Discutons [feat. Dame de Coeurs] - end

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‎— Ah ! Nous faire confiance, hein ? Elle est bien bonne celle-là.
‏‏‎— Hm? Il leva ses yeux de sa patte pour regarder la siamoise.
‏‏‎— Alors que le Clan du Tonnerre tombe en morceaux.

Alors que le Clan du Tonnerre tourne au chaos par la simple présence des membres de la Rivière.

Alors que le Clan du Tonnerre ne ressemble plus vraiment à un clan.

Le bengal cilla par deux fois, mais l'accusation ne lui fit pas prendre mouche, au contraire.

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‎‎— Ta confiance, la confiance des autres. Qu’est-ce qu’on n’en a rien à foutre. Chacun veut sauver sa peau. On ne se serre plus les coudes, la tension monte, le nombre de disputes ne va qu’en grandissant.
— Hmm...
‏‏‎— L’ordre, le calme, tout est brisé. On n’est plus rien qu’un clan défaillant, si tu veux mon avis. Et la disparition d’Étoile Masquée n’aide surtout pas la cause.

Il hocha la tête - au moins ils pensaient pareils sur ce point. Sans Étoile Masquée pour insuffler aux guerriers le sentiment qu'il était de leur côté (même en cachant au Clan une relation amoureuse avec une voisine de la Rivière, Raton-Laveur avait toujours été plus accepté que lui) le Clan se retrouvait avec, eh bien, Monsieur Rumeurs, Ce Maudit Chanteur, Coup de Foudre "Coup de Foudre" (Ce Coup de Foudre-là) à qui on dédaignait de partager un coup de langue pendant la cérémonie du partage. Il allait de soi que l'inévitabilité de monter sur le promontoire ne suscite beaucoup d'objections, mais quelque chose dans les paroles de Dame de Coeurs suscitèrent au bengal un air inquisiteur, lui faisant peu à peu abaisser sa patte au sol, libérant sa joue et sa tête.

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‎— « ...Je ne sais pas quel Clan on t'a vanté dans les oreilles quand tu étais gosse, mais le Clan du Tonnerre a toujours été comme ça.

Avec Étoile de Suie, c'était le chaos car tout le monde avait peur; avec les Frères Vautours, car ils ne prenaient aucune décision et refusaient de s'entretenir avec le reste du Clan. C'est à l'époque de Vautour que le Vent a trouvé notre campement et l'a attaqué en pleine nuit.

Et c'est pendant celui de Cendre que, eh bien, et il fit mine de balayer les lieux d'un regard. Ça se passait d'explications - sa fille était morte, la forêt avait été ravagée par une incendie, puis la canicule les avait frappés de plein fouet. ...Tu savais qu'il avait tellement peur de l'interaction sociale qu'il a créé une escouade de chats dont le rôle était d'être diplomates à sa place?

‎Diplomate, Dame de Coeurs!

MOI!   Ha ha hah!!!  Quel idiot!!

Il secoua la tête, il riait - plus fort, et il ne riait pas d'elle, ou de Cendre mais de l'absurdité de l'avoir choisi lui pour parler avec les autres Clans. C'était ce qu'il avait toujours voulu, mais c'était aussi ce que tout les autres lui empêchaient de faire. Et c'était quand même risible d'envoyer celui qu'on connaissait désormais comme un "baiseur de guérisseuse" s'entretenir avec les voisins!

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‎— « Si je prends la tête  -- Ntk. Il tiqua de la langue - et elle put voir qu'en réalité, cette inévitabilité l'ennuyait autant qu'à elle: ... Quand je prendrai la tête, je serai le premier chef du Tonnerre à bien vouloir vous tendre l'oreille.

Et pour preuve : c'est ce qu'il faisait.

Sans factices artifices et sans faux sourires et sans même le plaisir simple d'échanger des mondanités - à cet instant et avec elle, c'est ce qu'il faisait!

