//TW flirt// Bonjour très cher~ | ft Fifou - end

Bonjour très cher~(lune 66)


Le souvenir était pénible et désagréable, cependant la présence du bengal, ronronnant et se pressant dans mon cou, allégea fortement mes pensées. Je retraçais mentalement son petit chemin dans ma fourrure. Il s'était éloigné, mais revint bien vite dans le creux de ma gorge. J'entendais mes propres vibrations lorsque je parlais. Le début de mon récit le dérangea cependant, le sentant faire une courte pause dans son exploration pour me donner le nom de la pauvre guerrière. Guêpe Sauvage. Je fermais les yeux pour un peu mieux graver ce nom, qui avait souffert à cause de la folie d'une chatte. Le sujet devint un peu grave, avec les affaires de Tache d'If, ou bien le rappel que notre clan avait pris l'une des leurs en otage. Puis la mort, la violence, naturellement ça refroidissait l'ambiance. Le bengal avait du le remarquer, car il se remit à frotter ses joues contre mon cou. Je laissais échapper un petit rire, amusé par cet individu bien spécial, mais dans le bon sens. Il était rare de tomber sur quelqu'un avec le même esprit décalé que soi.

La suite se fit plus joyeuse, si on oubliait la punition à la fin. Moins grave qu'un mort ou qu'un membre torturé, après tout. Puis les encouragements ravivés du chat arboricole faisaient leurs effets aussi. Des petits rires et petites réflexions accompagnèrent mes paroles. On écoutait cette histoire qu'on ne me laissait pas trop raconter, qui voulait entendre cette version au clan du Vent après tout ? La version du "traître".

Sa patte alla caresser ma joue quand j'eus finis de parler de la Marque. Mon dandinement eut comme réponse un fort rapprochement du charcoal, rien qui ne me déplut ! Mon auto-invitation dans sa renardière se solda d'un oui (Victoire !) mais fut suivi d'un empêchement, elle n'était pas libre. Je fis passer de l'air entre mes dents, en signe de déception. Mais ce fut vite coupé par la baise déposée sur ma Marque tant évitée. Je frémis, surpris, soulagé. Un doux frisson parcouru mon corps de par cet "interdit" franchi, comme la première fois que j'avais passé la frontière, comme la première fois que j'avais défié les ordres de mon mentor, comme la première que... eh, que mon cerveau s'était plus trouvé entre mes jambes qu'entre mes oreilles.

Et c'était loin d'avoir fini, car quand le guerrier sombre me susurra que ma Marque était belle à ses yeux, les mauvais souvenirs étaient déjà bien loin. Des meilleurs moments voulaient s'inviter et prendre leurs places, se rattacher à la Marque et faire en sorte que je penserais à cet arbre plutôt qu'à cette patte griffue, la prochaine fois que je me verrais mon reflet.

Mon hôte, qui désormais m'enfermait entre ses deux pattes, ancrées dans l'écorce de l'arbre et titillant mes oreilles, voulut bien me parler de lui. De ses cicatrices. Celle sous ma patte était la "même" que celle sur sa patte, mais aussi totalement différente. Une bien propre et précise, et l'autre si hasardeuse et déchirée... Mais rien de ressemblait à une blessure du guerre. Trop bien faite pour la première, et trop maladroite pour la seconde. Rien qui pouvait être fait d'un coup de patte rageur et non décidé. Lui aussi était porteur d'étranges Marques. Cependant il semblait fièrement les porter, avec ce sourire plein de canines. Il approuva qu'on s'amusait bien dans son clan, ou qu'il s'amusait bien d'eux en tout cas, défiant les amoureux du code et... des étoiles.

Je n'en avais jamais douté, je savais que j'avais Coup de Foudre en face de moi. Mais ce chat, je ne lui avais construit une image que par les rumeurs qui courraient sur lui. Pas une très bonne façon de se faire un ami. J'avais évité d'avoir des a priori sur le bengal, évité de faire le "je-sais-tout" car au fond je ne savais rien de sa bouche. Mais la, j'avais réussi à avoir plusieurs morceaux qui faisaient liens, même s'il a demandé beaucoup d'infos sur moi avant de me les livrer. Charmeur, pelage de léopard, plusieurs cicatrices qui ne rimaient pas avec guerre, "amoureux" des amoureux des Etoiles.. Je posais ma joue contre la sienne.

