Wake up ! [ft. Flocon d'Amour] - abandon

WAKE UP - ft. Flocon d'Amour

Un vrai charabia. Les cris des chatons, des apprentis, les serments des mentors. Ça alors ce qu'ils pouvaient en faire du bruit tôt le matin ces mal-élevés ! La siamoise s'ébroua, réveillant ses muscles toujours endormis. Ses pattes étaient lourdes, tout comme sa tête qui semblait avoir de la difficulté à être supportée par son cou. Pas d'inquiétude, elle serait complètement réveillée dans un petit moment, elle devait simplement laisser le moment à son corps de s'activer ! Elle procéda à un balayage du campement, entre les apprentis poursuivis par leur mentor pour faire leurs corvées et les chatons courant tout partout, elle ne voyait pas grand chose de calme par ici. Long soupir, même une once de grognement.

Elle préféra s'éloigner de l'endroit où les chatons et les apprentis logaient, où le brouhaha était encore plus intense, elle en profiterait pour faire sa toilette matinale. Rendue proche du promontoire, elle fut interrompue par un de ses supérieurs, priée de participer à une patrouille de chasse en compagnie de Flocon d'Amour, elle dirigerait exceptionnellement la patrouille, ce qui lui fut un grand honneur. Un hochement de tête affirmatif avant qu'elle ne se dirige vers la tanière dès guerrier, là où elle avait cru apercevoir Flocon d'Amour pour la dernière fois.

La queue haute, elle interpella la féline en la désignant de la patte :
- Hé toi, oui toi, Flocon d'Amour. Elle fit une petite pause, envoyant un coup de langue sur la patte qu'elle avait éloignée du sol pour désigner sa camarade, lorsqu'elle fut à distance raisonnable, elle poursuivit : On pars en patrouille de chasse toi et moi, dépêche-toi parce que je compte pas attendre des heures hein. Sur ce, la siamoise se dirigea vers l'entrée du camp en l'incitant à la suivre d'un mouvement de queue fluide, tête haute. Rejoins-moi à l'entrée quand tu es prête.

Elle poursuivit son chemin en jetant un regard vers le ciel, il était plutôt dégagé, aucun risque qu'ils ne soient dérangés par la météo pour le moment. Pour ce qui est de la température, ce n'était pas trop désagréable, le froid gardait ses muscles bien réveillés et tendus, la petite brise n'était pas désagréable non plus. Une fois rendue à l'orée du campement, elle s'assied en débutant une petite toilette rapide, qu'elle n'avait pas eu le temps de faire pour cause d'un dérangement inattendu. Elle n'en était pas trop fâchée, elle avait la chance de diriger une patrouille de chasse après tout, ce n'était pas rien. Espérons seulement que Flocon d'Amour ne soit pas un trop gros fardeaux, déjà que ça faisait un moment qu'elle l'attendait. Lorsqu'elle pointa le bout de son nez, Dame de Cœurs interrompit sa toilette avant de se dresser sur ses pattes, sa figure élancée ne cachait point sa compétence à la chasse.

- Dis donc, tu faisais ta toilette ou quoi ? questionna-t-elle en affichant un sourire moqueur quasi malsain avant de lâcher un rire tout aussi moqueur. Est-ce qu'elle blaguait ? Aucune idée. Allons, on a assez perdu de temps comme ça, mets tes p'tites jambes en marche et tâche de ne pas traîner ! La siamoise se permettait quelques blagues et remarques disgracieuses, par pur plaisir, Flocon d'Amour était sa cadette malgré tout, elle avait le droit de la taquiner !

Hmm qu'il fait bon de se prélasser. Il fait encore un peu froid mais avec la fourrure que j'ai, je ne le sens que très peu alors ça ne m'importe pas. En plus la vue est plutôt agréable, j'ai au loin l'image d'un Guerrier qui fait fondre mon coeur. Maman me dit souvent que je tombe facilement sous le charme d'un autre, mais là, c'est différent, oui très différent. C'est le bon, j'en suis sure. Bon, d'accord, j'ai déjà dit ça au moins cinquante fois pendant mon apprentissage, et au moins autant lors de mon enfance, mais là c'est pas pareil, j'en suis certaine! J'en ferai bien mon gouter, là, maintenant. À défaut de pouvoir le faire, je commence une toilette minutieuse, pelage long oblige. Mais ce n'est pas pour autant que je quitte des yeux. Ce sera mon matou charmant à moi toute seule, je ne partage pas.