Le Clan du Tonnerre. Ce Foutu Clan du Tonnerre. Elle avait été gavée des belles promesses dans sa jeunesse. Des nombreux exploits du Clan du Tonnerre. Cependant, il n’était jamais question des bas, non, ça jamais. Elle se garda de poser des questions sur les mauvais côtés de leur clan, elle voyait bien l’éclat qui brillait dans les yeux de sa mère lorsqu’elle lui racontait toutes ces conneries. Elle virait folle. Elle voulait forcément lui faire croire que tout allait bien, ou bien se faire croire à elle-même que tout allait bien. Dans quel but ? La réconforter ? Hélas, cela n’avait été qu’une claque au visage pour Dame de Cœurs en réalisant que toutes ces illusions idylliques qu’elle s’était faite à l’image du Tonnerre. Toutes ces illusions détruites, brisées, écrasées, piétinées. Certes, c’était une chose de le dire, mais de l’entendre de la bouche de son lieutenant. Le choc fut dur.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « ...Je ne sais pas quel Clan on t'a vanté dans les oreilles quand tu étais gosse, mais le Clan du Tonnerre a toujours été comme ça. Elle secoua vivement la tête, comme pour nier les allégations alors qu’au fond, elle savait très bien qu’il avait mis la main sur une faiblesse. Son enfance, son innocence. Son passé. Sa honte. Le changement de caractère n’était pas inexpliqué, les mensonges… Ah les foutus mensonges. Ils en étaient l’une des causes. Avec Étoile de Suie, c'était le chaos car tout le monde avait peur; avec les Frères Vautours, car ils ne prenaient aucune décision et refusaient de s'entretenir avec le reste du Clan. C'est à l'époque de Vautour que le Vent a trouvé notre campement et l'a attaqué en pleine nuit. Et c’est pendant celui que, eh bien.

Son regard suivit celui du bengal. Ils observaient tous deux la lande qui semblait les observer en retour, désolée. Qu’était devenu le Tonnerre ? Ou bien, qu’avait-il toujours été ? Nouvelle claque au visage.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ … Tu savais qu’il avait tellement peur de l’interaction sociale qu’il a créé une escouade de chats dont le rôle était d’être diplomate à sa place ? Diplomate, Dame de Cœurs ! Ses pupilles détaillaient toujours la lande malheureuse. Elle crut un instant revoir les arbres, qui furent bientôt réduits en cendres. Ses pupilles se dilatèrent devant le spectacle lumineux. Un rire la sortit de ses pensées et elle reporta son attention sur Coup de Foudre. Elle n’avait pas parfaitement entendu ses paroles précédentes, comme effacées. Des murmures envolés en cendres. Elle préféra ne pas en faire part au bengal, ce serait le priver d’un bon rire. Il devait en avoir besoin. Histoire de décompresser un peu.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Si je prends la tête…

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Si… ? questionna-t-elle.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ … Quand je prendrai la tête, je serai le premier chef du Tonnerre à bien vouloir vous tendre l’oreille.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Eh bien. On verra bien ce qu’il adviendra de tout ça. Tu me sembles plutôt optimiste haha – tu parles de confiance et maintenant de nous écouter. À croire que c’est trop beau pour être vrai. Son regard bifurqua à nouveau sur le terrain vague alors qu’elle claqua la langue. Il serait bien temps d’avoir un meneur digne de ce nom, tu ne crois pas ? Et sur ses dernières paroles, elle haussa un sourcil et jeta un regard au lieutenant. La fatigue semblait déjà s’emparer de lui, qu’adviendrait-il lorsqu’il serait meneur ? Chose qui approche à grands pas, selon notre dame.

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‎— Eh bien. On verra bien ce qu’il adviendra de tout ça. Tu me sembles plutôt optimiste haha.
— Bof, il lâcha, plus las qu'optimiste, même si l'ombre d'un sourire frôlait ses babines.

— Tu parles de confiance et maintenant de nous écouter. À croire que c’est trop beau pour être vrai.
— C'est le pouvoir qu'ont les belles paroles! Les mettre en pratique, en revanche, il soupira, haussant les épaules avec ce sourire dérisoire et d'auto-dérision. Il fallait bien qu'il mette à profit ses spécialités, non? Il fallait qu'il oeuvre dans le sens du poil de ceux qui vivaient dans son Clan. Ils n'étaient pas ses camarades, (il ne lui restait que ses enfants) mais peut-être que...

— Il serait bien temps d’avoir un meneur digne de ce nom, tu ne crois pas ? »

Peut-être qu'ils pourraient le devenir.

Coup de Foudre opina du chef, veillant à fermer les yeux et à cacher que les mots de la guerrière l'avait touché en se redressant sur ses quatre pattes, s'étirant bien haut le dos.

Le terrain vague ouvrait un dégagé sur l'herbe et la neige sous lesquelles se cachaient les proies, mais il offrait aussi une vue sans obstruction d'un coin du Chemin du Tonnerre, non-loin. Aucun Monstre ne l'avait fait gronder depuis qu'il l'avait menée ici, et il fit mine de l'observer quelques secondes de plus avant de rendre à la siamoise son coup d'oeil, haussant son sourcil en mimétisme au sien:

— Eh.

