Ce matin, c'étaient de timides rayons qui l'avait réveillé. Jouant avec l'ombre de son pelage, ils avaient piqué là, fort où ça battait. Elle avait ouvert les yeux, se crispant pour calmer son cœur serré, palpitant rien que pour lui faire mal. Elle se souvenait du soleil, du soleil de son apprentissage sous la lourde chaleur accablante. Depuis elle ne reconnaissait que des étrangers, jusque là, dans sa poitrine. Elle se retourna, montrant le dos au soleil plus qu'étirant ses pattes dans l'espace vide près d'elle. Il était volontairement rempli de boules de bardane, histoire qu'aucun autre chat ne s'y risque avant l'heure. Oui, bientôt, Nuage Scintillant l'y rejoindrait et la jolie chatte y trouverait une place à son côté, près de son cœur. Peut-être qu'à ce moment, il se calmerait. Résignée, elle se dressa furtivement sur ses membres et louvoya fébrilement entre les nids où certains guerriers sommeillaient encore. L'un la gratifia d'un regard dur lorsqu'elle l'enjamba d'un pas mal assuré. Elle se passa une langue sur ses lèvres en guise d'excuses avant de s'empresser vers la clairière inondée de la lumière d'un pâle soleil du clan de l'ombre.
Il faisait frais, encore. Ses épaules rousses se détendirent. Peut-être que Nuage Scintillant était encore là? Ses yeux dorés se plissèrent lorsque sa tête chercha l'astre des yeux. Il était tôt encore, la petite devait se reposer. Cœur de Lionne soupira en s'asseyant, son propre cœur bondissant derrière son épaule. Un grognement se forma dans sa gorge. Mais jamais il ne sorti. Mal à l'aise, la guerrière se passa une langue rugueuse sur son pelage hérissé. Que faire? Elle ne tenait plus aujourd'hui. Le soleil tout là-haut la faisait trembler comme une apprentie, la délogeant de la place qu'elle s'était si difficilement faite. Et à quel coût?. Elle n'était pas à sa place. Elle ne pouvait pas réveiller Nuage Scintillant. Ses pattes crissèrent sur les aiguilles qui jonchaient le sol lorsqu'un guerrier matinal obliqua vers elle. Non! Pas aujourd'hui! Cœur de Lionne faisant mine de ne pas l'avoir remarqua se leva brusquement en se dirigeant vers la sortie du camp. Aujourd'hui, oui aujourd'hui, il fallait qu'elle retrouve ses frontières, qu'elle les sente. Les ronces s'accrochèrent à son dos lorsqu'elle accéléra le pas pour s'en extirper. Le froid soleil pointa plus encore dehors. Le grognement enfla dans sa gorge. Sans marquer une seule pause, elle fila à tout allure à travers la pinède.
L'odeur âcre du chemin du tonnerre l'envahissait comme celle d'un renard et lorsqu'un monstre passa, elle ne broncha pas. Assise, sa queue touffue enroulée autour de ses pattes, l'allure digne et les yeux clos, Cœur de Lionne avait entrevu le bord du chemin comme le meilleur coin. C'était l'extrême bout de la frontière avec le clan du Tonnerre. Un autre monstre déboula dans le sens opposé dans le fracas de la foudre, comme pour souligner la référence au clan adverse. Elle était gardé, jamais elle ne pourrait la traverser, un monstre la happerait. Elle était en sécurité sur le territoire de l'Ombre, chez elle. Chez moi. Ses pattes n'en crurent pas un mot. La guerrière se leva et osa un coussinet sur la surface dure, sous ouvrir ses yeux. Aucun bruit. Un frisson la parcourut, elle ne pouvait plus le retenir. Pouvait-elle fuir? Ses pupilles se firent ronde, dessous. Elle fonça, ses pattes foulant vivement la surface dure. Non! Nuage Scintillant! Ses épaules se bloquèrent, elle se tapit. Un rugissement hurlait au loin. Ô comme elle aurait voulu faire de même. Au lieu de ça elle tourna la tête et fixa de ses grands yeux ternes le point qui se mouvait à l'autre bout de la rivière grise. La punirait-il pour avoir violé la frontière? Elle attendit, les oreilles tremblantes. Le vrombissement se faisait plus grave encore, déchirant l'air comme les grosses pattes rondes et noires arrachaient le sol. Elle avait le temps de fuir, sinon elle mourrait. Cœur de Lionne déglutit et sans attendre un instant de plus, laissa ses pattes à leur instinct qui la dirigèrent vers la sécurité de l'autre côté du chemin. Une odeur l’assaillit immédiatement. De la chair à corbeau se trouvait non-loin, même la puanteur du monstre vengeur qui la dépassa dans un vent violent ne couvrit pas l'effluve. Elle se lécha une babine en entendant pour la première fois son ventre gronder aussi fort qu'une voiture. Sans même savoir si elle se laisserait manger un cadavre pourri comme un solitaire, elle chercha la bête sur ce lieu qui n'appartenait à aucun clan.
