[- 18 ATTENTION, âme sensible s'abstenir]Soleil nocturne ? ft. Nuage de Soleil - end

Je sortais de mon antre, en douceur, mes pattes effleurant tout juste le sol, pour être discret. Il faisait nuit, le ciel était dégagé, laissant apparaitre des étoiles par milliers. L’air était agréable, la saison des feuilles vertes se faisaient sentir de plus en plus J’attrapai une petite proie dans le tas. Je sortai du camp discrètement. Une fois hors de se dernier, je me dirigeai à droite, entre les pins. Elle m’attendait. Voilà quelques semaines que je la voyais le soir, à l’abri des regards. Elle était proche du camp. Elle ne pouvait pas entendre la vie de ce dernier, nous ne pouvions pas l’entendre si elle osait parler fort… Non, elle était assez loin des miens pour que sa présence soit invisible aux yeux des autres. J’approchais. Je voyais les yeux brillants d’un de mes chuchoteurs. Il la gardait. Je fis un signe de tête au félin pour qu’il s’écarte. Devant moi, il y avait une vieille renardière. L’odeur de peur me pris à plein nez, mélangé à celui du clan du Vent. De véritables froussard ces lapins. J’entrais en douceur dans la tanière. Au fond de celle-ci se trouvait une petite chatte menue au pelage blanc et roux. J’avais bien vite compris qu’elle n’était pas bien résistante. Non, je ne la battais pas, je lui faisais comprendre que son clan était une erreur de la nature. Je lui jetais le campagnol que j’avais dans la gueule.

« Mange. », lui ordonnai-je.

Evidement, je ne la laissais pas mourir de fin. Pauvre enfant sinon… Elle ne me servirait à rien, morte. Elle était une vengeance pour moi.

« Alors, Nuage de Soleil, ta journée dans les ombres s’est bien passée ? », demandai-je d’une voix mielleuse.

Je voulais qu’elle ai peur de moi. Peur de mon clan. Que plus jamais elle ne pousse qui que se soit à la trahison. Voilà où mène ton erreur gamine.

« Ce n’est pas la première journée que je passe dans une renardière abandonnée ! Il en faudra beaucoup plus pour m’effrayé ! »

Dit-elle courageusement. Elle semblait pourtant aussi terrifiée qu’un lapin de sa lande. Je m’approchais un peu plus d’elle, me tenant le plus droit possible, la regardant d’en haut. Je ne montrais pas les dents, je restais fier, droit.

« Dit-elle les pattes tremblantes »

Je la regardais d’un léger sourire. Je devais maintenant comprendre pourquoi elle avait fait ça. Pourquoi cette gamine avait poussé ma fille à la trahison. Je devais savoir. Je m’assis alors devant elle, le plus calmement possible. Je gonflais légèrement mon pelage pour rendre ma carrure plus imposante encore. Déjà que j’étais large d’épaules, ça devait me donner l’air d’un géant. Je l’espérais du moins. Je levai ma patte, fixant intensément l’apprentie, pour finalement la lécher et la passer lentement par-dessus mon oreille. J’étais serein. Personne n’avait pris la peine de la récupérer pour le moment.

« Comme c’est étrange… Je n’ai reçu la visite d’aucun de tes camarades. Tu crois qu’ils t’apprécient vraiment ? J’en doute, sinon nous serions déjà en guerre. C’est tellement dommage… Que dois dire ta mère ? Est-elle inquiète ou est-ce qu’elle se moque totalement de ton sort ? Et ta fratrie ? Si tu en a une… Vu comment tu es, ils doivent sûrement te considérer comme un fardeau. »

Finalement je m’accroupis devant elle, l’œil brillant. Je sentais une rage profonde tourmenter mon cœur. Je me retenais de griffer le sol, ou de faire exploser cette colère. C’était une faiblesse dont je ne pouvais pas me permettre face à elle. Pourtant, je crachais mes mots, fixant le moindre déraillement de cette dernière

« Nuage de Soleil, le fardeau du clan du vent. Tes camarades doivent être soulagés de ta disparitions. Que vont-ils dire le jour où tu reviendras chez toi ? »

Je fermais les yeux un instant. En les rouvrant, je pris l’air le plus sérieux du monde, sans aucun rictus. Juste de la haine dansant dans mes pupilles émeraude.