Et l'amorce fut presque instantanée. D'yeux vides et sans lumière, un éclair vint zapper les braises qui firent briller quelque chose non pas de nouveau, mais qui n'avait pas brillé depuis longtemps. J'oserais même dire qu'à cet instant, il échangea avec Dame de Coeurs, celle qui devait bien s'agir de sa plus fervente opposante, un regard de connivence.

Je te montre un truc?  Tu as été honnête avec moi - je te rends la pareille?

Donnant-donnant.

Son attention était désormais portée sur son pelage en bataille, elle jugea qu’une bonne toilette ne lui ferait probablement pas de tort. Et c’est ce qu’elle débuta. Elle remarqua le mâle se lever, puis s’étirer. Dame de Cœurs fit mine de ne pas le remarquer et se contenta de renverser son poids sur l’une de ses hanches pour ainsi faciliter l’accès à son ventre détrempé. Son ventre semblait assez chaud pour avoir fait fondre la neige avec qui il entrait en contact et pourtant, l’once d’un moment, elle fut prise de frissons horribles. Ses dents claquèrent brièvement. Elle n’en fit pas un plat, poursuivant sa toilette. Sa langue parcourait son pelage, le remettant petit à petit en ordre. Et si c’était aussi facile avec le Clan du Tonnerre ? Elle soupira.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Eh.

Le bruit attira son attention et mit terme à sa toilette. Ses oreilles pivotèrent les premières. Puis, sa tête. Les deux félins se jaugèrent du regard un bref moment. Cependant, l’instant d’une seconde, elle vit les yeux du bengal briller d’une flamme étrange. Dame de Cœurs ne sut que faire, que penser du regard qu’ils venaient tout juste d’échanger. Que voulait-il dire ? Serait-ce le début d’une amitié ? Elle grimaça, impossible.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Je te montre un truc ? Tu as été honnête avec moi – je te rends la pareille ?

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Donnant-donnant. Elle le considéra un moment alors que son visage se déforma lentement pour entre-couper sa réponse d’un bâillement. Elle se contenta d’hocher la tête par la suite alors que ses pattes se mettaient en action. Elle fut sur pied après s’être étirée de tout son long, du bout de la queue jusqu’au cou, elle n’avait rien oublié. Alors, Foudre – elle se permit le surnom, non sans être accompagné d’un sourire moqueur à la Dame de Cœurs – montre-moi donc, suggéra-t-elle, ponctuant sa phrase d’une légère inclinaison de la tête vers la gauche. Elle était bien curieuse de voir ce qu’il allait bien pouvoir lui montrer.

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— Donnant-donnant.
— Mm hm ♪ »

Il l'avait interrompue dans sa toilette mais un seul coup d'oeil sous son ventre lui fit voir la neige qui avait fondue, ainsi que son corps qui grelottait. Les temps avaient beau se réchauffer, ça ne voulait pas dire qu'il avait été une bonne idée d'aller se mettre les pattes là où rien n'arrêtait la course du vent! Il faisait plus chaud au campement - autant à cause de l'action et du mouvement des chats dedans, qu'à cause de la palissade de ronces [na: dont je parle maintenant dans tous mes rps après l'avoir ignorée dans les quarante premiers] qui leur servait de protection. Mais bon, ils étaient venus discuter, et il s'était dit que de montrer à Dame de Coeurs les conséquences de l'incendie lui ferait comprendre que malgré sa désinvolture, Coup de Foudre n'ignorait pas les choses sérieuses.

Elle se mit en marche - en ligne droite. De son côté, la démarche du lieutenant était un peu étrange. Chaque pas recréait une partie de la forêt telle qu'il l'avait connue, alors à ses côtés il se retrouvait à slalommer entre des arbres qui n'étaient plus, ainsi qu'à passer au travers de buissons invisibles. Rien pour changer son expression faciale. Rien pour le faire ralentir, non plus, mais la cadence sur laquelle ils s'étaient lancés les aiderait à se réchauffer. Dame de Coeurs relança plutôt la conversation:

— « Alors, Foudre, tout deux traversèrent le terrain vague sans autre obstacle que le vent.

En s'approchant du Chemin du Tonnerre, ils descendirent une petite dépression, montant l'autre côté jusqu'à la bande d'herbe, à quelques pas de la terre noire, complètement calme et sereine. Montre-moi donc.

