'augmenter la quantité d'air inspiré. Je somnolais plus que dormais profondément, puisque la chaleur m'en empêchait, le tout en haletant. Les conséquences de la chaleur auraient pu être dévastatrices.

Mais j'ai passé ma première lune, ainsi, la période la plus critique de ma vie était derrière moi. Je pouvais enfin croquer la vie à pleine dents... à courts intervalles de temps, puisque qui dit chaleur, dit fatiguer extrêmement vite. Toutefois, le clan s'occupait beaucoup de nous puisque nous faisions partis des membres prioritaires sur l'eau. Etant née dans ces conditions, je n'en connaissais guère d'autres alors... Cela n'entravait en rien ma bonne humeur.

J'ouvrais un oeil, et observais mon frèrot. Ptêtre qu'il dormait encore. Je me levai, et m'étirai un peu. Bien sûr, môman se réveilla en même temps, et me voyant déjà debout et prête à m'activer, elle ne manqua pas de me donner pléthore de conseils... les même que la veille bien sûr.

"J'saaais mômaaan... J'peux jouer m'nant?"

Et sans prendre en compte ni un signal de ma mère, ni un signe de réveil de Petit Espoir, je contractais tous mes muscles et... roulais sur lui!

"A L'ATTAAQUE!"

C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas !

Un Espoir, voilà ce qu'il était, un petit chaton dont les problèmes étaient là, bien présent mais qui lui, n'en ressentait rien. Extérieurement, sa patte le trahissait tout de suite, son œil aveugle sur le monde aussi. Et à l'intérieur, son oreille sourde lui faisait parfois comprendre de travers voir même ne pas entendre autrui. Malgré tout, un battant. Il avait inspiré son premier air avec force, criant aussi fort que la douleur de cet air nouveau qui pénétré ses poumons pour gonfler les minuscules alvéoles. Il tétait goulûment et grossissait bien finalement. Ignorant les problèmes qu'il avait, chaton insouciant voulant juste vivre.

- Maiiiiiisssss !!!!

Le chaton ouvrit un œil, celui qui n'y voyait que du noir, puis l'autre et ses pattes pédalèrent dans le vide avant de rencontrer Roc qu'il poussa. Elle avait beau déjà faire son poids, lui y mettait toute la force de ses trois patte valide, la dernière restant replié contre son ventre, comme pour se protéger, où la préservée. Et une fois un peu plus à l'abris, sa jumelle écarter, les deux yeux bleu du petit - qui se tenait sur le dos tel une tortue incapable de se retourner - se posèrent sur l'écraseuse.

- T'es louuuurdeuuuuh !

Il lui tira la langue néanmoins, joyeux dès le réveil malgré le manque de douceur de celui ci ...

Petit Espoir riposta avec trois pattes en essayant de me repousser! Avec mon équilibre légendaire, je tins bon quelques secondes avant de perdre l'équilibre, et me retrouver, museau dans la poussière.

- T'es louuuurdeuuuuh !

Mon frérot me tira la langue, et je le lui rendis en la tirant de plus belle. Je me relevai, m'ébrouai (ou plutôt me secouai violemment, tout en titubant ici et là puisque je ne contrôlais guère la force de mes secousses) et m'assis devant lui.

"C'est pas vrai d'abord!"

Je posais ainsi mes pattes sur son flanc, et poussai très très fort pour l'allonger sur l'autre côté. Comme un réflexe de le remettre droit pour lui permettre de se relever. Ceci fait, je levais très très haut mon arrière train, et le bougeais de droite, à gauche, de droite à gauche.

"Attention hein! Jv'ais contratt'attaquer dans TROIS... DEUX..."

C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas !

Le chaton regarda sa sœur, l’œil pétillant quand bien-même il devait à demi se dévisser le cou pour bien la voir. et quand elle lui dit que ce n'était pas vrai, non sans avoir auparavant ballotter son corps de gauche à droite puis ... Le chaton ronronna gaiement. Puis sa jumelle le poussa et le chaton se remit sur ses trois pattes, la dernière se posant au sol selon un angle anormal ne lui permettant aucun vrai appui.

- Hein ?

Il tourna de nouveau la tête vers Roc puis se redressa, mais sa mauvaise patte le trahis et alors qu'il voulait faire un pas pour être le premier sur sa sœur, il s'effondra et piailla d'indignation. Ce qui ne l'empécha pas de forcer à nouveau, malgré sa patte se dérobant, espérant toujours prendre Roc de vitesse sans réaliser limpossibilité de la chose en l'état.

