Petit coin écriture de Grassette

J'inaugure ma première petite galerie! Je ne sais pas si je vais y mettre grand chose honnêtement, mais je voulais juste partager ce que j'écris (que ce soit en rapport avec LGDC ou pas, je verrais). Si vous voulez commenter, faites vous plaisir !



- Les Aventures de Couleur de Caméléon : Fleur de Bleuet
Fleur de Bleuet est l'unique sœur de Grassette Tremblante. Elle apparaît pour la première fois dans sa présentation, sous le point de vue de sa sœur qui ne fait rien pour l'empêcher de se rapprocher de ce guerrier du Clan de la Rivière, Couleur du Caméléon. Fleur de Bleuet s'est entiché du mauvais mâle, et elle va en payer le prix fort (regarde la bête de phrase).

- Les Aventures de Couleur de Caméléon : Pacotille
Pacotille n'a aucun lien avec ce forum, mais comme c'est la mère d'un autre de mes personnages et qu'elle et Fleur de Bleuet sont liées par le même mec, je me suis dit que ça serait intéressant d'écrire son histoire.

- Attraper des poissons n'est pas une mince affaire, Nuage de Poisson
Comment était-ce possible qu'un si petit chaton, n'ayant pas mangé depuis 91 jours précisément, pouvait avoir autant d'énergie ? Meilleure question encore : comment avait-il réussi à survivre tout seul sans aucun instinct de survie ?

- Le petit poisson fait ses premiers pas dans l'eau, Nuage de Poisson
Nuage de Poisson et Nuage de Lynx s'éclipsent du camp, chacun pour une motivation différente : Nuage de Poisson voulait cueillir des plantes pour sa belle guérisseuse, mais Nuage de Lynx était déterminé à piéger son camarade.

- Il était temps, Nuage de Poisson
C'est le jour J, Nuage de Poisson est fin prêt à devenir un vrai guerrier du Clan de la Pluie.. sauf que rien ne se passe comme prévu.

- L'amour d'un fils, Nuage de Poisson
Quelque chose clochait. Ce soir, Nuage de Poisson aurait dû veiller avec son frère Nuage de Lynx, ou qu'importe son nom aurait été, le matou aurait été avec lui et l'ex-apprenti aurait tout fait pour perturber le silence total qui se serait installé.. seulement Nuage de Lynx n'était pas là, et ce soir serait le soir où le nouveau guerrier chercherait un moyen de retrouver son frère. Cette fois-ci, il était certain d'y arriver.

Ce chat-là, c'était un cas. Le plus beau de son clan, le plus gentil de tous, lorsque ses yeux charmeurs se posaient sur les guerrières aux alentours, peu ne résistaient à son charme. En pleine assemblée, quand ils n'étaient rien d'autre que des nuages, Couleur du Caméléon avait regardé Fleur de Bleuet et alors, elle rejoignit ses autres qui étaient tombées amoureuses. Comment résister à ses yeux de toute manière ? Comment résister à ses yeux corail qui inondaient d'amour et qui avaient plus d'éclats que les siens qui étaient d'un vert viride ? Parfois, elle se demandait ce que ça ferait de vivre avec lui. Elle imaginait une vie plus douce, plus heureuse. Elle, elle venait du Clan de l'Ombre, ce territoire boueux où personne ne voulait aller tant les chats qui habitaient ses terres avaient des cœurs aussi froids que de la glace. Pas celui de Fleur de Bleuet. Son cœur battait pour Couleur du Caméléon et chaque fois qu'elle le voyait, elle se sentait flotter dans les airs. La barrière des nuages brisée, le rang de guerrière obtenu, Fleur de Bleuet s'échappait chaque nuit de sa tanière, sous les yeux coupables de sa grande sœur, Grassette Tremblante. Il lui disait la même chose à toutes leurs rencontres lorsqu'elle le rejoignait aux quatre chênes, lui promettait et lui conter des histoires idylliques qu'elle pensait vraies.

"Mmh, je ne t'aime plus"

Son monde s'était écroulé lorsqu'il prononça ses mots destructeurs. Il ne l'aimait plus ? Mais comment pouvait-il l'abandonner ainsi alors qu'elle portait dans son ventre le fruit de leur amour ? Désespérée et blessée, Fleur de Bleuet l'informa de sa paternité, mais ce n'est pas son regard dégoûté, ni même son reniflement de dédain qui choquèrent la femelle, ce fut le hurlement de rage d'un guerrier qu'elle connaissait bien : Orage Bruyant, son père et aussi son mentor. La honte l'envahit lorsqu'il l'attrapa par la peau du cou comme un chaton devant ce mâle qui fut son compagnon, la trainant à travers le territoire boueux qui était le sien, salissant son beau pelage blanc, sans prendre une seconde pour ralentir son pas effréné. Bien vite, les silhouettes de ses camarades remplacèrent les pins défilant et le sifflement du vent laissa sa place aux cris de colère. Fleur de Bleuet était recroquevillée sur le sol, toujours comme un chaton pendant que son père lui crachait sa déception au visage. Elle tenta un regard vers sa sœur et constata avec tristesse que celle-ci ne bougeait pas, elle savait qu'elle la regardait, mais plonger dans ses pensées, elle ne la voyait même pas.

"Tu es une honte"

Ses mots vinrent détruire les fondations qui tenaient le reste de son monde comme un boulet de canon. Fleur de Bleuet se releva et se mit à courir puis à galoper et enfin à fuir. Hors de question de revenir dans son clan natal, ils ne voudraient sans doute pas d'elle maintenant et le clan de son compagnon ne l'accepterait jamais, elle se mit donc à marcher, marcher jusqu'à ce que ses pattes n'en puissent plus. Chaque jour elle maigrissait, mais chaque mois qui passaient la faisait grossir. Éventuellement, elle croisa la route d'un chat aussi laid qu'un rat et aussi nu qu'un ver. Son nom était Pandémie et il troqua son habituelle méchanceté pour laisser place à la compassion.

"Par-delà le territoire des bipèdes, tu trouveras des clans : Pluie, Flamme, Terre et Nuage. Ils t'accepteront peut-être"

Puis elle avait recommencé à marcher, seule. Pandémie ne l'avait pas accompagnée. Son ventre était énorme, la mise bas serait pour bientôt, seulement, elle était si loin du territoire indiqué par ce chat ! Lui avait-il menti ? Affamée, elle fut bien obliger de s'arrêter dans un de ses territoires bipèdes. Des chiens partout, des arbres rangés en rang, des fleurs qui ne pouvaient s'étendre, Fleur de Bleuet découvrit que même la nature des bipèdes était étrange. Le plus grand danger, d'ailleurs, n'était pas ses chiens qui tiraient sur leur laisse comme des sauvages enragés, mais ses espèces de petits monstres qui déchiquetaient l'herbe. La femelle blanche, qui était devenu aussi maigre qu'un petit bout de bois, trouva refuge derrière des broussailles suffisamment hautes pour cacher son frêle corps.

À peine allongée, que des contractions viennent perturber les quelques minutes de calme. Ses petits arrivaient. Un premier, un deuxième puis un troisième, Fleur de Bleuet avait puisé dans ses dernières forces pour venir lécher ses boules de poils, mais aucun de ses trois petits ne respiraient. Elle se laissa retomber sur le sol brutalement, abattue, elle se savait condamnée : jamais elle vivrait sans ses petits. Alors qu'elle poussait pour donner la vie à son dernier, la pauvre maman pensa à sa famille : elle regrettait maintenant d'être partie, peut-être reverrait-elle Grassette Tremblante dans le Clan des Étoiles ? Elle se sentit légère d'un coup et, prise par un élan déterminé, Fleur de Bleuet alla chercher son nouveau petit pour venir le lécher frénétiquement : il devait survivre ! La respiration du chaton se fit saccader, elle allait réussir ! En relevant ses prunelles vertes, elle eut des sueurs froides en voyant la grosse tête d'un cabot puis la terreur se fit plus intense lorsqu'elle put sentir l'odeur métallique du sang dans son nez, mais surtout sur son pelage. Son petit vivait, mais il grandirait sans sa mère. Fleur de Bleuet regarda avec tristesse le chien en face d'elle : c'était une femelle et une future mère, à en juger par son ventre énorme et ses mamelles gonflées. La chienne se coucha au sol, sous le regard implorant, mais reconnaissant de la guerrière qui se mit à ronronner.

La chatte regarda son petit, son unique petit, il était si beau. Blanc, comme elle, mais avec de jolies petites taches noires partout sur son corps. Fleur de Bleuet réalisa alors, le Clan des Étoiles lui avait-il envoyé cette chienne ? Ou le destin avait voulu qu'elles se rencontrent ? Son petit était exactement comme cet animal qui était censé être son ennemi juré, mais qui lui avait témoigner plus d'affection et de compassion que ses semblables. Blanc avec des taches noires, ils se ressemblait tous les deux. Le cœur de la guerrière se serra, abandonner son chaton comme ça la faisait souffrir pourtant, au fond d'elle, elle savait que cette chienne prendrait soin de lui comme s'il était le sien. Celle-ci était allongée là, léchant le haut de son crâne dans un geste réconfortant, alternant parfois avec le corps du plus jeune, elle n'était pas obligée d'être là, mais elle avait choisi de rester jusqu'au dernier instant de la chatte.