« Si tu rentres chez toi un jour. »

Elle protestait avec tant de ferveur ! Elle ne semblait pas d’accord avec moi. Ou alors était-ce seulement une parade ? Bien sûr. Elle me disait que sa mère était décédée. Je l’aurais bien réconforté tendrement, mais je ne voulais que son mal. En même temps, avec une enfant traitresses, comment pouvait-on seulement assumer de partager son sang ? Et là était mon plus grand paradoxe. Il fallait avoir honte d’être de sa famille parce qu’elle avait trahis son clan. Mais qu’en est-il de ma propre fille ? Ce n’était pas pareil non. Elle, elle s’est laissée avoir, elle a été trop naïve. C’était l’unique explication. Oui.

« JE NE SUIS PAS UN FARDEAU !!! »

Je n’avais pas vu le coup de griffe venir. Coup faible. Léger picotement de la griffure. Incapable. Je ne pu réprimer un frisson et un petit mouvement de recul face à son coup. Cependant, je revenais vers elle, presque en riant. J’avais touché un point sensible, il fallait l’exploiter.

« Tu te trompes. C’est un test de mon Clan. Quand tu as attaqué notre patrouille, Étoile Tropicale me faisait passer mon évaluation de Sentinelle. Il veut juste voir comment je suis capable de me sortir d’une mauvaise passe ! »

Un test de son clan ? Si c’était vrai, ils étaient bien cruels. Je n’imaginais pas les lapinous de la lande avec un tel comportement. Je m’assis calmement, et commença à lécher mon épaule, là où Nuage de Soleil m’avait griffé. Je laissai planer un silence exprès. Il fallait qu’elle voie que malgré tout, j’étais un calme imperturbable. Je tournai finalement la tête vers elle pour la regarder de nouveau.

« Tu sais petite, si c’est un test, ton clan est bien cruel. »

Le doute. La panique. Mes armes les plus puissantes face à elle. Je pouvais faire ce que je voulais de son esprit. La pousser à détester les siens, la pousser à haïr les clans, la pousser à les trahir.

« Pourquoi tu veux croire ces idées idiotes ? Ma pauvre petite apprentie… sentinelle c’est bien ça ? Tu ne crois qu’en des rêves. Ta mère n’aurait pas levé une griffe pour te délivrer, et ton clan est pareil. Pourquoi sauver un petit lapin effrayé et traitre ? »

Je m’approchais un peu plus d’elle, voulant avoir un regard terrifiant. J’essayais de le rendre vrai.

« Tu aurais échoué de toute manière. Tu n’es même pas capable de me blesser véritablement. Seulement une petite griffure. Et tu veux défendre ton clan de cette manière ? »

Je la fixais avec un sourire carnassier.

« Oh pardon, j’ai dis ‘’ton clan’’. Il faut bien que je me fasse à l’idée aussi, personne ne viendra te chercher. Le jour où tu sortiras d’ici, ce sera par toi-même, pas par leur aide, petite solitaire. »

HRP:

« Non. Mon Clan ne le mérite pas… Mais partout on trouvera des traîtres ou des chats que la guerre répugne. Même dans tes propres rangs. Nuage de Violette est l’un d’entre eux. C’est pour ça qu’on a commencé à parler elle et moi. Nous, on veut un monde de paix. »

Comment pouvait-elle savoir plus de chose que moi sur ma fille ? Elle l’avait manipulée voilà tout ! Tout ces mots n’était que du même venin que je lui administrais. Elle tentait de corrompre mon esprit – plus qu’il ne l’était déjà – mais je ne me laisserais pas avoir. C’est de sa faute si ma petite Violette à trahi son clan. La faute de ce jeune et petit Soleil tout froid. Un monde de paix était impossible à partir du moment où il y en avait pour le corrompre. Elle mentait. Pourtant elle continua son discours. Ce petit soleil n’illuminait plus cette grotte, la laissant plus lugubre encore. Elle me parlait de sa mère biologique, Tâche d’If, l’ancienne chef folle du clan du Vent. Elle me parle de l’histoire de son clan, des…. Des Lunar Pod. Je me raidis à l’évocation de ces fanatiques. Elle me faisait une sorte de morale sur la guerre… Mais c’est elle qui ne comprenait rien à rien ! Pourquoi m’évoquer sa meneuse folle, elle avait conduit les siens à la perte – mais n’était-ce pas ce qui arrivait à ce cher Maudit ? Perdre la tête ?
Elle continuait son récit, me parlant des entrainements sauvages, avec les griffes et les crocs comme dans un combat réel. En même, n’y avait-il pas meilleure méthode pour apprendre à se battre ? Les cicatrices formaient les jeunes et les rendaient fier. Je ne réfléchissais pas comme ça à l’époque… Je sentais toujours cette colère glacer mon cœur. Les vents froids du nord m’avaient bel et bien atteint.