- Hé toi, oui toi, Flocon d'Amour.

Je sursaute violemment, ne m'attendant en aucun cas à être dérangée en pleine séance de zieutage. Les yeux écarquillés je regarde autour de moi jusqu'à tomber sur un pelage clair. Ah Dame de Coeur. Curieuse, j'arrête ma toilette pour rejoindre la Guerrière.

- On pars en patrouille de chasse toi et moi, dépêche-toi parce que je compte pas attendre des heures hein.Rejoins-moi à l'entrée quand tu es prête.

Oh. Une patrouille de chasse. Oh. Bon d'accord. Après tout Nuage de Ciel est en patrouille, donc ça va. Mais je ne compte pas partir avec une toilette à demi faite, c'est l'horreur quand les poils se collent ou sont poussiéreux. Ce n'est tellement pas à mon avantage que je pourrais perdre la chance de conquérir mon chat charmant. Alors je reprends ma toilette, soigneusement mais le plus rapidement possible quand même. Après un instant je suis enfin prête. Je regarde vers la maigre pile de proies, mon coeur balançant entre remplir mon estomac pour partir en chasse, ou attendre. Oh et puis zut, si je la fais encore attendre je ne sais pas ce qui pourrais m'arriver avec Dame de Coeur, déjà que ça fait un moment maintenant. Je me lève donc et marche vers l'entrée du camp. Evidemment, en arrivant près de mon matou bientôt à moi, je ne peux m'empêcher de ralentir, de lui lancer un ou deux regards (en fait beaucoup plus) avant de me décider, enfin, à arriver près de ma compagne de chasse du jour. Je la vois s'étirer à mon approche.

- Dis donc, tu faisais ta toilette ou quoi ?

Je commençai à avoir très chaud sous ma fourrure et je hochai frénétiquement la tête. Je n'allai quand même pas lui avouer que ce qui m'avait pris le plus de temps c'est de regarder, observer, détailler un matou comme un chat sa proie, en pleine Saison des Neiges! Non, certainement pas, jamais, aucune envie!

Allons, on a assez perdu de temps comme ça, mets tes p'tites jambes en marche et tâche de ne pas traîner !

Je hoche la tête, frénétiquement, jusqu'à en avoir un léger vertige, puis je me mets en marche, rapide, pour la rattraper. On parcourt le chemin en silence, après tout il ne faudrait pas effrayer certaines proies, c'est la plus dure des saisons pour trouver à manger. Si je trouve quelque chose de bien, d'un je pourrais manger et de deux je l'apporterai à notre invitée. J'ai bien l'impression que beaucoup la délaisse voire la déteste, mais moi je ne peux pas. Elle est trop gentille et sa fille trop adorable, je me demande si mes chatons seront au moins aussi mignons. Je manque alors de trébucher sur une racine et jette des coups d'oeil à Dame de Coeur, pour voir si elle a remarqué, je n'espère pas. J'entends encore la voix de mon mentor qui me dit de faire attention, que mon étourderie me perdra. Au moins, cette fois, je n'ai pas crié, c'est déjà ça. Je suis les pas de Dame de Coeur, qui mène notre patrouille. C'est normal, après tout, elle est plus expérimentée que moi.

Soudain je perçois un mouvement vers ma gauche et me fige. D'un signe de queue, je préviens ma camarade que je vais voir. Allez, tu peux le faire ma petite, tu es assez douée en chasse non? J'avance, sans bruit et vois enfin ce qui a causé ce petit bruit. C'est une proie! Et pas n'importe laquelle, c'est un faisan. Un faisan! Et pas un petit en plus! En cette période, il permettrait de nourrir sûrement la moitié du Clan. Je n'ai pas le droit le rater. Je m'avance, lentement, mais sûrement, tout comme me l'a appris mon mentor. Qu'il est beau ce faisan, son pelage à la même teinte que lui par endroit. Je suis sure qu'au soleil couchant, son pelage prendrait les mêmes teintes rougeâtres. Et surement aussi que sa fourrure serait aussi douce que ces plumes. Je m'imagine déjà à contempler le soleil couchant, blottie à ses côtés, ronronnant en coeur de bonheur. Je serais alors enceinte, proche du terme et nous ne pourrions pas être plus heureux qu'à ce moment-là.