Fleur de Bleuet poussa du bout du nez son petit vers les flancs de la chienne et elle eut juste le temps de voir leur union magnifique et logique avant que la froideur de la mort ne vienne rejoindre son corps comme il avait contaminé celui de ses enfants.

Et naquit Nuage de Poisson:

Des générations et des générations d'un sang pur, d'une race sans entrave. Non, Pacotille n'était pas une fière nageuse comme les félins de la Rivière, ni même une rapide coureuse comme ceux du Vent, encore moins une forte grimpeuse comme les chats du Clan du Tonnerre, et ne parlons pas du Clan de l'Ombre, car Pacotille avait le cœur aussi doux que du coton. Et cette femelle était destinée à vivre pour donner naissance à des petits qu'elle ne verrait jamais grandir. Pas un seul, pas une seule fois. Si seulement elle savait, jamais elle ne serait tombée amoureuse de ce premier matou que ses bipèdes lui avait fait rencontrer. La jolie chatte était pleine, et ce fut une vraie descente au enfer lorsqu'elle constata l'horreur qu'engendrait la naissance de ses jolis petits chatons.

Assise comme chaque jour devant sa fenêtre, Pacotille observait la nature qui s'offrait à ses yeux. Derrière elle, ses enfants l'appelaient inlassablement, mais elle n'y prêtait pas attention. À quoi bon de toute manière ? Ils partiraient bien vite comme les autres, alors Pacotille avait fait le choix de préserver son cœur de mère pour éviter qu'il ne se brise davantage. Pour tout dire, la chatte domestique avait même cessé de leur donner des noms, ils étaient réunis dans un groupe, un groupe avec des chiffres. Portée 1, portée 2, portée 3.. car tel était ce que ses bipèdes voulaient d'elle.

Quelque chose d'inhabituel changea peu à peu sa vie : la venue quotidienne de ce félin blanc et roux. Il avait de belles taches sur le dos, ses muscles témoignaient d'efforts quotidiens et ses yeux corail étaient remplis de charme. Il fallait être aveugle pour ne pas voir toute cette vie qui s'échapper de ce regard ardent. Il était plus jeune, mais il avait plus vécu qu'elle. C'est à travers cette fenêtre que la chatte domestique rencontra son premier vrai amour.

Que c'était étrange de le voir sans lui parler, ni même le sentir. Bloquée dans son nid de pierres, Pacotille s'était mis à rêvasser. Que faisait-il de ses journées ? D'où venait-il ? Probablement d'un monde différent, qui se trouvait derrière ce mur d'arbres devant ses propres yeux, et qu'elle avait furieusement envie de découvrir.

"Il suffirait de me laisser sortir une journée !!"
"Je reviendrais !"
"Laissez-moi découvrir le monde"
"Je veux sentir les feuilles sur mes pattes et sentir l'air frais de la forêt"

C'étaient ses lamentations quotidiennes, ses plaintes que ses bipèdes ne semblaient jamais comprendre. Ils la regardaient en montrant les dents avant de venir la caresser sur le haut de la tête. Et alors elle continuait à fixer l'extérieur.. Jusqu'à ce que l'occasion ne se présente. Une brèche vers le monde extérieur, suffisamment grande pour que la féline puisse s'y faufiler. La chance lui souriait, car le mâle blanc et roux se trouvait juste là, mais avant qu'elle ne puisse lui adresser la parole, il s'échappa à vive allure et sous les cris perçants de ses bipèdes, Pacotille se mit à la poursuite du jeune félin car il s'agissait là de son unique chance de lui demander ce que ça faisait d'être libre

Mais bon sang, qu'elle courrait vite la liberté ! Et alors que les images défilaient autour d'elle, que les odeurs s'entrechoquaient dans un méli-mélo dans son museau, quelque chose la plaqua à terre. La joue sur le sol, elle leva ses yeux bleus vers l'animal.

"Tu sais où tu te trouves, chatte domestique ?"

Qu'il avait une belle voix ! Son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine tant il battait fort ! Les babines de Pacotille formèrent un non inaudible qui lui permit d'être relâchée. Le jeune félin tourna en rond, visiblement en proie à des questionnements avant de reporter son regard corail sur la féline.

"Tu es sur le territoire du Clan de la Rivière, n'en as-tu jamais entendu parler ?"

Non encore une fois, elle hocha simplement la tête.

"Tu sais rentrer chez toi ?"

Encore une réponse négative, Pacotille avait les joues qui chauffaient de honte.

"C'est pas vrai, marmonna-t-il."

D'abord à contre cœur, le jeune mâle lui fit signe de le suivre, miaulant qu'il la raccompagnerait chez elle, avant de finalement daigner à répondre à ses interrogations. Il s'appelait Nuage du Caméléon, un nom étrange, mais que Pacotille trouvait intéressant ; il venait du Clan de la Rivière, un des quatre clans de la forêt ; il la trouvait très jolie.. ; et très gentille.. Pacotille n'en croyait pas ses oreilles, elle se sentit flatter ses compliments et ce mâle, qui n'avait rien de ses félins horribles qu'elle avait rencontrés dans le passé, était d'une attention touchante.

"Rentre chez toi aujourd'hui, mais je reviendrais te chercher, promesse de Caméléon !, dit-il avec un sourire ravissant avant de bomber le torse. Et cette fois-ci, je serais un guerrier !"

Arrivant au seuil de la porte de sa maison, ses bipèdes s'empressèrent de la prendre dans leurs bras pour la câliner pendant que Nuage du Caméléon s'en alla par-delà les arbres. Pacotille fut enfermer comme toujours, mais cette fois-ci, elle aurait bientôt la compagnie de petits qu'elle aimerait vraiment.

Si elle était au courant, le referait-elle ?
Car voilà que ses bipèdes lui hurlaient dessus. N'était-ce pas ce qu'ils voulaient d'elle, d'avoir des chatons ? Jamais bipèdes et chats ne se comprendraient, pourtant ce regard dégouté, elle le comprenait bien. Ce qui était incompréhensible, c'était de l'avoir mise à la porte. Elle avait des chatons : ils n'étaient pas contents quand elle leur en donnait. Elle ne pouvait pas sortir : ils la mettaient dehors. Jetant un coup d'œil par-dessus son épaule, Pacotille regarda son foyer. Bien sûr, il n'était pas parfait, mais il était sien et elle l'appréciait.

Pacotille cherchait le territoire du Clan de la Rivière, il fallait qu'elle retrouve Nuage de Caméléon, il devait l'aider ! Promesse de Caméléon.. Et alors qu'elle déambulait, des bruits se firent entendre, la domestique savait qu'elle venait d'être repérée alors elle tenta de garder son calme.. en vain.

"Tiens, tiens, tu ne viens d'aucun clan, ça se voit, miaula un premier chat.
- Tu empestes le chat domestique, cracha un deuxième pendant que le troisième, de son regard corail, la fixait.
- Je.. Je viens pour Nuage de Caméléon.
- Aaah, dis-nous ma belle.
- C'est.. c'est mon compagnon, je porte ses chatons et mes bipèdes viennent de me jeter dehors.. j'espérais.. j'espérais..."

Mais ses derniers mots restèrent coincés dans sa gorge devant l'hilarité générale que ses premiers avaient causés. Son corps tremblait, Pacotille se sentit soudainement en danger malgré la présence de Nuage de Caméléon. Les seuls interlocuteurs se tournèrent vers ce dernier, et l'interrogèrent concernant la véracité des faits. Pacotille avait espoir qu'il rétablisse la vérité, bien sûr elle était venu de son propre chef, mais la femelle n'avait eu aucun choix!

"Je n'ai jamais vu cette chatte de ma vie."

C'était la douche froide. Comment pouvait-il dire ça après ce qu'il lui avait promis ? Pacotille se fit escorter en dehors du territoire de la Rivière, mais ses pattes étaient lourdes. Et alors qu'elle se faisait chasser une nouvelle fois, Nuage de Caméléon s'approcha d'elle pour chuchoter dans son oreille :

"Ne reviens plus, et.. C'est Couleur du Caméléon maintenant"

Et le dernier de ses espoirs s'écroula. 

Des contractions arrivèrent alors que l'ancienne chatte domestique était perdu dans un territoire nouveau. Des lunes qu'elle vadrouillait de ville en ville, sans jamais trouver un endroit suffisamment sûr pour donner la vie à ses petits.

"Oh quelle idiote je suis, dit-elle en s'écroulant sur derrière un buisson."

Un fumet lui arriva dans les narines, et la femelle leva la tête tristement. Ce qui se trouvait en face d'elle semblait irréel : une chatte, blanche comme la neige, scintillante comme les étoiles, lui faisait signe de la suivre. Son regard était amicale, mais Pacotille pouvait percevoir une tristesse et une certaine pitié dans ses yeux. Puisant dans ses dernières forces, Pacotille se leva pour suivre avec peine la nouvelle arrivante.