" Je connaissais un peu tes cicatrices et leurs histoires avant de te rencontrer. Mais bon, comme je n'ai jamais connu le chat derrière ces Marques et ces rumeurs, j'ai préféré taire ton nom. Après tout, on ne s'est pas présenté en bonnes et dues formes ! Juste derrière quelques minces histoires.~ "

Je tentais de ravoir son regard, faisant un signe de tête comme si on venait de se croiser.

" Je m'appelle Moineau Cendré, Sentinelle traître du Vent, pauvre mâle portant la Marque d'Etoile Tropicale, piètre grimpeur d'arbres et nageur de rivière ! Et toi, chat des bois à la belle pelisse tachetée, détenteur d'une renardière qui n'est plus à toi, amant secret aux milles cicatrices...


..Tu t'appelles ? "

— « Je connaissais un peu tes cicatrices et leurs histoires avant de te rencontrer.

Naturellement. Si les rumeurs de leur alliance temporaire avec le Clan de la Rivière lui était venue aux oreilles, toutes celles qui courraient sur "lui" avaient forcément du franchir la frontière des Landes. Il inclina la tête, se coiffant les babines de suffisance.

Mais bon, comme je n'ai jamais connu le chat derrière ces Marques et ces rumeurs, j'ai préféré taire ton nom.

... Avant de redresser les oreilles, perplexe par le choix de mots de Moineau. Ça lui semblait bizarre - il savait à qui il avait affaire, et pourtant il n'avait pas voulu le lui dire?

— Après tout, on ne s'est pas présenté en bonnes et dues formes ! Juste derrière quelques minces histoires.~ »

Le beau gris eut droit à une expression de stupeur, dans les yeux de son interlocuteur. Coup de Foudre cilla par deux fois, et ses moustaches, au rebond, s'étaient écartés de chaque côté de son visage. C'est que...

...Ça n'avait jamais empêché les autres de se servir de lui. Douces Caresses l'avait appelé "Étoile du Serpentaire", Nuage de Lapin, "Tête de Grive", et il ne comptait plus les "mon beau", "mon cher", "chaton", qui se multipliaient dans un amalgame de voix différentes. Un gros frisson lui prit sous le poil - les souvenirs étaient flous mais ceux dans son corps l'avaient marqué, parfois même de façon permanente (par des cicatrices ou des trous dans une oreille). Mais Moineau, Moineau fit un pas de plus:

— « Je m'appelle Moineau Cendré, Sentinelle traître du Vent, pauvre mâle portant la Marque d'Étoile Tropicale, piètre grimpeur d'arbres et nageur de rivière !

Coup de Foudre s'entendit glousser - et le faire sans mesurer sa voix lui arracha un hoquet, s'empressant de taire les autres en rentrant le menton dans le cou, se cachant aux yeux bleus de ce Traitre pour lui cacher son embarras. Non! Il lui disait tout! Mais le jeu c'était de le découvrir, c'était de se cacher, c'était de laisser l'autre assumer, se pourchasser--

— Et toi, chat des bois à la belle pelisse tachetée, détenteur d'une renardière qui n'est plus à toi, amant secret aux milles cicatrices...


..Tu t'appelles ?

... C'était     raffraîchissant.

Sa réputation lui surissait tout espoir de connecter avec les chats de son Clan, et c'était une fatalité qu'il avait accepté. Mais il tenait là, contre le tronc d'un orme et entre ses pattes, un chat qui non seulement savait pour ses méfaits, mais avait méfait lui-même et en riaient ensemble. Croire à la sincérité d'autrui était un luxe interdit pour un chat ayant passé sa vie à mentir aux autres, à se déconstruire et se reconstruire pour plaire autant à leurs yeux qu'à leurs oreilles.

Comment tu t'appelles, lui demande un chat qui non seulement sait la réponse mais sait aussi toutes les étiquettes qui s'y rattachent.