— Très bien, lui répondit le bengal, et il s'assied sur la bande d'herbe, recourbant sa queue vers lui en faisant signe de s'asseoir à sa compaAAbUUARgh il allait être  malade.   Siamoise, siamoise   -- il fit signe à la siamoise de s'asseoir.

Assied-toi là.

Et, quoi qu'il arrive - et le bengal se leva, avançant l'épaule pour la regarder par le dessous, entamant un premier pas en transverse, sur la pierre noire de la chaussée désertée -  Ne    bouge    pas.

Je peux te faire confiance?

Et, sans poser sa patte, il étira le mouvement pour s'assurer qu'elle respecterait sa part du marché avant.

Elle ne se doutait point d’où il allait bien l’emmener. Risqué ? Ça l’était, mais qui était Dame de Cœurs sans prendre de risque ? Il la dirigea tout d’abord vers la lande dénudée, le sentiment fut étrange. Elle y avait déjà mis les pieds, à l’époque où la verdure l’inondait toujours. Les branches noircies brisèrent sous son poids, le craquement, la brisure. Le bruit fut sec alors qu’elle s’engagea sur la terre brûlée. Dame de Cœurs ravala sa salive avant de poursuivre son chemin, enjambant par-ci par-là quelques pauvres souches. Leurs compagnons – leur prolongement - gisaient à leurs côtés, impuissants. Elle eut de la difficulté à se rappeler les airs du territoire avant l’incendie, où étaient les arbres – ceux dont la souche n’avait pas survécu aux flammes -, les buissons, les arbustes, les fleurs. Sa vision s’embrouilla un moment, elle crut presque s’effondrer. Le temps passait vite. Les souvenirs filaient avec lui.
Ils s’approchèrent du chemin du tonnerre, étrangement silencieux. Aussi silencieux que la siamoise, qui se contentait simplement de suivre Coup de Foudre. Elle ne jugeait pas nécessaire de faire la conversation, ce n’était pas comme s’ils étaient amis. Grimace. Elle secoua la tête. Coup de Foudre, le coureur de jupons, le lieutenant charmeur. C’est tout ce dont il était. Et alors, il s’arrêta et Dame de Cœurs ne tarda pas à faire de même.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Très bien. Il lui fit signe de s’asseoir, elle ne tarda pas à le faire. Non, pas parce qu’il avait demandé. Impossible. Insensé. Absurde. Elle le fit par ennui, voilà. Un bâillement le justifia. Assieds-toi là. Et, quoi qu’il arrive – Elle haussa un sourcil alors qu’un sourire peu convaincant s’étira le long de ses babines. Ne bouge pas. Elle soupira. Ça alors, il la prenait pour un gosse ou quoi ? Peu importe, elle se contenterait de faire comme il voulait, sinon elle ne verrait pas ce qu’il veut bien lui montrer. Impossible de laisser cette curiosité affamée ainsi. Je peux te faire confiance ?

Elle hocha la tête :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Parole de Dame. Elle étira sa patte à son tour, et alors que leurs coussinets entrèrent en contact, elle profita du moment pour sortir l’une de ses griffes, écorchant - de manière taquine - le coussinet du bengal. Elle n’oublia pas de lui décocher un sourire innocent de toutes dents. Alors, t’attends quoi ? Elle ne s’impatientait pas. Seulement, l’once d'amitié - elle grimaça rien qu'à y penser - qu’elle avait fait transparaître dans ce geste lui donna la nausée. Qu’est-ce qu’elle foutait ?

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— Parole de Dame.
— Parole de Dame! »

C'était la seconde fois qu'il l'entendait dire ça et si la première l'avait fait sourire, de petits gloussements lui échappèrent cette fois-ci. Et, profitant qu'il ait baissé sa garde, la siamoise s'était penchée pour étirer une patte vers lui et tenter de lui chiper la sienne d'un coup de griffe.

— « Aïe!

Brusquement Coup de Foudre s'écarta d'un-deux-trois pas en s'arrêtant, le dos arqué et la queue raide. Il fit volte-face en secouant la patte afflictée en l'air « la va-ha-hache!! » histoire de calmer la douleur, et il ne se retint pas de dévisager la responsable qui lui feignait ce si innocent sourire.

— « Alors, lui fit-elle, t’attends quoi ?

Encore agacé par la douleur, il tapa sa patte par-terre par deux fois, chassant les cailloux derrière lui d'un vas et vient de la queue pour s'asseoir sur la terre noire. Là où elle s'était assise bien droite dans l'herbe humide de la bande de l'autoroute, où la neige avait fondu, lui s'était assied au beau milieu de la terre noire du chemin du Tonnerre, sur la ligne jaune qui séparait en deux leur frontière.