Au fur et à mesure qu'elles avançaient, la chatte disparaissait petit à petit sans que Pacotille ne le remarque vraiment. 

"Approche-toi, ils ne te feront rien. Tu n'es pas destinée à être une chatte de clan, lui miaula l'inconnue dans un murmure."

D'abord réticente à ce que l'autre femelle lui proposait, Pacotille osa s'approcher d'un couple de bipède assis sur le sol. Les deux personnes, d'abord surpris de la voir, vinrent la caresser aussitôt et Pacotille sembla fondre sous leur affection. Et alors qu'ils la soulevèrent, elle tourna la tête pour essayer de retrouver la jeune chatte : elle avait disparu, comme par magie. La remerciant mentalement, la future maman s'autorisa quelques ronronnements. Ses petits, elle les aurait finalement.

Et naquit Tocade:

Comment il était arrivé là ? Ramsey ne le savait pas. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il avait faim. Et qu'il était perdu. Quelle idée il avait eu de partir tout seul à l'aventure ! Cela faisait des jours qu'il marchait. Il n'avait croisé personne et rien à se mettre sous la dent.

Par miracle, le jeune mâle était arrivé à endroit rempli de fortes odeurs en tous genres : des odeurs musquées et de gibier, mais surtout : des odeurs de chats. Naïvement, Nuage de Poisson n'avait jamais pensé qu'un chat pouvait attaquer l'un des siens -il avait déjà du mal à comprendre qu'il était lui-même un chat- alors il avait traversé ce territoire étrange, comme si de rien était.

C'était une nouvelle journée qui commençait pour Ramsey. La faim lui tiraillant le ventre, le petit fouilla les alentours, essayant de poursuivre une souris, puis une grenouille, puis une nouvelle fois une souris, mais rien n'y faisait : il n'arrivait jamais à rien.

"Tout était plus simple chez maman, dit-il en tapant de la patte, frustré"

Ramsey observa les alentours, le regard mauvais. Il se dirigea vers une direction, le pas ferme lorsqu'une feuille lui tomba dessus. Il fit volte-face et sauta sur la feuille, la mordant et la déchiquetant avec ses pattes arrière. Il se releva d'un bond et tourna autour d'elle, sautillant partout, le dos rond, avant de trébucher sur lui-même. Encore une fois, il se releva bien vite. Pris par l'adrénaline que son petit corps de chaton pouvait lui offrir, Ramsey se mit à courir, galoper aussi vite qu'il le pouvait, comme s'il fuyait un ennemi invisible.

Sa course le conduisit jusqu'à un bassin peu profond, mais terriblement joli. En effet, ce bassin était rempli de petits poissons colorés. C'était magnifique et pourtant, cela n'empêcha pas Ramsey de bondir dans l'eau pour venir taper les poissons qui habitaient la mare. Cependant, même dans un petit espace comme celui-ci, Ramsey touchait à peine les animaux. Il souffla avant de sortir de l'eau.

En se retournant, Ramsey cracha de peur en voyant le chat qui l'épiait : il était grand, aussi grand que son voisin Jack, mais c'était un félin, comme lui et comme Jack alors la pression du petit redescendit bien vite. Il s'approcha de lui doucement, presque en rampant avant de sauter aux pattes du mâle. Il roula sur le dos avant d'attraper une des pattes avant du chat pour la mordiller. À l'odeur, le chaton reconnut les odeurs du territoire qu'il avait visité plus tôt.

Le chat s'était mis à rire. D'abord doucement, puis finalement il s'était allé à rire aux éclats. Ramsey se remit sur ses quatre pattes en un seul bond et fixa le mâle en face de lui qui le dévisageait. Il lui arrivait quoi à celui-là ? Lorsque le guerrier évoqua un manque de neurones presque évident, le chaton tourna la tête comme le faisaient autrefois ses frères lorsqu'ils ne comprenaient pas quelque chose.

"En plus tu ressembles à un chien, avait dit le guerrier en articulant chaque syllabe comme si le petit était trop stupide pour comprendre"

Alors même qu'il comprenait. Les prunelles chocolat du jeune chat rencontraient les prunelles verdâtres du plus vieux et le chaton avait une attitude impassible, le regard fixe, comme s'il était plongé dans un autre monde. Lui aussi était bizarre, avec son regard malicieux et son rictus moqueur !

"J'ai rarement vu un félin aussi moche"

Le jeune mâle se remit à rire, la mine heureuse tout en montrant ses belles petites dents blanches au félin d'en face. Soudain, il se recroquevilla sur lui-même, sa queue fouettant l'air, ses oreilles se couchant sur son crâne avant de bondir sur le guerrier. Il atterrit sur le dos de ce dernier, mais roula jusqu'à ses pattes.

Ramsey détala aussitôt, couvrant de poussière le guerrier qu'il venait tout juste d'attaquer. Il disparut bien tôt dans les fourrées, mais il n'alla pas bien loin car il réapparut derrière le mâle. Bien sûr, le guerrier savait exactement où se trouvait le chaton car il n'était pas très discret dans sa course : il cassait des brindilles et effleurait des feuilles mortes.

Le chaton arrêta sa course non loin du guerrier qui l'observait, amusé. Il s'approcha du guerrier doucement, faisant quelques sauts parfois grâce à toute l'énergie qu'il avait accumulée, puis s'allongea près de lui, imitant la position de ce dernier. Il le regarda une nouvelle fois dans les yeux, mais cette fois-ci le plus calmement possible.

"Comme tu n'es pas très joueur, on va discuter. C'est ce que vous faites vous, les grands, vous discutez, tout le temps, bla bla bla. C'est ennuyant, tu sais, déclara-t-il en lançant un regard accusateur et en pointa sa patte vers le guerrier. Il faudrait que tu détendes un peu, au lieu de juger. Je vois comment tu me regardes, j'aime pas beaucoup ça, d'ailleurs, dit-il en menaçant le guerrier du regard pour au final se mettre à rire. Bon sinon tu fais quoi par ici ? Qui es-tu, Monsieur ?"

Le débit de parole était rapide et Ramsey n'écoutait déjà plus. Il n'en avait que faire des réponses que le mâle allait lui apporter : il était jeune, il était rapide, il voulait jouer.

"Tu ouvres beaucoup ta petite gueule pour quelqu'un qui dit que discuter c'est ennuyant."

Touché. Nuage de Poisson se renfrogna un peu. Qu'est-ce que les adultes pouvaient être embêtants ! Ils étaient tous pleins de logique et n'hésitaient pas à la claquer au visage de Ramsey.

Le petit capta un mouvement : la queue du guerrier ressemblait à un serpent. Ramsey en avait déjà vu, en faux bien sûr. Ses bipèdes avaient une sorte de boîte magique d'où sortait du son et des images et ils avaient appris qu'un serpent était une espèce de long bout de bois long qui rampait sur le sol. Il aurait aimé en voir un pour de vrai. Les pupilles du mâle grossirent, il était prêt à bondir sur la queue pour l'attraper lorsque soudain, le plus âgé colla sa tête à la sienne, si près que Ramsey ne pouvait voir que ses yeux qui le fixaient.

"Ta mère ne t'a jamais appris qu'il faut se présenter avant ? Non attend ! J'ai encore mieux, laisse-moi deviner. Morveux ça te va bien, hein. Tu es jeune, t'as deux neurones, tu es petit, tu es hyperactif, ça te colle à la peau comme une tique sur le pelage d'un Terrien, fit le guerrier en souriant. Et tu peux m'appeler maître.
- Recule-toi, tu pues avec ton haleine pue le poisson, puis c'est quoi un Terrien ?"

Avait répondu le chaton en essayant de pousser l'adulte qui se releva trop vite pour qu'il réussisse. L'appeler Maître ? Aucune chance, et puis quoi encore ? Ses frères appelaient leurs bipèdes "Maîtres", et ils avaient disparu donc pas question que ça lui arrive.

"Je vais pas t'appeler Maître, pff, murmura-t-il en souriant et en roulant des yeux."

Le guerrier s'était redressé, fixant le chaton de toute sa hauteur. Ramsey maintint le regard verdâtre du mâle. Il avait vécu avec des chiens, alors il n'aurait certainement pas peur d'un chat.

"Mais dit moi plutôt Morveux, t'as la peau sur les os ? Trop mauvais pour chasser quoi que ce soit ?"

Le surnommé "Morveux" dévisagea le guerrier avant de le regarder de bas en haut. Lui, était en mission, ce n'était pas un gros-sac qui se prélassait au soleil comme lui.

"Pas de repos pour les braves, mon bon monsieur. Je suis en mission ! J'ai pas le temps de chasser et en plus, je suis pas un gros fainéant qui reste allongé, comme toi, dit-il en levant une patte accusatrice vers le mâle qui lui fouetta les côtes avec la queue. Wooh, mais ça va pas la tête ?"

Ramsey réussit à éloigner la queue du mâle de lui en lui donnant un coup de patte. Il se releva ensuite, la tête haute et fouetta à son tour le mâle de sa queue. Il s'avança un peu, l'esprit ailleurs. Il était en mission ! Il l'avait presque oublié ! Il tourna sa tête vers le guerrier puis s'assit.