« La tyran n’était plus, et les membres de mon Clan en étaient heureux. Ce qui me fait me demander si c’est vraiment l’otage qui a tué Tache d’If ou un membre de son propre Clan. N’est-ce pourtant pas indiqué dans le Code du Guerrier que le Clan doit soutenir son chef ? »

Osait-elle seulement me comparer à Tâche d’If ? Les oreilles en arrières, je sentais ma colère resurgir petit à petit. Je ne suis pas fou ! Je suis sain d’esprit ! Je suis seulement en colère contre tous. Les étoiles veulent ma perte et celle de tout mon clan, alors que dois-je faire ? Subir ou me battre ? Survivre ou me laisser abattre ? Evidement que le clan devait soutenir son meneur, sinon ils désobéissait au code du guerrier. Cette minette du Vent avait poussé ma petite Violette à désobéir à ces commandements. Elle l’avait fait exprès. Je regardais de plus en plus mal l’apprentie. Ma fourrure s’hérissait de plus en plus tant la tempête faisait rage dans mon cœur.

« Aujourd’hui, la situation est inversée, l’otage, c’est moi. Mais qu’est-ce que ça t’apporte, concrètement ? Tu m’as sous ta coupe, tu essayes de me faire souffrir mentalement et après quoi ? Tu vas te lasser ? Me tuer ? Pourquoi faire ? Ça ne réparera jamais le tort que je t’ai fais. Tu le sais bien. Tu t’es senti soulagé en lançant cette guerre ? Laisse-moi en douter. »

Non, elle ment. Il faut qu’elle arrête de mentir, la situation n’est pas la même. Elle ne comprend pas ! Non, je veux juste qu’elle comprenne ce qu’elle est ! C’est ça, elle a poussé ma fille à me trahir. Je ne suis pas fou, simplement en colère. Oui, c’est bien ça, en colère contre elle. Je ne suis pas comme Tâche d’If, sa mère ratée ! La guerre était nécessaire oui, je devais les punir, ils devaient comprendre et toi, tu devais être punie ! Ton clan ne t’aurait pas donné une punition assez juste pour tes actes. Je plantais mes griffes dans le sol, me retenant de l’attaquer. Elle me provoquait, elle me cherchait. Cette guerre était nécessaire. L’amener ici était nécessaire. Il y avait une justice, et elle devait être faite.

« Cœur Paisible, ma mentor, m’a toujours dit que se battre faisait partie du Code du Guerrier, mais est-ce vraiment une raison suffisante pour se battre. Avant que tu ne m’enlève, je me suis battue contre une apprentie de ton Clan. Elle ne savait même pas pourquoi elle se battait. Elle était juste persuadée qu’on avait fait quelque chose, mais sans pouvoir me dire quoi. Tu ne trouves pas ça stupide ? Prenons un exemple simple, je suis à la frontière et un membre de ton Clan pourchasse une proie et franchis la frontière. Au plus profond de toi, dis-moi simplement, du fond du cœur. Tu préfèrerais que je lui tape dessus, au risque de lui infliger de vilaines blessures ou que je lui laisse une chance de t’expliquer ? Je suis presque sur de connaître ta réponse. Alors pourquoi je n’ai pas eût cette chance de m’expliquer ? Tous le monde devrait avoir cette chance. T’as le droit de ne pas comprendre ou adhérer, mais au final, votre comportement -et quand je dis votre, je parle de tous les clans, le mien compris- , est-ce qu’il ne vaut pas mieux que celui des Lunar Pods ? Parce que vous avec un code d’honneur, ça vous rend supérieur, plus civilisé ? »

Arrête ! Tu mens ! J’étais à un tel point de ma colère que mes yeux lançaient des éclairs. Je la foudroyais du regard, comme en espérant ne retrouver que de la poussière à la place de son corps. Un grondement sourd montait dans ma gorge. Elle ne comprenait rien. Vraiment rien. Je lui criais presque dessus :