Et voilà. Mon mentor me l'a pourtant rabaché, jour après jour, chasse après chasse, étourderie après étourderie. En même temps que mon esprit, c'est ma concentration qui a vogué ailleurs. Mes mouvements se sont faits moins précis et cette patte, qui m'appartient pourtant, qui se croise avec sa soeur. Je suis désormais étalée au sol, dans un vacarme qui a dû s'entendre jusqu'à l'autre bout du territoire, surtout avec le miaulement fort et plaintif qui m'a échappé. Le faisan n'a pas attendu plus pour ouvrir ses ailes et s'envoler au loin dans un cri que je juge moqueur. Je reste étendue un moment avant de prendre le courage de me relever. Je n'ose pas croiser le regard de Dame de coeur et ne peut que miauler un faible

"Je suis vraiment désolée... Je... je..."

WAKE UP - ft. Flocon d'Amour

Le chemin se fait dans un silence absolu, pas un mot, même pas un bruit, un grommellement, un soupir. Rien. La cadence avait été fixée dès leur sortie du camp, rapide, sans petite pause pour se reposer, pas besoin de pause sinon, ça ne valait pas la peine de partir à la chasse. Si une simple marche était fatigante, alors ce devait être catastrophique lors d'une chasse. Le calme est soudain rompu. Dans un geste maladroit, sa cadette passe à deux doigts de finir le museau enfoui dans la neige, butant une branche au passage, ce qui alerta la siamoise. Plutôt disgracieux. Un regard en coin méprisant, ça suffira pour la remettre à sa place. Tch !

Son regard resta posé sur Flocon d’Amour un bref instant, ignorant ce qui se passait à ses alentours. Alors qu’elle l’observait se mettre à la tâche – enfin – la féline qui l’accompagnait lui fit un signe de queue, indice qu’elle avait peut-être trouvé de quoi se mettre sous la dent, c’était si elle ne le faisait pas fuir, faute de maladresse ! Bien, elle verrait si la femelle était compétente. Ses yeux suivaient les moindres gestes de la guerrière au visage blanc, son corps glissait entre les arbres qui se dressaient par-ci par-là sur son chemin. Elle semblait visiblement s’appliquer, au bonheur de la siamoise. De mouvements de hanches fluides, glissant tel un serpent, elle vint se poser à quelques mètres de sa camarade.

Ses yeux s’écarquillent soudainement. Un faisan ! Elle jeta un regard en biais à la chatte claire qui remarqua visiblement au même moment le volatile posé au sol. Son regard bifurqua sur la proie, la simple pensée de la tenir entre ses crocs provoquait une accumulation de salive dans sa gueule. Avec chance, la bête servirait à nourrir plusieurs bouches du Tonnerre !

Alors même qu’elle commençait à se lécher les babines, la siamoise vit le volatile déployer ses ailes et s’éclipser au loin. Les muscles de son visage se déformèrent dans une expression méprisante alors que sa tête effectua un pivot en direction de sa camarade qui semblait soudainement être sortie de ses pensés au bruit des ailes de l’oiseau brassant l’air. La siamoise se retrouve devant ce qui ressemblait à une biche qui s’était aventurée sur un lac glacé et y avait fait une mauvaise chute. Les quatre pattes écartées, gisant honteusement dans la neige. Un spectacle plutôt grotesque pour qui avait eu le malheur d’en être spectateur.

Du dégoût. C’est tout ce qu’éprouve actuellement la dame envers la féline claire, à croire que même une débutante n’aurait pas fait une honte d’elle comme ça. Alors que son regard la dévisage toujours avec méprise, sa camarade peine à se lever, visiblement honteuse – avec raisons – de ce qui venait d’arriver. Pour en ajouter sur le vacarme qu’elle avait déjà produit dans un miaulement balourd, elle prit la parole pour essayer de s’échapper de sa fâcheuse situation :

- Je suis vraiment désolée… Je… je…

Dès le début de ses excuses – très minables d’ailleurs -, les yeux de Dame de Cœurs se retrouvèrent en direction du ciel. Peut-être que la féline avait compris que des excuses ne l’aiderait pas à s’en sortir mais plutôt à s’enfoncer encore plus profondément dans cette situation honteuse. Elle se permit de prolonger le silence qui fit suite à sa tentative de pardon, prolongeant ainsi le malaise dans lequel Flocon d’Amour était coincée, question de retourner le fer dans la plaie un peu.