"Tu n'aurais pas vu des chiens, haut comme ça ?, demanda-t-il en levant sa patte pour montrer la taille de ses frères. Ils me ressemblent, ils sont blancs avec des tâches noires. Ou noirs avec des tâches blanches ?, se demanda-t-il."

Le petit mâle replongea dans son monde. C'est vrai ça ! Ils étaient blancs avec des tâches noires ou noirs avec des tâches blanches, ses frères ? Et lui ? Il était blanc ou noir ? Il secoua sa tête, ce n'était pas le moment de se poser des questions existentielles.

"C'est un mystère que je résoudrais plus tard, reprit-il en secouant la patte, comme pour chasser ses pensées. Alors ? Tu les as vu ? Ce sont mes frères, je les cherche depuis, mmh, attend, laisse-moi compter, il regarda sa patte comme pour compter sur ses coussinets. 91 jours !
- 91 jours que tu cherches tes frères les chiens ?, répéta le guerrier.
- Oui.
- Chien ?
- Oui, c'est ce que j'ai dis, mon gars.
- Tes frères.
- Oui.
- Tes frères les chiens ?
- Oui. C'est bon, tu as fini ?"

Au vu de l'hilarité soudaine du guerrier gris, non, il n'avait pas fini. Le petit chat souffla et se rassit sur le sol, patient. Il s'y attendait. Comment avait-il être aussi stupide ? Évidemment que ça allait provoquer une réaction virulente chez le mâle ! Il ne lui en voulait pas. Chien et chat ne faisaient pas bon ménage, il l'avait appris à ses dépens après s'être fait poursuivre par un gros molosse. Ce jour-là, il avait failli y passer.

"Je ne suis pas fou et de l'eau n'est pas rentrée dans mon cerveau. En fait, j'ai toujours vécu avec ma maman, Eden, il se mit à ronronner en se remémorant les souvenirs avec sa famille. C'était une chienne, elle était belle et très gentille, contrairement aux chiens sauvages là, cracha-t-il soudainement. Quand je serais grand je me vengerai d'eux, c'est moi qui te le dit !, dit-il en plissant les yeux et en le pointant d'une griffe.
- Attend attend. T'es hilarant en fait Morveux ! Il faudrait trop que je t'amène à Etoile Volatile, elle n'en croirait pas ses oreilles.
- C'est quel genre de nom ça, "Etoile Volatile" ? Elle doit être bizarre comme lui, murmura-t-il.
- Dis m'en plus ! Dis m'en plus !, fit le guerrier en venant s'allonger à côté de lui.
- C'est ce que je faisais, figures-toi avant que tu ne te moque de moi, répondit le chaton en tapant le mâle sur les oreilles. Laisse-moi trouver une bonne position d'abord."

Le chaton tourna autour du guerrier et chercha une bonne position au côté du mâle, prenant 5/6 bonnes minutes pour en trouver une. Finalement, il s'allongea devant ce dernier, mettant ses pattes avant sous lui.

"Alors, je disais. Non. Attend, ça va toujours pas."

Et le chaton se releva, réfléchissant à la meilleure position pour conter son histoire. Finalement, il eut une idée.

"Si tu voulais me manger ou me tuer, tu l'aurais déjà fait alors je me permets, hein."

Ramsey monta sur le dos du guerrier et s'allongea. Seulement, le petit ne tint pas l'équilibre et tomba une nouvelle fois aux pattes du guerrier. Cette fois-ci, il ne détala pas, il garda la même pose tout le long de la chute tout en continuant son récit, comme si rien ne se passait.

"Là, je suis bien. Oh ouais, il s'étira, exposant innocemment son ventre et en fermant les yeux. Il ne s'était pas senti aussi confortable et serein depuis des lunes. Il rouvrit les yeux, regardant le mâle en souriant. Je te la fais courte : j'ai sans doute eu une vraie maman, comme toi, mais d'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vécu avec Eden et mes frères, il bailla. Vraiment, c'était les plus gentils du monde, mais les bipèdes ont pris mes frères, tu te rends compte ? Qu'est-ce qu'ils diraient si moi je venais dans leur nid pour leur voler leurs petits ? C'est du grand délire !, dit-il en remuant des pattes en l'air, comme pour expliquer ce qu'il disait. Enfin, c'est pour ça que je suis tout seul ici, pour essayer de les retrouver."

Il fit une pause et relâcha ses muscles : ses pattes tombèrent mollement sur son petit corp. Son regard quitta celui du guerrier pour regarder le ciel.

"Elle me manque."

Une petite pause, le matou semblait réfléchir.

"Ecoute Morveux, tu ne vas pas retrouver ta famille. Jamais."

Le chaton regarda le guerrier se lever puis fixa ses yeux lorsque ceux-ci vinrent croiser son regard. Étrangement, Ramsey ne savait pas comment il se sentait. Il n'était ni triste, ni déçu, juste creux. Son regard dévia dans le vide. En fait, c'est comme s'il le savait déjà. Lorsqu'il était parti, il n'était qu'un petit chat et maintenant, il n'avait rien du chaton que sa mère aimait câliner. Bien sûr, le petit s'amusait comme un fou à courir après les oiseaux, après les souris, après les feuilles, mais il ne pouvait pas jouer éternellement et il commençait à sentir la faim lui tordre le ventre.

"Je ne suis pas triste parce que je pense qu'au fond de mon esprit, je le savais.., dit-il calmement avant de faire une pause. Mais tu sais, tu aurais pu faire preuve de tact, hein !, reprit-il plus ardemment en reportant son regard sur le mâle."

Ramsey vit que le guerrier s'était remis à sourire. Ah parce qu'il trouve ça drôle en plus ? Le chaton se tassa sur lui-même avant de percuter le flanc du mâle comme un boulet de canon. Il retomba sur son fessier puis se releva rapidement avant de courir en percutant une des pattes avant du guerrier.

Ramsey était jeune et rapide, mais Souffle Brumeux était un guerrier expérimenté et fort qui rattrapa bien vite le petit. Il le plaqua sur le sol, le petit se retrouva dos à terre. Ramsey ne bougea plus d'un poil, faisant semblant d'être mort. Il ouvrit un œil puis, en voyant que le guerrier le fixait, se mit à rire aux éclats. Il s'extirpa de l'emprise du mâle, non sans gigoter comme un poisson de gauche à droite -car le guerrier était beaucoup plus fort que lui-.

"Je t'aime bien, dit-il en riant et en ronronnant. Ca veut dire que je ne te quitterais plus jamais. Tu t'es retrouvé au mauvais endroit, au mauvais instant. Nan, au mauvais endroit, au mauvais moment. C'est ça ? C'est comme ça qu'on dit ?, il fit une petite pause avant de reprendre. Bon, on va voir cette madame Etoile Volatile ?"

"Hum ? J'ai pas envie de me coltiner un chien domestique !"

Le chaton ouvrit la bouche pour faire une remarque. Il y a quelques lunes, il aurait juré qu'aucun chien n'était sauvage, mais son opinion avait changé après s'être fait courser par deux gros molosses. Ramsey regarda le mâle d'un air jugeur :

"Tu sais les chiens, les gentils chiens, pas les gros moches qui te courent après, sont les plus loyaux qu'ils soient. Ils pourraient mourir pour toi alors si je suis un chien, tu devrais te réjouir de m'avoir trouvé"

Le chaton regarda ensuite devant lui, observant les alentours, avant de clarifier un point :

"Je suis pas prêt à mourir pour toi parce que t'es un vieux gars que je viens de rencontrer, mais si on devient copain, peut-être."

Un bruit alerta les sens du chaton qui tourna la tête en direction du bruit. Ni une, ni deux, le chaton se précipita vers la source du bruit pour lui bondir dessus : ce n'était qu'une feuille. Il regarda triomphalement le mâle, agitant la feuille accrochée au bout de ses griffes. Le guerrier lui indiqua d'avancer plus vite, pour rejoindre cette fameuse "Etoile Volatile", faisant rouler des yeux le petit.

"Pas besoin d'être pressé, rolala, râla-t-il. Tu as vu comment j'ai été rapide pour attraper cette feuille ? Un vrai chasseur, c'est moi qui te le dis ! Donc je disais, quand tu seras vieux et à moitié mort, tu seras bien content d'avoir un jeune pour s'occuper de toi, non ? Alors c'est une chance de m'avoir, tu réalises pas encore, c'est tout."

Le mâle continuait d'avancer, il semblait réfléchir à quelque chose lorsqu'il se mit à expliquer son plan à Ramsey.

"On va au Clan de la Pluie, c’est un peu comme ma maison. Ça va te plaire, ça pue autant que moi. Ecoute va falloir que tu fasses bonne impression à Etoile Volatile, tu piges ? Je sais que tu aimes être insupportable, et je le respecte, mais si tu veux avoir de la nourriture et apprendre à survivre faut convaincre la cheffe. 
- Quoi ? Je suis pas assez convaincant ? Je suis trop mignon, elle va tomber sous mon charme, ria le chaton avant de regarder le mâle droit dans les yeux. Même si cette Etoile Volatile décide que je n'ai pas ma place dans ton.. euh.. clan de... dans ton truc ! ça veut pas dire que tu seras débarrassé de moi. Je te l'ai dit, je te quitterais plus jamais.
- Quelle chance j'ai, je suis flatté"

Le chaton roula des yeux, évidemment qu'il était chanceux de l'avoir ! Ils continuèrent leur chemin lorsque Ramsey se stoppa net : il venait de réaliser qu'il ne connaissait même pas le nom du guerrier !