Coup de Foudre lui renvoya sa fausse innocence:

— Ha hah, d'après toi? »

Il monta sa patte endolorie à sa bouche pour lécher minutieusement son coussinet.

— « Tu as connu Graine de Tournesol? C'était un domestique que Suie avait intégré dans le Clan, malgré les protestations de tout le monde.

La réaction de Coup de Foudre sembla plaire à la siamoise qui, ne pouvait se retenir, lâcha un rire moqueur qu’elle tenta de freiner en l’entre-coupant de grandes goulées d’air. Aaah, la nausée avait filé. À croire qu’un bon rire faisait du bien à l’âme, et au ventre… Elle reporta son attention sur le bengal, non sans pouffer de rire pour une dernière fois, masquant sa bouche d’une patte molle. Une fois les rires arrêtés, elle corrigea sa posture, ramenant sa patte contre le sol ainsi que fixant la position de son dos. Et alors, le bengal se décida à répondre lorsque toute chance d’être interrompue par les hoquets de rire de la siamoise soit nuls :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Ha hah, d’après toi ? Un gloussement se faufila entre ses dents. Elle l’observa donner un coup de langue à la patte victime de sa petite attaque surprise alors qu’elle en profita, elle, pour en passer un sur la sienne. Petite mimique. Le mâle allait-il la remarquer ?

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Tu as connu Graine de Tournesol ? C’était un domestique que Suie avait intégré dans le Clan, malgré les protestations de tout le monde. Elle haussa un sourcil, Graine de Tournesol. Bien sûr. Elle connaissait bien l’histoire. Étoile de Suie l’avait accueilli parmi le Tonnerre malgré qu’il ne soit qu’un domestique. À croire qu’il avait réussi à se faire une certaine réputation. Il faut croire qu’il n’était pas vraiment reconnaissant de ce que la meneuse lui avait offert, c’est-à-dire une place parmi ses rangs, parce que peu de temps après il l’a trahi en allant retourner les chatons de la Rivière volés dans leur petit nid chaud, au sein de leur clan. Sans oublier qu’il aimait bien courir les jupons lui aussi, peut-être était-ce de là que Coup de Foudre tenait cette mauvaise habitude.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Oh, Foudre. Si quelqu’un connaissait ce cher Graine de Tournesol, n’était-ce pas toi ? Elle brossa les poils de son buste après avoir sortit ses griffes. Ensuite, son regard bifurqua sur le mâle aux teintes charbonneuses. J’imagine que tu as eu le temps d’apprendre à le connaître en profondeur, je me trompe ? La siamoise ponctua sa phrase d’un rire moqueur – comme à son habitude – alors qu’elle lui envoya un clin d’œil. Elle se demandait toujours ce qu’il voulait bien lui montrer, et ses yeux brillaient d’une curiosité sans fin. Tu pourrais peut-être m’instruire à son sujet. Elle feignit la moue et les yeux doux, sa queue s’enroula autour de ses postérieurs tel un serpent. Un serpent guettant un faux mouvement pour attaquer sa prochaine proie.

— Oh, Foudre. Si quelqu’un connaissait ce cher Graine de Tournesol, n’était-ce pas toi ? Il eut un petit rire sous cape, inclinant du chef en prenant poliment la pique comme un compliment. J’imagine que tu as eu le temps d’apprendre à le connaître en profondeur, je me trompe ?

— On peut dire ça comme ça, il ricana, ne manquant pas le double-entendre à peine caché dans les propos de la Dame.

À nouveau ils s'échangèrent un regard, chacun faisant face à l'autre, à mille lieues du danger de ce que le Chemin du Tonnerre était sensé leur évoquer. Il nota qu'en plus d'être plutôt calme (il fallait bien l'être pour enchaîner les piques!), Dame de Coeurs était aussi curieuse. Brillaient dans ses yeux cet inquisition de savoir ce que tramait le bengal à s'asseoir au beau millieu de la route, comme ça, lui demandant de se rappeler de Graine de Tournesol et de sa contreverse à lui dans leur Clan.

— Tu pourrais peut-être m’instruire à son sujet.
— J'y compte bien, de lui répondre Coup de Foudre, dénotant ce petit sentiment d'anticipation qui échappa à la Dame par sa queue qui s'était enroulée à ses pattes. Mais il avait sa Parole. Quoi qu'il arrive, elle n'avait pas le droit de bouger de sa position sur la bande d'herbe.