Son regard bifurqua sur sa camarade, brillant d’un éclat de méprise. La femelle ne semblait pas oser lever la tête, et encore moins croiser son regard. C’était compréhensible, celui qui se serait tenu la tête haute après s’être humilié ainsi est un fou. La siamoise fit quelques pas pour réduire la distance entre eux deux, lentement mais sûrement. Le silence n’avait toujours pas été rompu, l’une étant beaucoup trop embarrassée pour dire un mot et l’autre savourant sa situation. Rendue à distance qu’elle jugeait convenable, elle ouvrit la bouche – qui était déformée par un rictus malveillant – pour s’adresser à la féline blanche :

- Roooh, fais pas cette tête-là. Elle éclata d’un rire moqueur, coupant ainsi son discours en son milieu. Regarde-moi. Allez, lève la tête et regarde-moi. Son ton avait complètement changé, on n’y discernait plus aucun plaisir -plus aucun désir de se moquer étonnamment -. À l’aide de sa patte avant, elle la positionna de sorte qu’elle serve d’appui pour la tête de sa camarade et, d’un mouvement brusque, releva sa tête et la tourna dans sa direction. Voilà qui est beaucoup mieux. Elle affichait un sourire malsain alors que son regard la dévisageait. La prochaine fois que tu me fais un truc du genre, je vais te le faire regretter, promis juré !~♡

Elle fit une pause, guettant l'approbation de sa cadette avant de retirer sa patte brusquement, privant la tête de la chatte claire de son appui temporaire. Elle envoya un coup de langue sur sa patte pour la toiletter brièvement avant de reposer son regard glacial sur sa camarade, laissant sortir de sa gueule entreouverte une autre remarque :

- T'as l'air de bien aimer ça te faire des fantaisies dans ta tête, ça te dirait de me les partager ? Question de comprendre la raison de ta belle technique de chasse. C'est nouveau comme méthode ? Je serais curieuse de savoir où t'as appris ça, que rêvasser et chasser, ça se faisait en même temps. Elle se permit de lui faire un petit clin d’œil en laissant échappant son petit rire moqueur à nouveau. Était-ce une bonne idée de partager une telle chose avec la siamoise ? Probablement pas dans cette situation, puisqu'elle n'en avait sincèrement rien à foutre. Il n'y avait pas d'excuses.

Argh comment ne pas avoir chaud sous sa fourrure après une bourde pareille? C'est la honte totale. Complètement totale. Et Dame de Cœur qui ne dit rien... Le silence se prolonge, s'intensifie et je voûte les épaules, tentant de disparaître sous terre, ce qui n'est pas évident vue ma taille. Je l'entends plus que je ne la vois approcher. En même temps pas évident de voir quelque chose avec les yeux rivés au sol. Puis un rire retentit, mais clairement pas une exclamation de joie et d'allégresse. Non c'est moqueur, et ma fourrure me donne encore plus chaud. A sa demande, je n'ose pourtant lever les yeux. Une patte sombre entre dans mon champ de vision et une force que je juge absolue tire ma tête et mon regard vers le haut. A la phrase de la Guerrière je ne peux que frissonner. Non, non, je n'ai certainement pas envie de recommencer. Elle me fait l'impression d'un blaireau dans un corps de chat. La peur coule dans mon corps, elle me fait vraiment peur là, à ce moment. Un deuxième frisson me parcourt et je hoche la tête avec frénésie. Non, ne jamais se mettre la chasseuse à dos, jamais! Puis la patte qui jusque là soutenait ma tête s'évapore et je tombe à terre sous le poids de cette fichue gravité qui reprend ses droits.

Je me relève et m'ébroue chassant quelque brindilles qui se sont mêlés à mon pelage. Puis vient La question. Je me sens rougir et je pense que la chaleur de mon corps suffit à faire fondre la neige de toute la forêt. Je ne peux pas lui avouer que je pensais à Bec Croisé, si? Non, c'est la honte la plus totale. Et la voilà qui enfonce encore plus la griffe dans la plaie et j'ajouterai même qu'elle balance de la bile de souris par dessus. Je vais rattraper le coup, promis. Plus qu'une proie pour Bouquet de Muguet et sa fille, il me faut deux proies pour rattraper ce désastre. J'estime que son clin d’œil m'autorise à ne pas répondre et je me remets sur quatre pattes, me concentrant au maximum. Il n'existe pas d'autres excuses que de trouver d'autres proies, et de ne pas se rater cette fois. Je ne murmure qu'un: "Ça ne se reproduira plus" et je laisse mes sens faire leur travail, guettant le moindre indice d'une proie.