"Tu t'appelles comment mon petit gars ? C'est un nom avec Etoile comme Etoile Volatile ? T'es gris donc peut-être Etoile Grise ? Etoile Beige ? Etoile Saumon ? Etoile Bout de la Queue Blanche ?"
- En fait, tu es un génie Morveux, c’est exactement ça ! 
- Oui je sais je sais, miaula-t-il en faisant un signe de la patte.
- Etoile bout de la queue blanche, en personne.
- Hé bah, ton nom il craint du boudin"

Ramsey se mit à rire. 

Etoile "bout de la queue blanche" ça voulait dire quoi ça? Pourquoi ne pas écourter le nom pour "Bout de queue blanc" au lieu de rajouter "Etoile" avec ?

"Tu sais, il faut que tu te présentes à Etoile Volatile avec un nom similaire. Un nom en étoile.
- Quoi ?!, s'étonna le petit. Moi je veux pas d'un nom tout nul comme le tien, la honte.
- Il faudrait quelque chose qui impose le respect. Tu veux rester avec moi jusqu'au bout de la vie, alors il va falloir impressionner la madame."

Le chaton lança un regard suspicieux au plus grand. Comment pouvait-il impressionner Etoile Volatile avec un nom en étoile si elle avait elle-même un nom comme ça ? Un oiseau passa au-dessus de la tête du mâle, lui faisant oublier sa réflexion. L'adulte continuant à avancer, Ramsey du courir pour rattraper son compère. 

L'esprit ailleurs, il réfléchissait à un nom : déjà, pas question d'avoir un nom en rapport à son pelage, mais comment fonctionnaient leurs noms ? Il souffla en regardant en coin Etoile bout de la queue blanche. Un animal peut-être ? Il pensa à Etoile du Chien, mais se rappela très vite de la réaction du plus grand lorsqu'il parla de sa famille. Un nom impressionnant ? Alors Etoile du Tigre ? Mais il n'avait rien d'un tigre.. 

"Je sais pas quoi choisir Etoile bout de la queue blanche, rooh et puis il est trop long ton nom !, râla le petit. J'ai rien d'impressionnant qui me vient en tête, est-ce que je peux prendre un animal que j'aime bien plutôt ? J'aime bien les poissons, Etoile du Poisson du coup ?, il regarda le guerrier. Alors, je peux prendre ce nom ?"

Un flot d'effluves rentra dans les narines du petit qui lâcha un Pouuah de dégoût. A en juger l'odeur qui s'était fait plus forte, ils devaient être arriver au camp du guerrier. Ramsey regarda les alentours et put voir des félins sortant de buissons, de crevasses, certains étaient même dans l'eau ! Les muscles du chaton se crispèrent, ses griffes s'enfoncèrent dans le sol, il ne s'attendait pas à voir autant de chat ! Il pensait voir qu'une seule femelle : Etoile Volatile et voilà que des dizaines de félins s'agitaient autour de lui. La panique submergea son petit corps.

"Etoile bout de la queue blanche, appela t-il, incapable de bouger. Tu m'as tendu un piège c'est ça ? Tu vas me tuer et me manger et.. et"

Ramsey pouvait sentir les battements de son cœur battre dans ses temps. Qu'il avait été idiot de suivre ce matou ! Les pupilles fendues, il fixait avec un mélange d'effroi et de colère le chat en face de lui.

Le cœur du pauvre petit Ramsey battait à la chamade, il avait l'habitude des chiens ! Pas des chats ! Une féline s'approcha d'eux, le petit ne la quitta pas des yeux de peur qu'elle ne fasse un mouvement brusque ou dangereux. Elle s'arrêta à deux longueurs de lui, l'attitude calme et posée. Ramsey la fixa : elle avait l'air d'être gentille, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que le gros sac à côté de lui avait été gentil avec lui un peu plus tôt. Conclusion : il ne pouvait pas lui faire confiance. Un petit arriva pour se coller à l'autre.

"Qui es-tu ?, demanda un chaton de son âge
- Bah euh, t-toi t'es qui plutôt ?!, miaula le chaton au tac au tac, toujours paniqué
- Je suis Nuage de Lynx."

Son cœur battait toujours la chamade et c'est alors que le chaton se rendit compte de toutes les paires d'yeux braquées sur lui. Un long grognement sortit de sa gorge sans qu'il ne fasse vraiment attention, il défia du regard quiconque le regardait, son regard passant de l'un à l'autre pour au final revenir croiser ceux du petit chat en face de lui.

"J’ai trouvé une superbe proie, elle est encore vivante en plus. Ne suis-je pas le meilleur de tes guerriers ?"

Ramsey tourna la tête vivement, une expression choquée sur le visage. Alors c'est ça ? Ils allaient le manger ? L'expression du petit changea lorsque le mâle lui demanda de se présenter : il vit rouge.

"Me présenter ?, il lui cracha au visage. Pourquoi faire, mh ? Ca sert à rien vu que tu vas me manger avec tes copains !"

Ramsey faisait maintenant face au guerrier. Bien sûr qu'il avait peur, mais allait-il se laisser manger par ces chats qui puait le poisson pourri ? Évidemment que non ! Ramsey avait peur, mais ce n'était pas une poule mouillée ! S'ils voulaient le manger, ils devraient d'abord goûter de ses griffes ! En commençant par cet idiot d'Etoile bout de la queue blanche !

"Si tu crois que je vais me laisser manger par ta sale face de rat, tu te trompes !, sa queue fouettait l'air à une vitesse affolante. Je me battais contre des chiens alors c'est pas un gringalet comme toi qui me faire peur. En plus, tu.."

Ramsey ne finit pas la phrase qu'il avait fait exprès de commencer, profitant que le guerrier l'écoutait pour lui griffer le museau rapidement et lui bondir dessus. Ramsey n'était qu'un pauvre petit chat comparé à cet immense matou, il le savait, ainsi il essaya du mieux qu'il pouvait de mordre le cou de celui-ci. Le guerrier le repoussa, et le petit tomba sur le sol sur le dos tout en percutant l'autre chaton. Il se releva à une vitesse fulgurante et se tourna vers le félin du même âge que lui pour lui cracher au visage :

"Recule-toi, mocheté, tu auras pas l'honneur de me manger non plus"

Il lui donna un coup d'épaule pour l'écarter avant de poser ses yeux sur l'entrée du camp. Trop tétanisé pour fuir, il décida de défier d'un regard humide les deux plus proches adultes, alternant entre le mâle et la femelle. C'était leur territoire, leur camp et il n'était qu'un chaton, il n'avait aucune chance de survire alors, quitte à mourir, autant se battre.

"Puisque tu sembles incapable de faire preuve de sympathie, laisse moi me présenter. Je suis Etoile Volatile, meneuse du Clan de la Pluie. Le mâle qui te fait marcher depuis ton arrivée ici s'appelle Souffle Brumeux, et le jeune félin auquel tu viens de t'en prendre se nomme Nuage de Lynx."

De la sympathie ? Pourquoi aurait-il de la sympathie pour un groupe de chats qui ne faisait que de le juger ?

"Je peux t'assurer que la viande de chaton n'est pas celle que nous mangeons, je préfère personnellement le goût du poisson ou des grives. Sache aussi qu'ici il existe le respect. Tu peux avoir peur, mais ne t'en prends pas aux autres, sinon c'est à moi que tu auras à faire, et je peux te l'assurer, je suis plus féroce que n'importe quel chien que tu as pu connaître dans ta misérable vie, je me fais bien comprendre ? Maintenant, fais preuve de courtoisie et je te prie de te présenter."

J'ai vécu comme un prince pendant des lunes en compagnie des animaux que tu crains tant et tu appelles ça une misérable vie ? Le regard braqué sur la femelle, Ramsey aurait voulu lui crier ses mots. Pour qui elle se prenait celle-là ? Qu'importe si elle se croyait plus féroce qu'un chien, à cet instant, Ramsey n'avait pas peur de l'affronter. 

"Qu'est-ce que tu veux ? Te battre contre papa ou maman ? Tu vas te faire mettre à terre rapidement, ça servira à rien.
- Je m'en fiche de me faire mettre à terre, je me relèverais autant de fois qu'il le faudra."

C'est ce qu'avait déclaré le petit mâle avec fougue, sans pour autant quitter du regard Etoile Volatile. Un coup de griffe le fit sursauter : le fameux Nuage de Lynx venait d'essayer de le taper ! Il eut un mouvement de recul, le novice en face en profita pour lui bondir dessus, toutes griffes dehors. Il lui mordit le milieu du dos, mais pourtant, le chaton noir et blanc garda le silence. Il avait connu pire, sa patte arrière légèrement tordue en était le parfait exemple.