« Tu fais une morale en parlant du code du guerrier mais tu n’y connais rien ! Tu n’es qu’une apprentie qui croit pouvoir changer le monde et vivre auprès des lapins en paix ! Voilà ce que tu es, une froussarde qui pense que la paix est possible. Mais la vérité c’est qu’elle n’existe pas ! Il y a quatre clans, quatre territoires. Et des règles pour survivre tous, mais ces règles elles ne sont pas respectées. Tu n’as pas respecté les règles alors tu es loin de pouvoir me faire une leçon ! »

Je m’approchais d’elle plus menaçant que jamais. Terminé le gentil matou à la voix mielleuse et méchante, elle avait fait exploser l’ouragan qui détruisait mon cœur, elle devait en subir les conséquences. Je voulais qu’elle ploie le genou devant moi, elle devait se mettre plus bas que terre devant moi.

« Tu ne vaux rien, tu n’es rien. Ta place n’est même pas chez les morts, tu n’aurais jamais dû vivre, jamais du exister. Ta morale ne sert à rien puisque même toi tu ne respecte pas les règles. Le code du guerrier n’est pas là pour faire joli. Toi tu t’es assise dessus, et tu as corrompu mon enfant ! C’est de ta faute cette guerre ! Elle était punitive. Je devais te faire subir ce que tu m’as fais, tu devais comprendre la douleur que j’ai ressentis et il semble que tu ne comprennes rien à ça. »

Ma colère retombait petit à petit, mais cette fois, je la regardais avec dégout.

« Tu n’aurais jamais dû exister. Tu es une aberration de la nature. Je ne serais pas fier d’être ton père, et j’en aurais même honte. Nuage de Soleil ton nom ? Je t’aurais appelé Nuage d’Ordure, ou Nuage de Rat. Tu ne comprends rien à nos règles. Tu ne sais rien. »

Elle avait tué mon cœur. Elle avait tué ce qui me rendait vivant. Ma fille n’était pas morte non, elle la juste poussé au crime. Elle avait tué mon cœur en s’en prenant à mon enfant.

Elle continuait à me répondre. J’allais devenir fou. J’étais déjà fou de rage. Il ne manquait plus que de l’écume sur le visage pour paraitre malade. Mais mon esprit était déjà en peine. Mes griffes entraient et sortaient toutes seules. Elles déchiraient la terre, et mes muscles étaient tendus. Par colère j’aurais pus me jeter sur elle et la déchiqueter. Elle m’avait répondu qu’elle n’avait pas eu besoin de corrompre ma petite fleur, MAIS ELLE MENTAIT ! Elle puait le mensonge, la trahison. Elle ose dire en savoir plus que moi ! Elle se prenait pour ce qu’elle n’était pas. Ma haine ne cessait de monter. Mon pelage était hérissé de partout, mes yeux révulsés. Je n’étais plus qu’une bête déchainée. Revenue à ses instincts primaires.

« Je sais, j’en ai conscience, d’être difforme, physiquement et mentalement, pour un chat de Clan. Mais, j’ai trouvé des chats qui m’ont acceptée telle que je suis. C’est le plus important pour moi, à présent… »

Mon cœur battait fort. Il ne cessait de devenir plus froid encore. Je sentais une autre couche de glace s’y former. Je n’étais plus qu’une bête déchainée. Combien de temps resterait-elle fière encore. J’essayais de reprendre ma respiration. Doucement mon pelage retomba, et mes yeux se firent moins furieux. J’essayais tant bien que mal de retrouver mon air neutre et indifférent. Difficile avec un cœur et un esprit tourmenté.

« Hé bien ils ne sont pas là aujourd’hui. Retiens une chose. Les chats qui t’ont accepté telle que tu es ne sont pas là. Et ils ne viendront pas. Tout le monde fini abandonné. L’amour rend faible et naïf, puisqu’il te fait croire qu’ils seront tous là pour toi et puis un jour… »

Je m’approchais doucement d’elle, l’air plus calme que jamais. Comme si ma tempête n’avait jamais eu lieu.

« Celui où tu as le plus besoin d’eux… »

Je m’approchais plus près encore. Ma gueule était juste à son oreille. Je lui chuchotais ces derniers mots.

« Ils ne sont pas là. Prouve-moi que quelqu’un va te libérer. S’ils viennent te chercher je te laisse partir. Mais je crois que toi seule devra essayer de sortir d’ici. Ils ne viendront pas. »