— « Tu vois, Mistigris n'était pas très aimé dans le Clan. Lui aussi, aspirait à changer les opinions. Il venait d'ailleurs, il représentait au poil près tout ce qui faisait peur au Clan.

Sans foi, sans lois, à se foutre de nos moeurs, à vanter les siens... Et pourtant c'est notre Clan qu'il a rejoint.

À ces mots, sur la terre noire, les petits cailloux qu'il avait balayés s'étaient mit à frétiller. Un vrombissement ténu dérangea le bruissement du vent dans les arbrisseaux. Coup de Foudre cligna lentement des paupières, sans prendre le temps de se lever tout de suite - il lui restait encore assez de temps.

— Nous nous sommes vites trouvés des points en commun. C'était un connard, il aimait flirter, il aimait coucher, mais il avait aussi une capacité d'observation qui le démarquait des autres.

Tu vois, Dame de Coeurs, j'ai pu voir Mistigris se débarrasser d'un renard sans même utiliser ses griffes.

Il l'a appâté ici, sur le Chemin du Tonnerre.

Léger rire - la vibration devint plus forte, les cailloux cliquettaient maintenant, et en distance, dans la direction de la ville, une ombre était apparue à l'horizon.

Tu devines où je veux en venir? ♡

Elle observait toujours Coup de Foudre, planté là, au beau milieu du chemin du tonnerre. Un air nigaud lui pendant à la bouche. Ses oreilles se redressèrent alors qu’il s’apprêtait à l’instruire. Aussitôt demandé, elle était servie, et elle ne rouspéta pas. Certes, elle connaissait Graine de Tournesol. Elle le connaissait par les rumeurs, les voix des autres, elle n’avait vraiment eu l’occasion de faire sa connaissance. Les rumeurs sont choses qui sont si facilement déformées, mais ils sont bien distrayants et parfois, la fâcheuse position dans laquelle ils mettent certains matous peut procurer un bon petit rire à la siamoise. Cette fois, elle voulait savoir la vraie raison de sa venue ici, au bord du chemin où grondent les monstres – le grognement de l’un d’entre eux se fit entendre au loin -. Elle ne broncha, une parole est une parole, et elle ne bougerait pas d’un poil. Sa mâchoire se crispa, Coup de Foudre venait tout juste de lui dire des choses dont elle avait déjà connaissance et elle s’était contentée de lever les yeux au ciel, ennuyé. Cependant, la poursuite de ses paroles piqua l’attention de Dame de Cœurs :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Nous nous sommes vites trouvés des points en commun. C’était un connard, il aimait flirter, il aimait coucher, mais il avait aussi une capacité d’observation qui le démarquait des ordres.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Mh. Elle passa sa langue le long de sa patte pour ainsi replacer les poils de sa joue.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Tu vois, Dame de Cœurs, j’ai pu voir Mistigris se débarrasser d’un renard sans même utiliser ses griffes. Elle se lécha les babines alors que sa tête s’avança, montrant son soudain intérêt. Il l’a appâté ici, sur le Chemin du Tonnerre. Un sourire malsain couvrit sa gueule alors que le bengal fut prit d’un petit rire – bientôt enterré par le vrombissement du monstre qui était désormais entré dans leur champ de vision. Tous deux l’avaient aperçu, ils se jaugèrent du regard un moment puis : Tu devines où je veux en venir ? ♡

Elle leva les yeux au ciel. Non, et elle n’aimait pas vraiment les devinettes. Qui était le renard dans cette histoire à ce moment précis ? Il pourrait très bien rester planté là, au milieu du chemin, et elle ne broncherait pas. À quoi bon ? Ils n’étaient pas amis. Elle passerait pour une meurtrière, les rumeurs seraient crédibles. Qu’adviendrait-il d’elle alors ? Tuer son lieutenant n’était pas une façon d’améliorer sa – déjà plutôt mauvaise – réputation. Mais les rôles pouvaient aussi être inversés. Elle serait celle qui se retrouverait sous ce monstre, qui s’approchait déjà à cadence rapide. Et alors quoi ? Elle ne savait pas. Elle mourrait ? Elle rigola un moment.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Tu comptes faire de moi ce renard, Foudre ? Elle inclina sa tête vers la gauche et, mine de rien, elle fit la même expression que plus tôt, fausse moue et yeux doux. Allons, je croyais pas que t’étais tombé aussi bas. ~♡