_________________
[center]Cœur de Lionne
Mercee à Pti'Lu :3
la bête:
[/center]
Dame de Coeurs ▬ Guerrière
Messages : 74 Date d'inscription : 24/12/2019 Age : 22
Carte d'identité Âge: 45 lunes [Dec 2021] Description du personnage: Mentor/apprenti:
Sujet: Re: C'est simple, tuer le bATmAn. Ft. Dame de Cœur. - abandon 24.03.20 22:15
C'est simple, tuer le batman
AVEC Cœur de Lionne
La nuit était froide. Glaciale. Peut-être autant que son cœur désormais ? Elle tentait tant bien que mal de combattre ce froid, mais roulée en boule, seule, la siamoise ne possédait pas vraiment d'armes pour lui mener un combat digne de ce nom. Elle préféra battre en retraite, laissant son sommeil derrière. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'elle écourta sa nuit pour la même cause, et comme les autres fois, elle sortit ses muscles de leur engourdissement en se dressant sur ses quatre pattes - non sans avoir avant étirer chaque muscle de son corps pour les remettre ne serait-ce qu'un minimum en marche. Elle s'engagea vers le milieu du campement, toujours endormi sous les maigres et rares rayons de soleils qui commençaient à se frayer - difficilement - un chemin à travers les branches entremêlées des arbres.
Elle profita de la présence de l'un d'eux à proximité pour se réchauffer - bien que ce ne soit pas très efficace - un bref moment. Certes, son sommeil n'était pas à son meilleur mais cela ne l'empêchait pas de profiter des petites choses mises à sa disposition le matin. L'air frais. Le silence. Le calme. Il ne tarderait pas avant que les autres chats du Tonnerre ne s'éveillent à leur tour, et que le Clan ne commence à s'activer tel une petite fourmilière. Cependant, elle avait une envie de prolonger ce moment de calme, seule avec elle-même et c'est pourquoi elle fut bientôt en terrains boisés, guettant un arbre où elle pourrait se prélasser en toute tranquillité et profiter du peu de temps qu'il pouvait bien lui rester avant d'être dérangée.
Une ombre s'étira au dessus d'elle, et elle ne tarda pas à lever les yeux vers son origine. La circonférence de l'arbre était bien au delà de la normale, et elle mettait en évidence la grandeur du feuillu à la même occasion. L'arbre était vieux et, bien que ce ne soit pas la première fois qu'elle ne le voit - ni la dernière d'ailleurs -, elle ne manquait jamais d'être abasourdie son allure de géant. Il tenait bien son nom : le Grand Sycomore. Certes, il était à l'occasion utilisé pour entraîner les apprentis à grimper, mais elle jugea qu'il ferait un bon perchoir pour trouver un peu de calme - pour le moment. L'émerveillement se calma et elle reprit du poil de la bête et ses sens, jusque la détraqués par son ébahissement, se remirent en marche.
L'odeur de la chair à corbeau parvint en un temps record à ses narines et, bien qu'elle ne fronce son arcade sourcilière et que les muscles de son visage se crispèrent avec dégoût, elle décida tout de même de grimper dans l'arbre. Effectivement, elle jugea correctement et, une fois perchée sur son trône temporaire, branche qu'elle avait trouvé assez haute pour y trouver la paix, le vent - qui avait d'ailleurs pris plus d'ampleur - chassa l'odeur nauséabonde du cadavre toujours inconnu à ce jour qu'elle aperçu à quelques mètres du pied de l'arbre. Probablement l'oeuvre d'un renard.
Et alors que le vent chassa bien vite l'odeur de la chair à corbeau, il fit parvenir à son nez une toute nouvelle odeur. Une odeur qu'elle ne retrouvait à son habitude qu'aux frontières avec le Clan de l'Ombre. Décidément, quelqu'un s'était mis en tête de ruiner ce petit moment de calme qu'elle s'était réservée. Ce quelqu'un entra d'ailleurs dans le champ de vision de Dame de Cœurs, qui se limita à détailler l’intrus pour le moment. Le pelage était plutôt court, écaille de tortue d'un roux profond contrastant avec le crème. La figure est plutôt fine et la démarche est hésitante. Probablement la nervosité d'être en terres inconnues ? Mais il faudrait vraiment être affamée pour s'abaisser à manger de la chair à corbeau. Peut-être le Clan de l'Ombre avait-il aussi des problèmes avec le nombre de proies sur son tas de gibier ? Quoi qu'il en soit, la siamoise fit le premier pas en l'interpellant du haut de son perchoir, un sourire moqueur s'étirant le long de sa mâchoire :
━ « Allons allons,- elle ponctua sa phrase d'un rire taquin - on ne m'avait pas dit que j'allais avoir de la "si belle visite" en cette belle journée. Elle en profita pour passer un coup de langue sur l'une de ses postérieurs avant de la laisser traîner nonchalamment dans le vide - adressant ensuite un regard curieux à la femelle mais brillant d'un éclat malsain.
Elle continua, du haut de son perchoir, à détailler la femelle - vue sa carrure - plus bas, sa queue ondulante en percutant à l'occasion la branche sur laquelle elle était couchée.