D'instinct, Ramsey décida de rouler ce qui eut comme effet de mettre son adversaire au-dessous de lui. Le regard rempli de haine, Nuage de Lynx s'apprêtait à lui redonner un coup de griffe quand Ramsey lui donna un coup dans le ventre, se dégageant ainsi de son emprise. Le chaton blanc se releva d'un bond et se mit une distance de sécurité entre lui-même et la grande chatte. Il n'en avait que faire du petit, son réel ennemi était elle. 

Je vais te faire bouffer la terre, petit chat ridicule. Les griffes de Ramsey était enfoncées dans le sol tant il avait une folle envie de bondir et d'arracher la fourrure du jeune en face de lui. Il n'en fit rien, se contentant de s'imaginer écrasant la tête de son adversaire dans la poussière. Ramsey décida alors de s'exprimer, le plus sérieusement du monde, à son tour et de répondre à la même occasion à la question de Nuage de Lynx :

"Mon souci ici, c'est lui, il pointa de la tête Etoile bout de la queue blanc, mieux connu sous le nom de Souffle Brumeux, Il m'invite ici, dans sa 'maison', en me disant que j'allais pouvoir apprendre à chasser et à survivre et au lieu de ça, je me retrouve dans un guet-apens ! Il a parlé de toi, Etoile Volatile, même que il m'a affirmé que son nom était Etoile bout de la queue blanche et que je devais trouver un nom en étoile aussi, pour t'impressionner"

Sa respiration s'était un peu calmée, tout comme les battements de son cœur. La honte emplissait désormais son petit corps. Comment avait-il pu suivre aveuglément ce chat ? Il reprit :

"Il a fait preuve de sympathie lui ? En m'humiliant comme ça ? Et lui alors, mh ? Un coup d'épaule pour l'écarter du combat entre son père et moi et il me saute dessus comme ça ?"

Ramsey ruminait de colère à présent. 

"Tu veux que je fasse preuve de courtoisie, je sais même pas ce que ça veut dire ! il s'assit posément, mais ses muscles tremblotants montrer clairement sa colère. Moi je m'appelle Ramsey, je suis un ancien chat domestique qui vivait avec une famille de chiens et je suis en mission pour retrouver mes frères qui ont été enlevés par des bipèdes lorsque j'ai croisé sa route. La suite tu l'as connait, Madame. Histoire folle, je sais, il a rit de moi quand je lui ai dit ça pourtant, il se releva pour étendre sa patte arrière droite qui avait été tordue légèrement par un de ses frères à l'issu d'un jeu trop brutal, c'est vrai."

Il regarda Nuage de Lynx, il a déjà connu la douleur, lui ? Ce pauvre bébé ?

"Alors même si tu es plus féroce que n'importe quel chien que j'ai vu dans ma misérable vie, c'est tant mieux pour toi, mais si ton fils ou ton compagnon se remet à m'attaquer ou à mentir pour m'humilier, je n'hésiterai à me défendre même si je dois t'affronter après"

Il conclut sa phrase en appuyant sur le mot "défendre". C'était vrai à près tout, il n'avait fait que se défendre ! Il avait craint pour sa vie et n'importe quel animal se défendrait pour survivre.

J'aurais mieux fait de continuer à chercher mes frères, moi.

"Quelle balance Morveux ! Moi qui croyais que tu m’étais fidèle. 
- Peuh, dit-il en tourna la tête brutalement pour ne plus voir le félin. 
-Il suffit Souffle, laisse donc ce chaton tranquille. Il a beaucoup enduré et la fatigue se ressent sur son visage." 

Un regard malicieux prit place dans les yeux du félin noir et blanc et il retourna la tête pour croiser les prunelles de Souffle Brumeux. 

"Tu sais, je ne trouve pas ton histoire ridicule, loin de là. J’admire plutôt ta bravoure et ton courage, tu as vu beaucoup de choses, qu’un jeune félin de ton âge n’aurait pas du vivre." 

Les mots de la femelle touchèrent le petit en plein cœur. Elle n'avait pas ri ! Elle le croyait ! Il regarda la femelle dans les yeux, les pupilles dilatées. Elle, elle était gentille.  

"Aller, Ram-sey, miaula Souffle Brumeux en s'accroupissant à ses côtés, c’était une blague. Tu ne me crois pas capable de te faire une telle chose, n'est-ce pas ? Moi ? Ton chat préféré sur cette Terre ?" 

Ramsey dévisagea le guerrier proche de lui. Lui, son chat préféré sur Terre ? Non. Jamais de la vie. 

"J'ai jamais dit que tu étais mon chat préféré sur Terre, dit-il en poussant la tête du mâle loin de lui, sans agressivité. C'est Jack, mon chat préféré sur Terre. C'était mon voisin et s'il avait vu tout ça, il aurait mangé tes yeux et toute ta tête. Je t'aime plus, au fait." 

Le petit s'approcha alors d'Étoile Volatile, tournant une nouvelle fois la tête pour ne plus avoir des visions d'horreur en regardant Souffle Brumeux. Ses prunelles croisèrent celles de la meneuse : le bleu rencontrait le brun. 

"Tu aimerais peut-être une pièce de gibier ?"

 La question étonna le petit qui écarquilla des yeux. Vraiment ? Avait-il le droit de prendre une proie ? Il regarda autour de lui, gêné. Il avait attaqué son compagnon, son propre fils, même ! et elle lui proposait de manger ? Elle n'allait pas le chasser de son camp ? 

C'est alors qu'il remarqua le regard de la femelle. C'était un regard qu'il connaissait bien et qu'il n'avait pas vu depuis de longtemps, un regard qui lui manquait depuis le premier jour de son périple : c'était le regard doux et aimant d'une mère. Son cœur se mit à battre rapidement et l'espace d'un instant, Ramsey crut voir l'amour de sa propre mère, Éden. Ses yeux commencèrent à s'humidifier en même temps que la pression des combats et de la blague redescendait. 

Il n'était plus en danger. 

Ramsey s'était déjà ridiculisé alors ce qu'il allait faire n'allait pas le mettre plus bas qu'il ne l'était déjà et de plus, il manquait cruellement d'affection maternelle. Le petit s'approcha rapidement de la femelle et alla se coller à elle. Il mit sa tête dans son cou en ronronnant de soulagement, les yeux mouillés de larmes. 

"Je veux bien, merci beaucoup, murmura-t-il"


Souffle Brumeux marmonna qu'au moins, il était le chat préféré de quelque d'autre avant de s'approcher de son fils. Adressant un regard derrière lui, Ramsey tira la langue en ronronnant : il l'aimait toujours bien, finalement. Bien sûr, il lui en voulait un peu de lui avoir fait une si mauvaise farce, mais maintenant que tout était fini, Ramsey entrevoyait déjà un avenir. S'il restait là quelques temps, il reprendrait des forces et peut-être.. peut-être qu'un jour il réussirait à retrouver sa famille ? Ce moment joyeux ne dura pas étant donné que Nuage de Lynx ouvrit la gueule pour protester.

"Mais maman, il était un domestique !"

Ramsey souffla contre le cou de la meneuse puis toisa du regard le petit mâle. Il était domestique, et alors ? C'était un problème ? Faut rester poli et diplomate Ramsey, sinon elle va te jeter de son clan d'un coup de patte dans les fesses.

"Un domestique qui a survécu dehors pendant.. attend laisse moi recompter, il compta sur ses pattes une nouvelle fois. 91 jours mon pote ! Ca fait beaucoup, hein ?"

Le domestique haussa les sourcils et sourit d'un air fier. Il se retourna encore une fois vers la meneuse.

"Ca veut dire quoi diplomate ?"

Couché sur le dos, les pattes à l'air comme il le faisait quand il était chez lui, Nuage de Poisson rêvait qu'il courait au milieu d'une clairière accompagné de ses frères et sœurs. Sa fratrie était adulte et l'ancien domestique avait lui aussi grandi : haut sur pattes, la carrure élancée et rapide comme l'éclair, Nuage de Poisson était en train de poursuivre un lièvre, la bave aux lèvres. Il se trouvait beau, dans ce rêve, mais la réalité était tout autre car les pattes du chaton s'agitaient dans les airs, manquant de peu de frapper son compagnon de tanière Nuage de Lynx. Le novice noir et blanc se rapprochait dangereusement de sa proie et, après avoir interrogé du regard son frère aîné, il bondit en avant et attrapa le rongeur qui se débattait avec fougue. La meute lui tomba dessus et rapidement, l'animal passait mollement d'une gueule à l'autre.

"Passez-le-moi !!, miaula le chaton"

Mais ses frères couraient dans tous les sens, une moue moqueuse sur le visage tout en le défiant du regard. Nuage de Poisson était le plus vieux de sa fratrie, mais aussi le plus petit en taille -et le plus faible- et il devait bien se l'avouer : ça ne l'amusait pas d'être traité ainsi par ses frangins!