C'est car ce n'est pas la réponse qui l'intéresse. C'est d'offrir pour la première fois de sa vie une chance à ce "maudit guerrier" "hérétique" "qui pisse sur la parole des étoiles" "con comme un ado" de prendre le contrôle de son identité.

Un sentiment lui gonfle la poitrine - il lâche le tronc, se saisit du chat, serre ses dents sur un sourire et il lâche, après s'être fermement campé sur ses pattes arrières:

— « Coup de Foudre -

C'est le nom qu'on lui a choisi.

Son expression se teint d'auto-dérision.

"Coup de Foudre", Coup de Foudre -

La réputation qu'on lui a donné.

Et puis il balance son poids sur le côté, en tenant solidement Moineau Cendré entre ses griffes, en plongeant son regard dans le sien pour voir le moment où ce-dernier réalise qu'il s'apprête à les faire tomber.

Ils perdent pied.

La chute n'est pas longue, ils ont à peine escaladé la première branche de l'orme mais le bengal s'est fermement aggripé au chat des Landes pour retourner tout son poids dessous et lui coussiner la chute. Son épaule tombe la première dans l'herbe, puis tout le contrepoids lui fait ouvrir les pattes et relâcher l'étreinte, dans un rire à gorge déployée, se distançant d'une roulade la tête à l'envers.

- ce Coup de Foudre-là. ♡ »

Sa résignation d'être à la fois rien de ce qu'ils disent, et tout de ce qu'ils prétendent.

Appréciait-il ce petit "coup-de-patte" pour descendre? C'est ce qu'il lui avait demandé, non? Coup de Foudre tendit l'une d'elles, décochant un coup joueur au chat des Landes. Il les ouvrit grandes en se trémoussant, pour le tenter à riposter:

— « Et toi? Tu n'en as pas?

Une renardière? ♡

Si, oui pourquoi rester ici?

Bonjour très cher~(lune 66)


La réaction qui habita le bengal était autant ce que j'avais prévu que mélangé avec des surprises qu'il était réputé d'aimer faire. Le sourire ravi, voir flatté, la lueur chaude dans les yeux, prévus.

"Coup de Foudre. -

Les griffes qui s'ancrent dans ma peau, l'air flatté qui devint malicieux, nos poids qui se balançaient dangereusement vers le sol.

"Coup de Foudre", Coup de Foudre -

Pas prévus.

" A
A
A
A
A
A
H
!! "

P O M F.La chute fut effrayante pour mon petit coeur de Venteux, plutôt habitué d'aller vite dans le sens perpendiculaire à celui qu'on venait de vivre. Secoué, effrayé, marqué, il me fallut quelques secondes pour retrouver mon souffle et mon entrain habituel.

" Ha.. Hahaha... Hahahahaha ! Ce Coup de Foudre !! J'espère qu'il ne me tombera qu'une fois dessus car ça fait mal ! "

Pas de réelles menaces ou plaintes, même si je préférerais ne pas réitérer l'expérience. Je m'échappai de son emprise dangereuse et allait m'ébrouer pour remettre mon nord et mon sud en place. J'écoutais sa question en même temps. Ma propre renardière ? J'aurais bien voulu en avoir une ! Malheureusement je n'avais pas eu connaissance de cette superbe idée avant ce jour-ci. Je roulai de l'arrière train, comme pour vérifier que tout fonctionnait encore bien.

" Et bien, les renards n'aiment pas trop faire leurs terriers dans les Landes, mais je m'assurais d'avoir quelque chose d'équivalent pour notre prochaine rencontre ! Et pour se faire, je ferais mieux de me dépêcher de rentrer chez moi pour préparer tout ça dès que possible. Je n'aimerais pas trop te faire attendre et que tu m'oublies. Si tu descends tout le temps des arbres comme ça, j'imagine même pas toutes ce que tu dois oublier à chaque chute !!"

Je m'avançais alors vers la frontière, une pointe de regret dans le coeur, mais avec un nouvel objectif amusant à faire !

" A la prochaine alors ! Promis je ne tomberai pas du ciel cette fois là.~"

Deux fois en une journée était bien assez pour mon pauvre dos. Et sur ces mots, je quittais le charmant chat aux milles rume- non, Coup de Foudre.