C'est une histoire de pomme [PV Coup de Foudre] - end

— « LANCE LES DEUX, PAPA !
— OOoohh, c'est une idée.
— « QUOI!? Non !! Et à voir le lieutenant considérer les propos du chaton - mais enfin, c'était leur Lieutenant! Ce n'est certainement pas une idée! »

Mais avant que quoi que ce soit n'arrive (c'est à dire que le tandem ne lance le guerrier ou le chaton, ou que le guerrier ne s'occupe personnellement du cas du lieutenant), un tierce-TIERCE chat se pointa dans la scène en sortant de la pouponnière. Son poil gris était hérrissé comme celui de Tache de Poire et elle alla se carrer au milieu de tout le monde, forçant le bengal à reculer la tête. Mais sans même porter un regard au père la reine s'adressa au chaton:

— « Petit Ciel ! Que fais-tu encore comme bêtise ? Fausse alerte, car elle le foudroya du regard: Et toi, Coup de Foudre, tu devrais avoir honte de l’encourager !
— T’avais qu’à répondre à la question de Ciel !
— Ce n’est pas une raison pour mettre la pagaille dans la pouponnière et déranger tout le monde ! À la prochaine bêtise, Petit Ciel, tu rentres et tu n’auras pas le droit de sortir jusqu’à demain.
— Humph ! Tu ne saisis pas l’étendue du talent de Ciel, c’est tout ! »

Le bengal ne put se retenir de rire - vraiment, Petit Ciel était marrante. Il n'avait aucune idée d'où lui sortait cette personnalité. Ourse Polaire avait toujours fait fort à nourricer ses petits mais Petit Ciel décrochait la palme, quoi que ça veuille signifier (c'était une expression de la Rivière? Il se garda d'en faire le commentaire).

Mue d'une profonde exaspération, Ourse Polaire leur enleva Petit Rocher des pattes pour la ramener avec elle dans la pouponnière "infestée de fourmis rouges". Avant de rentrer toutefois, elle tourna la tête, histoire de darder du regard le père qui lui haussa les épaules. À quoi elle sembla répondre d'une pointe de confusion dans les yeux - enfin, passons la petite tabico gonfla ses poils et ses joues, ne devenant plus qu'une petite boule de duvet qui s'assied en fronçant les sourcils. Ça aussi, arracha au bengal quelques gloussements, bien qu'on les entendit moins qu'on en vit sa tête dodeliner.

— « Allez, Petit Ciel, Tache de Poire lui dit, ce n’est pas la peine de bouder. Ourse Polaire a raison. Petit Rocher aurait pu être gravement blessé à cause de votre expérience. Il est trop petit !
— Peut-être, mais Ciel n’aura pas sa réponse ! Et Ciel aime pas ça ! Ciel VEUT sa réponse ! »

Coup de Foudre était lassé. L'agitation l'avait momentanément distrait et il était reconnaissant à sa fille, mais tout scientifique qui se respecte allait au bout de ses théories avant de laisser tomber.

— « Eh, pas grave, il lâcha avant de lâcher un énorme baîllement, s'apaisant par le fait même.

— « Pas grave?... Devenait-il de-facto leur sacrifice - pardon, leur cobaye?...
— Si Petite Roche est bas-les-pattes, on a qu'à trouver quelque chose de la même taille. Comme... une souris, par exemple.

Le bengal se hissa sur quatre pattes, montant hautes ses épaules, avant de se coucher presque complètement, le dos en pente, s'étirant les postérieurs et la queue. Et puis il se redressa, et pivota sur ses pattes, recourbant sa queue derrière le chaton qui boudait autour pour qu'elle ressente sa présence que pour la déséquilibrer.

— Viens. Je suis sûr qu'il y a des plumes, près de la pile. On les ramasse et on tente ton idée?
Tache de Poire se leva à son tour.

— Oh! J'ai ma souris de plus tôt, et j'ai bien vu des plumes éparpillées!
Mais quel boulet...

— Ah oui? C'est qu'on va en manquer, alors. Tache de Poire, et si tu allais chasser pour nous?
— Euh, quoi?
— Au Rocher des Serpents, tiens!
— Mais c'est à l'autre bout de--
— Super. Il se pencha à la hauteur du chaton pour l'encourager à l'imiter: Qu'est-ce qu'on dit? On dit "Merci Tache de Poire! ♪" »

— Même mort, on tombe sur le sol… Et elle est retombée aussi vite que le caillou, Papa… C’est un vrai mystère… Peut-être que c’est parce qu’on est attirés par le sol, sauf les oiseaux ? T’en penses quoi ?

Pourquoi on tombe, c'était la question que lui avait posé sa fille au début. C'était la raison pourquoi il avait choisi d'interrompre son pas et de s'asseoir avec elle. La raison pourquoi ils en étaient là. Sauf les oiseaux, tout le monde était attiré vers le sol. Il regarda Petit Ciel taper sa patte contre la souris inerte, ignorant les mauvais yeux des guerriers qui critiquaient ce comportement.

— On a fini les expériences avec la souris ? Et si c’est pas le cas, on pourra la manger ensemble quand on aura fini ? Le Code du Guerrier, il dit qu’on doit pas gaspiller le gibier, parce que c’est une insulte à… euh… Je sais plus qui. Ah si ! C’est insulter le chasseur qui l’a attrapé ! Donc, on la mangera après ?
— Oui, après, il lâcha, les yeux fixés sur la souris.

Avant, je voudrais faire une dernière expérience... »

* * *

Splat.

Il ne savait pas vraiment à quoi il s'attendait.

Il se tourna vers Petit Ciel, qu'il avait posé sur sa branche.

— « Bon.     Il faut croire que non.

En contrebas gisait la souris engluée de sève, sur laquelle ils avaient collés des plumes. Malgré cette approximation, elle ne s'était pas envolée. Peut-être que c'était parce-qu'elle était morte - peut-être que c'est pour ça que les oiseaux battaient si frénétiquement des ailes - que c'était vivants, et vivants seulement, qu'ils volaient.

Ses deux oreilles s'abaissèrent de chaque côté de sa tête car il repensait à un oiseau privé de ses ailes, et il donna un petit coup de nez au chaton avant de le prendre dans sa bouche pour descendre les hauteurs avec elle, la reposant sur l'herbe, célébrant leurs nombreux échecs d'aujourd'hui en partageant ensemble un bien drôle de repas.