"C'est moi qui l'ai attrapé, gronda-t-il avant de poursuivre le chien qui avait la proie dans sa gueule"

À droite, puis à gauche, puis de nouveau à droite, le lièvre sautait dans les airs sans que Nuage de Poisson ne puisse l'attraper. Finalement, une de ses sœurs, alors inattentive, ne rattrapa pas l'animal et Nuage de Poisson put l'attraper avec ses deux pattes avant. Il le tenait fermement, les griffes sorties.

"Je l'ai eu !"

Un clignement d'yeux plus tard, et le lièvre s'était transformé en Nuage de Lynx. L'apprenti noir et blanc sursauta de peur et regard autour de lui : il était dans sa tanière, nullement accompagné de sa fratrie canine, mais de son frère adoptif félin. Nuage de Poisson grommela dans ses moustaches avant de faire retomber ses pattes sur le sol. 

"Tu m'veux quoi ?, demanda-t-il en baillant.
- Il est l'heure, allons-y.

Allons où ? Puis il se rappela et se releva en un bon. 

"Tu fais bien de me réveiller, camarade"

Nuage de Lynx sortit de la tanière puis du camp en toute discrétion tandis que Nuage de Poisson avançait en trainant les pattes, sans forcément prendre la peine d'être discret. Son compagnon de tanière lui rappela de garder le secret auquel cas, Étoile Volatile les étriperait tous les deux. 

"Alooooors... Quelle surprise, tu aurais dû me le dire plus tôt pour toi et Nuée Ardente, c'est pas commun ! Ohohoh... Petit cachotier... Qu'est-ce qui se passe du coup entre toi et elle ? Des petits câlins ? Héhéhéhé...
- Pff, ça te regarde pas, répondit-il avec un sourire en coin. Elle m'a montré comme faire pour prendre des plantes, il faut te servir de ton gros nez pour sentir les odeurs des plantes, un peu comme si tu sentais le gibier. Je sais pas si tu y arriveras vu que t'es assez nul. Moi j'y arrive comme un pro."

Et alors, l'ancien domestique commença à humer le sol comme un chien. Rapidement, il perçut l'odeur fraiche, douce, mais à la fois forte de la menthe. Il fixa la plante sans bouger, ayant soudainement un doute. Comment je fais déjà ? Ah oui ! Il croqua la base de la plante et tira doucement vers le haut, pour arracher la racine et garder la plante intacte, tout comme Nuée Ardente lui avait expliqué. Il se retourne vers Nuage de Lynx, un air fier et dédaigneux sur le visage. Il devait trouver des camomilles aussi : "c'est une fleur aux pétales blancs et au centre c'est jaune, généralement tu en trouveras en forme de tas". Il sentit ses joues rougir en se rappelant de ce moment qu'il avait partagé avec la belle guérisseuse. Il espérait qu'avec ses nouvelles trouvailles, elle serait contente de lui. Peut-être qu'elle m'aimera comme ça ?

"Tu verras, dans la grande étendue d'eau, la plus grande du Rivage Azur, il y a un poisson légendaire qui vit dans l'eau, il est géant. Il fait au moins dix Souffle Brumeux de long et il est gros. Ce poisson a des crocs longs comme des queues de chats et des yeux gros comme ma tête, apparemment qu'un jour, il eu une inondation et il porta tout le Clan de la Pluie sur son dos pour les sauver ! Puis, il avala toute l'eau et notre territoire comme il est aujourd'hui apparu. C'est parce qu'il a avalé beaucoup d'eau que le territoire du Clan des Flammes est si sec, car il a avalé beaucoup d'eau de là-bas. Par contre, il faut faire attention... Car ce poisson peut manger des chats tout cru ! D'un seul coup de crocs !, l'apprenti s'approcha de lui, mordant dans le vent pour rajouter de l'ampleur à ses propos. Beaucoup de chats se sont fait manger par ce poisson, il faut lui donner des plantes pour ne pas être mangé, c'est pour ça qu'on va cueillir des plantes là-bas. Tu peux prendre des fleurs et les jeter dans l'eau, ça suffira."

Nuage de Poisson buvait les paroles de l'autre apprenti. Pourquoi Nuée Ardente ne lui avait pas dit ?! Peut-être pour pas m'effrayer, c'est sans doute ça. Est-ce qu'elle devait balancer et gaspiller des plantes dans l'eau pour éviter d'être manger, elle-aussi ? Elle avait, dans ce cas, bien fait de le ramener ce jour-là pour sa cueillette car il l'aurait protégée avec sa vie !

"T'es un ouf toi, je cueille pas des plantes pour les jeter à un poisson qui pue ! Je m'en fous qu'il ait sauvé le Clan de la Pluie, d'ailleurs c'est pas cool pour le Clan des Flammes d'avoir piqué toute l'eau de leur territoire, moi je te le dis, dit-il en agitant une griffe vers Nuage de Lynx comme un professeur faisant la morale. Attends, je vais lui toucher deux mots à ce gros poisson"

Le pelage gonflé de colère, Nuage de Poisson s'avança vers le rivage.

"Hé gros poisson, si tu touches à Nuée Ardente, tu auras affaire à moi !, commença-t-il en marchant de droite à gauche, comme un crabe, dans une tentative vaine d'être intimidant. Tu peux manger Nuage de Lynx ou Souffle Brumeux, je m'en fous, mais tu laisses notre guérisseuse tranquille. Un poisson qui mange des plantes, on aura tout vu ! Prend garde le poiscaille !"

Une vague vint le frapper dans ses pattes et Nuage de Poisson s'énerva encore plus.

"Ouwooooh alors là !, il se retourna vers Nuage de Lynx, t'as vu il me défie !"

Comme si une mouche l'avait piqué, Nuage de Poisson, la queue ébouriffée et les oreilles couchées sur son crâne, se mit à détaler comme un lapin, se dirigeant vers les arbres feuillus pour revenir dans le dos de Nuage de Lynx.

"J'vais l'défoncer"

Il courra dans l'eau, éclaboussant tout autour de lui, sauta sur des feuilles pour les déchiqueter avec ses pattes arrières laissant un pauvre Nuage de Lynx complètement ahuri devant ce spectacle des plus étrange.


"Mh, moi j'aime pas aller cueillir des plantes avec elle. C'est trop sérieux, pas amusant. On peut rien faire de drôle avec elle. Je préfère aller patrouiller avec papa, il me montre les meilleurs endroits du territoire et on joue ensemble, on rigole bien, entre garçons tu vois . Ce que j'aime beaucoup aussi, c'est m'entraîner avec maman. Elle me montre plein de trucs trop cools et après on se promène sur le territoire, on passe du temps ensemble et elle est hyper impressionnée par ce que je fais ! Et moi aussi je suis hyper fier d'elle ! C'est une chef et ma mère ! Non, mais tu vois, j'ai trop la classe aux yeux des autres, membre du clan de la Pluie ou pas, ils sont jaloux de moi, car j'ai une mère trop cool !
- Mais qui t'a demandé de raconter ta vie ? C'est pas mon problème si tu préfères être un babouin plutôt que d'être utile à ton clan"

Et alors qu'il continuait à défier le poisson, le félin noir et blanc entendait les plaintes de son compagnon de tanière qui commençait réellement à l'énerver. Nuage de Poisson se retourna vers lui, plein de fureur et de peur dans les yeux et tonna :

"Mais arrête de beugler espèce de débile ! Tu me stresses, olala j'arrive plus à réfléchir"

L'apprenti regarda la rivage et constata avec terreur qu'une ombre approchait de lui. Il ne montra rien à Nuage de Lynx qui prendrait sans doute un malin plaisir à se moquer de lui pendant des lunes et des lunes. L'autre apprenti commença à hurler de plus belle, tout en sanglotant puis, d'un coup d'un seul, Nuage de Poisson se retrouva submerger dans l'habitat de l'animal qui composait son nom. Il ne put cacher sa peur plus longtemps : il hurla. Il était au milieu de l'eau là où le poisson légendaire pouvait le manger d'un seul croc. Sa mère lui avait apprit à flairer, à se comporter comme un chien, mais jamais elle ne lui avait appris à nager ! Nuage de Poisson commençait sérieusement à paniquer, il battait des pattes dans l'eau, tapant la flotte, éclaboussant autour de lui, mais sans jamais réussir à se maintenir hors de l'eau suffisamment longtemps pour prendre une bouffée d'air suffisante. Au lieu d'appel à l'aide, tout ce qui sortait de sa gueule était des miaulements désespérés.


Un poisson qui ne savait pas nager, quelle aubaine. Nuage de Lynx s'était précipité dans l'eau pour venir sauver son camarade de clan. Il essayait tant bien que mal de l'attraper, de le tirer, de le calmer, mais tout ce qu'il pouvait faire, c'était essayer de garder la tête en dehors de l'eau et d'éviter les coups de pattes frénétiques du plus gros. Nuage de Poisson n'entendait à peine les conseils de l'autre qui commença à sangloter. Pourquoi il pleurait celui-là ? Était-il mort déjà ? Il sentait des crocs sur son échine. Mais lâche-moi, tu sers à rien ! Nuage de Poisson battait toujours des pattes, mais n'eut pas le temps d'essayer d'appliquer les quelques brides de conseils qu'il avait entendu de Nuage de Lynx car sa vision commençait à se troubler dû au manque d'air. Il se sentait lourd avec toute l'eau qu'il avait avalé et ses muscles semblaient être privés de leur force habituelle. Maman. Avec tout ça, en plus, son cœur se serra, jamais il ne reverrait sa mère, tout espoir était maintenant anéanti.