Mais je n'eus pas le temps de finir quand Petit Espoir fonça sur moi! Et s'écroula par terre, juste devant moi. Je pouffai de rire, mais il était déjà debout en essayant de foncer à nouveau! Mon popotin se balança, mes muscles se bandèrent, et je bondis ! Ce que je pensais être un saut immense et incroyable n'était en réalité qu'un petit bond maladroit, où mes pattes postérieures ne s'étaient qu'à peine étendues. Peu importe, mon objectif avait été de toucher les épaules de Petit Espoir pour le déséquilibrer - ce qui n'est pas chose difficile en l'était, il convient de l'admettre. -

"Heheh ! Tombe pas si t'veux me toucher mwaha!"

Ainsi, je tentais de reculer hyper rapidement (en réalité, mes pattes s'emmêlaient les pinceaux, ce qui rendait la manœuvre quelque peu... compliquée. Mais à mon échelle de chaton, la vitesse était belle et bien là.) Je m'aplatis au sol, les yeux rivés sur mon frère, attentive, et prête à faire une roulade impressionnante sur le côté pour esquiver ses prochaines attaques.

Il faisait chaud. Toute cette énergie dépensée à se battre consommait tellement d'eau... Des chats passants devant l'entrée secouaient la tête en nous voyant jouer par cette chaleur. Papillon Blanc voudrait nous dire d'arrêter, et de rester calme... mais un chaton, ça ne peut être cantonner à être immobile pour ne pas avoir soif. Alors, ces guerriers et apprentis qui passaient devant la pouponnière, ils étaient désespérés à se dire que nous dépensions toute notre énergie, et que nous aurions très vite besoin de boire, alors que l'eau était rare même dans le clan de la rivière. Mais quelque part, nous montrions aussi que la vie continuait malgré les difficultés.

C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas !

Et Espoir tomba, encore. Mais pour le chaton, ce n'était pas un drame. Il le savait, sa patte avait un problème et alors ? Il vivait avec. Faisait avec. Essayer tout au moins. Il ne réalisait pas encore comme cet handicape là, ses handicapes seraient un poids à l'avenir. Et pourtant oui, il continua a vouloir attraper sa sœur. elle l'esquiverait peut-être et alors ? Il s'amusait et n'était pas mauvais perdant. Si elle s'amusait, tant mieux. Alors il força, prit appuie sur cette mauvaise patte de toute ses forces et se propulsa en avant, pour atterrir sur le flanc, le souffle court mais souriant, tenant sous sa patte valide une toute petite touffe de poil gris.

- J'tai touché !

Et le chaton tourna sa tête pour essayer de voir sa sœur, grimaçant toutefois quand il du s'appuyer pour ça sur sa mauvaise patte. Mais t'reste la plus forte ! Et il ronronna, comme pour cacher la vrille de douleur qui venait de lui remonter le long de la patte. Oui, il ne serait jamais aussi rapide et fort qu'elle. S'était pas grave, lui il serait toujours là si jamais elle tombait. Parce que tomber, il en avait l'habitude. Et qu'à force, ça ne lui faisait plus rien. Il savait se relever, il continuer à sourire, à rire. Il en oubliait sa dernière chute pour mieux aller vers la suivante, avec au fin fond, l'espoir qu'elle ne vienne pas. Et en cet instant, il ronronnait à gorge déployer, heureux de vivre, chaton naturellement insouciant.

Je vis que mon frérot s'apprêtait à bondir! Mes crocs se dévoilèrent en un grand sourire. Je pouffais de rire à l'idée de ce qui allait se passer. Et dès que je vis bouger une masse blanche devant mes yeux, vite vite! Une roulade sur le côté.

Ce que je n'avais pas prévu, c'est la direction que prendrait mon frère. Qu'il fasse exprès, ou uniquement à cause de sa patte malade, sa trajectoire avait été déviée : et donc il fut capable de me toucher. Enfin, c'est ce que lui il disait! Mais il avait des poils gris sur la griffe, donc forcément qu'il avait raison! (De toute façon, je ne connaissais pas le principe de mensonge ... pas encore)

Mais t'reste la plus forte !

Je ronronnais en frottant ma tête contre lui.