Un petit grattement sur le sol me fait de nouveau me figer. Je tourne lentement la tête, un signe de la queue à Dame de Cœur pour la prévenir et je m'avance. L'image de mon précédent échec est encore ancrée dans ma mémoire, mais je refuse de laisser ça me troubler. Je secoue la tête et avance. Doucement, délicatement, sans faire de bruit. C'est une grive! Certes ça ne vaut pas le faisan d'avant, mais c'est mieux que rien, je me dis. J'attends un peu en voyant l'oiseau relever la tête. Je me tapis, prête à bondir. Il repose sa tête vers le sol, sans doute à la recherche de nourriture et je saute. Un coup de crocs sec et voilà ma première proie du jour. Oui! Enfin! Je retourne vers Dame de Cœur. Je ne me montre pas fière car je sais que mon erreur ne peut être pardonnée, pas si vite du moins, mais je suis contente de ne pas non plus avoir tout rater. En silence j'enterre ma proie que nous reprendrons en rentrant. Puis je fixe Dame de Cœur, attendant ses prochaines directives, ou un endroit vers lequel se diriger. Je laisse néanmoins mes oreilles à l’affût d'une autre éventuelle proie.

La siamoise s’éloigna tranquillement de la femelle blanche qui peinait à se relever, si honteuse. Il fallait qu’elle rattrape le temps perdu et surtout, les proies perdues. En ces temps, la saison ne pardonnait pas, la moindre erreur pouvait priver quelqu'un d'un repas. Elle secoua la tête en grimaçant alors que la petite voix de Flocon d’Amour traversa ses oreilles disant que ça ne se reproduirait plus. Bien. Autant pour elle que pour le clan. Dame de Cœurs balaya l’air d’un mouvement de queue bref alors qu’elle effectua un pivot pour reporter son attention sur sa camarade, guettant son prochain mouvement. Elle était rassurée de voir qu’elle était déjà à la recherche d’une nouvelle proie, elle devait avoir compris le message.

Un mouvement de plumeau, Flocon d’Amour était sur une piste. Un sourire fendit le visage de la femelle bicolore alors qu’elle portait toute son attention sur les moindres faits et gestes de la féline claire. Oooh, elle s’imagine le stress qui doit tenter de s'immiscer peu à peu dans sa tête, se creusant un chemin pour briser sa concentration. Elle n’avait pas le droit à l'erreur, elle n’avait plus le droit à l’erreur. Elle avait déjà gaspillé une chance. La tigrée secoua la tête, comme pour chasser des mauvaises pensées. Probablement des souvenirs de son dernier échec, elle se retint de glousser. Il ne valait mieux pas qu’elle effraie la proie. Son regard de glace parcourut les traits de sa camarade, glissant le long de son dos jusqu’à ses pattes. Un bond. Un coup de crocs. Elle jeta un regard vers Dame de Cœurs qui tiqua la langue. Elle ressemblait bien à un chaton qui venait d’attraper sa toute première proie avec cette expression. Probablement en remarquant aucune réaction de la part de la siamoise, Flocon d’Amour se dépêcha à enterrer la proie avant de reposer son regard sur Dame de Cœurs.

L’attention de la femelle bicolore bifurqua sur ses alentours alors que tous ses sens s’activèrent. Les poils de son ventre frôlaient le sol alors que ses pattes, en s’assurant de ne faire le moindre son, la dirigeaient vers des broussailles. À la vitesse à laquelle elles allaient, elles devraient bientôt revenir au camp une seule et unique proie : la piteuse grive que la claire avait attrapé. Impossible, elle ne laisserait pas telle chose arriver. Un bruissement attira son attention et alors, elle indiqua de suite à Flocon d’Amour la possibilité d’une proie dans les environs. Discrètement, elle s’approcha de la provenance du bruit tout en restant à hauteur du sol. Et alors, elle aperçut une souris. Bien maigre, certes, mais c’était mieux que rien, non ? Son poids bascula sur ses postérieurs alors qu’elle s’apprêtait à bondir sur sa proie.

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Un craquement de branche et la souris prenait déjà la fuite. Elle jeta un regard en biais à Flocon d’Amour. Pour l’instant, elle se foutait bien de qui l’avait fait fuir, mais si la claire était assez rapide, elle avait peut-être une chance de rattraper cette souris, et ses erreurs. Une pierre deux coups.