Des crocs dans sa nuque, était-ce le poisson légendaire qui venait de le croquer ? Non, bien sûr que non, le poisson ne lui ordonnerait pas de respirer pour qu'il puisse survivre. Et alors que l'air reprenait doucement possession de ses poumons, Nuage de Poisson put capter la voix de Souffle Brumeux. Il est venu ! Il était difficile de lutter contre son instinct qui le poussait à battre des pattes, mais pourtant, il cessa de bouger complétement puis finalement, il sentit le sol sous lui. L'apprenti noir et blanc aspira de grandes bouffées d'air, reprenant peu à peu ses esprits ; ses grands yeux marrons regardèrent son mentor et il espérait qu'il comprendrait qu'il était reconnaissant. 

Le jeune matou cracha un peu d'eau de sa gorge puis, il tourna sa tête vers un bruit à côté de lui : Nuage de Lynx et alors ses yeux rejetèrent à leur tour de l'eau. Il se releva rapidement - trop rapidement et chancela un instant - pour venir cogner Nuage de Lynx... dans un câlin désespéré. Sanglotant, il se frotta à lui en ronronnant fortement. Il venait d'échapper à la mort là ! et même si Nuage de Lynx lui tapait sur les nerfs, il était son seul ami et ce dernier avait bondi dans l'eau pour le sauver et à cet instant, il l'aimait plus que tout au monde.

"Tu vas bien ? Je suis désolé, miaula-t-il entre deux sanglots. Je t'ai pas fait mal avec mes pattes ? Oh j'ai eu trop trop peur"

Nuage de Lynx nageait bien ! Un vrai petit poisson, peut-être devraient échanger leur nom car actuellement, lui, il n'avait rien de tel. L'autre novice répondit qu'il n'avait rien. Il allait bien ! Nuage de Lynx était sain et sauf, peut-être un peu fatigué d'avoir bondi dans l'eau pour le sauver, mais c'est tout. Incroyable  ! Pourtant, la mine joyeuse et reconnaissante de Nuage de Poisson se changea lorsqu'en croisant le regard timide de son camarade et en entendant ses excuses, il comprit qu'il n'avait rien d'un super-héros dans ce chat. 

"C'est ma faute, c'est ma faute si Nuage de Poisson a failli rejoindre le Clan Des Étoiles.. Ce n'était pas voulu.. Je voulais simplement lui faire une blague puisqu'il n'arrête pas de m'embêter.. Je l'ai poussé, je me suis dit que si ça dérapait, j'allais pouvoir le sauver, mais je n'ai pas réussi.. il se tourna vers lui. je suis désolé Nuage de Poisson et je te promets que je ne ferais plus jamais de coup comme ça, c'était vraiment stupide.."

Ah.

"Alors y avait pas de poisson légendaire alors ?, dit-il d'une faible voix"

Étonnement, l'apprenti blanc et noir n'était pas en colère contre l'autre, ni même déçu, il ne ressentait rien à l'instant, comme si son cœur et son cerveau s'étaient mis d'accord pour ne pas accepter et comprendre les paroles de son compagnon de tanière. Il se décala un peu du petit mâle, son regard perdu fixait le sol. Un vrai idiot dénué de vie, il ressemblait à l'instant. 

Est-ce que toutes ses bêtises méritaient une punition si grande ?

Il était temps, ça y est, aujourd'hui, Nuage de Poisson deviendrait un guerrier ! À lui la joie de parcourir le territoire tout seul sans se faire disputer ! À lui le pouvoir de corriger les petits à son tour ! À lui la possibilité d'être libre ! Et également, à moi Tombeau d'Absinthe, ronronna-t-il pour lui-même. Oh qu'est-ce qu'elle était belle cette féline ! Si grande et si puissante alors que lui, sa carrure était ridicule comparée à la sienne. Si jeune, mais déjà promise à un avenir radieux, tout le contraire de Nuage de Poisson au final, mais les deux matous se ressemblaient si fort que Nuage de Poisson avait troqué son petit béguin pour la belle guérisseuse pour un grand amour pour la forte lieutenante. Allongé dans sa tanière, il se cacha la tête sous les pattes, le visage chaud : aujourd'hui, il réussirait tout, sans faire une seule connerie, pour devenir un bon guerrier et peut-être rentrer dans le cœur de la rouquine. 

Nuage de Poisson se releva alors comme une flèche et trottina en dehors du camp, frais comme un gardon. Comme il le faisait à ses débuts - avant d'arrêter de respecter les règles -, l'apprenti se posta devant le tas de gibier et scruta avec attention chaque guerriers et anciens qui prenaient une proie avant de se souvenir de quelque chose.. ou plutôt quelqu'un : Petit Pingouin. Les anciens et les chatons ne devaient-ils pas manger avant tout le monde ? Ni une, ni deux, le mâle attrapa un petit écureuil qu'il amena dans la tanière de son petit protégé qui lui sauta dessus illico-presto avant de lui piquer la proie de la gueule.

"Dis, aujourd'hui c'est un grand jour pour moi"

Le chaton mangeait sa proie comme un bourrin, comme s'il n'avait jamais rien mangé depuis ses 2 petites lunes. Bien sûr, il lui adressait quelques petits regards en coin, taquin et voyant clair dans le petit jeu du Poisson.

"Je vais devenir guerrier et je dois partir bientôt, j'aurais pas le temps de manger.. tu crois que.
- Non.
- Un petit bout, au moins !
- Noooooooooon, répondit le chaton"

Minuscule chaton qui le regardait avec attention, sa queue battait l'air, ses oreilles étaient plaquées sur son crâne, mais sa petite voix et son grand sourire trahissait sa fausse colère. Dramatique, comme Souffle, il miaula :

"Moi qui t'ai tout donné.
- 'Moi qui t'ai tout donné', répéta le chaton en se moquant"

Et alors le plus jeunes mâles des deux lui passa un tout petit, riquiqui, bout de viande.

"Bah merci, j'vais aller loin avec ça"

Nuage de Poisson donna une léchouille affectueuse sur le crâne du chaton avant de se diriger vers la sortie : on l'appelait, il était l'heure.

Combat, nickel chrome, un vrai guerrier déjà ! Il avait réussi son épreuve de combat haut la patte, il ne lui restait plus qu'à chasser quelques proies maintenant. Il ne savait pas où en était Nuage de Lynx, mais il devait avoir réussi également car il était maintenant à ses côtés.

"T'as pas intérêt à me coller ou à tout faire foirer parce que moi je veux devenir guerrier, mec. Tu vas de ton côté et moi du mien et tout ira bien ouais ?"

Au loin déjà, il sentait le fumet apetissant d'une pie. Est-ce qu'elle aime les pie, Tombeau d'Absinthe se dit-il avant de se reprendre, pas le temps de déconner roh. Nuage de Poisson mit tous ses entrainements en application et se rapprocha suffisamment près de la pie pour l'attraper et la blesser à l'aile. Elle essaya ensuite de s'envoler, mais ne put que sauter loin de lui. D'un coup de croc, c'était fini pour elle. Nuage de Poisson essaya de regarder les arbres. Est-ce qu'il était là, Souffle Brumeux ? Était-il fier de lui ?

"MAMAN MAMAN ! PAPA AIDEZ-MOI AU SECOURS ! LÂCHE MOI ! CROTTE DE SOURIS ! COEUR DE RENARD !"

Le cœur de l'apprenti noir et blanc tapa si fort dans sa poitrine qu'il lui en faisait mal, que se passait-il ? Nuage de Lynx semblait en danger, la panique du jeune était si forte qu'il pouvait la sentir de là où il était alors ni une, ni deux, l'ancien domestique abandonna sa proie fraichement tuée pour rejoindre son compagnon de tanière et là.. horreur ! Des bipèdes venaient d'attraper le jeune apprenti pour le mettre dans une caisse de transport. Quand il vivait encore avec sa mère, c'était l'horreur chaque fois qu'on le mettait dedans. Des mains se placèrent de part et d'autres de ses flancs, mais Nuage de Poisson put se dégager vivement en griffant furieusement la main. Esquive à droite, des bipèdes arrivaient sur la gauche : ils étaient trop nombreux - même un seul bipède était trop, Nuage de Poisson le savait pertinemment -. 

"Nuage de Lynx !, feula-t-il."

Il était trop tard pour le sauver.. La tristesse de Nuage de Lynx était terrifiante, si seulement il pouvait l'aider.. ou au moins lui donner des conseils.

"Sois fort !, hurla-t-il."

L'apprenti noir et blanc se retourna vers la forêt à vive allure, fixant les branches hautes des arbres, il repéra alors Souffle Brumeux.

"Des bipèdes ont attrapé Nuage de Lynx"

À quoi bon devenir guerrier si celui qui le méritait le plus n'était pas là ?