"Toi aussi t'es for! Faut qu'tarrêtes de t'écraser par terre ! Regarde, fais comme moi..."

Et hop c'est partie pour une petite démonstration. Eh oui, j'étais loin de me douter que mon frère avait une malformation et que par conséquent, que la possibilité de marcher correctement n'était pas inhérent à sa volonté. Mais dans la tête d'une ptite boule de roc de quelques lunes, il ne savait juste pas marcher!

Je me redressais et lui montrais: "Regarde là tu poses cette patte... puis cette autre." Puis j'exagérai les mouvements des postérieurs en remontant abusivement ma patte postérieure gauche vers le haut, puis en la tendant abusivement vers l'avant. "Et tu fais ça...." Mais faire une démonstration était bien plus compliqué que ce que je pensais... ces mouvements exagérés me déséquilibraient... tant et si bien que je m'écrasais au sol lorsque je voulus finir par un "Et puis ç- aaaaa!"

Etonnée, je regardai tour à tour mon frère et le sol. Puis j'éclatai de rire.

"C'trop dur marcher!"

C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas !

Espoir appréciait les efforts de sa sœur, il ronronnait, sans comprendre lui non plus que jamais il ne serait comme elle. Il avait ses défauts, ses problèmes. De quoi le perturber, à l'avenir. Mais l'âge du baptême n'était pas encore là et la prise de conscience avait bien temps de se faire. alors en sentant la tête de sa jumelle contre la sienne, il poussa un ronron plus fort encore.

- Attend !

Le chaton se tourna tout à fait pour pouvoir regarder sa sœur de son œil valide, là, il s'assit, sa mauvaise patte légèrement relever en revanche. Il était prêt et d'ailleurs, elle commençait à lui faire démonstration, ce qui paradoxalement, lui faisait déjà remuer les moustaches pour retenir ses rires. D'ailleurs, en la voyant faire, il lâcha un gloussement qui forcît et se changea en un éclat de rire quand à son tour elle se retrouva par terre. Heureux malgré tout qu'elle ne ce soit pas blesser, il se remit sur patte, gardant sa mauvaise patte lever pour faire un mini saut vers elle, puis un autre. Mais s'était tout aussi épuisant alors il s'arrêta a mi-chemin.

- T'vois qu'c'est dur !

Mais si drôle aussi de ne pas être le seul à s'écraser. Pourtant, il voulait faire bonne figure, il demanda donc joyeusement.

- Je ré-essaie !

Petit Espoir lui aussi avait éclaté de rire. C'était un rire franc, sonore (et pour les adultes, ces rires n'étaient que des piaillements aigües insupportables pour quiconque voudrait dormir). Il entama un nouvel essai, cette fois-ci en gardant sa patte tordue en l'air et en sautillant. Je penchai la tête sur le côté, intriguée par cette étrange manière de procéder. J'avais chaud rien qu'en le voyant faire!

Au final, il ne réussit pas à me rejoindre, puisque s'arrêta à mi-chemin, exténué.

- T'vois qu'c'est dur !

J'hochai vivement la tête. Oh que oui! Il enchaîna en recommençant ses pitreries. La chaleur était toutefois assomante, et à peine avait-il fait un saut de plus qu'un large baillement arracha mes mâchoires. C'est que, nous pouvions avoir beaucoup d'énergie, mais cette énergie, du fait de la chaleur, se consummait extrêmement rapidement. Je me rapprochais d'un pas lent vers Petit Espoir, et me laissai tomber au sol (telle une larve), ensommeillée.

"Jsais pas toi.. mais moi [autre baillement] j'ai sommeiiil..."

Et je m'endormis presque instantanément...

Spoiler:

C'est pas parce qu'il fait chaud qu'on ne s'amuse pas !

Sa sœur confirmant d'un hochement de tête, il poursuivit ses efforts mais quand elle baillât, il fit de même, par mimétisme sans doute. Où par fatigue, ses flancs se soulevant rapidement sous l'effort, la chaleur n'aidant effectivement pas quand bien même, il ne connaissait guère qu'elle depuis sa première inspiration. Alors quand Roc fut plus près de lui, s'écrasant devant lui, il s'autorisa à tomber sur elle, bien qu'il ne tarda à rouler contre elle, fermant les yeux pour sombrer à son tour. C'est qu'elle avait raison, lui aussi avait sommeil ...